Chapitre III Le problème de la nature de l`être ou problème

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DEVELOPPER LE RAPPORT AU MONDE,
Intro au changement de paradigme par une intro à la philosophie: 1. La philo essai de défin. ; 2. Approche historique (évolution dans
histoire occidentale du rapport entre philosphie et religion chrétienne en 10 étapes, synthèse de l’évolution de la pensée occidentale depuis le 17è sc et changement de
paradigme) ; 3. Quelques notions supplémentaires
1. La philosophie essai de définition
1. Faire un brain storming des « images positives et négatives » de la philosophie
2. Comparez avec René DESCARTES, « Préface des Principes de la philosophie », 1644
« C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; (…) cette étude est plus
nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que ne l’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas. (…) et les
hommes, dont la partie principale est l’esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en et la
vraie nourriture : et je m’assure aussi qu’il y en a plusieurs qui n’y manqueraient pas, s’ils avaient l’espérance de réussir, et qu’ils
sussent combien ils en sont capables. »
3. Etymologie : amour de la sagesse (philo-sophia), mais qu’est-ce que la sagesse : Un savoir ? Un savoir-être ? Un savoir-faire ? Un
idéal théorique ? Une morale ? Une aptitude au détachement ? La conscience de notre ignorance ? etc.
4. En philosophie : pluralité des réponses => d’après certains, pour un tel, pour d’autres, … absence de certitude, démarche
essentiellement hypothétique, questions plus importantes que les réponses.
5. Se poser des questions, oui mais comment, en quelles matières ?
6. Aujourd’hui il y a une différence entre sciences modernes (dites aussi exactes, expérimentales) et philosophie : La philosophie
commence là où s’arrête la science, dans cette zone frontière entre le connu et l’inconnu, entre le comment et le pourquoi. Se
demander si cet ordre des choses (le comment, les lois qui régissent l’ordre des choses sont le domaine des sciences), est le fruit
du hasard, d’une nécessité, d’une volonté transcendante, si c’est une création de notre esprit, … cela relève de la philosophie. La
philosophie est une exploration spéculative à la frontière de l’inconnu. ( cfr le schéma de Counet plus loin avec sa critique dans l’art.
N. Farouki, art 12 du dossier d’articles du syllabus : « La foi comporte une certaine rationalité »)
1
7. Donc le progrès de la science fait constamment reculer la frontière de la philosophie, ainsi « les différents domaines de la science
furent tout d’abord des explorations philosophiques » (Russel) Mais paradoxalement plus la science progresse moins elle sait, et
plus le champ des questions augmente tant en science qu’en philosophie (nouvelles questions qui se posent, ou qu’on peut
maintenant se permettre de poser par notre développement intellectuel, spirituel)
Autrefois faisaient partie de la philosophie : la physique, la poétique, la politique, qui aujourd’hui s’en sont détachées pour devenir
des sciences autonomes et/ou des disciplines à part entière.
Aujourd’hui on distingue classiquement les parties suivantes :
La métaphysique ou la recherche de/sur l’essentiel1
La logique ou la recherche du vrai
L’esthétique ou la recherche du beau
L’éthique ou la recherche du bien au niveau des principes, des critères généraux
La morale, application pratique de ces principes aux actes et aux choix particuliers de la vie concrète
8. En conclusion de cet essai de définition : comparer avec la définition trouvée dans les 13 articles du dossier remis aux élèves, et
avec le chapitre 1 du livre de Luc Ferry, «Apprendre à vivre ». Formuler une question induit déjà en soi une réponse (par exemple,
se demander en quoi consiste la connaissance, induit déjà que connaître est possible). Bref « la seule façon de découvrir ce qu’est
la philo est de faire de la philo »(Russel)
1
Métaphysique : meta ta phusika : ce qui suit les questions de physique selon le classement des œuvres d’Aristote, puis ce mot a défini soit la philosophie
dans son ensemble, soit la partie la plus fondamentale, la plus abstraite : « la connaissance des causes premières et des principes des choses ». Dans
l’expression « tanscendance métaphysique », le mot métaphysique vient renforcer l’idée que la transcendance dont on parle n’est pas une invention
humaine, un mythe, mais une révélation.
2
2. Approche historique et synthèse de l’évolution de la pensée occidentale de la renaissance à aujourd’hui
Si habituellement les historiens répartissent l’histoire de l’Eglise chrét. en occident en 10 périodes2, on peut aussi répartir différemment
l’histoire du rapport entre la philosophie et la religion chrétienne en occident en 10 étapes. Cependant des auteurs comme Luc Ferry dans son
livre « Apprendre à vivre » nomme 5 étapes (antiquité grecque, christianisme, philosophie moderne, les postmodernes ou philosophes du
soupçon, la philosophie contemporaine ou l’humanisme non-métaphysique).
Synthèse tirée du dossier des 13 articles du syllabus sur l’histoire du rapport entre la philosophie et la religion chrétienne en occident :
1.
A l’origine, la philosophie est née de la démarcation avec les mythes (article 8)
2.
La philosophie grecque de Platon (4e sc. avt JC)
A l’origine :
Le mot « théologie » vient de Platon, cherchant à partir de quels modèles produire un discours sur les dieux. Donc l’acte
théologique naît dans un monde philosophique qui pose une interrogation critique sur le reçu mythique.
3.
Début de l’ère chrétienne (1e et 2e sc.) :
Début de l’ère chrétienne : Ce mot « théologie » sera refoulé dans un premier temps par la tradition chrétienne, car il concerne les
croyances et les discours païens.
Pour les premiers penseurs chrétiens, le Christ accomplit le désir de sagesse et de vérité des Grecs.
Avec Justin, Origène et Augustin, “La vraie philosophie, c’est le christianisme. »
+ cfr. l’article une frontière imprécise :
Quant au mot philosopher =
- pour JPII, la notion philosophiq. est d’origine grecque et eurocentrique : étymologiquement , philo sophia = amour de la sagesse.
- Pr. Roger-Pol DROIT : ce n’est pas le privilège des grecs (par. ex. apport de l’Inde)
2
Cfr cours de 5e rapport au monde, histoire de l’Eglise en 10 étapes
1) 0-300 : naissance de l’Eglise en 5 étapes indiss.
6) fin 15e – 16e : renaiss et réformes
2) 4e – 5e : l’Eglise dans l’empire chrétien
7) 17e : épan. relig ; confl. et crises internes
3) 5e – 11e : success. d’éclat. et de restr. du m. chrét.
8) 18e : sc des lum. de la raison
4) 11e – 13 e : l’Eglise fondement d’1 soc.
9) 19e – 1e ½ 20e : restaur contre libéral,
L’Eglise au sommet de son pouv. spirit et tempor
5)
14e
–
15e
: automne de la chrétienté par 4 fcteurs
naiss du captial. Industr, rational, soc patr.
10) 2e ½ 20e – auj : humanisme contempor
ou humanisme non métaphysique
3
- Pr. Pierre HADOT : à l’origine philosopher c’est vivre conformément à la Raison = logos, avec un aspect théorique et pratique :
conception du monde, dogmes, et des excercices spirituels :
- faire attent. à soi-même
- s’orienter vers partie sup. de son être au prix d’1 convers.
- examen de consc.
Philosopher c’est une ascèse de vie pour assurer le triomphe d/l raison sur les passions avec comme but le progrès spirituel de l’âme.
Jusqu’à la fin du 2è sc., c’est plutôt en terme de phénomène d/l cult. grecq., voire de la philosophie que le christianisme est présenté
(c’est Tertulien qui fin du 2è est le premier a en parler comme d’une religion).
- Dans le judaïsme hellénistique de la diaspora, on (Philon d’Alexandrie), fait le pont entre le judaisme et la philos. grecque : le logos est
la parole créatrice et la force rationnelle immanente aux hos., au monde.
Philosopher c’est vivre selon le logos qui prend figure humaine en Jésus.
- Dans ce sens, les exc. spirit. sont repris en régime chrét. (Pierre HADOT compare Epictète et Dorothée de Gaza à propos du
détachement à l’égard des objets, de l’acceptation du réel tel qu’il est).
- En particulier le monachisme est dépeint co/. la philosophie chrétienne (les apophtegmes sont des recueils de sentences frappantes
dues à des maîtres spirituels).
- L’enseignt. théorique des philosophes païens est pris co/ du matériau conceptuel utilisable en théologie
4.
2e siècle jusqu’au 11-13e sc.
A partir du 2è sc. la philosophie est réduite comme “servante de la théologie” :
- Tertulien fin du 2e sc. est le premier à parler du christianisme comme d’une religion
- cfr. le juif Philon
- à tel point qu’en 529, Justinien ferme l’école de philosophie d’Athènes
5.
11e –13e siècle :
Au XIIè sc. seulement la philosophie va retrouver une certaine autonomie grâce à l’Islam (la raison reprend sa place : traductions faites à
Tolède du corpus scientifique arabe comprenant les oeuvres d’Aristote, mais aussi les commentaires des philosophes arabes comme :
Avicenne (10è-11è) Averroès (12è) (Averroès va s’opposer à Al-Ghazâli; Averroès : “Le consensus n’est pas un critère absolu dans la
recherche de la vérité... La philosophie doit être libre, donc multiple, car on ne peut contraindre le raisonnement”)
Au moyen âge : Thomas d’Aquin, harmonise les rapports entre théologie et philosophie : la raison autonome a ses droits, et la théologie
accomplit la recherche de vérité de la philosophie.
6.
16e - 17e : Luther et Descartes : époque moderne (16e-fin 18e)
Avec Luther et surtout Descartes : séparation philosophie et foi :
Descartes le doute méthodique de la raison, permet de distinguer la vérité certaine, de la vérité théologique, vérité reçue à laquelle on
croit. Autrement dit savoir et croire sont distincts, séparés.
4
Luther considère le discours philosophique dans la théologie de son temps comme quasiment blasphématoire. La vérité doit s’en tenir
aux Ecritures Saintes.
7. 18e sc. : Siècle des Lumières :
Avec Lessing (18èsc), face à l’obscurantisme religieux3, seule la philosophie peut éclairer ce que la théologie prétend révéler. La
philosophie confisque à la théologie le droit de se comprendre elle-même.
8. 18e – 19e sc. :
Hegel4 (18-19è sc): première gde. tentative de réconciliation entre philosophie et foi. Mais cela reste majoritairement dominé par le
rationalisme.
9. 19e – 1e moitié du 20e sc : époque post ou trans-moderne
Méfiance, voire affrontements entre philosophie et théologie.
L’omniscience et l’omnipotence de Dieu progressivement remis en question à partir du 17è sc. par l’avènement des sciences modernes,
la philosophie a alors pris une autonomie de plus en plus marquée par rapport à la religion chrétienne, jusqu’à en devenir athée =
maîtres du soupçon : Feuerbach, Marx, Nietzsche, Freud : grands penseurs du 19 e – 1ère ½ du 20e sc. qui ont dénoncé les mécanismes
pervers de la religion, voire même qui ont attaqué l’idée même de Dieu.
10. 2e moitié du 20e sc.- Aujourd’hui : humanisme contemporain ou humanisme non-métaphysique (selon Lc Ferry)
- Rapprochement dans le domaine de la recherche théorique, mais résistances encore fortes dans le domaine socio-politique.
Recherche théorique = 4 terrains :
- terrain historico-politique : le rapport à la pensée chrétienne permet d’entrer dans l’intellgence des idées politiques de l’Occident.
- terrain exégétique : relecture des gds. textes bibliques permet d’approfondir une réflexion philosophique (penser la bible).
- terrain phénoménologique5 : Lévinas, Henry, Lacoste, Ricoeur, rapprochent des concepts à la fois philosophiques et théologiques
tels que les concepts de vie ou d’interprétation
- terrain de la réflexion éthico-politique : tradition chrétienne comme réserve de valeurs favorisant une inspiration humaniste.
3
Obscurantisme : système des adversaires des progrès par l’instruction
Hegel :philosophe allemand 1770-1831, sa philolosophie identifie l’Etre et la Pensée (idéalisme) dans un prinicipe unique, “Le Concept”. (le Concept
unifie l’être et la pensée). De ce dernier, il décrit le développement au moyen de la “Dialectique”, dont il fait non seulement une méthode rationnelle de
pensée, mais surtout la vie même du concept et de son histoire. “La phénoménologie de l’esprit”, “La science de la logique”, “Principes de la philosophie du
droit”.
5
Phénoménologie : description des phénomènes : chez Husserl (19-20è sc), méthode philosophique qui se propose, par la description des choses ellemêmes, en dehors de toute construction conceptuelle, de découvrir les structures transcendantes de la conscience et les essences. La phénoménologie comme
science rigoureuse et théorie de la connaissance au service des autres sciences.
5
4
Le rapprochement vient de ce qu’il y a reconnaissance d’une cohérence du discours spéculatif chrétien et reconnaissance des
contenus de pensée dans l’histoire du christianisme. Il s’agit de mettre en communication et non plus en compétition 2 exercices de
pensée irréductibles. (Le christianisme ne fait plus peur car il n’est plus en position dominante)
On assiste à l’émergence d’une nouvelle discipline : la philosophie de la religion : méthodologiquement agnostique 6, elle veut
rendre intelligible sans a priori, le fait religieux. Entre philosophie et religion, le philosophe de la religion atteste radicalement que la
religion est un phénomène d’humanité et que chaque religion a son intelligence propre. Elle offre ainsi un cadre de médiation pour
le dialogue interreligieux. Permet d’entendre dans chaque religion ce que sont les concepts de loi, de subjectivité, d’autorité, etc.
Synthèse de l’évolution de la pensée occidentale depuis le 17 e jusqu’à aujourd’hui et intro au changement de paradigme
Avant le 17ème siècle, du 2e au 17e sc. , toute la pensée occidentale était religieuse (chrétienne) et la philosophie était réduite au rang de
servante de la théologie. La théologie étudiait donc plus la « nature » de Dieu (ses attributs) que son « existence ».
Mais à partir de la renaissance, mais on retient généralement le 17 ème comme étant le tournant de l’avènement des sciences dites
modernes, exactes, expérimentales, celles-ci vont commencer à remettre en question progressivement l’omniscience et l’omnipotence
de Dieu. Ce mouvement du rationalisme (Descartes, Kant) qui démarre au 17 ème ne va cesser de s’amplifier : 18ème = siècle des
Lumières de la Raison, en oppposant de plus en plus sciences, raison, philosophie d’une part et de l’autre, religion, foi, Eglise. (1633 :
2ème condamnation de Gallilée).
Désormais à partir du 17ème siècle, puisque Dieu ne répond plus à l’inexplicable, puisque la science va croire qu’un jour elle pourra tout
expliquer (scientisme), l’Homme est seul comme sujet pensant à s’interroger sur tout ce qui l’entoure (l’être en philosophie). Et l’étude
critique des processus de cette connaissance s’appelle l’épistémologie. (Ainsi en philosophie, certains distingueront 4 grandes parties :
le problème de la Trancendance Métaphysique (nature et existence de cette transcendance), l’épistémologie (Fondement, Origine,
Portée et Valeur de la connaissance), la nature de l’Etre ou le problème ontologique, le problème de la condition humaine ou le problème
de la liberté métaphysique.
6
Agnosticisme : position philosophique de ceux qui ne veulent pas prendre position dans ce domaine ou qui prétendent ne pas pouvoir en fonder une (ce
n’est pas possible de prendre position). Car tout ce qui au-delà de la réalité accessible à l’expérience, tout ce qui es t métaphysique est inconnaissable. On
parle aussi de scepticisme : l’agnostique doute : il nie la possibilité de la certitude : Montaigne (16è sc) : “Que sais-je ?” On distingue le scepticisme
classique (le savoir n’est qu’artifice ou illusion) du scepticisme moderne (ne croire que ce qui est rationnellement analysable et scientifiquement démontrable
: proche du rationalisme voire du positivisme).
6
Problème de la
connaissance (épistémologie ou
Anthropocentrisme
: Homme co/ sujet
pensant et agissant
s’interroge sur
- Problème ou
Question de la
condition humaine ou
quest. de la liberté
métaphysique
étude critique des processus de la
connaissance) :
-fondement : rationalisme,
irrationalisme
-origine : empirisme, rationalisme
au sens strict, innéisme
-portée : idéalisme, réalisme
-valeur : dogmatisme, scepticisme
l’ETRE (tout ce qui est)
- Probl ou Question de la
Transcendance métaphysique :
nature et existence
- Probl ou Quest de la nature de
l’être ou problème ontologique : 7
gdes quest. :
:
1. Nature et orig d/l pensée ; 2. Exist. de
Dieu, d’1 Transcend. ; 3. Orig de
l’univers, de la vie, de l’homme ; 4.
Nature du monde sensible ; 5/6.
Existence de l’âme, de l’au-delà ; 7.
Fondements et sanction de la morale
Schéma dit de Jourdan, auteur du livre cité en note 1
Descartes, fondateur de la philosophie moderne au 17e sc. : « cogito ergo sum » (« je pense donc je suis). Si je pense, et même si je
doute, je dois bien être quelque chose qui existe. Une conviction résiste donc au doute, c’est la certitude de mon existence. En découlent 3
idées : 1e idée : nouvelle définition de la vérité, comme ce qui résiste au doute, ce dont le sujet est absolument certain ; 2e idée : notion de
« révolution » : faire table rase de tout a-priori, de tous préjugés, de toutes croyances héritées du passé ; 3e idée : rejet de tous les
arguments d’autorité, c’est la naissance de l’esprit critique. (Lc Ferry, « Apprendre à vivre », éd. Plon, collect. j’ai lu, pages 157 ss).
Cette opposition croissante aboutira à l’athéisme des maîtres du soupçon : Feuerbach, Marx, Nietzsche, Freud, Sartre : grands penseurs
du 19e, 1ère ½ du 20e qui ont dénoncé les mécanismes pervers de la religion et dont certains ont été jusqu’à s’en prendre à l’idée même de
Dieu. Pour Feuerbach : Dieu est la projection imaginative hors de soi, de l’infini en soi de l’Homme. Pour Marx : Dieu est l’opium du peuple.
Le discours de l’Eglise, trop du côté des capitalistes, endort le prolétariat en leur promettant une vie meilleure dans l’au-delà et empêche
ainsi l’émancipation sociale des classes ouvrières exploitées. Pour Nietzsche, il faut tuer Dieu pour que l’Homme retrouve sa foi en lui et
en sa puissance personnelle. Pour Freud, le phénomène religieux est une tentative illusoire et vaine de répondre à un sentiment de
7
culpabilité dans l’inconscient collectif, résultant d’un immense complexe d’Œdipe collectif au début de l’humanité. D’autre part Dieu est une
invention infantilisante par nostalgie du Père protecteur de l’enfance. Dieu comme le Père absolu, réponse à cette nostalgie. Pour Sartre,
l’Homme est seul dans l’univers, celui-ci est absurde, le monde vient du néant et va vers le néant. Seuls les actes libres que je choisis de
poser donnent un sens, une dignité à mon existence. C’est l’existentialisme athée.
Aujourd’hui on assiste à une réconciliation entre d’une part science, raison, philosophie et d’autre part Eglise, foi, religion. En effet la
science est devenue plus modeste, car elle a constaté que plus elle trouve des réponses, plus le champ des questions augmente. Elle ne
prétend plus pouvoir arriver à une connaissance totale de l’univers. Et d’autre part, la religion chrétienne devient plus modeste, car elle
n’est plus dominante.
Désormais ces deux domaines se respectent mutuellement : la science prétend répondre au comment des choses, la religion au pourquoi.
Pour certains la philosophie pourrait même servir alors de pont entre sciences et religion, ou étudier les religions avec un point de vue
neutre comme une plateforme de rencontre et de discussion entre différentes religions (philosophie des religions, comme nouvelle branche
de la philosophie).
Sciences modernes,
exactes,
expérimentales
-
Porte sur un objet limité
-
Utilise une méthode critique
(rationnelle, basée sur des
preuves scientifiques)
2 positions philosoph. en découlent :
positivisme (je ne crois que ce qui
est scientifiquement prouvable),
scientisme (un jour la science
arrivera à tout expliquer)
Religions
Philosophie
Porte sur un objet
illimité
Utilise une méthode
s’inspirant des sciences,
méthode rationnelle (pas
de preuves, mais
arguments plus ou moins
convaincants)
-
Porte sur un objet illimité
-
Utilise une méthode noncritique (irrationnelle, basée
sur foi, sentiments).
Dérives possibles : dogmatisme,
fondamentalisme, intégrismes.
Schéma dit de Counet (prof. de philo fac. Philo ucl), complété par M. Vander Borght
8
Dérive des sectes sectaires :
méthode excessivement
irrationnelle. Cfr doc. sur les
différences entre
- spiritualité,
- dimension religieuse,
- les religions,
- les sectes sectaires plus
ou moins dangereuses.
Remarquez que des auteurs contemporains dénoncent maintenant ce que Descartes a induit dans l’histoire comme excès de l’égo, une
trop grande place du mental et même une erreur de jugement en réduisant l’Homme à sa pensée (je pense donc je suis), en associant
l’identité à la pensée. Jean-Paul Sartre réalise que « la conscience qui dit « je suis », ne peut être la conscience qui pense ». Même si ce
philosophe était encore trop identifié à la pensée pour réaliser l’entière signification de sa découverte, c’est-à-dire l’émergence d’une
nouvelle dimension de la conscience. La conscience n’est pas la pensée. Quand vous êtes conscient que vous pensez, cette conscience
ne fait pas partie de la pensée. Il s’agit d’une conscience appartenant à une autre dimension. Et c’est cette conscience qui dit « je suis ».
S’il n’y avait que des pensées en vous, vous ne sauriez même pas que vous pensez. L’être existe indépendamment de ma pensée, c’est
ce que certains appellent mon essence divine, mon âme. Après des siècles de rationalisme, l’occident réalise alors que notre identité
essentielle est sans forme, qu’elle est présence omniprésente, qu’elle est l’Etre précédant toutes les formes et toutes les identifications,
elle est la conscience elle-même plutôt que ce à quoi la conscience est identifiée. (Eckhart TOLLE, « Nouvelle Terre », éd Ariane, p. 45 –
47)
Notre monde est en mutation profonde, voire douloureuse (crise financière, crise de système, enjeux planétaires environnementaux,
économiques, politiques ) dont l’enjeu n’est pas moins que la survie de l’espèce humaine sur notre planète. L’espèce humaine est peutêtre la première espèce qui risque de disparaître de par sa propre responsabilité. Y arrivera-t-on ?
- Ici je prends position. Qu’on y croie ou non, qu’on le craigne ou non, un changement de paradigme est en cours. Un monde se meurt, qui
montre partout les signes de son obsolescence et un autre monde émerge. Et l'enjeu semble bien d'assurer la pérennité
de l'espèce humaine sur cette planète. Ainsi se lèvent partout de plus en plus nombreux, des femmes et des hommes en chemin de
réconciliation avec toutes les dimensions de leur personnalité – être, corps, cœur et esprit -. Ils cherchent à construire
un monde viable dont nous sommes loin de pouvoir imaginer la forme tant celle-ci est en mutation perpétuelle et accélérée. De toute
évidence le changement s'accélère et ce dans tous les domaines qu'ils soient économiques, sociaux, environnementaux, éducationnels,
culturels, etc. Comme bien souvent, nous ne changeons que lorsque nous sommes au pied du mur, tout conspire dans l’Univers à nous
obliger à ce changement. C’est pourquoi les événements dramatiques d’une ampleur inégalée ne doivent pas nous faire peur, nous
désespérer, ou nous rendre impuissants. Ces événements sont les puissants leviers de ce changement de conscience possible pour celui
qui accepte de s’ouvrir. Nous créons alors une réalité différente, plus en harmonie avec soi-même, avec les autres et
avec l'environnement. L'Homme réussira-t-il ce défi ? Rien n'est moins sûr, mais il vaut la peine d'essayer, avec en prime pour ces
explorateurs du possible, le bonheur d'être et de partager ...
- Et vous ? Quel est votre niveau de conscience ? Comment vous situez-vous par rapport aux défis du monde contemporain, aux
événements que nous vivons, …. ?
Test : cfr texte à trous, citations philosophiques, textes à la fin du livre de G. Jourdan « Une boîte à outils pour s’initier à la philosphie, etc.
9
Schéma de ce changement sociétal en quelques axes, on pourrait en ajouter d’autres :
-
du rationalisme jusqu’à
l’athéisme (20ème sc. = sc. de l’Homme
et jms. Il n’y a eu autant de conflits, de sang
versé !)
- du capitalisme industriel,
puis financier qui met la
croissance au centre
-
d’une société patriarcale où le
masculin domine : « sois belle et tais-toi »
…
- Société de la révolution verte
au niveau de l’agriculture
(pesticides, engrais chimiq, mécanisation,
prodct à gde échelle, industrialisation de
l’aliment, etc)
- Habitat : migration des
campagnes vers les villes,
mégapoles
- à l’Homme total (cfr OSHO, « Aimer
Changement de
paradigme, ou
élévation du
niveau de
conscience,
certains parlent du
passage de la
modernité à la
post ou transmodernité (Marc
LUYCKX),
d’autres d’un
passage de la
post-modernité à
l’humanisme
contemporain ou
non métaphysique
contemporain
(Luc FERRY)
vivre », éd. Almasta, Genève, 2003, p. 7-17 ; cfr.
schéma PRH, ou Marc LUYCKX, « Au-delà de
la modernité, du patriarcat et du capitalisme » éd.
L’Harmattan ; Eckart TOLLE, « Nouvelle
Terre », éd Ariane), approche intégrative,
holistique : raison, sensibilité, corps, être/âme ou
corps, esprit, cœur, âme
- à une nouvelle économie, plus
humaine, plus solidaire, plus juste, qui met
l’Homme au centre, dont les signes sont toutes
ces initiatives pour un commerce équitable,
l’alter-mondialisation, la décroissance, etc.
- à une société où l’homme et la
femme sont dans une relation
plus égalitaire, l’homme accueille son
masculin et son féminin, la femme accueille son
féminin et son masculin, relation plus riche, mais
plus difficile à réussir ?
- Redécouverte de l’agrobiologie,
(solutions locales agro-sylvo-pastorale,
microbiologie des sols)
- Habitats collectifs en autonomie
la plus grande possible sur les
plans énergétiques, eau,
alimentation (films « Solut loc pr 1 dés
glob », « Nos enfants ns accuseront », « Home,
« Une vérité qui dérange », « La belle verte »,
« Monsanto », etc)
- Mondialisation libérale et
déshumanisante
-
3. Quelques notions supplémentaires
10
Développement des réseaux
sociaux, et remise en question
des systèmes de participation au
pouvoir de décision
Ainsi se trouvent posées selon certains auteurs, comme G. Jourdan (Une boite à outils pour s’initier à la philosophie) les 4 grandes parties de
la philosophie: 1. La question ou le problème de la transcendance métaphysique ; 2. La question ou le problème de la connaissance ou
l’épistémologie ; 3. La question de la nature de l’Etre ou le problème ontologique ; 4. La question de la condition humaine ou le problème de la
liberté métaphysique
Différence entre opinion et doctrine :
- opinion : niveau de posit. individuelle, peu élaboré sur le plan théorique et donnant lieu à des attitudes et à des choix pratiques dans la vie.
- doctrine : niveau de position donnant lieu à une théorie, à un système de pensée achevée, à une construction élaborée
Différence entre sens courant et sens philosophique : les mêmes vocables ayant, dans le langage courant et en philosophie, des niveaux de
signification différents, voire des sens complètement différents. (être, rationalisme, idéalisme)
11
Approche du concept de la Vérité religieuse. Evolution de ce concept du Moyen Age à aujourd’hui.
Existe-t-il une Vérité absolue ou n’y a t’il que de vérités subjectives (chacun sa vérité) ? Qui a la Vérité (danger des dérives
sectaires) ? Une religion peut-elle dire qu’elle détient la vérité ?
1. Au concile Vatican I (fin du 19e siècle), l’Eglise catholique affirmait encore : « Hors de l’Eglise catholique, point de salut » (les
autres religions doivent se convertir à la relig. Cathol. et donc renoncer à leur propre voie de salut).
Islam
Bouddh.
Etc
.
Vérité
chrét. la
mei lleure
, salut
seul p ar
J.C.
Hin
d.
2. Au concile Vatican II (années 1960), elle admet la légitimité des autres religions, et reconnaît que l’Eglise catholique doit
encore cheminer, se convertir ;
mais si les autres religions ont une part de vérité, c’est quand même dans la religion chrétienne catholique que la révélation est en
plénitude.
Bouddh.
Hind.
Islam
Vérité cathol.
la + pleine
Etc
.
- Déclaration sur la liberté religieuse : « « …. Le concile du vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse …. »
Protest.
12
- Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes : « … L’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans les
religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de
points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la Vérité qui illumine tous les hommes. »
- Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen Gentium : « … Ce peuple messianique, bien qu’il ne comprenne pas encore effectivement l’universalité
des hommes et qu’il garde souvent les apparences d’un petit troupeau, constitue cependant pour tout l’ensemble du genre humain le germe le plus
fort d’unité, d’espérance et de salut. Etabli par le Christ pour communier à la vie, à la charité et à la vérité, il est entre ses mains l’instrument de la
Rédemption de tous les hommes, au monde entier il est envoyé comme lumière du monde et sel de la Terre … »
3. Daniel Maurin et Marc Luyckx7 partagent tous deux une même conception de la vérité religieuse : pour eux la Vérité Absolue,
Universelle existe. Elle est au centre de nous, au cœur de chaque approche philosophique ou religieuse. Elle ne peut être atteinte en
restant à la périphérie, à la surface de chacune de ces approches. Mais elle est tellement au-delà de ces approches, que personne
n’en a le monopole des mots. Elle admet donc chaque approche comme une voie de salut légitime pour atteindre cette Vérité
Absolue. Dans ce sens Marc Luyckx dit : « La vérité existe, elle est au centre, elle est Lumière, mais le centre est vide ». Daniel
Maurin dit : « il existe une vérité relative, celle liée à nos opinions, elle est mentale, psychologique ; mais il existe une Vérité
Absolue, qui ne s’atteint que par l’expérience intérieure profonde ». C’est une approche tolérante, parce qu’elle légitime
l’importance de chaque approche religieuse, philosophique; plus chacun ira au plus profond de son expérience intérieure au
sein de son approche religieuse/philosophique propre, plus on communiera à une même réalité au-delà des mots, du temps,
de l’espace. C’est une approche très mystique de la Vérité. La vérité dans cette approche n’est pas le plus petit dénominateur
commun aux différentes religions ; ce n’est pas non plus la somme de toutes les vérités religieuses (pas de syncrétisme).
7
Marc LUYCKX, « Au-delà de la modernité, du patriarcat et du capitalisme » éd. L’Harmattan
13
Islam
Hind.
Bouddh
La Vérité est au
centre, Elle est
Lumière, mais
centre vide car pers.
n’en a le monopole,
audelà de l’espace et
du temps
Etc,
centtaines
d’approche
s relig.
et/ou
philos.
Catho
A la périphérie, plus je suis en surface de
ma culture religieuse, de mes croyances,
plus je suis à distance des autres
approches religieuses et philosophiques.
Plus je suis dans l’intolérance :
intégrisme, fanatisme, fondamentalisme,
traditionalisme, terrorisme, etc.
Judaisme
Protest.
Qu ickTim e™ et u n
dé com pre ss eu r TIFF (P ackBits )
so nt re qu is po ur visi on ne r cette im ag e.
Par contre plus je vais en profondeur
intérieure dans ma propre culture
religieuse, dans ma propre expérience
spirituelle, plus je suis en communion
avec cette Transcendance, cette Vérité
Universelle, qui est audelà de l’espace
et du temps, qui n’appartient à
personne. Plus je suis proche des
autres, donc dans la tolérance, en
communion avec les autres à une
même réalité qui nous transcende
tous.
D. MAURIN, « Lettres de sagesse et d’amour », édit. Mols, pges 111ss :
« …intérêt de dialoguer avec une Personne, fût-elle divine, lorsqu’on peut se noyer dans le Tout. Après tout l’un n’empêche peut-être pas l’autre…La
réalité –même relative – de la création devrait donc te permettre d’envisager l’existence d’un Créateur, qui n’est l’Absolu indifférencié, mais bien une
Personne…l’expérience de la seule transcendance, c’est-à-dire de l’Absolu, a cependant révélé pour moi une insuffisance notable : celle de négliger la
rencontre avec le Dieu personnel, qui est Amour…La querelle qui oppose l’Orient et l’Occident dans un combat acharné entre Dieu personnel et
impersonnel, me semble aujourd’hui vide de sens : sans doute une question de définition et de point de vue. Si le mot « impersonnel » est malsonnant
pour un chrétien, car il semble contredire sa foi dans la sainte Trinité et les Personnes divines, remplaçons-le par « Absolu », « Royaume, « Infini ». Dès
lors, des notions en apprarence contradictoires deviennent complémentaires, comme le confirme l’expérience intérieure de tous les mystiques… quel est
l’intérêt d’établir une relation d’amitié avec les Personnes divines. …Alors que « l’Absolu indifférencié » ne peut m’écouter, me parler, me toucher, me
14
comprendre ni m’aimer – et pour cause : il n’est pas une Personne - , le Dieu personnel est capable de tout cela à un degré suréminent : non seulement je
peux L’aimer, mais « c’est Lui qui nous a aimés » (1Jn4,10). ..le Christ reêt une majesté, une dignité, une beauté indescriptibles. Je peux Lui parler,
L’écouter, Le sentir à mes côtés, être touché par Lui, appuyer ma tête sur Son épaule comme le disciple bien-aimé. Cette relation d’amour apporte des
délices ineffables, qui se vivent dans une relation amoureuse, et s’expriment par des mots de tendresse, des confidences, un cœur à cœur tout à fait
délicieux… »
15
LES 4 GRANDES PARTIES DE LA PHILOSOPHIE SELON JOURDAN8 :
Chap I. Le problème de Dieu ou de la transcendance métaphysique9
Transcendance définition par rapport à immanence,
Métaphysique : 3 sens : à l’origine, de fil en aiguille, associé au mot transcendance.
La nature de Dieu
Le totémisme : caractéristiques, + le « soupçon » de Sigmund Freud : (cfr. le visiteur)
L’animisme
Le polythéisme
Le panthéisme
Le monothéisme (cfr doc « Le monothéisme est-il nécessairement intolérant)
L’existence de Dieu
Le théisme (doc 2 de Jourdan)
Le déisme
L’athéisme : les maîtres du soupçon : Feuerbach (cfr art), Marx, Nietzche (cfr. livre Lc Ferry), Freud + cfr « moi mystique » de
Comte-Sponville et doc 3 et 4 de Jourdan
8
G. JOURDAN “Une boîte à outils pour s’initier à la philosophie”, éd. du Centre d’Action Laïque, 1050 Bruxelles, 1996, 158 pages
idem 2 :Métaphysique : meta ta phusika : ce qui suit les questions de physique selon le classement des œuvres d’Aristote, puis il a définit soit la philosophie dans son ensemble, soit la
partie la plus fondamentale, la plus abstraite : « la connaissance des causes premières et des principes des choses ». Dans l’expression « tanscendance métaphysique », le mot métaphysique
vient renforcer l’idée que la transcendance dont on parle n’est pas une invention humaine, un mythe, mais une révélation.
9
16
Chap II. Les problèmes de la connaissance ou problème épistémologique (cfr schéma entre le sujet et l’objet de la
connaissance)
2.1.
Fondement de la connaissance : sur quoi fonder la connaissance : sur le cœur, la raison, la foi, sur quels types de preuve ?
(cfr. le film Contact : dialogue Science et Foi)
2 options :
rationalisme :
- positivisme
- scientisme
irrationalisme : fidéisme, littéralisme (doc 5 Jourdan), mysticisme, Prophétisme, Messianisme
2.2.
L’origine de la connaissance : dans le processus de connaissance qu’est-ce qui est premier ? (cfr. doc 6 Jourdan)
3 options :
Empirisme ou sensualisme
Rationalisme au sens strict (doc 7 Jourdan)
Innéisme de Platon (doc 8 Jourdan)
La portée de la connaissance : problème lié à la question de l’existence de l’être : l’objet existe-t-il en soi ? Est-ce que la
représentation que se fait l’esprit correspond à la réalité ? ( cfr. film Matrix)
2 optons :
Idéalisme
réalisme, faustianisme
2.3.
2.4.
La valeur de la connaissance : faut-il mettre en question la connaissance ?
2 options :
dogmatisme : fondamentalisme, intégrisme
scepticisme
17
Chap III.
Le problème de la nature de l’être ou problème ontologique (G. JOURDAN “Une boîte à outils pour s’initier à la
philosophie”, éd. du Centre d’Action Laïque, collection Espace de libertés, Campus de la Plaine, CP 236, bd. du Triomphe, 1050 Bruxelles, tél
: 02/ 644 17 60, 1996, p.65 à 85)
NB : les encadrés correspondent à des critiques personnelles.
Ontologie : spéculation sur l’être en tant qu’être, sur l’être en soi
Quelle est la nature de l’être ?
Les réponses possibles
monisme : L’être est uniquement esprit ou est uniquement matière
dualisme : L’être est à la fois matière et esprit
prioritairement esprit => spiritualisme
prioritairement matière => matérialisme
Les positions philosophiques vont se cristalliser autour de 7 grands problèmes philosoph.
1. Le problème de la nature et l’origine de la pensée
D’où vient la pensée ? Origine spirituelle voire divine ou résultat d’un processus matériel ?
2. Le problème de l’existence d’une transcendance métaphysique
Dieu existe-t-il ?
3. Le problème de l’origine de l’univers, de la vie, de l’humanité
L’univers, la vie, l’homme sont-ils le fruit d’une création d’un esprit transcendant ou l’aboutissement d’une évolution de la matière ?
4. Le problème de la nature du monde sensible
Le monde sensible est-il réalité ou illusion ? Nos sens nous trompent-ils ? Existe-t-il un monde idéal que seul l’esprit peut percevoir ?
5. Le problème de l’existence de l’âme
Y a-t-il une survie de l’âme après la mort ?
6. Le problème de l’existence de l’au-delà
Y a-t-il un au-delà ?
7. Le problème de la morale
Comment règler notre conduite ?
Sur quoi nous fonder pour décider de nos actes ?
Existe-t-il un ordre transcendant, une loi divine pour fonder l’éthique, ou l’homme est-il seul à choisir ?
L’homme est-il libre de choisir ?
Ce sont les questions, les interrogations les plus interpellantes à propos desquelles s’affrontent toutes les positions ou doctrines
philosophiques.
LE SPIRITUALISME (p.69)
18
Définition : l’esprit constitue la substance de toute réalité ->de façon
unique, ou première
Mais qu’est-ce que l’esprit ?
Absolu échappant aux limites de la matière et du temps
Esprit universel que certains identifie avec Dieu
Esprit individuel que certains identifie avec l’âme
sens philosophique : la matière constitue la réalité, de manière
moniste, ou de façon dualiste.
Mais qu’est-ce que l’âme ?
Entité spirituelle de l’homme, séparable de son corps, immortelle
Le monisme prédomine : primat de la matière dont découle l’esprit,
va donner lieu à plein de doctrines selon les 7 probl. :
Le dualisme prédomine et va donner lieu à plein de doctrines
selon les 7 problèmes cités :
1. Le problème de la nature et l’origine de la pensée(p.76)
Courant de pensée matérialiste de Démocrite (4èsc avt JC) à
aujourd’hui avec 4 moments forts de cette tradition à retenir :
a. L’atomisme antique (p.76) :
Démocrite (4èsc avt JC); Epicure (4è&3è sc avt JC); Lucrèce (1ier
sc avt JC, ! rien à voir avec Lucrèce Borgia fille d’un pape du 15è,
16èsc)
1. Le problème de la nature et l’origine de la pensée(p.69)
Définition de la pensée : intell, raison, sensibil,imagination,
mémoire, conscience, c’est un phénomène spirituel
Intuitionisme de Bergson : nie que l’intuition puisse être un
phénomène physico-chim.
Mais qu’est-ce que la matière ?
Subtance qui possède une masse, un étendue, une forme, qui occupe
une portion de l’espace.
La nature est un système constitué d’atomes, qui émettent une
substance très fine qui impressionnent nos sens (sensualisme).
La pensée est un phénomène purement matériel.
b. L’évolutionnisme (p.76)
Lamarck (18èsc) : évolution par influence du milieu.
et Darwin (19èsc) : évolution par variabilité des espèces et sélection
naturelle.Théories qui vont donner lieu au système philosophique de
Herbert Spencer (19èsc) basé sur la loi de la différenciation : la
pensée résulte d’un processus évolutif de spécialisation
LE MATERIALISME (p.75)
Définition :
sens courant : sens assez négatif de celui qui vit au ras des
paquerettes
19
pouvoir révolutionnaire prolétarien qui conduit à une société
égalitaire sans classe.
L’être est soumis à 4 lois :
- La loi de l’interaction : tout est lié.
- La loi du changement : tout change constamment.
- La loi du changement qualitatif : évolution par accumulation
quantitative qui aboutit à des sauts qualitatifs
- La loi de la contradiction : dialectique : lutte des contraires
Toutes les productions de l’esprit (art, politiques, religions,
cultures, etc = les superstructures) sont subordonnées aux
réalités économiques de chaque époque (= infrastructures) en
particulier les modes de production (esclavage, système
féodal, industrialisation, etc)
Origine de la pensée : matière et esprit s’expliquent l’un par
l’autre, mais la matière donne la vie qui donne la pensée : “Les
concepts sont les produits les plus élevés du cerveau, qui est
lui-même le produit le plus élevé de la matière” (Lénine)
d. L’explication mécaniste
La pensée est une activité physico-chimique de l’encéphale.
croissante de la fonction psycho-cérébrale dans l’espèce humaine.
c. Le matérialisme dialectique (philosoph. de Marx : 19èsc)(p.77)
I
I
Le devenir universel I est soumis au mouvement infini de la
matière,
I
v
dans une lutte des contraires (thèse, anti-thèse) qui aboutit à
une synthèse. Exemple : capitalisme bourgeois opposé au
2. Le problème de l’existence d’une transcendance
métaphysique(p.70) :
Spiritualisme ne conduit pas forcément à Dieu, mais toute pensée
religieuse s’inscrit dans le spiritualisme (“au commencement était le
Verbe et le Verbe était Dieu”Jn1)
3. Le problème de l’origine de l’univers, de la vie, de l’humanité
(p.70) :
au départ il y a une volonté transcendante :
- Créationisme fondamentaliste qui évolue symbolisme des textes
20
- Deisme : voltaire : grand horloger, certains francs-maçons : gd.
architecte, certains physiciens modernes : parlent d’une instance
transcendante organisatrice de l’univers
- Theilhard de Chardin : réconcilie spiritualisme et évolutionisme ce
qui donne lieu à une philosophie de l’histoire dans laquelle l’univers
va vers le point oméga : le Christ total
- Syncrétisme parfois taxé de récupération ou de new age : Dieu
qui n’ose plus dire son nom : énergie primordiale, perfection
originelle : frères Bogdanov, Jn. Guitton
cfr aussi tous les mythes de la création :
G. AUZOU, “Au commencement Dieu créa le monde”, éd. du
cerf, Paris, 1973, ch2 p. 33 à 80.
CH4 (méthane) + NH3 (amoniaque) + H2 (hydrogène) + H20
(Vapeur d’eau) + décharges électriques = variétés d’acides aminés et
d’acides organiques
I
I
molécules qui s’assemblent pour former des protéines
Bref la vie est née de la matière avec une évolution de formes
vivantes de plus en plus élaborées.
II
V
Question du sens de l’évolution ? C’est véritablement sur cette
question que la position matérialiste va donner lieu à différentes
hypothèses selon les époques :
LAMARCK : Le déterminisme physique
DARWIN : La sélection naturelle (loi du plus fort)
SPENCER : Loi de la différenciation et de la spécialisation croissante
(cfr plus haut pt. 1)
MARX : le matérialisme dialectique
J. MONOD : le hasard et la nécessité
LOI DE L’ENTROPIE : tendance universelle des systèmes d’aller
Vers un état de désordre croissant (lié à la dégradation de l’énergie)
2. Le problème de l’existence d’une transcendance
métaphysique (p.79) :
Le matérialisme débouche logiquement à la négation d’un esprit
transcendant = l’athéisme
3. Le problème de l’origine de l’univers, de la vie, de l’humanité
(p.79) :
L’univers est le produit de l’évolution de la matière. Expérience de
la biogenèse de Stanley Miller (1952) :
spère de verre :
4. Le problème de la nature du monde sensible (p.72) :
Platon : le monde réel n’est pas le monde sensible mais le monde des
idées, cfr. Innéisme p.47 : retrouver le souvenir enfoui,la Pédagogie
21
de la maieutique : l’art d’accoucher l’esprit par des questions entre
le maître et le disciple :, Salut par la métempsycose, la Politique du
sage qui gouverne la cité,
5-6. Le probl. de l’existence de l’âme et de l’au-delà(p.72):
Pour le spirtualisme l’âme existe : cfr. définition ci-dessus : entité
spirituelle immortelle, incarnée provisoirement dans l’homme
=> doctrines de salut
. Platon et sa métempsycose
. Hindouiste et la loi des renaissances (Samsara), en
fonction du Karma et selon que l’âme observe son Dharma pour
arriver à l’extinction du moi et la fusion avec l’esprit universel ou
Brahman
. Tradition Judéo-chrétienne : l’âme délivrée du corps à la
mort va au paradis ou en enfer selon que la personne s’est
soumise ou non aux cdts. divins de son vivant
5-6. Le probl. de l’existence de l’âme et de l’au-delà(p.81):
Pour le matérialisme pas d’âme immatérielle et immortelle, pas plus
que l’existence d’un au-delà, seul subsiste après la mort , les traces,
oeuvres et souvenirs de la personne.
-> vision périmée et réductrice du christianisme et en
particulier du paradis et de l’enfer !!!
LOI DE L’ANTHROPIE : se base sur le constat que l’homme existe
et que pour cela il fallait des conditions initiales, la valeur de
constantes universelles, etc. bref que l’évolution est comme tendue
vers l’apparition de l’homme.
à ne pas confondre avec le courant humaniste qui dit que l’homme
depuis qu’il est conscient de ses potentialités et de ses
responsabilités est devenu partie prenante et active au processus
de l’évolution qu’il peut infléchir.
4. Le problème de la nature du monde sensible (p.81) :
Le monde sensible est composé de matière
7. Le problème de la morale (p.73) :
Morales du Salut, du Renoncement, du sacrifice : critique du livre
Il est révolu le temps où il s’agit de renoncer au présent pour une
récompense dans les cieux, et encore moins de mériter son salut par
des souffrances, des misères, des sacrifices ...
Le danger effectivement du spiritualisme c’est d’affirmer le primat de
l’esprit sur la matière : culpabilité morbide, mortification -> ce temps
est révolu
Quand il dit que le spiritualisme fonde sa morale sur 4 piliers :
obéissance, culpabilité, espérance, aspiration à la pureté => sacrifier
le présent !!!
Aujourd’hui il y a plus une théologie de l’incarnation, la foi n’est plus
une démobilisation de l’ici-bas, que du contraire : le ciel est ici-bas.
22
Si l’auteur se plaint qu’on ait assimilé dans l’histoire, morale
matérialiste avec hédonnisme et épicurisme, comme si il n’y avait pas
d’élévation spirituelle dans le matérialisme,
en tant que chrétien, je peux tout autant lui reprocher de
continuer à réduire le spiritualisme à une évasion du temporel.
Distinguer
spiritualisme : doctrine philosophique, position ontologique
spiritualité : ensemble de valeurs relevant de l’esprit humain
considéré à la fois comme conscience, intelligence et sensibilité en
action.
cfr. citation d’Epicure qui enseigne une sagesse et pas du tout un
épicurisme frivole et facile
Et l’auteur de citer Lucrèse, Diderot, La Mettrie, Engels, Marx, Freud,
Sartre ...
7. Le problème de la morale (p.81)
Le matérialisme va restaurer dans leur dignité et dans leur légitimité
les dimensions matérielles de la personne humaine et de la vie
sociale qui ont été inhibées, sinon bafouées dans les sociétés de
tradition spiritualiste.
Epicure : “ Je ne sais ce qu’est le bien, si l’on écarte les
plaisirs de la table, ceux de l’amour et tout ce qui charme les
oreilles et les yeux ...”
Comte-Sponville : gai désespoir qui est renoncement à l’espérance,
c’est-à-dire l’illusion (un désir qu’on prend pour une vérité)
Mais attention les courants moraux issus du matérialisme ne sont
pas ni du Carpe Diem, ni de l’hédonisme (morale qui est
uniquement une recherche de plaisir)-> réflexion sur plaisir et
bonheur !
23
Le nouveau royaume n’est qu’ici bas, l’homme est libre, responsable.
L’homme et son bonheur ont remplacé Dieu et l’espérance d’un audelà comme fondements de la morale.
Il ne peut imaginer une foi qui mobilise l’homme libre, c’est la foi en la
toute puissance de Dieu, à lire “Le très bas” de Christian Bobin. Le
ciel c’est ici. Même s’il faut reconnaître que l’Eglise a connu cette
théologie négatrice de l’ici bas, de la récompense dans les cieux
comme un ailleurs dans un autre temps.
Prolongement haut-bas : il s’insurge contre cette opposition ht-bas
- Héritier du judéochristianisme et du platonisme l’occident est
encore marqué par cette opposition du haut comme supérieur,
spirituel, le bas comme l’inférieur, le matériel. (Ne dit-on pas une
préoccupation “hautement spirituelle” ou “bassement matérielle”).
Croire en Dieu, en l’immortalité, en l’au-delà, c’est vivred’espoir,
c’est appliquer à ne pas vivre au présent pour aspirer à un futur
chimérique. C’est alors plus difficile de vouloir le bien sans motif.
théologie dépassée
La morale laïque est matérialiste dans ses fondements
philosophiques et revendique pourtant des valeurs fondamentales :
liberté, égalité, fraternité, solidarité, tolérance, valeurs hautement
spiritutelles.
Fraternité, tolérance, libre examen fondent un HUMANISME et
offrent la possibilité d’une auto-transcendance (un dépassement).
- De même le spirituel explique le matériel. Or le matérialisme
proclame le contraire. L’inférieur explique le supérieur. Ce qui
apparaît comme réducteur. (exemple : la religion s’explique par des
phénomènes socio-psychologiques, la vie par un processus chimique,
etc)
24
Mais comme le dit Comte Sponville : si tout part d’ici-bas,
tout ne peut que s’élever. Sentiment exaltant du matérialisme de
travailler à une progression.
25
Chapitre IV La condition humaine : être et/ou exister ? Le problème de la liberté métaphysique p.87
I. La genèse du problème p. 88-89
La vie a-t-elle un sens ?
Tant que l’omniprésence et l’omnipotence de Dieu dominait, c.à dire jusqu’au 19ème, 20ème siècle (maîtres du soupçon), la réponse était
évidente : tout est soumis à une volonté transcendante,
“Jusque là nous étions un pion sur l’échiquier d’un jeu transcendant” -> à moins qu’on ne parle de partenariat entre l’homme et Dieu : le
7ème jour : Dieu se repose sur l’homme
Depuis que l’homme est au centre du questionnement, seul sans un sens pré existant, il est dans l’angoisse existentielle : la vie a-t-elle un
sens, à quoi je sers ?
On peut alors sans option a priori, se poser la question : la vie a-t-elle un sens prédéterminé ?
Si oui , il y a une essence prédéterminé qui conditionne notre existence.
Si non, rien ne conditionne notre existence et la liberté métaphysique de l’homme existe.
I
I>non soumis à un ordre transcendant
II. Les données du problème
Donc soit une essence conditionne notre existence,
I
I-> ce qui constitue la nature propre d’un être ou d’une chose, tout ce qui fait que cet être ou cette chose est , par nature et
non par accident, ce qu’il / elle est., (l’ensemble de ses caractères constitutifs, de ses attributs constitutifs).
Ce qu’il est
soit notre existence détermine notre essence.
I
I-> c’est la réalité vécue par cet être : ce qu’il vit lié à la contingence : qui est mais qui aurait pu ne pas être.
>< nécessaire : un être qui existe sans qu’il y ait de cause ni de condition à son existence.
III. Le fond du problème p. 90
26
Qu’est-ce qui prédétermine l’autre : l’essence prédétermine l’existence ? ou l’existence détermine l’essence
Les jeux sont-ils fait d’avance ?
L’homme est-il libre métaphysiquement ? Est-il le sujet ou l’objet de l’histoire ? A-t-il un libre arbitre ?.
IV. Les doctrines en présence p.91-105
A. L’essentialisme : l’essence précède l’existence : ce que nous sommes détermine ce que nous avons à vivre => l’homme n’est pas libre
Il faut convier l’individu à parvenir à la connaissance de l’ordre préexistant, transcendant, prédéterminant auquel il aura à se conformer pour
s’accomplir.
Nuance : Les grands systèmes essentialistes qui se sont imposés, sont spirtualistes, mais ce n’est pas forcément le cas : Essence et
transcendance ne vont pas toujours ensemble. Par exemple le courant humaniste (p. 80+ docu10, p140), a pour postulat de base le constat
de l’existence d’une nature humaine.
Tout va dépendre de la conception de l’essence : parmi les principaux :
- p92 L’essentialisme hindouiste cfr. p72
- p92-93 L’essentialisme platonicien cfr. p 47 : innéisme, p. 72 : chIII, le problème de la nature du monde sensible, côté spiritualisme,
l’essence c’est le monde parfait, le monde des idées qui préexiste à ce que nous percevons, la seule réalité c’est le monde spirituel des
Idées, que l’âme a déjà connu et qui persiste à l’état de souvenir. La philosopie de Platon est donc bien un essentialisme spiritualiste.
- p93-94 L’essentialisme judéo-chrétien : vision à nouveau réductrice : l’Homme est une créature de Dieu, son existence est déterminée
par son statut de créature selon une nature conforme à la volonté divine. Il s’agit pour l’Homme de se conformer à cette condition de vie. (la
femme doit accepter la maternité, ne pas dissocier amour et procréation, ni recourir à la contraception, et encore moins à l’avortement).
L’Homme est par essence pécheur, marqué par le péché originel héréditaire, marqué par la culpabilité, initié par une chute du paradis
originel, il est voué à la souffrance et à la peine. Théologie dépassée du sacrifice, du renoncement, de la mortification, de la récompense,
du rachat, du mérite, libre arbitre de l’homme pour justifier le mal et disculper Dieu. Il rectifie d’ailleur lui-même quand il dit p.95 que “ce
rigorisme est tempéré, contesté par un courant moderniste qui vise à réconcilier foi et recherche d’un bonheur terrestre”.
- p95-96 L’essentialisme islamique : Islam veut dire soumission, on retrouve donc la croyance de l’homme créature de Dieu, qui doit se
soumettre à la volonté de Celui-ci, volonté dictée dans le Coran. Cet essentialisme parfois poussé à l’extrême (tout est soumis à la volonté
de Dieu) mène à un fatalisme (mektoub = c’est écrit, Inch Allah = que la volonté de Dieu soit faite). Le bien c’est la soumission à la volonté
de Dieu = Coran, le mal c’est de ne pas obéir, le mal absolu c’est de ne pas croire.
Certains ne croient pas au libre arbitre de l’homme : si l’homme péche, c’est que Dieu le veut. Pour d’autres, la foi relève du libre-arbitre,
encore que ne pas croire est au détriment de la personne.
Le compromis trouvé en Islam serait de dire que l’homme est libre pour les comportements acquis, déterminé pour tous les comportements
innés, même s’il ne s’agit que de la liberté d’obéir ou de désobéir.
27
B. L’existentialisme (p.98) : L’existence (ce que je vis) détermine ou précède l’essence (ce que je suis, ce que je deviens) => au départ la vie
est absurde, elle n’a pas de sens prédéterminé.
C’est à l’homme lui-même de donner, ou pas, un sens à sa vie en fonction de ses choix/non-choix, de ses vouloirs/non-vouloirs. Bref
l’Homme est responsable et libre, condamné à être libre.
D’où l’angoisse existentielle : l’homme est impliqué et responsable, face au néant d’où il sort, face à la finitude de sa condition, face à
l’absurdité de sa condition, face à l’incertitude des choix à poser, face à sa solitude.
p.100 : Il y a eu plusieurs courants existentialistes, mais on distingue classiquement l’existentialisme chrétien, et l’existentialisme athée.
a. un existentialisme chrétien (p. 100) :
Sören Kierkegaard (1813-1855): importance de l’individu, de la subjectivité et de la pensée concrète “dans laquelle l’existence donne
au penseur existant la pensée, le temps et l’espace”. Il développe une conception tragique de l’existence où l’angoisse existentielle naît de la
prise de conscience de notre liberté. L’existence humaine est contingente (soumise au hasard) et l’acte créateur divin est purement gratuit.
Mais la révélation n’est en rien promesse d’un salut à vertu consolatrice. Notre vie culmine au “stade religieux” où l’homme découvre le
mystère de son existence dans une relation tragique et irrationnelle avec Dieu.
Karl Jaspers (1883-1969) : notre existence est un drame, un déchirement entre notre présence dans le monde et notre aspiration à une
transcendance, entre la sience et la religion. La tâche de la métaphysique est d’élucider ces rapports entre existence et transcendance,
rapports analysables dans les situations limites (la lutte, la faute, la mort, etc.) et dans les contradictions existentielles (défi et abandon, chute
et ascension, ...)
Gabriel Marcel (1889-1973) : il concilie “l’intuition aveuglée” d’une entité transcendante et indicible avec une “assurance existentielle”.
C’est dans cette conviction qu’il récuse l’idée sartrienne d’une création des valeurs par l’homme.
b. un existentialisme athée (p.101) :
Jean-Paul Sartre (1905-1980) : oeuvres philosoph. : “L’Etre et le Néant”, Romans : “Le Mur”, “La Nausée”, “Les Chemins de la
Liberté”,oeuvres théatrales : “Huit Clos”, “Les Mouches”. Négation de toute essence prédéterminante qui conduit à l’athéisme radical. “Il n’y a
pas de nature humaine puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir.”
Martin Heidegger (1889-1976) : la contingence de l’être : l’être est là, sans raison, sans recours; l’angoisse métaphysique comme clef
de voûte de la condition humaine. Oeuvre ambiguë qui ne s’embarrasse d’aucune préocuppation éthique.
Une analyse plus fine permet de découvrir des distinctions plus subtiles qui peuvent s’observer surtout dans les orientations morales
auxquelles aboutissent ces distinctions :
nihilisme ou humanisme
individualisme et éthique de la solidarité (altruisme)
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a. Existentialisme qui conduit à un NIHILISME (p. 102) : devant un Homme seul et libre, privé de tout repère a priori, de toutes certitude => la
tentation du rien , le renoncement à toute valeur, la jouissance immédiate, relativisme radical (tout se vaut et rien n’a de sens, sinon le rien).
cfr. les héros négatifs du théâtre et dans le roman : Meursault dans l’Etranger et au Caligula d’Albert Camus.
Pourtant c’est au coeur même de cette vision nihiliste, de ce dénuement existentiel, de cette expérience du néant, que l’existentialisme va
puiser en lui-même la source d’un contre-courant et déboucher sur un humanisme authentique.
b. Existentialisme qui conduit à un HUMANISME (p. 103) :
C’est justement parce qu’il est “seul et libre”, et c’est dans le constat de cet abandon métaphysique, que l’homme peut puiser sa raison
d’exister : en effet, s’il est libre, il a à assumer la responsabilité de ses actes (ce qu’il fait ne peut que retomber sur lui);
s’il est seul, tout repose sur lui et il ne peut compter que sur lui.
Sartre fonde une morale de l’action dont les valeurs fondamentales sont l’engagement et la responsabilité.
Ce qui génère la notion de projet. (il ne suffit pas de vouloir, il faut vouloir vouloir) et le pouvoir pour l’homme de créer des valeurs, et ainsi de
se créer soi-même. Cette morale qui enracine la responsabilité donc le devoir d’agir, dans la liberté existentielle, concilie également un
individualisme et un altruisme.
c. Existentialimse qui conduit à un INDIVIDUALISME (p. 103-104)
Il revient à chaque homme de donner individuellement un sens à sa vie, à son humanité, à son insertion dans l’histoire.
d. Existentialimse qui conduit à un ALTRUISME (p. 104)
L’humanisme existentialiste, qui trouve paradoxalement ses ressorts premiers dans une conscience à la fois nihiliste et individualiste,
débouche finalement sur un altruisme prométhéen. Si Prométhée, dans le mythe grec antique, brave les dieux et endure son châtiment cruel,
c’est pour apporter le feu aux autres hommes. Il s’agit de proposer une morale volontariste, débarrassée de toute illusion qui fonde, pour les
temps nouveaux d’après Hiroshima et Auschwitz, une nouvelle foi en l’Homme et, malgré tout, une nouvelle disposition au bonheur.Face à un
ciel muet ou vide, face au mystère ou à l’absurde, la générosité … pour rien comme réponse !?!
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