FFPS Sud - Mémoire final de diplôme du CNAM cadre de la fonction formation – Pascal BONNIN _______________________________ 2
LE DEVELOPPEMENT LOCAL : une logique de projets multipartenaires
Cette logique de co-opération s’est développée à la suite de la crise des années 70. « En un temps
très court, des contrées qui avaient connu l’opulence sont condamnées. La crise […] s’amplifie dans
les zones fragiles […]. Ses effets affectent l’ensemble des structures économiques, sociales et
culturelles de territoires importants
».
Dans ce contexte, pour répondre à des demandes de proximité, les collectivités ou associations
sont amenées à se pencher sur des problèmes de plus en plus complexes, nécessitant la
contribution de plusieurs acteurs
. Par exemple, le renouveau démographique d'un territoire rural,
avec de nouveaux foyers dont les deux conjoints sont actifs, nécessitera des services à la petite
enfance. Il sera important, pour créer une crèche associative, d'associer :
des futurs usagers ;
la caisse d'allocations familiales (financeur de ce type d'opération) ;
la commune (maître d'ouvrage de l'équipement, et parce qu'il s'agit d'une prérogative
publique) ;
un architecte qui concevra et pilotera la construction de l'équipement (maître d’œuvre) ;
la Protection maternelle et infantile (Conseil général) qui donnera l’agrément administratif.
Parallèlement, depuis les années 80, on assiste à une décentralisation lente mais certaine, de
l'action publique. Ce véritable mouvement de fond se manifeste de multiples façons, notamment par
la réforme du fonctionnement de l'Etat
, et des politiques publiques qui mettent de plus en plus
l'accent (dans les textes en tout cas) sur l’émergence d’initiatives par des acteurs les plus proches
du terrain, voire par les bénéficiaires eux-mêmes
.
Fort de ce mouvement, le développement local se définit de plus en plus comme l'émergence
d'initiatives locales qui peuvent être économiques, sociales ou culturelles, et qui concourent au
développement d’un territoire local : le quartier, une petite ville, un territoire rural. La dimension de
proximité s'accompagne d'une dimension participative. C'est en impliquant les prestataires, usagers
et autres acteurs d'un projet local qu'on donne les meilleures chances au projet de s'implanter
durablement. Les référents de la gestion de projet dans le domaine industriel et la demande sociale
de proximité ont engagé les pouvoirs publics à imposer le modèle du projet et la concertation
comme corollaires de nombreux financements publics au développement
.
On a affaire ici à des logiques transversales, qui vont au-delà du métier ou de la branche. Faire
travailler ensemble des acteurs proches dans l'espace et interdépendants les uns des autres ne
Patrick Senault, « Formation-développement, origines, principes et méthodes », revue Pour, Paris, GREP, 2003.
p 141.
C’est ce que Katalin Kolosy définit, dans l’introduction d’un mémoire collectif thématique de DESS, comme l’approche en
réseau, caractérisées par « le renforcement mutuel des stratégies d’acteurs sous la forme de partenariats locaux »
(Esposito Giovanna - Eymat Dephine - Kolosy Katalin, « le concept de développement local: réflexion pour une définition
théorique du concept », mémoire thématique collectif DESS COCITS – Université Paris VIII, juillet 1997).
Délégation de prérogatives aux régions en 1983, puis partage des responsabilités et des ressources entre communes
(ou leurs groupements), départements, régions, et Etat central. A propos des prérogatives des collectivités publiques, le
terme consacré en droit public est « compétence ». On ne l'emploiera pas ici pour éviter la confusion car il ne s'agit pas de
la même définition de la compétence.
Les collectivités publiques, dans leurs procédures de développement (rural, urbain, aménagement régional), comportent
de plus en plus d’injonctions de ce type.
Les fonds structurels européens, les initiatives communautaires, le fonctionnement des territoires de projets (loi sur les
Pays, politiques de la ville, contractualisation des Parcs Naturels Régionaux...), comportent de plus en plus d’injonctions
en terme de projet, de transversalité, et de concertation (d’après des travaux du laboratoire « dynamiques rurales » -
Université de Toulouse, ENSA, INRA).