Philippe Pelletier : LE CEDRE, LE SINGE ET LA GRAND-MERE, TUMULTE A LA LIMITE DE L’ESPACE BOISE JAPONAIS : Une problématique de la forêt au Japon : Quels rapports entre la société japonaise et asiatique et la nature ? La forêt est très importante au Japon du fait de l’abondance des précipitations, du relief et de l’étalement de l’archipel. Binôme plaines rizicoles et montagnes/collines boisées. De façon générale la forêt occupe l’espace montagnard japonais y compris dans les grandes îles. Le mot japonais de yama, désigne la forêt, la montagne et les mines traduisant ainsi des ressources importantes en or et en argent mais difficiles à exploiter et donc abandonnées. La forêt est importante dans la culture en particulier dans la religion Shinto animiste et traditionnelle proche des dieux gréco-romains. Le lien cosmique ainsi se trouve dans le monde marin et la montagne, pivot cosmique vertical entre le terrestre et le céleste. Les cultes les plus anciens sont ainsi présents dans les montagnes en incarnant des divinités dans des arbres, des reliefs… L’espace forestier n’est pas pour autant sanctuarisé et avec le replis du Japon au XVIIème et l’explosion démographique qui l’accompagne amène un déboisement intensif accompagné de processus érosifs intenses et de problèmes d’inondations… Du coup une politique de reboisement est initiée au XVIIIème s. Les régions centrales de l’île d’Honshu sont ainsi reboisées sous l’impulsion de l’empereur qui a aussi pour but de favoriser ainsi la marine de guerre. Dans le bâti, les équipements… la forêt contribue largement à la richesse du Japon. On entretien du coup régulièrement la forêt jusque dans les années 50. Mais dans les années 70, la baisse est très forte et du coup le pays importe désormais 80 % de ses besoins en bois du fait aussi de l’effort porté vers l’industrie au détriment de l’agriculture et de la sylviculture. En même temps la consommation du pays en bois baisse fortement. Tout cela concourre à l’abandon de ces espaces forestiers par l’homme. La forêt reprend ainsi très rapidement ses droits et devient vite impénétrable. Sur un plan administratif on recense les lieux de très fort dépeuplement qui composent la moitié du territoire japonais (kaso) avec une moyenne moins de 30 hab/km2. Le corollaire à cette situation est le vieillissement de la population dans ces espaces en particulier au sud de l’archipel. Des mesures existent avec une promotion du retour à la campagne, des niches existent sur l’agriculture biologique, les herbes médicinales… permettent un retour de quelques jeunes mais avec de grandes disparités d’un lieu à l’autre. Le tourisme n’est pas plus évident du fait de l’accessibilité primordiale dans la société japonaise. L’éco tourisme n’étant pas très favorisé et aidé par les pratiques touristique (mer à l’occidentale ou stations thermales mais déjà existante et équipées). L’autre élément lié à cela est la présence grandissante des singes (et aussi des cervidés et des sangliers) qui se sont multipliés sur l’archipel du fais aussi de la perte des prédateurs (loup depuis le début du XXème). Mais le reboisement basé surtout sur les conifères ne permet pas de nourrir ces animaux qui viennent de plus en plus dans les lieux habités pour trouver de la nourriture mais commencent à saccager les cultures et à sélectionner leurs aliments. Ce problème devient important, on cherche des solutions, un marché se crée autour de ce problème mais les solutions techniques ne sont pas très efficaces. Du coup les battues qui étaient autorisées jusqu‘en 1948 sont interdites ensuite (du fait de l’occupation américains ?). Mais depuis les années 90 ces battues reprennent avec des autorisations administratives ponctuelles amenant 10 000 singes tués par an depuis les années 2000. Au niveau culturel, le singe à une place particulière sur un plan religieux, dans les cérémonies avec des fêtes dédiées à ces animaux (mais aussi pour les baleines…). Ces visions s’opposent à la brutalité occidentale face à la nature, pour autant ce rapport idéalisé à la nature en Asie est très partie. La nature n’est pas sacralisée et préservée pour être préservée mais au contraire pour être exploitée avec des buts précis en particulier au XVIIIème siècle ou on cherche à comprendre la nature pour mieux l’utiliser. Cette approche ne sépare pas la nature et l’activité humaine. Cependant l’ultranationalisme japonais de la fin du XIXème siècle qui amène une vision de pureté de la « race » japonaise lie la nature à la qualité du peuple japonais. Il déplore ainsi la destruction de la forêt en cette fin de XIXème siècle mais par sur le plan de la biodiversité mais sur le plan esthétique et l’idée d’harmonie qui est liée. Malgré la 2 ème guerre Mondiale, ces thèses perdurent et l’idée d’une nature belle et luxuriante sauve en quelque sorte l’honneur japonais et cette supériorité liée à la nature amenant une intégration facile des idées de conservation de la nature venant d’occident. En lien le singe japonais à un rôle particulier. Les espèces de singes présentes au Japon son endémiques. Une ambivalence existe. D’un côté sa proximité de l’homme entraîne un respect, mais dans le même temps il est montré du doigt passant du statut d’amis à celui d’ennemi. Yves Dehecq