Lysias défend un Athénien coupable d'avoir tué l'amant de sa femme. Il explique comment celle-ci a pu
recevoir chez eux un homme à son insu. Ceci nous Permet de comprendre les habitudes d'un couple
athénien de fortune moyenne.
Lorsque j'eus décidé de me marier, Athéniens, et que j'eus pris femme, voici quelle fut d'abord mon
attitude : évitant à la fois d'ennuyer ma femme et de lui laisser une liberté excessive, je la surveillais
dans la mesure du possible, et, comme de juste, j'avais l'oeil sur elle. Mais, du jour où nous eûmes un
enfant, je n'eus plus de défiance, je lui confiai toutes mes affaires, estimant que nous étions
maintenant unis par le plus fort des liens. Dans les premiers temps, juges, c'était le modèle des
femmes, ménagère adroite et économe, maîtresse de maison accomplie. l...l.
Il faut vous dire d'abord (car ces détails mêmes sont nécessaires) que ma maisonnette a un étage ; la
disposition y est la même en haut et en bas, pour l'appartement des femmes et pour celui des hommes.
Survint la naissance du petit, que sa mère nourrissait. Chaque fois qu'il fallait le baigner, elle était
obligée de descendre et risquait de tomber dans l'escalier ; aussi habitais-je au pre-
mier étage et les femmes au rez-de-chaussée. C'était une habitude prise et ma femme allait ainsi à
chaque instant se coucher prés du petit pour lui donner le sein et l'empêcher de crier.
Lysias, Sur le meurtre d'Eratosthéne, 8-14. 23-24. Paris : Les Belles Lettres, 1987.
Lysias (vers 440-vers 380 av. J.-C.). Orateur attique, fils d'un riche métèque (étranger) de Syracuse établi à Athènes ; perd
sa fortune pendant la guerre civile de 4O4. Il se fait alors logographe c'est-à-dire qu'il rédige, pour des causes privées, des
discours que les plaideurs liront devant le tribunal., Ses discours sont une source . précieuse sur la société et sur la vie
poliltique vers 400 av. J.-C.