1
HOMELIE ORDINATIONS
30 juin 2013
Timothée, André, Marc, Gauthier : c’est une joie pour nous tous, pour tout
le diocèse, de vous entourer de notre prière en ce jour vous allez recevoir
l’ordination sacerdotale pour Timothée et André, et l’ordination diaconale pour
Marc et Gauthier.
Les textes de la liturgie de ce dimanche sont particulièrement adaptés pour
vous. J’en relève quelques éléments que je vous invite à retenir et à méditer
pendant les années à venir.
L’évangile nous parle de la suite du Christ. Il nous rapporte trois
situations. Deux hommes prennent d’eux-mêmes l’initiative de s’adresser à
Jésus : « Je te suivrai partout tu iras » (Lc, 9, 57) A un autre homme, Jésus
prend l’initiative de dire : « suis-moi » (Lc 9, 59) En réalité, dans toute vocation,
il y a deux initiatives, l’une de Dieu qui appelle qui il veut, et l’autre du disciple
qui choisit de suivre Jésus. C’est la combinaison de deux libertés, celle de Dieu
et celle de l’homme. Le mystère de nos vocations, c’est la liberté de Dieu qui
appelle des hommes pauvres et imparfaits, et la liberté de l’homme qui répond :
je veux te suivre Seigneur.
Toute vocation ne peut être le fait de prétention humaine. Elle n’est jamais
un simple projet personnel et ne peut jamais être considérée comme une
promotion ou une simple générosité. Elle est l’initiative de Dieu. Cependant, si
on ne peut contester l’initiative absolument gratuite de Dieu qui appelle, on ne
2
peut davantage contester l’extrême sérieux avec lequel la liberté de l’homme est
mise au défi de répondre.
Donc, l’histoire de toute vocation sacerdotale est celle d’un dialogue entre
Dieu et l’homme, entre l’amour de Dieu qui appelle et la liberté de l’homme qui,
dans l’amour, répond à Dieu.
Ce dialogue n’est jamais achevé. Toute notre vie, ce dialogue d’amour et
d’amitié avec le Christ doit continuer, s’approfondir, se simplifier. Répondre à
l’appel : « suis-moi », ou dire au Seigneur : « je veux te suivre », (vous l’avez
compris, il faut les deux), suppose avoir entendu et répondu à une autre
question : « est-ce que tu m’aimes ? Es-tu mon ami ? » L’unique question
essentielle et condition pour devenir pasteur du troupeau à l’image de Jésus est
l’amour pour lui, qui se transforme en amour pour les personnes. Tout ministère
se fonde sur cette intimité avec le Seigneur. Vivre avec lui, telle est la mesure du
service de l’Eglise. Cette intimité avec le Christ, conservez la, protégez la. Ce
dialogue d’amour entre la liberté de Dieu et la vôtre sera la condition de la
solidité de votre appel.
Pour ceux qui s’interrogent sur la manière dont ils doivent suivre le
Christ, n’ayez pas peur d’entrer dans ce dialogue, prenez en les moyens.
Parmi nous, il y a des personnes qui veulent suivre le Christ. Il y a parmi
vous des hommes qui sont appelés à être prêtre, des jeunes filles qui sont
appelées à la vie consacrée, des familles qui sont appelées à des formes
missionnaires nouvelles. N’ayez pas peur d’entrer plus avant dans ce dialogue
d’amitié avec le Christ, de vous laisser attirer par lui, de lui dire : « je veux te
suivre. » Écoutez-le quand il vous dit : « suis-moi » N’ayez pas peur de ce feu
brûlant qu’est l’amour de Dieu.
La conséquence de notre amour pour le Seigneur est de tout donner,
vraiment tout, jusqu’à notre vie. D’où les conditions exigeantes formulées par
Jésus à ceux qui veulent le suivre, où qu’il appelle à le suivre.
3
« Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le
Fils de l’homme n’a pas d’endroit reposer la tête. » (Lc 9, 58) Oiseaux du
ciel que le Seigneur avait déjà donné en exemple pour dire que Dieu s’occupe
d’eux, si cela peut vous rassurer.
La vraie maison, la vraie demeure, ne sont pas nos sécurités humaines. La
vraie demeure de Jésus est chez son Père, et lorsqu’il a reposé sa tête, c’était sur
la croix pour le Salut des hommes. Il s’agit de n’avoir de repos que dans le don
de notre vie, comme le Christ. Cela ne veut pas dire que vous n’aurez jamais de
vacances pour vous reposer, mais peut-être que la manière de les prendre peut en
être éclairé. Le but de votre vie n’est pas d’avoir une maison, une voiture, des
vacances, mais de donner votre vie par amour, comme Jésus. C’est cela qui vous
reposera véritablement.
« Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. Mais Jésus lui
réplique : laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de
Dieu.» (Lc 9, 59-60) Cela ne veut pas dire que l’Evangile nous demande de
renoncer aux réalités les plus naturelles et légitimes, comme d’aller enterrer son
père. Mais, il y a une réalité plus forte encore. Il y a plus grand que le lien
familial, la venue du Règne de Dieu. Les liens familiaux, s’ils sont importants,
ne sont pas absolus. La vocation première du chrétien est de suivre le Christ.
« Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait
pour le Royaume de Dieu. » (Lc 9, 62) Il s’agit d’avancer toujours, sans retour
en arrière. « Notre vie est une marche, quand nous nous arrêtons, cela ne va
plus » (Pape François, Homélie du 14 mars 2013) Vous serez tentés de vous
arrêter, ou sur vos succès avec le piège de l’orgueil et de la nostalgie des œuvres
passées, ou sur vos échecs, vos maladresses ou celles des autres, et vous
tomberez dans l’amertume. Alors qu’il s’agit de suivre Jésus et de labourer le
champ aujourd’hui.
4
Suivre Jésus suppose une préférence pour lui et un détachement qui
touche notre rapport aux biens matériels, à nos relations familiales, à la
satisfaction immédiate de la réalisation de soi. Rappelez-vous : il ne vous a pas
choisi parce que vous êtes les meilleurs, les plus beaux, les plus intelligents.
Non. Vous êtes petits et pauvres. Mais, il ne vous a pas non plus choisi pour
cela. Il vous a choisi parce qu’il vous aime.
En réalité, l’appel à suivre le Christ n’est en aucun cas réservé à ceux qui
reçoivent le sacrement de l’ordre ou la consécration religieuse. Cet appel à
marcher avec le Christ, à ne pas être « des chrétiens de salon » pour reprendre
une expression du Pape François, est adressé à tous les chrétiens. C’est une
simple conséquence du baptême, de la confirmation et de la participation au
sacrement de l’eucharistie. Mais, le prêtre, parce qu’il est figure du Christ
pasteur, se doit d’être comme le premier sur le chemin. En avançant à la suite du
Christ, vous permettez à tous de le faire. Vous serez souvent dépassés par ceux
qui vous seront confiés. Ils iront souvent plus vite que vous. Vous devrez vous
en réjouir et vous laisser entraîner par eux. C’est cela la complémentarité du
sacerdoce commun et du sacerdoce ministériel. L’un engendre l’autre, l’un est
au service de l’autre, ordonné à l’autre.
Je vous invite à retenir un seul mot : « avance ». Dans les moments de
réussite, dans les moments d’échecs, dans les moments de médiocrité, dans les
moments de gloire, dans les persécutions, quand on vous admirera et quand on
vous calomniera. « Avance » ! Ne vous arrêtez pas. Marchez à la suite du Christ,
à la suite du Christ crucifié.
Au début de l’Evangile, il est dit à propos de Jésus qu’il « prit avec
courage la route de Jérusalem. » (Lc 9, 51) Avec courage : c'est-à-dire avec
détermination, malgré les épreuves qui l’attendent, malgré les hostilités. Il
choisit de donner sa vie.
5
En vous imposant les mains, je vais invoquer sur vous l’Esprit Saint,
esprit de force et de courage. Que le courage vous soit accordé. Courage de vous
opposer aux courants et modes du moment. Courage de vous approchez des
petits et des pauvres, des pécheurs comme l’a fait Jésus. Le premier souci du
berger est le souci de la brebis perdue, le souci de ceux qui refusent de
l’accueillir. Courage de la vérité, courage de la miséricorde.
Ne vous découragez donc jamais, surtout face à votre propre misère,
lorsque vous percevrez vos propres limites et médiocrité. « Sans jamais me
décourager » répétait sans cesse Sainte Thérèse de Lisieux. Etre courageux ne
signifie pas rigidité ou inflexibilité. Mais être comme un arbre qui a des racines
profondes qui lui permettent d’être solide et bien assuré. Le courage est lié à la
miséricorde et à l’humilité. Les humbles n’ont peur de rien, ils n’ont rien à
perdre. Ils sont libres.
Face au refus des Samaritains, les disciples demandent à Jésus
l’autorisation d’invoquer le feu du ciel pour les détruire. Ils sont choqués parce
que les Samaritains refusent d’accueillir Jésus. Jésus les interpelle alors
vivement comme il l’avait fait avec Pierre qui voulait le détourner de la Passion.
La mission n’est pas une conquête ou une croisade. C’est l’annonce et la
manifestation de la miséricorde de Dieu. La méthode de Jésus est celle de la
douceur et de l’humilité, celle du grain jeté en terre. Timothée et André, en vous
remettant la patène et le calice, je vous dirai : « recevez l’offrande du peuple
saint pour la présenter à Dieu. Prenez bien conscience de ce que vous ferez.
Imitez dans votre vie ce que vous accomplirez par ces rites. Conformez-vous aux
mystères de la croix du Seigneur. » Il n’y a pas d’autre chemin que celui de
l’amour et de la miséricorde dont le point culminant est la mort du Seigneur sur
la croix. Le seul feu que nous avons à invoquer est le feu de l’Esprit Saint, pour
qu’il brûle nos cœurs de charité.
1 / 8 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !