Napoléon La Chambre noir de Longwood, Jean-Paul Kaufman Le Consulat (A) I L’Homme Nation Le coup d’Etat du 18 brumaire ne fait pas de bain de sang et on libère les prisonniers. C’est donc un coup d’Etat apprécié par les Français. « Ni bonnets rouge, ni talons rouges » « J’assume tout : de Clovis au Comité de Salut Public » « Le gouvernement ne veut plus et ne voit plus de partis : il ne voit en France que des Français. » Il établit la paix en Vendée, il clôt la liste des immigrés. 60% des 150 000 immigrés reviennent en France. En 1800, Napoléon fait rentrer aux Invalides Turenne et Vauban : c’est le symbole de la France patrie qui oublie ses anciennes divisions. « J’assurerai l’ordre, la prospérité et la paix. » Tous les brigands sont arrêtés : l’ordre est rétabli. La confiance en la monnaie revient et enfin le Consulat connaît une phase de paix. Napoléon a l’art de la fête. Du coup, les Français ont le sentiment de vivre un age d’or Les impôts deviennent justes et se basent sur le cadastre. Toutes les propriétés sont l’objet d’un recensement très précis au centimètre carré près. Les notaires se développent de plus en plus avec la nécessité d’un acte de propriété. On contrôle la dette en la liquidant : Bonaparte honore ses dettes. L’essentiel des impôts vient de l’impôt forcé. Le franc-or est créé il équivaut à 290,2 mg d’or. Napoléon crée la Banque de France en tant qu’organe indépendant. L’Etat intervient pour favoriser les domaines économiques qui connaissent la rareté à cause de la guerre avec les Britanniques. Mais l’Etat rétablit la censure pour contrôler les journaux. En 1800 il n’existe que 13 journaux. Parallèlement la police se développe, avec à la tête Fouché. Enfin, on ne négocie pas avec les monarchistes. La seule fois où Napoléon s’adresse à Louis XVIII, c’est avec violence pour lui faire comprendre qu’il ne rétablira pas la monarchie (« il vous faudrait marcher sur 100 000 cadavres ») Napoléon considère que les autres consuls « sont les bras du fauteuil sur lequel je m’assois ». Cambacérès est le premier homosexuel à accéder à un poste d’une telle importance. Napoléon Bonaparte nomme dès son arrivé au pouvoir aux Affaires Etrangères Charles Maurice de Talleyrand Périgord. Il est ministre des relations extérieurs. « je ne suis pas comblé, quand je suis loin de vous » écrit-il à Bonaparte. Le Concordat est signé avec Pie VII en 1801. Ce Concordat veut rechristianiser la France, et permettre aux religieux d’assurer l’enseignement privé. Le Concordat affirme la « liberté du culte ». En 1808, le 17 mars, un décret stipule qu’il y aura au moins une synagogue par département. Le catholicisme n’est plus reconnu que comme religion de la majorité des Français. Les évêques sont nommés par le Premier consul qui consulte ensuite le Pape. Tous les religieux doivent prêter serment de fidélité au régime. Pour Bonaparte, tous les membres du clergé reçoivent un salaire. Tous les édifices religieux sont restitués au clergé. Le Pape est considéré comme un souverain étranger. Une petite église de réfractaires ne reconnaît pas le Concordat. II Les masses de granit « il faut jeter à terre les masses de granit » Napoléon s’est un jour considéré comme « un météore destiné à brûler sa vie pour éclairer son siècle. ». Bonaparte met en place les lycées ; le proviseur est forcément célibataire, de même que le censeur qui contrôle la discipline. Il règne une discipline de fer : on instaure un uniforme, les changements de cours ont lieu au roulement de tambour. On maintient les cours d’Histoire et de Philosophie. « il n’y a que deux puissances au monde : le sabre et l’esprit. A la longue, le sabre est toujours vaincu par l’esprit » Napoléon Bonaparte Napoléon crée le Conseil d’Etat, qui doit préparer les lois. Il ne veut voir que des compétences. Seul l’intérêt général réunit toutes les différentes tendances politiques. Le Conseil a une totale liberté de parole. Le Conseil d’Etat est la « pépinière » de l’administration. Napoléon les fait préfets, souspréfets. « Vos actes publics et jusque dans votre conduite privée, doivent incarner l’Etat. » Napoléon met en place le système judiciaire, en inventant notamment la cour de cassation. On voit apparaître la Légion d’Honneur, instaurée en mars 1803 (38 000 personnes honorées dont 1400 civils) : valeur individuelle au service de l’intérêt général. On parle de l’antidote de l’honneur. C’est une « chevalerie démocratique ». L’Etat devient l’Etat protecteur : Napoléon crée 150 dépôts de mendicité ; il crée les soupes populaires, les greniers d’Etat, les hospices de vieillard. III Marengo et la paix Napoléon, en 1800, fait passer ses soldats par les Alpes. Le 14 juin 1800, dans la Plaine du Pô, c’est la rencontre de Marengo. A 16h Bonaparte est mis en échec. L’Autriche est en train de le battre. Mais il apprend alors qu’une division qui était à Gênes arrive. Desaix revient sur l’arrière des Autrichiens. L’Autriche signe la paix de Lunéville. La France obtient une fois de plus la Belgique et la rive gauche du Rhin. L’Autriche reconnaît que l’Italie est sous influence française. En Angleterre, le gouvernement Pitt est renversé et les Anglais demandent la paix, signé le 25 mars 1802. Le Roi d’Angleterre cesse de prétendre être Roi de France. Mais cette paix n’apparaît aux yeux des Anglais que comme une trêve. IV La marche vers l’Empire Napoléon se taille une constitution sur mesure, la Constitution de l’an VIII. Il a tous les pouvoirs : a l’initiative des lois, nomme les ministres, tandis que le législatif est divisé en quatre chambres. En 1803, Napoléon n’est plus tutoyer. On veut lui donner un titre. La guerre reprend en août 1803 car les Anglais n’évacuent pas Malte. Face à une tentative d’assassinat royaliste, il fait enlever le Duc d’Enghien et le fait fusiller comme comploteur. Par une simple modification de la Constitution – le gouvernement de la République est confié à un Empereur – sanctionné par un plébiscite, l’Empire est instauré : le 2 décembre 1804, Napoléon est couronné à Notre Dame de Paris. Pie VII a été convoqué, mais c’est Napoléon qui se couronne.