Créée à Bellac en 2005, l’association EGALISE est une association loi 1901 qui compte 120 adhérents ; ses objectifs sont un appui au développement de la population Gambienne et son action est ciblée plus particulièrement sur Sifoe, un « village » de 5 500 habitants situé à quarante kilomètres au sud de la capitale Banjul. Depuis sa création, elle est soutenue par la Municipalité de Bellac et le Conseil régional du Limousin, le SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours), et par le Lions club ; elle a lié des partenariats avec des entreprises de la région et reçoit des dons de particuliers. Chaque année du matériel est donc envoyé en Gambie soit par containers de 60 mètres cubes, soit par la route pour le convoi de véhicules (deux citernes incendie, trois ambulances, un camion de service ont déjà été ainsi acheminés). Des membres de l’association accompagnent chaque mission pour assurer la juste répartition et la traçabilité des dons (les frais de mission restent à la charge personnelle des membres accompagnants). En concertation avec des référents gambiens, notre action se déploie dans trois domaines précis : l’aide à la santé et à l’éducation, un soutien à l’économie locale (agriculture et artisanat) et l’amélioration de la vie quotidienne, tout en respectant les traditions et leur environnement. Nous n’initions rien, notre intervention dans chaque domaine finalise des projets définis par des professionnels français et gambiens à partir de besoins précis afin d’aider la population gambienne notamment celle de Sifoe à devenir autonome et à pérenniser cette action. Depuis sa création en 2005, le travail de « terrain » et la recherche de fonds permettent à l’association d’avancer des résultats : Santé : à partir d’une structure existante sommaire, nous avons financé la création d’un dispensaire dans le village, les vacations d’une infirmière et d’un médecin gambiens. En pratique, le travail de l’infirmière (une fois par semaine) et du médecin (une fois par mois) conduisent les habitants de Sifoe à l’accès gratuit aux soins. Parallèlement, une pharmacie a été construite et nous l’approvisionnons en médicaments chaque année en partenariat avec l’industrie pharmaceutique. Pour compléter, un service de transport sanitaire médicalisé a été créé afin d’acheminer les patients nécessitant une prise en charge en milieu hospitalier. Education : en concertation avec les responsables gambiens, nous tentons d’équiper certains établissements de Banjul qui possèdent un réseau électrique en matériel informatique. Sinon, là encore, nous récupérons du matériel de première nécessité (papier, crayons, craie …) pour les écoles. Economie : le principe fondamental de notre action est de développer dans le village de Sifoe, une richesse économique. L’agriculture du village est vivrière ; notre objectif est de les aider à développer une économie de marché en nous appuyant sur deux forces, la communauté des femmes et l’implantation d’un artisanat local. Les femmes africaines sont « le poumon » de la société : en dehors de l’éducation des enfants, du travail quotidien, elles sont le pivot de l’activité économique. Ce sont ces femmes qui produisent la nourriture et ce sont elles qui vendent leurs productions. Pour ces activités, la communauté met à leur disposition un grand champ, « le jardin des femmes ». En pleine brousse, les cultures sont régulièrement détruites et les pluies de l’hivernage ne suffisent pas à la réussite des cultures ; aussi, avons-nous apporté le matériel nécessaire pour clôturer le champ. En 2007, les Nations Unies ont équipé ce champ d’un puits avec un château d’eau ; en 2009, l’association a financé l’achat des canalisations nécessaires pour une irrigation régulière. Ces moyens permettront un meilleur rendement pour l’économie et un allègement de leurs tâches pour le quotidien des femmes. Une seconde aide technique concerne le développement de l’artisanat local avec l’implantation d’un atelier de couture là encore géré par les femmes. Il existait à Sifoe comme dans la plupart des villages d’Afrique un atelier de couture dont la production était à destination de la population locale. Depuis 2005, une volonté de prolonger cet atelier en centre de formation s’est manifestée et nous avons apporté des machines à coudre mécaniques pour la formation et une machine à coudre électrique avec un groupe électrogène pour le développement de l’activité. En 2008, un local spécifique a été aménagé par la Communauté villageoise et nous avons alloué un micro crédit pour le développement de l’activité. Nous avions observé dès nos premiers voyages la profusion de mangues qui pourrissaient dès la saison finie. L’idée nous est venue de les aider dans la conservation de ces fruits en leur apprenant à confectionner des confitures, méthode de conservation inconnue pour eux. Nous avons apporté des pots, acheté un matériel de cuisson, donné les recettes de confiture et alloué un micro crédit pour débuter l’activité. Les résultats sont prometteurs : en dehors de leur consommation propre, ils ont initié une petite entreprise commerciale. Il faut préciser que les bénéfices de l’atelier de couture et du commerce des confitures de mangues sont destinés à la Communauté pour lui permettre d’investir ailleurs. Si cette activité se développe, il sera nécessaire de les aider dans l’implantation d’un matériel de cuisson plus « industriel » et surtout plus écologique ; en effet, comme combustible, il utilise soit des réchauds à gaz (très onéreux) ou plus sommairement un trépied et un feu de bois. On connaît les problèmes de déséquilibre écologique produit par la déforestation et leur région sahélienne commence à être particulièrement affectée. L’utilisation de l’énergie solaire est une alternative à laquelle nous réfléchissons : quatre fours solaires ont été amenés en 2009. Ces aides au développement sont suivies par des référents gambiens qui rendent compte de l’évolution des projets qui depuis cinq ans s’inscrivent dans la durée et ce qui permet de d’établir les premiers constats. D’abord la prise de conscience de la population de Sifoe de leur capacité à gérer efficacement leur autonomie pour arriver à une indépendance financière et bien entendu, le travail qui va avec. Si dans ces trois domaines une avancée sensible est perceptible, il reste encore des secteurs élémentaires où il serait nécessaire d’intervenir rapidement notamment la prévention des maladies tropicales par l’éducation à l’hygiène et particulièrement la sensibilisation au péril fécal. Espérons que la médiatisation de ce phénomène permettra d’aider les populations à vaincre leurs tabous afin d’aborder plus techniquement ce domaine.