l’ENS ; et les élèves peuvent être frustrés par ce qui est proposé ici. Il y a deux modèles
extrêmes :
- soit l’ENS ne propose rien sur son site, et les gens vont entièrement se former ailleurs (sauf
pour l’agrégation). C’est l’ENS-dortoir.
- soit l’ENS propose tout sur son site, en mettant les gens dans une filière rigide. Ca ne se fera
jamais, parce que l’ENS ne pourra jamais offrir toute la palette des disciplines et des
spécialités.
Les élèves de cette école n’ont pas un goût pour la glande infinie : ils ont plutôt un appétit
pour le travail. Il faut leur proposer des choses.
Donc ce que peut apporter Cachan, c’est très clair que ça dépend des disciplines : il y a des
disciplines qui sont uniquement à Ulm, et d’autres qui sont uniquement à Cachan. Pour celles-
là, il n’y aura pas de changement directs ; mais il y aura des bénéfices indirects (des services
plus développés, qui pourront gagner des postes). Ensuite, toutes les disciplines qui ont des
concours communs : ça dépend des concours. Pour le concours BL, quand on a une promo de
25 élèves avec tellement de disciplines possibles, si on a 5 élèves en économie en première
année, c’est très difficile d’organiser un cursus satisfaisant. La première année devient un trou
noir, on envoie les gens à Paris I en économie. Et on a des choses à apprendre du département
de sciences sociales : les BL de Cachan font des choses là-bas, et c’est relativement attirant
(puisque les deux derniers majors de BL y sont allés).
Mais il y a une grande différence entre le concours BL est concours en maths : les gens qui
vont à Cachan sont un peu moins bons en moyenne, mais ils ne sont pas très différents. Et
ensuite, dans les formations, on n’observe pas de différence. Donc on ne peut pas dire, pour
les BL, qu’on va brader le niveau d’Ulm. Mais pour les maths, ça vient assez loin dans la liste
des concours : ceux qui ont Cachan sont ceux qui n’ont pas eu Polytechnique, ni Donc s’il y
avait le moindre risque que la fusion fasse rétrograder le niveau du concours de l’ENS à celui
de Cachan, ça serait catastrophique, et on arrêterait immédiatement. Mais ça ne se passera pas
comme ça : on ne dira pas aux Taupins qu’il y aura un concours Ulm-Cachan, mais un
concours Ulm qui aura un peu augmenté de places. Et ce concours restera le plus sélectif des
concours, plus que l’X : s’il ne restait pas le plus sélectif de tous les concours en maths, la
vocation de cette Ecole en serait affectée.
Il y a un siècle, le concours littéraire était dévalorisé : les meilleurs littéraires ne s’y
présentaient pas. Donc le niveau de l’Ecole n’est pas assuré.
La question de Lyon : effectivement, ils vont un petit peu perdre. C’est tout à fait
regrettable, mais on ne peut pas résoudre tous les problèmes. Du point de vue du bien-être
national, du point de vue de l’ensemble du pays, le fait que le niveau de Lyon baisse un peu
(et que les nouveaux élèves à Cachan soient meilleurs que ceux de Lyon) n’est pas important.
Et à Lyon, il y a beaucoup de projets (fusion, qui est d’ailleurs peu réaliste). Mais on ne peut
pas fusionner avec Lyon, parce que c’est trop loin ! (déjà, Cachan est loin, alors…).
Si cette fusion avec Cachan se fait, déjà, ça pérennise le modèle des ENS pour très, très
longtemps (le modèle avec les classes préparatoires). Par rapport aux autres modèles (quasi-
fusion avec une université, comme à Lyon), ça pérennise les choses de façon très durable.
Ca pérennise la filière BL, aussi. Il y a beaucoup de gens qui sont contre les filières
préparatoires : dans les universités, … Et la filière BL était très menacée il y a deux ans.
Une chose très importante, aussi, c’est d’augmenter les débouchés de la filière BL : si les
gens ne vont pas beaucoup en hypokhâgne, c’est parce qu’il y a un risque de rentrer à la fac
en cas d’échec à l’ENS, contrairement à la maths sup. HEC va rentrer dans la banque
d’épreuve : ça ne va pas dénaturer les choses, parce qu’il n’y aura pas de représentants d’HEC