Mot de Regina De Dominicis
Représentante de l’UNICEF,
Forum de la Mer, 6 Mai 2016
Madame la Ministre, chers partenaires, chers enfants et jeunes, Mesdames et
messieurs
Permettez-moi aujourd’hui d’enfreindre les us et pratiques diplomatiques. Avec
votre permission, je ne commencerai pas mon mot par les introductions habituelles
mais je l’entamerai en partageant avec vous ce chiffre : 99% des décès attribués aux
changements climatiques surviennent dans les pays en développement et les enfants
représentant 80% de ces décès. Le changement climatique pourrait provoquer
250.000 décès supplémentaires chaque année chez les enfants d’ici à 2100.
L’impact du changement climatique sur les enfants est chaque jour de plus en plus
important. Mesdames et messieurs, il faut agir.
Nous nous rencontrons aujourd’hui à l’occasion de la clôture des travaux du Forum
de la Mer à quelques mois seulement de la tenue des travaux de la COP 22 à
Marrakech. Je souhaite adresser mes vifs remerciements à toute l’équipe du Forum
de la Mer d’être aussi sensible à une thématique stratégique pour l’avenir de
l’humanité et des générations futures et de nous offrir l’occasion d’exprimer ici la
voix des enfants par rapport à un sujet qui nous préoccupe tous, celui du
changement climatique et de son impact sur les enfants.
Mesdames et messieurs
Les changements climatiques vont avoir un impact de plus en plus important sur tout
le monde, mais les enfants seront touchés de manière disproportionnée, en
particulier là où la pauvreté est plus présente.
Aujourd’hui, des centaines de millions d’enfants vivent dans les régions les plus
exposées aux changements climatiques. Ces régions vont des côtes de l’Asie du Sud
au Delta du Mékong, des îles du Pacifique à la Corne de l’Afrique et l’Afrique
équatoriale, aux côtes de l’Amérique latine et aux Caraïbes. Le Maroc fait partie aussi
des pays impactés par les perturbations climatiques qui se traduisent par davantage
de sécheresses, d’inondations, de vagues de chaleur et autres phénomènes
météorologiques extrêmes, qui contribueront à la propagation croissante des
principales causes des décès d’enfants, comme la malnutrition et les maladies
diarrhéiques. Ces perturbations sont particulièrement dangereuses pour les très
jeunes enfants dans la mesure où elles peuvent nuire à leurs premières années de
développement, avec des conséquences à jamais irréversibles. Les changements
climatiques peuvent également former un cercle vicieux : un enfant privé
d’installations d’eau et d’assainissement adéquates avant une crise sera plus touché
par une inondation, une sécheresse, ou des tempêtes violentes, aura moins de
chances de se remettre rapidement, et sera encore plus en danger face à la crise qui
en résultera.
Ces constats sont appuyés par des analyses et des chiffres qui démontrent que les
générations futures sont les premières à subir les effets du changement climatique.
Permettez-moi de partager avec vous les exemples suivants, chiffes à l’appui, pour
vous permettre d’encore mieux apprécier l’ampleur de la gravité de la situation :
- Chaque minute, un enfant dans le monde meurt du fait de la mauvaise qualité
de l’eau et d’un manque d’accès aux structures sanitaires de base. La diarrhée
est la deuxième cause de mortalité infantile, après la pneumonie.
- Près de 530 millions d’enfants vivent dans des zones où la fréquence des
inondations est extrêmement élevée et plus de 300 millions d’entre eux vivent
dans des pays où au moins la moitié de la population survit avec moins de
3,10 dollars des É.-U. par jour.
- Près de 160 millions d’enfants vivent dans des zones sujettes à des
sécheresses graves ou extrêmes, et environ 50 millions d’entre eux vivent
dans des pays où au moins la moitié de la population vit avec moins de 3,10
dollars des É.-U. par jour.
Ces constats nous mettent devant plusieurs défis. Le plus urgent est que les
gouvernements dans le monde et les autres acteurs agissent dès à présent pour
enrayer la propagation des changements climatiques en réduisant les émissions et en
favorisant des sources d’énergie propres et durables. Les initiatives prises par le
Royaume du Maroc comme l’adoption en 2014 de la loi cadre formalisant la Charte
nationale de l’environnement durable et la mise en service récente de la plus grande
centrale d’énergie solaire au monde constituent des exemples de référence pour
chaque pays.
Les conséquences les plus graves du changement climatiques ne peuvent
effectivement être évitées qu’en réduisant les émissions de gaz à effet de serre pour
que la hausse moyenne des températures dans le monde soit limitée à moins de 2°C
par rapport aux niveaux préindustriels, et idéalement à 1,5°C. Cela ne peut être
atteint que si des exemples similaires sont multipliés partout dans le monde. C’est un
impératif que la communauté mondiale s’est engagée réaliser dans le cadre des
Objectifs de développement durable dont l’objectif 13 concerne la prise d’initiatives
relatives à la lutte contre les changements climatiques.
Le deuxième défi à relever est de prévoir des programmes d’éducation et de
formation des enfants et des jeunes aux changements climatiques. La Charte
nationale de l’environnement a bien pris en considération ce point en identifiant
comme 7ème enjeux la promotion d’une culture de développement durable en
reconnaissant qu’il s’agit d’un processus long et intergénérationnel et que la réelle
transformation s’opérera avec la nouvelle génération à travers la formation des
enfants et des jeunes aux valeurs éco-citoyennes. L’UNICEF applaudit cette mesure
que nous soutenons à travers une réforme des curricula que nous appuyons
techniquement avec le ministère de l’éducation nationale afin que l’éducation à
l’environnement soit un principe de base du système éducatif qui promeut aussi le
renforcement de la résilience des enfants et de leurs communautés face aux des
défis climatiques. Ceci est en lien avec le principe de l’équité qui constitue notre 3ème
défi commun qui requiert de donner la priorité aux besoins des plus vulnérables,
notamment les enfants, dans l’adaptation aux changements climatiques et en
réduisant les inégalités chez les enfants et les familles pauvres pour améliorer leur
capacité à faire face aux effets des changements climatiques.
Mesdames et messieurs,
Nous devons reconnaître que les enfants et les jeunes ne sont pas de simples
victimes et qu’ils peuvent jouer un rôle crucial dans la lutte contre le changement
climatique. La voix des enfants et des jeunes doit figurer au premier plan du débat
sur l’action pour le climat. Avec vous nous ferons en sorte que la voix des enfants soit
régulièrement exprimée à ce sujet et qu’elle soit entendue à l’occasion des travaux
de la COP22.
Je vous remercie.
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