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Vers une intégration bilatérale de l’enseignement, du
veloppement et de la recherche
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M. Christophe ESTAY
Christophe.estay@bordeaux-bs.edu
M. Jacques-Olivier PESME
Jacques-olivier@bordeaux-bs.edu
M. Jean-Paul TCHANKAM
Jean-paul.tchankam@bordeaux-bs.edu
Professeurs
Bordeaux Ecole de Management
Résumé : Alors que resurgissent les incertitudes sur les programmes de coopération dans un contexte mondial
dont on s’interroge sur les finalités, les auteurs de cet article proposent une forme de duo enseignement-
recherche, des modifications structurelles en douceur pour la partie africaine et l’intégration d’un programme de
coopération équilibré pour la partie française.
Mots clés : coopération, enseignement, recherche, développement, intégration, création de valeur, Afrique,
France, mondialisation.
Abstract: For the last decade International Development Programs have experienced difficulties and people
seem uncertain about their goals. The authors of this article suggest a new training experiment based on
teaching linked directly with business and research. They propose some ideas which will allow for the smooth
translation of this experiment to the African context. They also recommend a model of cooperation between
French and African educational institutions.
Keywords: cooperation, training, research, development, integration, value, Africa, France, globalization.
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Ce travail a été réalisé avec l'aide des enseignants congolais de l'Université Marien Ngouabi, Messieurs Mwaziby Olinga,
Samuel Ngoma et Florent Silmouanga.
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Introduction
Les études, rapports et travaux divers menés par la communauté scientifique française sur
la zone de l’Afrique centrale en collaboration avec des partenaires locaux sont légions.
Difficile de faire une synthèse précise de la multitude des projets de coopération poursuivis
par les communautés de géographes, économistes, sociologues… tant les terrains
d’investigations ont été variés. Et encore, nous ne suggérons ici que quelques programmes
de coopération scientifique développés par les milieux académiques, sans intégrer la
multiplicité des missions effectuées pour le compte des Sciences de l’Homme (recherche
médicale par exemple), et sans évoquer non plus le nombre important de dossiers suivis
spécifiquement par l’administration française. Le lecteur intéressé pour s'en convaincre peut
se référer entre autres à Kessler, 1996 [7], Dumonceaux 1992 [3], Thill et al 1989 [19],
Waast 1996 [20], Pelissier 1992 [12], Martin et al 1992 [10], Arvantis et Gaillard 1992 [1],
Gaillard 1999 [6], etc.
En faisant le point sur les éléments d’information, d’appréciation et de recommandation de
ce que l’on a coutume de nommer « l’assistance technique », les différentes publications de
la coopération française sous tutelle du Ministère des affaires étrangères - permettent de
dresser un bilan d’étape sur une période donnée des programmes de coopération conduits
en Afrique subsaharienne et équatoriale. Sans laisser place à un débat importun sur l’intérêt
et les résultats des différents projets, une rapide analyse de quelques missions d’appui
nous permet d’apporter un certain nombre de commentaires et/ ou réflexions susceptibles
de quadriller un peu mieux le terrain d’échange sur lequel la coopération entre l’Université
Marien Ngouabi (U.M.NG, Congo) et Bordeaux Ecole de management (France) doit prendre
place :
La programmation d’un projet de coopération ambitieux (celui dont on est en droit d’attendre des résultats)
doit s’inscrire dans le temps, avec toutes les conditions financières et matérielles que cela présuppose.
L’assurance de la pertinence du projet est fondamentale pour éviter, selon l’expression de la Banque
mondiale en Côte d’Ivoire, la multiplication parfois malheureuse des expertises et des études de coopération,
lesquelles constituent une solution de facilité qui donne l’impression d’agir, et qui, en fait, représentent la
meilleure façon de ne pas avancer.
Le projet fera donc nécessairement l’objet d’une évaluation sanctionnée chronologiquement par une étude de
faisabilité et d’identification du projet, puis une série d’évaluations et de mesures de structuration in situ, des
études de suivi, et enfin une évaluation rétrospective.
L’approche intégrée doit être favorisée car pour gagner en pertinence et en chance de succès importance de
la détermination des objectifs - le projet doit impliquer de façon dynamique les acteurs à chaque bout de la
chaîne qui contribuent ainsi collectivement à la création de valeur. Idéalement, il s’inscrit dans une
dynamique d’échange bilatéral et réciproque au sein de laquelle les actions des uns sont dépendantes des
résultats des autres.
Un projet de collaboration entre deux instituts de formation à la gestion doit donc répondre
aux premiers principes évoqués ci-dessus tout en intégrant les ingrédients nécessaires à la
poursuite de leurs vocations premières : l’enseignement et la recherche.
L’équation a plusieurs inconnues. Comment répondre d’un aux exigences
pédagogiques d’institutions d’enseignement supérieur, favoriser dans le même temps un
processus de développement de la recherche scientifique appliquée, tout en intégrant les
recommandations mentionnées pour notamment converger vers un système d’approche
intégrée ?
Le problème est posé. Il fallait le résoudre en articulant les leviers de réponse autour des
compétences disponibles et qui sont celles que l’on souhaitait stimuler dans une économie
désireuse de s’inscrire durablement dans le paradigme de la mondialisation.
Entrepreneuriat, économie rurale, commerce international sont les trois domaines sur
lesquelles s’appuie la programmation du modèle de coopération intégrée proposé par les
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deux institutions. L’idée novatrice d’assurer le développement intégral d’une filière depuis
l’encadrement de sa phase de production jusqu’à la phase ultime de la commercialisation
sur les marchés du nord en jalonnant toutes les étapes des circuits de distribution est
reprise et explicitée par les différents auteurs dans le cadre de ce dossier. A la lecture des
différentes parties, on découvrira comment un tel projet peut intégrer dans un même
système des considérations pédagogiques, scientifiques, techniques, managériales et
organisationnelles par le prisme d’une approche rénovée de l’enseignement à la gestion : la
formation / action.
Au-delà des pré-requis formulés précédemment sur le montage du dispositif, nous lui
avons assigné de concourir à la contribution de trois objectifs macro-économiques plus
larges :
Contribuer à améliorer l’encadrement et le management des entreprises congolaises.
Développer et gérer des appuis opérationnels aux entrepreneurs privés travaillant au Congo.
Susciter un essor des très petites structures en favorisant les débouchés commerciaux sur des marchés
solvables.
Face à la double tentation d’un échange sans solidarité et d’une assistance sans
pragmatisme efficace, le projet doit s’affirmer autour d’un lien fort impliquant les deux
établissements. Il est vrai qu’en pratique beaucoup de projets de coopération n’ont pas
exercé d’effet stimulant sur les comportements d’investissement productif et/ou de
commercialisation, qu’ils soient individuels ou collectifs, parce qu’ils ne se sont intéressés
qu’à une partie de la chaîne. Bien souvent, on a privilégié l’aide technique ou l’axe productif
au détriment du volet marchand, et particulièrement en matière de débouché commercial.
Or la mise en commercialisation sur les marchés internationaux des produits traités est bien
l’une des composantes essentielles de la réussite d’un projet de cet ordre dont les enjeux
vont de la valorisation des ressources humaines locales à l’amélioration de l’économie du
pays.
Faut-il signaler en outre, que le jeu de la préférence communautaire dans le cadre des
acquis de Lomé encourage la conduite du développement intégré de la filière. D’ailleurs, au
crédit de ces accords, il est intéressant de souligner les réussites des politiques de filières
agroalimentaires grâce notamment à la présence d’un volet commercial aux côtés du volet
technique et financier.
Le rapport d’étude du projet de coopération entre l’Université Marien Ngouabi et Bordeaux
Ecole de management s’articule donc autour de trois axes principaux :
Une présentation des limites des approches pédagogiques traditionnelles tant au Congo qu’en France et la
perspective de leur développement par la mise en place d’un programme de formation-action.
La contribution du projet à des objectifs de développement reposant sur deux domaines : l’encadrement de
l’entrepreneuriat et l’accessibilité aux nouvelles technologies.
Les axes de recherche bilatéraux qui s’inscrivent logiquement dans le cadre de ce processus.
1 Le programme de formation - action
En tant qu’organismes de formation, l’Université Marien Ngouabi du Congo et Bordeaux
Ecole de management considèrent que l’enseignement doit être compris dans un projet de
coopération intégrant, par ailleurs, le développement et la recherche. Pour mettre en
évidence les rapports entre les trois dimensions (formation, développement et recherche),
on peut se référer aux nouvelles théories du capital humain, au-delà du principe de
l'individualisme méthodologique qui les fonde. Le plus important à retenir de ces
renouvellements est l'intégration du système éducatif dans l'explication de la croissance : la
formation est désormais perçue comme un facteur endogène du développement.
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Schématiquement, le système éducatif produit des forces de travail instruites et qualifiées
dont la mise en œuvre dans le système productif contribue à l'accroissement de la
productivité, et donc à l'accélération de la croissance et du développement socio-
économique. Les institutions de recherche et d'enseignement ont donc un rôle important à
jouer dans tout processus de développement, à condition que ces institutions aient atteint
un niveau de développement leur permettant de mettre à la disposition de la société des
produits de haute qualité et capable d'influer sur l'évolution sociale.
Par ailleurs, un projet pédagogique alliant deux institutions de formation transcontinentales
a pour conséquence de conduire chaque partenaire à s’interroger sur les moyens de
dépasser ses propres limites. Côté Congo, la principale difficulté semble résider dans un
enseignement déconnecté pour une grande part de la réalité économique. Côté français, les
enseignants émettent parfois quelques doutes sur le caractère résolument opérationnel des
savoirs qu’ils dispensent.
Afin de répondre à ces difficultés, une réflexion sur les approches pédagogiques
traditionnelles est incontournable. Une discussion peut alors s’engager sur la pertinence
d’un enseignement rénové fondé sur les principes de la formation – action.
1.1 Les limites des approches pédagogiques traditionnelles
L’enseignement à l’université congolaise se caractérise par la présence de nombreux
cours magistraux, la théorie conserve une place prédominante. A Bordeaux Ecole de
Management, la formation est organisée autour du traitement de cas pratiques, à partir
desquels certains points théoriques sont abordés.
Cette différence est relativement classique et renvoie à l’opposition entre les conceptions
française et américaine de la pédagogie. Les tenants de l’approche française reprochent
souvent l’absence de profondeur des méthodes venues d’outre-Atlantique, alors que les
défenseurs de ces dernières critiquent sévèrement l’absence de contenu opérationnel de
l’enseignement du camp adverse.
Toutefois, pour des raisons différentes, ces deux approches ne semblent plus capables de
relever le défi de la formation. L’exemple de deux institutions de formation ayant chacune
optée pour une approche pédagogique spécifique permet de mettre en lumière les limites
de leur enseignement.
1.1.1 Le modèle universitaire d’enseignement magistral : le cas de Université Marien
Ngouabi
L’université congolaise semble encore mal préparée pour affronter les bouleversements
qui affectent l’économie en général et le marché de l’emploi en particulier. Ni l’organisation
des enseignements, ni les méthodes d’apprentissage en vigueur ne permettent de pallier
les dysfonctionnements du système. Les volumes horaires des programmes
d’enseignement sont particulièrement lourds. L’étudiant demeure très dépendant de
l’enseignant ; la principale méthode d’enseignement consistant en la prise de notes sous la
dictée d’un professeur. La pédagogie reste un processus hiérarchisé de production et de
transmission des connaissances ; l’université, un appareil de diffusion des aptitudes
académiques. Les méthodes de formation actuelles sont sans doute encore adaptées à la
formation des futurs cadres de la fonction publique ; elles le sont beaucoup moins, à
l’évidence, pour développer chez les étudiants des capacités d’initiatives.
La rupture du relatif équilibre du système négocié d’équivalence des diplômes et des
emplois stables et standardisés ouvre de nouvelles possibilités d’adaptation du système
universitaire aux besoins des systèmes productifs. Puisque l’école est inadaptée et que les
sortants cherchent des emplois, il convient de donner aux étudiants une préparation aux
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activités professionnelles. Dans ce contexte, l’enjeu de la qualité devient un souci majeur
qui nécessite l’adaptation des réponses pédagogiques et organisationnelles à la multiplicité
des attentes. Cela donne lieu à des réflexions qui conduisent les principaux acteurs à
préciser leurs orientations stratégiques qui portent potentiellement en elles une capacité
forte de restructuration de l’offre de formation.
Dans cette perspective, l'ISG de l'université Marien Ngouabi de Brazzaville réalise son
projet de transformation stratégique et de renforcement des capacités institutionnelles. Initié
en 1996, ce projet a déjà abouti à la redéfinition des missions de l'institut. Il est dans sa
phase d'élaboration et d'implantation des nouveaux programmes de formation. L'ISG
envisage, à court terme, la mise en place des programmes de formation de niveau maîtrise
(équivalent à la 2ème année du second cycle de l'enseignement universitaire français) et, à
moyen et long terme, la formulation et l'implantation des programmes de 3ème cycle.
Les programmes de maîtrise devraient être implantés dans quatre filières : finance et
comptabilité d'entreprise ; gestion commerciale ; gestion des ressources humaines ;
organisation et gestion de la production. Les deux premières filières fonctionnent
actuellement jusqu'au niveau de la licence. Il s'agira donc d'élaborer et d'implanter les
programmes de maîtrise. Les programmes des deux dernières filières sont à organiser,
dans un premier temps, en licence et, après consolidation, en maîtrise.
Le développement des programmes de 3ème cycle est un objectif à long terme ; leur
formulation et leur implantation ne pourront se faire que lorsque les programmes de 2ème
cycle auront été consolidés.
Le contexte ci-dessus présenté conduit à envisager la coopération entre l'ISG et Bordeaux
Ecole de management dans les domaines suivants :
Développement des capacités institutionnelles de l'ISG : la coopération consisterait pour Bordeaux Ecole de
management à aider l'ISG à améliorer les capacités de formulation et de gestion des projets, ainsi qu’à
développer des programmes de formation de son personnel (enseignement et administratif).
Formulation, mise en place et exécution des programmes de maîtrise. L’intervention de Bordeaux Ecole de
management prendrait la forme :
d’une aide dans la conception des contenus des programmes de formation, des méthodes pédagogiques et
la production des supports pédagogiques ;
d’une mise à disposition de l'ISG des enseignants pour intervenir dans les enseignements de 2ème cycle.
Développement de la "masse critique" des enseignants - chercheurs de l'ISG afin que ceux-ci prennent en
charge à terme la consolidation des programmes de 2ème cycle. Dans ce domaine, l'appui de Bordeaux Ecole
de management pourrait avoir les formes d’accueil et d'encadrement des enseignants de l'ISG en stage de
recherche / enseignement.
Le développement d’une formation action dans le domaine du commerce international,
en partenariat avec Bordeaux Ecole de management, est une première étape dans le
développement de la collaboration. Il permet de comprendre non seulement la finalide
l’enseignement supérieur mais également sa contribution au développement économique.
1.1.2 Un modèle d’enseignement fondé sur les études de cas : l’exemple de Bordeaux
Ecole de management
Les enseignants sont souvent confrontés à la situation paradoxale suivante : malgré des
programmes de formation rigoureux, tant du point de vue de fondamentaux que des
développements théoriques récents, nombreux sont les étudiants qui, au terme de leur
scolarité, ne maîtrisent pas les bases de ce qu’ils étaient sensés acquérir !
Interrogés sur les origines de ce phénomène, enseignants et étudiants avancent des
explications similaires : manque de travail, assiduité insuffisante et, plus généralement,
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