Philippe II est le bâtisseur du grand royaume de Macédoine

Philippe II est le bâtisseur du grand royaume de Macédoine, celui dont l'oeuvre politique en Grèce,
ouvrira la voie à la conquête de l'empire perse. L'étude de ce personnage ne nous est guère connu
que par ses ennemis, et d'abord par Démosthène, dont les distribes ont propagé l'image du barbare,
ivre de sang et de vin, qui ne devait ses succès qu'à la chance et à la faiblesse, la lâcheté ou la
trahison de ses adversaires. Chez Aristote, à qui il confia l'éducation de son fils et qui lui servit de
conseiller pour le règlement des affaires grecques, aucune indication personnelle; seul un passage de
la "Politique" parle de la royauté macédonienne comme d'un système à part, distinct tout à la fois des
"basileiai"' et de l'autocratie perse. Le roi eut bien des historiens, et parmi eux Théopompos de Chios,
qui écrivit une longue série de "Makédonika"; mais il ne reste que quelques fragments, et il faut donc
se contenter de ce qu'en dit " L' Histoire Universelle" de Diodore de Sicile, récit lacunaire, parfois
erroné, rédigé pour des lecteurs vivant sous Auguste. Ainsi nous allons voir de quel était le but que
Philippe essayait de concrétise a travers ses conquêtes. Pour cela nous étudierons son Avènement
au pouvoir, sa conquête du monde grec. Et enfin l’organisation du monde au lendemain de sa mort.
I-La Macedoine de Philippe II
1. La Macédoine avant Philippe.
La Macédoine antique est une contrée limitée par des frontières peu précises mais naturelles. Au Sud,
les monts Cambuniens séparent le Royaume de Macédoine de la Thessalie. À l'ouest et au nord,
prennent naissance trois grands fleuves se jetant dans le Golfe de Thessalonique : l'Haliacmôn et
l'Axios, ainsi que le Strymon qui, à l'Est, formait la frontière entre la Thrace et la Macédoine. La vallée
de l'Haliacmôn est relativement accidentée, tandis que la basse vallée de l'Axios est au contraire
large et fertile. La côte est peu propice à l'établissement de ports ; le climat intérieur est souvent
rigoureux. Les montagnes, grâce à leurs importantes forêts, fournissent du bois de construction à
toute la Grèce, de même que les plaines fournissent des pâturages abondants, favorables à l'élevage
des chevaux. Egalement, le pays était riche en minerais précieux (argent, or).
Le premier souverain connu de la dynastie argéade est Perdiccas Ier (VIIe siècle av. J.-C.). Parmi ses
successeurs, le plus important fut Amyntas Ier (VIe siècle av. J.-C.), qui devint vassal du roi perse.
Durant les guerres médiques (49-480 av. J.-C.), la Macédoine constitue pour les souverains perses
une base d'opération particulièrement importante, et le fils d'Amyntas Ier, Alexandre Ier, prit part à la
grande expédition de Xerxès à la tête d'un régiment macédonien.
Les rapports entre la Macédoine et le monde grec sous le règne de Perdiccas II, successeur
d'Alexandre Ier, sont très étroits. Athènes avait beaucoup d'intérêts dans le nord de l'Égée (intérêts
économiques, politiques, commerciaux, stratégiques…) et s'intéressait beaucoup à ce qui se passait
en Thrace et en Macédoine. Par exemple, la fondation, en 437-436 av. J.-C., de la colonie
d'Amphipolis par des colons majoritairement athéniens apparaissait pour Athènes comme un moyen
de contrôler la Thrace et la Macédoine et d'avoir le contrôle sur cette riche région aurifère, que
convoitaient aussi les souverains macédoniens.
Sous le règne d'Archélaos, la Macédoine s'allia aux Athéniens pour se défendre contre les populations
tribales de haute Macédoine, les Lyncestes et les Élimiotes. Il aurait assuré la défense de son
royaume, en bâtissant des forteresses et en dotant son armée de chevaux et d'armes. Il aurait
également entrepris de vastes réformes administratives, comme la création de « cités » au sens grec
du terme, et dont la plus puissante était Pella, capitale du royaume.
Après l'assassinat d'Archélaos, vers 400 av. J.-C., la Macédoine entra dans une période de troubles,
jusqu'à l'avènement d'Amyntas III en 393 av. J.-C. Celui-ci dut lutter contre les tribus révoltées et les
cités qui avaient profité de l'affaiblissement de l'autorité royale, et pour cela Amyntas III s'appuya sur
l'aide de Sparte. Par la suite, dès 378-377 av. J.-C., Amyntas III rompit l'alliance spartiate et se tourna
vers les Athéniens qui avaient reconstitué leur flotte. Après la mort d'Amyntas III, les troubles
dynastiques reprirent en Macédoine. Pendant cette période, l'influence athénienne se développa dans
le royaume. La puissance macédonienne se rétablit sous le règne de Perdiccas III.
2. Avénement de Philippe
C'est à une catastrophe nationale que le jeune Philippe, âgé de vingt-deux ans, dut devenir roi des
macédoniens: dans l'été 360 av. J.-C.,, son frère aîné, le roi Perdiccas III, fut tué et son armée
massacrée par les illyriens.
La Macédoine fut menacée d'être engloutie par les maux, qui , après le règne brillant d'Alexandre Ier,
au temps des guerres médiques, l'avaient maintenue dans un certain abaissement: les convoitises
des rois barbares qui entouraient le pays, Illyriens au Nord Ouest, Péoniens au Nord et Thraces à
l'Est, et la rivalité des divers prétendants, descendants de souverains antérieurs, dont les ambitions
étaient soutenues par ces rois ou par les citées grecques de la côte, voire par Athènes. Philippe II
commença par gagner du temps en achetant le retrait ou le désintéressement des uns et des autres,
mais, des 359 av. J.-C.,, il prit sa revanche sur le roi Bardylis en écrasant à son tour les illyriens. Un
tel retournement n'est pas à attribuer au hasard, ni même au seules qualités tactiques du roi; sans
doute faut il voir aussi les premiers fruits de la réorganisation militaire qui allait faire de l'armée
macédonienne la meilleure du monde. Philippe reçut une armée dont la force principale était la
cavalerie des "hétairoi",des compagnons, sorte de d'aristocratie guerrière et chasseresse constituée
de riches propriétaires terriens associés de près à la vie du roi.
Durant le seul épisode de sa jeunesse que nous connaissions, un séjour comme otage à Thèbes dont
la phalange d'hoplite, lourds fantassins cuirassés, était à l'époque la meilleure de Grèce, Philippe avait
pu constater la supériorité de ces bataillons. Chaque homme se protégeait avec son bouclier et celui
de son voisin de droite, cependant que sa lance menaçait le cou ou l'oeil de l'adversaire. La victoire
revenait à la phalange qui, avançant en ordre serré sur le champ de bataille, arrivait à rompre par sa
pression le front ennemi; les vaincus, ayant perdus la protection de leur voisins, n'avaient plus qu'à
chercher leur salut dans la fuite au cours de laquelle beaucoup étaient massacrés. Si les détails et la
chronologie des réformes militaires de Philippe II nous restent inconnus, il est certain que sa grande
oeuvre est le développement d'une infanterie nationale; ses hommes prendront le nom, qui les
associait d'une certaine manière au prestige de l'aristocratie, de "pezhétairoi", les compagnons à
pieds, qui formaient sa garde. ce fut l'arme favorite de Philippe, celle de à la tête de laquelle il chargea
souvent, alors qu'Alexandre III combattra avec la cavalerie, et dont il partagea les dangers, ce qui lui
valut quatre blessures graves, dont la perte d'un oeil pendant le siège de Méthone.
Le sort des colonies grecques en Grèce du nord.Un autre problème reçut une solution définitive, celui
des colonies grecques qui, depuis le VIIIème siècle av. J.-C., au moins, constituaient une ceinture le
long de la cote macédonienne, organisant les échanges entre les peuples de l'intérieur et le monde
grec. Elles occupaient la seule zone de la Macédoine où l'on puisse cultiver, avec la vigne et l'olivier;
c'était là également que se trouvaient les mines d'argent et d'or les plus riches. Deux villes avaient pris
une importance exceptionnelles: Amphipolis verrouillait la basse vallée du Strymon et, donc, l'accès
au bassin de Serres et à la Thrace occidentale, et commandait aussi la route Est-Ouest par les lacs
de Mygdonie et la Piérie du Pangée; quand à Olynthe, elle avait su regrouper autour d'elle les
chacidiens en une puissante fédération qui couvrait une bonne partie de la riche Chacidique.
Au Vème siècle av. J.-C.,, ces villes étaient protégées de l'hostilité des macédoniens ou des thraces
par Athènes, dont la flotte pouvait intervenir en force n'importe où, n'importe quand, et dont la
diplomatie avait su rendre précieux l'appui athénien aux princes de l'intérieur. Mais la haine de deux
citées contre Athènes à cause de ses excès impérialiste rendait leur situation beaucoup plus précaire,
alors même que la maladresse de leurs interventions dans la politique macédonienne, et notamment
le soutien apporté en 360 av. J.-C., à divers prétendants, les exposait à la vindicte de Philippe. Celui-
ci sut jouer des intérêts contradictoires, donnant des gages aux Chalcidiens et rusant avec Athènes
pour, en 357 av. J.-C., s'emparer d'Amphipolis, où il s'était gagné des partisans; de même il annexa
Olynthe en 349-348 av. J.-C., grâce aux intelligences qu'il s'était ménagé dans la place.
D'autres citées grecques furent intégrées au royaume, sans perdre leur identité. Ainsi, en 357 av. J.-
C., également, les Thasiens avaient cru pouvoir fonder une ville nouvelle près de leurs mines d'argent
sur le continent, suscitant une réaction des Thraces. Philippe II profita de cette erreur pour refonder la
ville sous le nom de Philippes, s'assurant ainsi de gros revenus miniers et une position très forte à
l'endroit où le marais qui s'étend jusqu'au pied de la montagne vérouille le bassin de Drama; mais il
laissa à la ville une large autonomie.
II-Philippe de Macedoine en Grece
1-La Troisième Guerre Sacrée (357-352 av. J.-C.)
C'est donc une image très constrastée que les Grecs pouvaient se faire du roi au moment où létat de
ses forces lui permit d'intervenir en Grèce: une volonté de domination servie par un instrument
militaire bien rodé et parfaitement docile; une brutalité effrénée pour briser les obstacles à son
ambition; l'absence de scrupules dans le choix des moyens; un sens politique qui l'amène à épargner
l'adversaire vaincu si celui-ci peut servir à la consolidation du système; une profonde connaissance du
pays lui permettant de saisir toutes les occasions et de profiter des faiblesses de la Grèce classique.
Le principal avantage de Philippe II était le partage du pays en cantons et leur antagonisme,
habilement attisé par les Perses, qui avaient su épuiser les différentes cités prétendant organiser
l'espace grec à leur profit, Athènes, Sparte, et Thèbes. En outre, l'évolution des pratiques militaires
depuis la guerre du Péloponnèse avait favorisé la formation de troupes de mercenaires permanentes,
prêtes à se louer au plus offrant. L'anarchie en était arrivée à un tel point que n'importe tyran
disposant de quelques moyens financiers pouvait prétendre à l'hégémonie.
Ainsi en Thessalie, seul l'assassinat contrecarra l'ambition des tyrans de Phères. Cette région, située
immédiatement au Sud de la Macédoine, avait depuis longtemps d'étroits contacts avec le royaume et
l'aristocratie thessalienne, passionnée de cheval et de chasse, menait une vie rurale qui ne devait pas
être sensiblement différente de l'aristocratie macédonienne. Il est sigificatif que les autres Thessaliens
aient préférés se placer sous l'autorité de Philippe plutôt que de subir le joug de tyrans locaux: ils
l'élurent Archonte, c'est à dire, chef militaire suprême à vie, avec pour mission de régler la situation à
Phères. La tache était malaisée et Philippe dut s'y prendre à deux fois, en 353 et 352 av. J.-C.,, pour
finalement écraser l'armée adverse, qui laissa sur le terrain 6000 hommes et 3000 prisonniers.
2-La Guerre d'Olynthe et la paix de Philocrate
La cité d'Olynthe, en Chalcidique, bien qu'elle fût alliée à Philippe II de Macédoine, voyait d'un très
mauvais œil les succès et la montée en puissance de ce dernier. Olynthe vit se développer un
important mouvement antimacédonien, qui poussa peu à peu les Olynthiens à établir une alliance
avec Athènes en 352-351 av. J.-C.,
Philippe II de Macédoine déclenche alors une vague militaire en Chalcidique, pour montrer sa
puissance et son désaccord avec le soudain retournement olynthien. Toutefois, ce n’est qu'à l'été 349
av. J.-C. que Philippe II décida de conquérir la Chalcidique. Il exigea des Olynthiens qu'ils lui livrent
deux de ses demis-frères réfugiés à Olynthe. Le refus de coopérer des Olynthiens lui servit alors de
prétexte pour envahir la Chalcidique. Les Olynthiens, pour parer cette menace, firent appel à l'aide
athénienne, qui envoie deux corps expéditionnaires au secours d'Olynthe.
Pendant ce temps, la Chalcidique était livrée à elle-même face aux armées macédoniennes. Au début
de l'été 348 av J.-C. commence le siège d'Olynthe par Philippe II de Macédoine. Ce dernier envahit la
ville et écrase toute résistance. Les habitants sont réduits en esclavage et la cité est rasée.
Dans sa lutte contre Athènes, Philippe II de Macédoine propose des négociations à plusieurs reprises.
A Athènes, l'orateur Philocrate, soutenu par Démosthène, propose d'envoyer une ambassade à Pella,
en vue de ces négociations avec Philippe II de Macédoine. Parallèlement toutefois se met en place la
recherche d'une alliance grecques contre la Macédoine. Cette seconde voie politique est menée par
l'orateur Eubule, secondé par l'orateur Eschine, fervent opposant à Philippe II. Le peuple athénien
mène donc parallèlement deux négociations : l'une pour la paix, l'autre en vue de la guerre.
Toutefois, les négociations en vue de construire une alliance grecques contre la Macédoine furent un
échec : Philippe effrayait les foules, et Athènes n'apparaissait plus comme un allié très utile.
En 347 av. J.-C., Philippe II de Macédoine renouvelle sa volonté de d’accord avec Athènes. Dans les
clauses de paix, un point particulier est important pour Athènes : maintenir Philippe dans le Nord de la
Grèce. Alors que la Troisième Guerre Sacrée continue, avec la menace d'une intervention
macédonienne, les Phocidiens demande l'aide des Athéniens et des Spartiates pour garder les
Thermopyles.
Toutefois, au début de l'année 346 av. J.-C., l'avantage revient à Philippe II de Macédoine : une
nouvelle révolution éclate en Phocide, où le neveu d'Onomarchos, Phalaicos, reprend le pouvoir et
s'oppose aux Phocidiens qui l'avaient autrefois écarté du trône. Par là même, il s'oppose aux
Athéniens et aux Spartiates, auxquels il interdit l'accès aux Thermopyles. Désormais, le passage des
Thermopyles n'étant plus défendue, si Philippe II tente une avancée, il pénètrera en Grèce centrale et
menacera l'Attique.
Les Athéniens n'ont plus qu'une solution : accepter la signature d'un traité de paix avec Philippe. Sur
proposition de Philocrate, dix ambassadeurs athéniens sont envoyés à Pella auprès de Philippe II. Ce
dernier leur exprime ses bonnes intentions à l'égard d'Athènes.
A leur retour de Pella, les ambassadeurs font convoquer l'Assemblée. L’Assemblée adopte alors le
texte du traité rédigé par Philocrate. Ce traité stipule une alliance entre Athènes et la Macédoine, ainsi
que pour et avec leurs alliés respectifs.Une fois l'accord athénien donné sur ce traité, une seconde
ambassade athénienne est envoyée à Pella pour recevoir le serment de Philippe et de ses alliés.
Arrivés à destination et couverts de cadeaux, ils attendent le retour de Philippe de Thrace, qui prête
serment à Phères, après deux mois d'attente.
Les Athéniens sont satisfaits et rassurés par la paix. Philippe, quant à lui, passe le défilé des
Thermopyles. Il assiège ensuite la ville de Thèbes, comme il l'avait promis aux Athéniens. Désormais,
grâce à son alliance avec les Thessaliens, Philippe II de Macédoine contrôle l'amphictyonie, ce qui lui
assure un rôle prépondérant en Grèce centrale.
3-La montée en puissance des orateurs antimacédoniens
A partir de 346 av. J.-C., Athènes est véritablement divisée en deux partis : les « philippisants »,
partisans d'une entente avec la Macédoine (parmi lesquels on trouve l'orateur Eschine), et les «
antimacédoniens », déterminés à faire obstacle aux projets de Philippe II (et parmi lesquels on trouve
l'orateur Démosthène).
Démosthène, fervent adversaire des Macédoniens,exprime clairement dans les Philippique(dont nous
avons un extrait dans le corpus) que les alliances signées avec Philippe II de Macédoine ne peuvent
apporter de profit qu'à la Macédoine, car Philippe sait très bien tirer son épingle du jeu. En effet,
Démosthène insiste sur le fait que l'alliance avec Philippe peut avoir des effets dévastateurs. En effet,
la ville d'Olynthe, autrefois alliée de la Macédoine, fut par la suite rasée ; de même, les Thessaliens,
alliés de Philippe dans la Troisième Guerre Sacrée, en ont perdu leur liberté.
Alors que la perse tente d'acheter les Athéniens pour qu'ils reprennent la lutte contre la Macédoine,
Philippe fait envoyer une ambassade à Athènes afin de détourner les athéniens de l'idée d'alliance
perse. L’Assemblée athénienne, séduite par les promesses des envoyés macédoniens, repousse les
offres perses.
Voyant la manipulation exercée par Philippe, les antimacédoniens menés par les orateurs
Démosthène poussent le peuple athénien à demander des modifications très importantes du traité, de
façon à ce que Philippe ne puisse pas les accepter : ainsi, Athènes réclame une clause reconnaissant
« que chacun possède ce qui lui appartient », ce qui implique que Philippe restitue à Athènes toutes
les places dont il s'est emparé depuis son avènement. Comme l'avaient imaginé Démosthène,
Philippe II de Macédoine rejette cette clause. Il apparaît dès lors comme un homme qui ne tient pas
ses promesses, un imposteur, et devient impopulaire à Athènes.
Démosthène persuade enfin l'Assemblée athénienne d'intervenir contre Philippe, chaque fois que
celui-ci tente d'étendre la domination macédonienne. En effet, à chaque mouvement d'avancée des
troupes de Philippe II, les Athéniens envoyèrent leurs troupes pour les contrer. Ce fut le cas
précisément en Eubée, où l’armée macédonienne intervint pour établir des oligarchies. Les partisans
de l'indépendance eubéenne firent alors appel aux Athéniens. En 341-340 av. J.-C., les Athéniens
apportent une aide importante aux cités de Périnthe et de Byzance, menacées par les Macédoniens,
et font échouer le siège de ces deux cités. Philippe, mis en échec, doit restaurer son prestige aux
yeux de ses alliés. Ce qu'il fait en s'emparant d'une flotte marchande de 180 riches vaisseaux
transportant du blé du Pirée jusqu'en Scythie.
La prise de la flotte marchande par Philippe II est totalement contraire à la Paix de Philocrate,
considérée dès lors par Athènes comme véritablement rompue. A partir de ce moment, Athènes
déclare la guerre à Philippe II de Macédoine.
4-La bataille de Chéronée (été 338 av. J.-C.)
A la fin de l'été 338 av. J.-C., l'armée grecque, composée d'un vaste réseau d'alliés (Athéniens,
Thébains, Eubéens, Achéens…), s'oppose aux forces macédoniennes dans la plaine de Chéronée.
Malgré la légère supériorité numérique des alliés grecs, les Macédoniens menés par Philippe et son
fils Alexandre parviennent à profiter du manque de coordination entre les alliés grecs, grâce à une
ingénieuse stratégie.
Faisant semblant de reculer, l'armée de Philippe attire à elle l'aile gauche athénienne de l'armée
grecque, qui se dissocie donc peu à peu du reste de l'armée grecque. Une fois la ligne de front
grecque distendue, la cavalerie d'Alexandre attaque ce point de faiblesse et enfonce les lignes
grecques. Les forces alliées grecques sont éparpillées, et la bataille s'achève sur une éclatante
victoire macédonienne.
Suite à cette défaite, Thèbes, située à seulement un jour de marche de Chéronée, doit capituler.
Philippe y installe une oligarchie en faveur de la Macédoine. Athènes, quant à elle, a un peu plus de
répit : Philippe cherche à traiter de la paix avec les Athéniens, et leur propose des conditions très
avantageuses et particulièrement douces : libération des prisonniers athéniens faits lors de la bataille
de Chéronée, rapatriement des corps des Athéniens tombés au combat.Si Philippe II de Macédoine a
proposé des conditions si avantageuses à Athènes, c'est avant tout parce qu'il a compris que les
athéniens étaient prêts à une résistance massive, et parce qu'il a voulu éviter toutes les difficultés et
les pertes humaines et économiques d'une lutte durable.
III. La fin du règne de Philippe (338-336 av. J.-C.)
1-La Ligue de Corinthe (338 av. J.-C.)
Suite à la paix signée avec Athènes, de nombreuses cités grecques signent à leur tour des traités de
paix avec la Macédoine. Philippe II conclut de nombreux accords bilatéraux, ce qui lui permet
d'envisager une paix panhellénique, une Koinè eirènè. Cette idée est acceptée par tous les Grecs,
hormis les Spartiates. La paix commune est conclue à Corinthe, et est théoriquement illimitée,
représentée par un Conseil (synedrion), composé de synèdres, représentants des cités dont le
nombre est proportionnel à l'importance politique de leur cité. Le pouvoir exécutif est placé dans les
mains d'un hègémôn, chef militaire responsable du maintien de l'armée, et qui est en l'occurrence le
Roi de Macédoine.
Philippe II, en tant qu'hégémon de la nouvelle Ligue Grec construite à Corinthe, fait voter la guerre par
le Conseil contre un ennemi commun : le Grand Roi de Perse. Ainsi, tous les participants de la paix
commune deviennent dès lors des alliés dans une guerre panhellénique contre la Perse, de façon à
punir les Perses de leurs crimes durant les Guerres Médiques.
Les circonstances sont alors parfaites pour entreprendre une expédition en Asie Mineure. En effet,
l'Empire perse est dans une période de troubles intenses, suite à l'assassinat du Grand Roi
Artaxerxès Ochos, en 338 av. J.-C.. Philippe II de Macédoine veut donc attaquer l'ennemi perse avant
que l'ordre soit rétabli dans l'Empire. Dès le début de l'année 336 av. J.C., des troupes
macédoniennes sont envoyées par Philippe en Asie Mineure.
2-La dernière alliance matrimoniale de Philippe et son assassinat
Au début de l'année 336 av. J.-C., Philippe n'a qu'un seul fils apte à lui succéder : Alexandre. Pour
assurer la continuité de sa dynastie, au cas où Alexandre et lui-même périraient en Asie, Philippe
souhaite avoir un autre fils, et veut donc une nouvelle épouse. En outre, s'il avait un autre fils, cela
donnerait un rival à Alexandre qui commence à devenir trop influent et apprécié au goût de son père.
Philippe II de Macédoine entreprend donc de conclure un septième mariage, et choisit pour épouse la
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