Abd al Malik

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Abd al Malik : Qu’Allah bénisse la France 2004
Régis, un noir né à Paris de parents congolais, qui a passé quelques
années au Congo-Brazzaville avant de rentrer en France, s’installant à
Strasbourg dans une « banlieue chaude » raconte les étapes de sa vie et
de son cheminement vers le soufisme. Élève brillant, il ne voit pas
d’incompatibilité entre son travail scolaire — c’est son père qui lui en a
fait comprendre l’importance — et une vie de petite délinquance.
Beaucoup de ses camarades de la première heure meurent tragiquement
assassinés ou victimes d’une overdose. Suivant l’exemple de son frère, il
entre ans le monde du Rap. Ensuite, il se convertit à l’islam qui, pour lui,
représente une religion exempte de ce qu’il perçoit comme les
incohérences du christianisme, mais il n’en continue pas moins à
respecter cette religion, qui est celle de sa mère. Progressivement, il
commence à s’intéresser à l’islam radical… son parcours rappelle celui
de l’auteur anglais Ed Hussein, raconté dans The Islamist. Il commence
à se demander s’il est possible pour un musulman d’avoir une carrière
dans la musique, la musique étant condamnée par certains imams. Il
fréquente les conférences du théologien musulman libéral Tariq
Ramadan (professeur à Oxford). Il épouse une marocaine qui, elle aussi,
s’intéresse à la musique. Il cherche à connaître l’enseignement du
soufisme et trouve dans cette doctrine la vraie spiritualité qu’il
recherche. Fort de l’enseignement du soufisme, il se joint à un groupe
d’Israéliens et de Palestiniens sous la houlette d’un prêtre arabe pour se
rendre au camp d’extermination d’Auschwitz, et parvient à dépasser le
discours anti-sémite de certains musulmans.
Deux vies pour le prix d’une
Ses premiers souvenirs sont de Brazzaville : J’ai vécu ces années comme
un merveilleux voyage ; dont les souvenirs légers et rieurs représentent la
période la plus heureuse de ma vie p14.
La famille arrive à Strasbourg : Là nous allions connaître la précarité, la
misère sociale et l’ostracisme… p14.
Il a un père instruit qui souffre de sa situation : Notre famille congolaise
immigrée typique — un père lettré, surdiplômé et coureur, une mère
dévouée à son foyer et leurs trois petits garçons… p15.
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Le père ne tarde pas à quitter le domicile conjugal : Ma mère. brisée audedans, s’est ainsi réfugiée dans la boisson pendant de nombreuses
années… p18.
La mère de l’auteur joue un rôle de « leader » et reçoit beaucoup d’autres
familles : Cette fête africaine perpétuelle dans laquelle je vécus jusqu’à
mon adolescence développa en moi un esprit de tribu et la particularité
de parler fort sans aucune raison p20.
Pourtant, la mère incite ses enfants à aimer la France : Elle me répétait
souvent que, si je l’aimais sincèrement, la France ne pouvait que
m’aimer en retour p21.
L’auteur commence sa carrière dans la délinquance (Être voleur à la tire,
dans mon quartier, était une consécration dans la hiérarchie de la
délinquance p27), mais une institutrice, Mlle Schaeffer, était absolument
convaincue de mon fort potentiel p22. Il est donc inscrit au collège
catholique privé Sainte-Anne, où son professeur d’anglais, M. Leborgne,
le marque particulièrement. Il n’en continue pas moins sa carrière de petit
voleur, s’inspirant de Mesrine et de Scarface. De proche en proche, il est
introduit dans la milieu de la drogue.
Arnaud, le frère de l’auteur, se convertit à l’islam à la suite d’une vision
mystique.
Le chapitre se termine par une émouvante énumération des amis morts
prématurément.
Le grain de sénevé
Les succès scolaires de l’auteur lui permettent d’obtenir une bourse pour
poursuivre ses études. Il se plonge dans la lecture de grands auteurs
européens, mais il lit aussi Racines (= Roots) d’Alex Haley, et commence
à s’intéresser à Malcolm X qui avait embrassé un islam ouvert et
universaliste. Il est ému par le récit du pèlerinage de Malcolm X (hadj) à
la Mecque.
Le frère de l’auteur — Bilal, ci-devant Arnaud — fonde avec un groupe
d’amis New African Poets, NAP, u groupe rap. Grâce à sa nouvelle
carrière de rappeur, il accède à la célébrité, mais il a besoin d’argent pour
vivre, et se compromet dans un « deal » malhonnête avec des Gitans, qui
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cherchent à se venger. Mariano, un ami gitan, permet de résoudre la
situation à l’amiable.
Un de ses amis de l’époque, un certain Hubert, périt dans un accident
d’avion : La vie suivait donc son cours, avec les études et le rap, avec
mes lectures passionnées, mais aussi avec mes interrogations de plus en
plus présentes sur l’argent, la drogue, la mort p80.
C’est à ce stade de sa vie qu’il parle de la religion avec un parent : Ma foi
était réelle. Décalée peut-être, mais réelle p81. Le problème qui le
tenaille et le suivant : Pourquoi Dieu qui nous a créés, nous donne-t-il
tant de mal à le connaître ? p82. De retour à Strasbourg, il se rend
compte que l’islam est sa religion naturelle p83. Avec Majid, un ami
algérien, il se rend à la mosquée, après avoir demandé le chemin à un
Juif, et prononce la shahada. Désormais, il s’appelle Abd al Malik. Sa
mère, demeurée catholique, accepte sans difficultés la conversion de ses
fils= Ma mère me dit même un jour que la religion n’était qu’un moyen,
et que seul le but comptait p85.
Islam de banlieue
Récit de la routine des cinq prières commençant tôt le matin. Il est obsédé
par ce qui est permis (halal) et ce qui est interdit (haram) ; l’islam tel
qu’il existait à l’époque du prophète est son idéal, et les valeurs de la
civilisation occidentale paraissent toutes fausses : Au final, n’importe
quel événement — et il n’en maquait pas — nous touchant d’un peu trop
près aurait pu faire baculer notre altruisme islamique en une haine totale
et sans complexe de l’Occident p95.
Abd al Malik se joint au tabligh, mouvement d’origine indienne, qui fait
du prosélytisme : Pris par cette atmosphère pieuse si ce n’est bigote et
dans l’enthousiasme de l’action, je me mis bientôt à sillonner toute la
France pour prêcher p104.
Il devient une personnalité de l’islam dans [sa] cité p109. Mais [à] la
maison, la vie s’écoulait plutôt paisiblement. Mes frères vivaient l’islam
à leur façon, beaucoup plus simplement que moi p111. Les frères
n’apprécient pas les habits islamiques que portent Abd al Malik et Majid,
et ils continuent à avoir une vie en marge de la religion : « Être musulman
est une chose, mais il y a tut le reste… » p113.
Malgré la profondeur de son engagement, il ne peut s’empêcher de voir
que les communautarisme des divers groupes ethnique, surtout visible à
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l’occasion de certaines fêtes importantes, est peu conforme à l’idéal
universaliste et antiraciste de l’islam. Ceci pose problème, entre autres,
pour les jeunes d’origine différente qui veulent se marier : Je me rendis
compte que ma propre vision de l’islam, que je croyais ouverte, n’était
que carcan p116 ; C’est à cette période que je me rendis pour la
première fois à une conférence de Tariq Ramadan p118. Il est également
inquiété par le fait que pour certains rigoristes, la musique est haram :
Cette schizophrénie que je croyais avoir dépassé en embrassant l’islam
me rattrapais sous une forme plus subtile p125. Son cousin Frédéric —
désormais Aïssa — passe du fanatisme à l’alcoolisme : les effets de
l’islam ne sont pas bénéfiques pour tout le monde. Le bilan pour Abd al
Malik n’est pas très positif : L’islam semblait m’avoir été de quelque
secours au départ mais je me retrouvais dos au mur, pas tellement plus
assuré qu’au début de mon parcours p132 et ceci malgré ses diverses
activités pieuses et la lecture des ouvrages de Tariq Ramadan qu’il finit
par rencontrer à Strasbourg, et qui n’apporte pas de réponse définitive à
ses interrogations concernant la musique.
Abd al Malik songe à se marier, d’abord avec une amie d’enfance, et
ensuite il tombe amoureux de Narouale.
Vers l’universel
Abd al Malik commence à s’intéresser au soufisme, et profite du
jumelage de Strasbourg avec la ville de Fès pour faire un voyage au
Maroc. Il finit par y faire la connaissance de Faouzi Skali : En l’écoutant,
j’avais le sentiment singulier que j’avais toujours su ce qu’il nous disait !
p158. Je baignais dans une atmosphère de douceur et de miel p159. Il a
l’impression d’accéder enfin à la forme véridique de l’islam. Après un
court voyage aux Etats-Unis pour y enregistrer un album, Abd al Malik
est admis dans un cercle soufi. Il prend la décision de se lancer dans le
rap à titre individuel pour produire un album solo.
En chemin vers l’autre
Sous la houlette d’Émile Shoufani, un prêtre palestinien, il entreprend un
voyage à Auschwitz avec un groupe mixte palestinien et juif : Partager la
souffrance, c’est se rendre disponible pour un jour se réjouir ensemble…
p180. Il sympathise avec les Juifs, qu’il n’avait jamais vraiment eu
l’occasion de fréquenter avant, déplore les propos antisémites entendus
dans certaines mosquées, et remarque les points de ressemblance entre le
judaïsme et l’islam. À son retour, il va interpréter une séance de rap
devant l’Union des étudiants juifs de France. Il retourne à Strasbourg où
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il devait retrouver son père, mais malheureusement le père ne peut
entreprendre le voyage, n’ayant pu obtenir son visa.
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