Etats se sont déstructurés, d’une part, en raison de l’environnement socio-économique
international et, d’autre part, à cause de la mauvaise gouvernance (on pourrait même dire la
non- gouvernance). Face à cette crise, deux thérapies ont été proposées. La première, très
dure, est celle des institutions internationales traditionnelles, comme le FMI. La seconde, plus
douce et plus homéopathique, est celle des ONG. Mais les deux thérapies se sont révélées
inefficaces. L’Afrique reste toujours sous perfusion !
Alors, face à la faillite de l’Etat providence, c’est la société civile qui prend le relai,
sous diverses formes. Et dans cette société civile, le religieux longtemps marginalisé va
occuper une place de choix. Devant la généralisation de la précarité, n’est-il pas l’ultime
recours ? Comme le dit si bien l’auteur, « là où le politique disparaît, c’est le religieux qui
surgit »
.
Mais le Professeur Richard Filakota ne s’intéresse pas ici à tous les phénomènes
religieux issus de la crise de nos pays. Il focalise son attention sur l’Islam. Pour parer à la
débâcle multiforme de nos sociétés, particulièrement de nos villes de l’Afrique subsaharienne,
surgit une nouvelle génération de musulmans :
« Dans ces villes africaines subsahariennes en pleine expansion, le renouveau
de l’Islam en termes de prise de conscience islamique nouvelle tend à
s’affirmer et à gagner du terrain »
.
Ainsi, défiant l’Islam des anciens, celui des confréries, cette nouvelle génération
décide d’investir l’espace public, social, culturel, éducatif et sanitaire, au risque parfois de se
faire récupérer par les politiques. Elle entend sortir de l’ombre et assurer une visibilité réelle.
Elle veut rayonner aussi bien au niveau national qu’international. Des organisations de jeunes,
de femmes et de cadres voient le jour. Décomplexées, elles sont pleines d’ambitions.
Ecoutons de nouveau ce qu’en dit l’auteur :
« En face de l’Etat de plus en plus absent sur le plan sur la scène publique et
devant l’essoufflement de l’Islam traditionnel et le relâchement de leurs
structures, ces nouvelles organisations islamiques apparaissent comme une
force de revitalisation de l’Islam depuis deux décennies »
.
Cet engagement sur la scène publique suppose des moyens financiers. Où les trouver ?
Il y a deux sources de financement. D’une part, on recourt à l’autofinancement, aux
Richard FILAKOTA, op. cit., p. 44.
Richard FILAKOTA, op. cit. p. 43.
Richard FILAKOTA, op. cit. p. 184.