Progressivement à partir des années 367, le droit romain devient un droit prétorien
(prêteur = magistrat élu par la population pendant un an). Il dispose de la juridiction civile.
Comment pouvait-on demander réparation d'un préjudice? On se présente devant le prêteur, on
fait devant lui une demande qui répond à un formalisme stricte qui doit correspondre à une
action de la loi (à une manière de faire, des paroles à prononcer ou à écrire qui rentrent dans le
cadre d'une procédure autorisée). Si dans le droit romain, il y a une action qui permet d'expulser
quelqu'un par exemple s'il n'a pas payé son loyer, on peut aller devant le préteur et formuler sa
demande, qui saisit un juge si le dossier est recevable. Il joue un rôle de filtre. Les juges sont
nommés par le préteur.
La procédure à Rome est accusatoire, il entend les témoins et rend sa sentence (sentencia, ce que le
juge sent comme juste). L'action de la loi est ce qu'elle permet d'obtenir.
Ce système, rigide, devient intenable avec le développement de la puissance romaine
(Rome était une ville et s'étendra sur tout le bassin méditerranéen). Les population sont différentes.
Cette procédure a été modifiée et à partir des années 120, une loi accorde au préteur le soin de
créer toute sorte d'action nouvelle librement. Il s'agit de coller aux nécessités juridiques: on a
besoin d'élargir le droit romain car on a des populations différentes. Dès lors, les préteurs ont
pris l'habitude au moment de leur entrée en fonction d'annoncer les innovations qu'ils comptaient
introduire dans le droit. Cela fait l'objet de campagnes prétoriennes. En effet, ces innovations
étaient rassemblées dans un édit. Le préteur dispose d'un droit d'édicter: le « jus edicendi » (une
sorte de pouvoir règlementaire). Chaque année, il rend l'édit du préteur qui est publié par chaque
nouveau titulaire de la fonction. La jurisprudence au sens du droit romain est ceux qui sont
prudents dans l'application du droit, dans le droit. Celui qui est prudent est sage. La jurisprudence
est l'action d'être sage en droit. Elle désigne l'action du préteur et puis de tous les
commentateurs du droit. A l'époque, la jurisprudence est le droit qui émane du préteur. Le
préteur est un magistrat élu par la population: il ne juge rien et vérifie seulement la recevabilité
de la demande, qu'elle respecte les formes. La jurisprudence correspond à ce qu'on appelle
aujourd'hui la doctrine. Ceux qui mènent une réflexion prudente, sage sur le droit.
A partir des années -200, on voit apparaître les premiers jurisconsultes. Ce sont les
consultants en Droit. Au début, ce sont de purs praticiens, des auteurs capables de donner des
casuistiques (la science des cas, positiviste): si vous êtes dans telle situation, tel droit vous sera
appliqué.
Progressivement, avec l'acculturation grecque, il se mettent à lire les auteurs grecs les plus connus
(Platon, Aristote...), une philosophie dominait le monde, issue des grecs: le Stoïcisme (Marc Aurèle,
empereur en était une figure emblématique). Les jurisconsultes développaient des catégories
générales. Ils commencent à ce moment là à développer des commentaires sur le Droit. Ce sont
des ouvrages qui classent, comparent, hiérarchisent les différentes sources du droit, les règles. On
peut dire qu'à partir de -200, on peut dire que le Droit se transforme en Art. Cela est né de la
rencontre entre la philosophie grecques et la casuistique romaine.
Ces jurisconsultes ne sont pas des purs esprits. Ce sont des juristes engagés dans leur
monde. Ils manient la pratique aussi (ils donnent des consultations juridiques). On ne peut pas
être d'un côté ou de l'autre, il faut être des deux côtés : On ne peut pas revendiquer une évolution
du droit si on ne connaît pas le droit en vigueur. Il faut vraiment être dedans pour pouvoir peser
le pour et le contre afin de faire évoluer le droit. Le problème de la cohérence du Droit est
fondamental. Il faut prévoir cette évolution en cascade (si on évolue une règle de droit, ça en fait
évoluer d'autres). Le droit est irrigué par la philosophie, c'est comme ça que le Droit est devenu
un art.