Pas de contrainte en religion ?
Les questions des Français au docteur Dalil Boubakeur,
président du Conseil Français du Culte Musulman
Le docteur Dalil Boubakeur est le recteur de la mosquée de Paris et le président du Conseil
Français du Culte Musulman. A ce titre il a été très souvent invité pour réagir aux propos extraits
de la remarquable conférence de Benoît XVI à Ratisbone sur le dialogue des cultures et les
violences au nom de la religion.
Le docteur Boubakeur est un homme respectable, distingué, cultivé, d’une grande religiosité.
Les interlocuteurs qu’on lui a opposés, comme l’évêque de Vendée Mgr Santier, étaient hélas bien
timorés et même semble-t-il tristement ignorants. Quant au docteur Boubakeur, il a usé et même
abusé de l’ignorance compréhensible de la majorité des Français sur l’islam.
Nous regrettons qu’on ne l’ait guère convié à débattre avec ceux des non-musulmans qui ne
se contentent pas désormais d’une information superficielle. Voici les questions que nous lui
aurions volontiers posées.
Bernard Antony
1) Dans les pays où règne l’islam, peut-on changer librement de religion, passer de l’islam
au boudhisme ou au christianisme sans risquer la prison ou la mort ? Acceptez-vous cela ?
2) Dans des pays aussi divers que l’Arabie, l’Egypte, l’Indonésie, le Pakistan, l’Afghanistan,
l’Algérie, le Maroc, le Soudan, le Nigéria, l’Iran, les non-musulmans n’ont pas les mêmes droits
politiques, civiques, sociaux que les musulmans. Approuvez-vous cet état de fait ? Dans le cas
contraire, vous si attaché à l’umma, que faites-vous pour que les non-musulmans aient dans ces
pays les mêmes droits que les musulmans en Occident ?
3) Dans ces pays, un non-musulman ne peut épouser une musulmane sans devoir se
convertir à l’islam alors qu’un musulman peut librement épouser une non-musulmane dont les
enfants seront obligatoirement musulmans. Approuvez-vous cela ?
4) En Arabie Saoudite, pays phare et modèle de l’islam, on ne peut assister à quelque discret
office religieux autre que musulman sans risquer la prison ou la mort si l’on vient de l’islam. Etes-
vous contre cela ?
5) Trouvez-vous normal qu’on ne puisse construire dans ce pays immense ne serait-ce
qu’une humble chapelle pour les centaines de milliers d’immigrés chrétiens qui y travaillent ?
6) Désapprouvez-vous le mouvement toujours plus vigoureux de renforcement de la Charia
dans les pays d’islam, la soumission des « gens du Livre » (juifs et chrétiens) à la dhimmitude
(statut du sujet « toléré ») et la condamnation à mort de ceux qui ne cachent pas leur athéisme ?
7) Pensez-vous que comme l’Eglise catholique l’a fait, l’islam puisse et doive se repentir des
fautes et crimes commis en son nom tel que l’esclavage qui sévit toujours en bien des pays d’Asie
et d’Afrique, tel que les immenses génocides perpétrés jadis en Inde, tel que le génocide arménien
ou plus près de nous, ceux du Biafra, de Timor, du Soudan ?
8) Vous invoquez, pour des auditeurs peu au fait, le philosophe Averroes de Cordoue au
XIIe siècle, sans mentionner que ses écrits philosophiques furent brûlés et ses doctrines
condamnées par les « juristes » cordouans. En revanche que faites vous face à la diffusion toujours
plus massive aujourd’hui des écrits d’Ibn Taymiyya (XIIIe siècle), inspirateur du wahhabisme
saoudien aussi bien que des « frères musulmans » et dont les écrits tel que « le statut des
moines » ont été utilisés pour justifier le massacre des moines de Tibi-Hérine ?
9) La doctrine théologique de la mosquée de Paris affirme-t-elle toujours que seuls les
musulmans vont au paradis et que tous les « incroyants » vont en enfer même si l’on peut avoir
avec eux en ce monde des relations courtoises ?
10) Pensez-vous qu’il faille toujours, à notre époque, « trancher la main du voleur » (Coran,
V, 38), « tuer ou crucifier ceux qui sont contre Dieu » (V, 33), « combattre les gens du livre
jusqu’à ce qu’ils payent directement le tribut après s’être humiliés » (IX, 30) ?
A propos des juifs et des chrétiens, est-ce bien Dieu dont, selon vous, le Coran est la parole,
qui déclare : « Que Dieu les anéantisse. Ils sont tellement stupides » (IX, 30) ; ou bien ces versets
seraient-ils « abrogés » par le verset : pas de contrainte en religion ?