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PROJET D'EXPEDITION :
"POSSEDER, C'EST DEPASSE"
Note N°1 11 juin 2012
De quoi s'agit-il ?
Maintes fois annoncée, la transition possession-usage semble s'engager concrètement
dans plusieurs domaines (l'automobile, la musique, les logiciels, certains biens
d'équipement… voir mindmap en annexe). Pourtant, beaucoup d'incertitudes demeurent.
L'expédition "Posséder c'est dépassé" explorera les enjeux et les potentialités du
basculement de la possession à l'usage, en cherchant :
A faire émerger un (ou des) imaginaires positifs de la "dé-possession" et du partage,
A identifier des modèles économiques pérennes,
A décrire les leviers publics, ainsi que les conditions facilitatrices et les infrastructures
nécessaires à ces transitions.
L'expédition ne négligera, ni la difficulté des transitions entre les modèles actuels et des
modèles fondés sur l'usage, ni les nouveaux risques susceptibles d'émerger, notamment
en ce qui concerne l'autonomie des consommateurs.
L'expédition se fondera sur l'émergence de multiples expériences, projets et modèles
appuyés sur les technologies numériques. Elle mettra en œuvre des méthodologies
innovantes en vue de les croiser et de les étendre à de nouveaux domaines.
De quoi ne s'agit-il PAS ?
D'une nouvelle étude sur l'économie de fonctionnalité : l'expédition cherchera à en
dépasser les limites et à prendre en compte l'imaginaire des consommateurs ;
D'une célébration sans recul de "l'âge de l'accès" : l'expédition tiendra compte des
difficultés de la transition, ainsi que des risques qu'elle fait émerger en particulier
celui du passage d'une propriété des produits à une propriété des clients…
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Pourquoi c'est important ?
De multiples manières, une dynamique de basculement de la possession à l'usage
commence à marquer la consommation comme la production :
Côté consommation : location de courte durée, partage (de biens d'équipement,
d'espaces, de compétences, de temps…), exploitation des "capacités excédentaires",
passage des stocks au flux (ex. de la consommation de musique), achat en commun,
"cycles supercourts" (revendre un habit en ligne après l'avoir porté une fois), tout en
ligne, peer to peer
Côté production : transformation de produits en services, dématérialisation,
"produits-plateformes" (ex. des smartphones), cloud computing, standards ouverts,
investissements mutualisés, "économie de l'attention"…
Le mouvement dépasse le strict champ de "l'économie de fonctionnalité" (vendre l'usage
plutôt que le bien) pour inclure des dimensions de partage, certains "biens communs",
etc. Les moteurs de cette transition sont à la fois environnementaux (une croissance
économique décorrélée de la consommation de ressources) et marketing (créer une
relation durable avec l'utilisateur d'un produit). Un autre s'y ajoute en période de crise :
aliser des économies (côté producteur et consommateur), voire, côté consommateur,
générer des revenus complémentaires.
Cependant, ce modèle demeure marginal dans la plupart des secteurs, notamment
industriels. L'expédition se focalisera donc sur sa "triple soutenabilité" :
La capacité à générer du désir et l'adéquation avec les attentes des
consommateurs, notamment en matière d'empowerment ;
L'existence de modèles économiques solides, qui prennent en compte la
transition des entreprises existantes depuis les modèles actuels vers les modèles
futurs ;
L'impact écologique, en termes de consommation de ressources rares et
d'émissions.
Qui est concerné ?
Les entreprises industrielles ainsi que des secteurs de la distribution, de la logistique,
de la maintenance… ;
Les entreprises innovantes qui proposent des nouveaux modèles dans lesquels
l'usage remplace, complète ou revisite la possession ;
Les acteurs publics européens, nationaux et locaux :
Sous l'angle de leurs politiques d'innovation et de filières,
Sous l'angle de politiques territoriales en matière de transports, de services…
Sous l'angle de l'évaluation et de la régulation ;
Les organisations de consommateurs et les communautés de "consom'acteurs".
Que pourrait-on attendre concrètement
d'une expédition ?
L'expédition pourrait fournir l'occasion de mobiliser très largement l'écosystème de la
Fing, dont de très nombreux membres sont engagés, soit dans l'invention de nouveaux
modèles, soit dans la transition de leurs modèles actuels, soit dans l'observation de ces
mutations.
Elle devrait:
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Aider à bien délimiter le sujet, au regard d'autres notions telles que la servicialisation,
l'économie de fonctionnalités / de l'accès / de l'attention / de la contribution, la
dématérialisation, l'open source et le "libre"…
Repérer et observer les projets et les pratiques les plus emblématiques, innovants,
transformateurs…
Identifier, à l'aide de méthodes issues du design, des domaines concrets où la
transition possession-usage pourrait s'engager. La méthode pourrait consister :
A tirer des projets, visions et connaissances actuels un certain nombre de
"modèles-types", qui pourraient être croisés d'une manière systématique avec
des ensembles de technologies d'une part, des types de produits de l'autre ;
A repérer les croisements à fort potentiel, les décrire et les étendre ;
A mettre les modèles résultat à l'épreuve de certaines contraintes : les normes,
les contraintes économiques, etc.
Décrire les conditions (infrastructurelles, économiques, juridiques, techniques…)
nécessaires à l'accélération de la transition et proposer des projets en ce sens.
Faire naître des projets innovants, ainsi que des projets de recherche.
Que rêverions-nous que cette expédition accomplisse,
quels changements rêverions-nous qu'elle entraîne ?
Faire émerger un (ou des) imaginaire(s) positif(s) du partage et de la non-
possession : légèreté, économie, résilience, lien… et par conséquent, vraie demande,
une pression du marché sur les producteurs et les intermédiaires, qui tienne compte
des attentes des consommateurs en termes d'empowerment ;
Permettre à des grands acteurs industriels de s'engager concrètement dans la
transition ;
Faire en sorte que la transition possession-usage ne s'adresse pas comme
aujourd'hui, soit aux très riches, soit aux très pauvres.
Quelques illustrations, références...
"Questions Numériques" : 2010, Tension "Possession/Usages" et 2011, rupture
"Posséder c'est dépassé"
Jeremy Rifkin, depuis L'Age de l'accès (La Découverte, 2000) jusqu'à Une nouvelle
conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l'empathie (Les Liens qui
libèrent, 2011)
Rachel Botsman et Roo Rogers, What's Mine Is Yours: The Rise of Collaborative
Consumption (Harper Business, 2010)
Lisa Gansky, The Mesh: Why the Future of Business Is Sharing (Portfolio, 2010)
Yann Moulier-Boutang, L'abeille et l'économiste, Carnets Nord, 2010
Fondation Concorde, L'économie de fonctionnalité, vers un nouveau modèle
économique durable, 2010
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"Mindmap" autour de la tension Possession / Usage (source : "Questions Numériques" 2011/212)
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