couples, familles et même individus peuvent rester ensemble tout au long de leurs déplacements migratoires, ainsi
que dans leurs quartiers d'hiver, et ce d'année en année. Toutefois, les mouettes rieuses n'obéissent pas toujours à
cette règle, comme le montrent de nombreuses études, et les schémas de dispersion varient selon l'âge des
individus : les jeunes s'éloignent plus que les adultes des colonies de reproduction, et partent plus tôt au moment de
la migration.
Le grégarisme de la mouette rieuse se manifeste par la constitution de reposoirs diurnes, où les oiseaux se
regroupent entre des phases d'alimentation et des stations sur les dortoirs. Alors que les reposoirs sont des sites
choisis de façon ponctuelle, les dortoirs sont des sites traditionnels qui rassemblent de quelques dizaines à plusieurs
milliers d'individus (jusqu'à 100 000 dans un dortoir d'Angleterre). Ce peut être un étang, un lac, une portion de fleuve
ou de large rivière, dans un estuaire ou un marais, dans des prés, des labours ou sur des vasières, des îlots rocheux,
voire des toits de maisons. La localisation des dortoirs obéit à des raisons de sécurité : sur l'eau, les oiseaux sont à
l'abri des prédateurs terrestres. En milieu maritime, le rythme des marées amène quelquefois les oiseaux à se nourrir
la nuit et se reposer le jour. De manière générale, les oiseaux se dispersent le jour pour leur quête alimentaire, sur
une superficie d'environ 800 km2, c'est-à-dire dans un rayon de 15 à 16 km autour du point de concentration.
Sur les reposoirs diurnes, les mouettes maintiennent entre elles une petite distance, donnant ainsi l'impression
d'une surface couverte d'individus assez régulièrement espacés. Quand il vente, les oiseaux adoptent une position
horizontale face au vent, la tête rentrée dans les épaules.
DES VOLS EN PETITS GROUPES
Pour la constitution du dortoir, les mouettes rieuses se réunissent généralement en fin d'après-midi en petits groupes
près des zones d'alimentation, puis elles rejoignent, par des vols convergents, des sites qui constituent des « pré-
dortoirs ». On observe alors des escadrilles de mouettes en formations groupées, linéaires ou en V, qui se succèdent
à intervalles rapprochés et qui, silencieusement, d'un vol battu régulier, se meuvent dans la même direction. Ces pré-
dortoirs se situent souvent sur l'eau. Les mouettes se livrent alors à de véritables bains collectifs, certaines procédant
à des toilettes mutuelles qui renforcent les liens sociaux. À la tombée de la nuit, en silence, les oiseaux rejoignent le
dortoir, zone à l'abri des vents et des prédateurs.
Une alimentation variée et équilibrée
La mouette rieuse ne se nourrit pas uniquement en milieu aquatique. Son régime alimentaire est à base de petits
animaux invertébrés aquatiques ou terrestres : durant la période de reproduction, de 10 à 20 % des proies sont des
vers, de 80 à 90 %, des arthropodes. Ces derniers sont surtout des insectes : coléoptères (scarabées, charançons),
mais aussi des diptères (larves et imagos de diverses espèces de mouches), éphémères, libellules, chenilles,
criquets ; le régime comprend aussi des araignées et des scolopendres. Mais la mouette rieuse recherche aussi
crustacés, mollusques, petits poissons et amphibiens. Ce régime alimentaire est complété par des végétaux (fruits,
céréales, herbacées, jeunes feuilles) et surtout par des détritus, notamment les déchets d'origine humaine trouvés sur
les tas d'ordures, dans les décharges publiques, aux bouches des égouts sur les rivières, et derrière les bateaux de
pêche qui rejettent leurs déchets à la mer. En captivité, une mouette absorbe de 70 à 225 g de nourriture par jour,
selon les individus. Les poussins reçoivent 22 g par jour la première semaine, 50 g la deuxième, puis de 80 à 150
grammes.
DES MÉTHODES DE CAPTURE DIVERSIFIÉES
Pour s'alimenter, la mouette rieuse prospecte souvent en vol, à faible hauteur au-dessus du sol ou de l'eau. Elle
accomplit d'amples battements d'ailes, la tête et le cou étirés vers le bas, les plumes de la queue déployées pour
faciliter les manœuvres. Après un bref vol sur place ou au terme d'un brusque freinage, elle se laisse tomber sur
l'aliment qu'elle a repéré.
Une autre méthode consiste à effectuer de plus larges vols à plus haute altitude, avec des battements d'ailes
souples. L'oiseau capture alors des insectes au vol, cueille des fruits ou vient ramasser des proies au sol ou sur l'eau.