Allemagne divisée, les Soviétiques gérant comme ils l’entendaient leur zone). Les
Américains décidèrent donc de précipiter le rapprochement des trois zones
occidentales, d’abord au plan économique (trizone) puis politique. Cette volonté
provoqua la première crise de Berlin (juin 1948-mai 1949). En dépit du blocus
soviétique de Berlin, la construction d’une Allemagne à l’Ouest se poursuivit
(préparation d’une constitution). Le 23 mai 1949, la République Fédérale
d’Allemagne fut proclamée et en septembre le chrétien-démocrate Konrad Adenauer
devint chancelier. La RDA (République Démocratique Allemande) fut créée le 7
octobre 1949 dans une zone soviétique où le SED, le parti communiste allemand,
détenait tous les pouvoirs.
L’Allemagne, en dépit de la constitution de ces deux Etats, n’en demeure pas
moins une des zones chaudes de la guerre froide. La question du réarmement
allemand inquiète ; après l’échec du projet de la CED, la RFA intègre l’OTAN…
tandis que du côté communiste, la RDA appartient dès l’origine au Pacte de Varsovie
(1955). La RFA, pour marquer son attachement à l’Ouest, est une des pionnières de
la construction européenne (CECA, CEE) ; de son côté, la RDA rejoint le
COMECON. Berlin devait être le théâtre de la seconde grande crise de la guerre
froide en Allemagne. En août 1961, afin d’enrayer les mouvements de population de
l’Allemagne de l’Est vers celle de l’Ouest, les autorités décidaient la construction d’un
mur afin de rendre hermétique la séparation entre les deux parties de la ville. Le
« mur de la honte » devint le symbole de la guerre froide et de la division de
l’Allemagne.
Au plan économique, les deux Allemagne connaissent des évolutions
contrastées. A l’ouest, se produit le « miracle économique » allemand ; profitant de la
puissance du mark, d’un climat social favorable, d’une efficacité industrielle
rapidement retrouvée, la RFA devient une des grandes puissances industrielles
mondiales. A l’est, l’industrie avait en grande partie démantelée par les Soviétiques,
la collectivisation des campagnes lancée peu après affaiblit l’agriculture. En juin
1953, des émeutes éclatèrent à Berlin-Est qui furent violemment réprimée par les
Soviétiques. La politique économique en RDA fut rendue moins rigide mais le niveau
de vie des Est-Allemands resta très inférieur à celui des Allemands de l’Ouest.
La période de la Détente permit une évolution dans la situation de
l’Allemagne. Le nouveau chancelier ouest-allemand, Willy Brandt, lança une politique
vers les pays de l’Est (Ostpolitik) qui permit en 1972 la signature d’un traité
fondamental entre les deux Allemagne et l’assouplissement des mouvements de
population à Berlin. En 1973, les deux Allemagne furent admises à l’ONU. La
partition allemande semblait être faite pour durer… d’autant qu’au début des années
80, dans le contexte de la guerre fraîche, l’Allemagne redevint une zone très sensible
à travers la crise des Euromissiles.
Dans la partie est-allemande, une opposition au régime commençait
cependant à s’organiser. La libéralisation souhaitée par Mikhaïl Gorbatchev dans le
monde communiste, amena cette opposition à entreprendre de grandes
manifestations en octobre 1989. Le dirigeant communiste Erich Honecker dut quitter
ses fonctions et au début de novembre, les événements s’accélérèrent (démission du
gouvernement, du bureau du parti communiste et enfin, le 9, l’ouverture du Mur de
Berlin). La réunification allemande devenait désormais possible… à condition que
quelques conditions soient remplies (deux gouvernements démocratiquement élus,
une adhésion des Allemands, l’acceptation des quatre vainqueurs de la guerre). En
mars 1990, le parti du chancelier ouest-allemand Helmut Kohl remportait les
élections en RDA, le 21 juin les deux Parlements acceptaient le traité de