TERRITOIRE ET NATIONS EN EUROPE DEPUIS 1850
II/LA DISPARITION DE DEUX EMPIRES
Quelles forces ont contribué à faire disparaître l'Empire ottoman en 1923 ?
Comment les minorités nationales ont-elles pu faire éclater l'Empire d'Autriche-Hongrie?
En quoi le sort des populations ottomanes révèle-t-il les limites des traités de paix?
A. DEUX EMPIRES MULTINATIONAUX EN SURSIS À LA FIN DU XIXe SIÈCLE
1) Déjà amputé de la Grèce en 1830, l'Empire ottoman connaît un déclin qui excite les convoitises de ses voisins,
désireux de contrôler les Détroits du Bosphore et des Dardanelles : la Russie et l'Autriche, en quête de débouchés
vers la Méditerranée, cherchent à étendre leurs empires. -En revanche l'Angleterre, soucieuse de protéger la route
des Indes, et l'Allemagne, ses intérêts économiques, veulent préserver l'Empire ottoman. * Ce dernier est aussi miné
de l'intérieur par le mouvement des «Jeunes Turcs », opposés au despotisme du sultan Abdülhamid II, et par la
résistance de multiples minorités nationales, encouragées par l'Autriche et la Russie.
2) Après les révolutions manquées de 1848, l'Empire d'Autriche reste une mosaïque de peuples au niveau de
développement et de conscience nationale très inégal. * Sa force repose sur trois piliers : la dynastie des Habsbourg,
l'armée et l'Église. Une suite de défaites contre l'Italie et la Prusse (perte de la Lombardie et de la Vénétie) rendent
les minorités tchèque et hongroise plus virulentes. Pour calmer les Hongrois, François-Joseph leur propose en 1867
le compromis de la « double monarchie » : à la fois empereur d'Autriche et roi de Hongrie, il dirige les deux États,
dotés de leur propres institutions. Mais le dualisme n'efface pas les contrastes: l'Autriche est plus libérale, moderne
et industrialisée que la Hongrie.
B. L'EMPIRE ottoman, victime des guerres dans les Balkans (1853-1913)
1) Pour libérer les orthodoxes du joug ottoman, le tsar Nicolas 1er envahit en 1853 les provinces roumaines,
déclenchant ainsi une guerre contre les Turcs, soutenus par les Anglais, les Français et les Italiens. La guerre s'achève
en Crimée en 1855 par le siège de Sébastopol et la défaite des Russes. Mais l'Empire ottoman perd deux provinces
roumaines.
2) En 1875, une crise économique pousse les Bosniaques à la révolte contre les Turcs. Le conflit se termine en 1878
par une nouvelle amputation de l'Empire ottoman qui perd la Serbie, la Bulgarie et le Monténégro. La Bosnie-
Herzégovine passe sous la tutelle de l'Autriche qui l'annexe en 1908 et devient ainsi une puissance balkanique, ce qui
mécontente les Russes.
3) Deux guerres aggravent ce dépeçage. En 1912, la Ligue balkanique, qui soutient les Macédoniens hostiles à une
turquisation forcée, l'emporte sur les Turcs qui doivent céder la Thrace et la Macédoine.
4) En 1913, le partage de ces territoires déclenche une autre guerre entre la Bulgarie (soutenue par l'Autriche-
Hongrie) et la Serbie, la Grèce et la Roumanie (soutenues par la Russie). Victorieuses, la Grèce et la Serbie se
partagent la Macédoine.
C. L'EMPIRE AUSTRO-HONGROIS, VICTIME DU COMBAT DES NATIONALITÉS (1867- 1914)
1) En Autriche, les minorités nationales sont bien traitées : les Tchèques ont leur langue, leurs écoles; en 1907, ils
obtiennent le suffrage universel. Mais en Hongrie, les minorités subissent une magyarisation forcée : la langue
hongroise est imposée aux minorités slaves (Slovaques, Croates, Serbes) et latines (italiens, Roumains) ; seules les
écoles hongroises sont autorisées. Le suffrage censitaire exclut les paysans pauvres, majoritaires au sein de ces
nationalités : Slovaques et Roumains n'ont aucun député au Parlement de Budapest.
2) L'intolérance hongroise et l'agitation serbe et croate (soutenue par la Serbie) en Bosnie-Herzégovine, préparent la
désintégration de l'Empire. En 1908, l'annexion par l'Autriche de la Bosnie- Herzégovine ne fait que renforcer le