Il est inutile de revenir ici sur l'argumentation, en arabe et en français, faite à plusieurs reprises, sur Kapitalis et
ailleurs. Rappelons juste que jamais le Coran n'a interdit l'alcool. L'interdiction est le fait de jurisconsultes qui
ont mal interprété le précepte coranique invitant à ne pas boire lors de la prière, et surtout à ne pas s'enivrer.
Aussi, interdire aujourd'hui la libre vente d'alcool, revient à attenter à un droit fondamental garanti aussi bien
par la Constitution que la religion : la liberté individuelle de boire et le droit de commercer librement.
C'est ce que doit dire le président de la République en sa qualité de garant du respect de la Constitution. C'est
aussi ce que doit rappeler le chef du gouvernement en sa qualité de responsable de la bonne marche des
institutions.
C'est également du devoir du mufti de la République de démêler le vrai du faux et de rappeler que l'islam est
une foi de droits et de libertés, et que boire de l'alcool sobrement, sans perdre la raison est bien licite. C'est
même l'épreuve que doit surmonter le croyant et qui permet d'attester de sa bonne foi. Et c'est bien pour cette
raison que l'ivresse est interdite.
L'islam n'interdit que l'ivresse
Jamais Dieu, dont les préceptes sont dans l'intérêt bien compris de ses créatures, n'aurait pu prescrire une
interdiction traitant l'homme, la plus noble des créatures, en mineur. Le croyant en islam doit être libre d'agir,
d'être tenté de boire l'alcool, donc de subir l'épreuve de la tentation, et d'y résister.
Ainsi agira-t-il comme le prophète auquel l'ange Gabriel a bien offert un verre de vin et qui a eu la liberté de
choisir. Voilà le vrai esprit de l'islam qu'il faut au mufti rappeler.
C'est surtout du devoir du parti islamiste de se prononcer enfin clairement sur cette licéité de l'alcool, car on
sait qu'il encourage en sous-main les excités qui en viennent à troubler l'ordre public au nom d'une religion
innocente de leurs turpitudes.
Depuis quand l'islam encourage de semer le désordre dans les rues? N'est-il pas prescrit que si l'intérêt l'exige,
on peut ne pas satisfaire à une obligation? L'intérêt aujourd'hui impose la paix publique que perturbent les
appels contraires à l'islam à l'interdiction de ce qu'il n'a jamais interdit!
Et qu'on le sache bien : c'est l'interdiction de la libre vente de l'alcool et de sa consommation qui est la véritable
cause des méfaits que les zélotes dénoncent. Si l'alcool était vendu comme tout autre bien, il n'y aurait jamais
d'alcoolisme, ou nettement moins, puisqu'on sait que c'est l'interdiction qui crée le désire, forçant à l'abus.
Pour un remède de cheval
Il serait judicieux que ce qui se passe aujourd'hui d'insensé en Tunisie de la part des excités de la religiosité, ne
voulant pas que la Tunisie accède à la démocratie qu'elle mérite, suscite une réponse judicieuse qui puisse
amener une évolution majeure : l'abolition de toutes les restrictions à la libre vente de l'alcool. Qu'il soit donc
désormais vendu librement partout, y compris vendredi et durant ramadan!
C'est une telle réponse radicale que méritent les appels irresponsables des imams zélotes qui nous rappellent
les pharisiens dénoncés par le Christ. Ils oublient que l'islam est une foi de paix et que leurs appels à la
mobilisation sont anti-islamiques, car ils perturbent l'ordre public et attentent au vivre-ensemble que tout un
chacun doit veiller à rendre paisible.