Séminaire SENSE (Nouvelles perspectives environnementales : l’événement, la nature, le sensible et l’esthétique) Séances 2010-2011 Atmosphère, ambiance, climat L'objectif du séminaire SENSE est de mettre en débat des nouvelles approches de l’environnement centrées sur les dimensions sensibles, médiales et esthétiques de la relation entre l’homme et son environnement. Les séances de l'année 2010-2011 seront consacrées plus spécialement à la question climatique. Elles se tiennent à Grenoble ou au Pradel (Ardèche) dans des locaux de PACTE (UMR 5194 CNRS-Université de Grenoble-IEP Grenoble) Poser la question climatique dans le champ des SHS Comment poser la question climatique dans le champ des SHS (sciences humaines et sociales) ? Quels sont les liens entre la perception ordinaire du climat et la perception scientifique ? Il existe de nombreuses perspectives, notre séminaire en explorera quelquesunes cette année. L’expérience sensible de la saisonnalité Cette approche anthropologique est représentée notamment par Martin de la Soudière dans son ouvrage Au bonheur des saisons. Voyage au pays de la météo, Grasset 1999, qui multiplie les capteurs sociologiques pour saisir toutes les « météosensibilités » tant elles sont diversifiées. Il a tenu pendant dix ans son « journal météorologique » interrogant sa propre sensibilité et les humeurs que lui inspiraient la pluie, le vent, le brouillard, etc. Il a réalisé aussi des « observations du trottoir et du terroir », voyagé en littérature et visité les peintres. Il a suivi cette météo officielle que nous livrent quotidiennement les medias. Le climat comme manière de (re)définir les relations homme-environnement Cette approche épistémologique est représentée notamment par deux historiens Jean Baptiste Fressoz et Fabien Locher dans leur article « Le climat fragile de la modernité. Petite histoire climatique de la réflexivité environnementale », publié dans le site en ligne la vie des idées http://www.laviedesidees.fr/Le-climat-fragile-de-la-modernite.html Il est généralement admis que la question des changements climatiques à l'aube du XXIe siècle témoigne de la réflexivité environnementale des sociétés humaines, c'est-à-dire une manière de penser les conséquences de l'agir humain sur l'environnement. Les auteurs nous démontrent que cette préoccupation n'est pas nouvelle. Elle fait suite à deux siècles de réflexions et d'inquiétudes quant à l'altération humaine du climat. Pendant plus d'un siècle et demi, du milieu du XVIIIe au dernier tiers du XIXe siècle, c'est une autre théorie des climats — où s'intriquaient agir technique, forme politique, environnement et corps — qui a permis aux sociétés occidentales de penser leur rapport à l'environnement et leur responsabilité dans les transformations conjointes de la nature et de leurs propres formes de vie. L’esthétique comme passerelle entre les perceptions profanes et scientifiques du climat L'art peut nous aider à questionner nos perceptions et relations avec le temps météorologique, le climat et ses modifications. Au sein du réseau Perception du climat un colloque Climatologie de l'art. Dialogue entre l'architecture, les arts visuels et le climat organisé par Florence Chantoury-Lacombe, post-doctorante à l’Université de Montréal, et Catherine Chagnon, doctorante à l’Université de Montréal, s’est tenu dans cette ville du 5 au 7 mai 2010 sur cette thématique. Une autre personne ressource est Julien Knebusch, doctorant en 1 littérature française à l'Université de Paris III. Dans son article « Art and climate (change) perception : outline of a phenomenology of climate »1, il mène une réflexion de type philosophique sur l’articulation entre la perception phénoménologique du climat — l'expérience ordinaire du « temps qu'il fait » en relation avec la saisonnalité et le temps de la vie avec les tonalités affectives associées — et la perception scientifique du climat. Il analyse le rôle des artistes pour faire le lien entre les grands modèles globaux du changement climatique et la perception sensible des habitants. Atmosphère, ambiance, climat L'ambition du programme du seminaire pour 2010-2011 sera de trouver des passages, des traductions entre trois termes emblématiques de la question climatique : climat, ambiance, atmosphère. En réfléchissant sur ces trois termes nous chercherons des voies «médiales» entre des domaines que la modernité oppose : Discours scientifique / discours ordinaire Objectivation / subjectivation Signification / phénomène Organisation du séminaire La thématique climatique sera travaillée durant l'année 2010-2011. Trois séances au moins seront prévues. Chacune des séances du séminaire posera une question transversale : L'articulation des temporalités : «temps qu'il fait», saisonnalité, temps long de l'histoire, temps long du climat Le rapport à l'action : les régimes et les instruments de l'action : action esthétique, opérationnalisation des ambiances, politique de l'atmosphère Les modèles d'intelligibilité : les relations entre savoirs profanes et savoirs scientifiques ; les controverses Propositions de séances PROPOSITION DE SÉANCE 1 L’articulation des temporalités Martin de La Soudière L’expérience sensible de la saisonnalité Fabien Locher, Petite histoire climatique de la réflexivité environnementale Laurence Créton-Cazanave, La temporalité de l'alerte PROPOSITION DE SÉANCE 2 Les savoirs controversés (avril-mai) — Amy Dahan : directrice de recherche CNRS, sociohistorienne des sciences au Centre Alexandre Koyré (EHESS, MNHN, CNRS), les leçons politiques de Copenhague, faut-il repenser le régime climatique ? 1 Article paru dans Sacha Kagan et Volker Kirchberg (ed.). Frankfurt a. Main, Verlag für Akademische Schriften, 2008, pp. 242-261. 2 — Jean-Baptiste Comby, Maître de conférences en sociologie des médias à l’Institut Français de la Presse, CARISM, Université de Paris II La médiatisation des "controverses" liées au changement climatique. Regards sociologiques — Jean-Paul Bozonnet, maître de conférences en sociologie politique à Science Po Grenoble, La réception du climato-scepticisme dans la population européenne — Controverse entre modèles probabilistes et modèles statistiques : Sébastine Nobert — La question des controverses dans les ambiances : N. Tixier PROPOSITION DE SÉANCE 2 ou 3 La question de l’action L'action esthétique : Julien Knebusch Les artistes et la perception du changement climatique Sophie Tible-Cadiot : pour une dramaturgie de l'atmosphere L'opérationnalisation des ambiances : Pascal Amphoux Les politiques de l'atmosphère : Olivier Labussière 3