des patrons ont été influents à la Chambre de commerce (et d’industrie)
quand des
décisions d’aménagement y ont été prises. Cet essai aborder ces thèmes de l’esprit
d’entreprise
et du conservatisme du patronat girondin en se concentrant sur les réponses
apportées par aux mutations de son environnement économique pendant le démarrage de
la première révolution industrielle, donc en travaillant sur les décennies accompagnant la
création de la Société philomathique en 1808 et les huit expositions qu’elle organise (1827,
1828, 1830, 1838, 1841, 1844, 1847 et 1850)
de façon modeste, avant leur transfert sur les
Quinconces à partir de celle de 1854.
1. Choc et déclin de l’esprit entrepreneurial ?
Autour de 1808 et grosso modo jusqu’aux années 1830/1840, le choc de la perte de la
colonie clé des Caraïbes et de l’effondrement du système de la traite sapent les bases de la
prospérité de l’économie portuaire girondine
- bien au-delà des conséquences des
mouvements révolutionnaires eux-mêmes
. Le conservatisme domine, dans les idées,
puisque nombre de patrons sont favorables à la Restauration – l’un des dirigeants de
Marie-Brizard accueille les Anglais en grand uniforme de la Garde nationale en 1814 – et,
surtout, rêvent ou se satisfont d’un retour au « système économique » antérieur ; les deux
patrons de Marie-Brizard vivotent dans leur facile commerce d’alcools tout en consacrant
leur temps à des collections ; des confrères envoient encore quelques bateaux tâter de la
traite des Noirs en essayant de contourner l’embargo britannique au large des côtes
africaines. Silvia Marzagalli a narré « l’américanisation » provisoire de certains marchands
girondins qui se sont installés aux États-Unis pour devenir des « neutres » et continuer
leur négoce transatlantique malgré le blocus
, tandis que la course attirait quelques
Paul Butel (dir.), Jean-Claude Drouin, Georges Dupeux & Christian Huetz de Lemps, Histoire de
la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux, 1705-1985, Bordeaux, CCIB, 1988.
Cf. Rondo Cameron, « L’esprit d’entreprise », in La France et le développement économique de
l’Europe, 1800-1914, Paris, Seuil, 1971 (Princeton, 1961). David Landes, « French entrepreneurship
and industrial growth in the 19th century », Journal of Economic History, mai 1949, 9, n°1, pp. 45-
61. Hélène Vérin, Entrepreneurs, entreprise. Histoire d’une idée, Paris, Presses universitaires de
France, 1982. AFHE, Entreprises & entrepreneurs, XIXe-XIXe siècles, Paris, Presses de l’université de
Paris-Sorbonne and AFHE, 1983.Patrick Verley, Entreprises et entrepreneurs du XVIIIe siècle au
début du XXe siècle, Paris, Paris, Hachette, 1994.
Cf. leur évocation dans : Christelle Lozère, Bordeaux colonial, 1850-1940, Bordeaux, Éditions Sud
Ouest, 2007.
Paul Butel, « Crise et mutation de l’activité économique à Bordeaux sous le Consulat et
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Michel Figeac, Histoire des Bordelais. Tome I. La modernité triomphante (1715-1815), Bordeaux,
Mollat & Fédération historique du Sud-Ouest, 2002. Paul Butel, « Les difficultés du commerce
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Jean-Claude Perrot (dir.), Voies nouvelles pour l’histoire économique de la Révolution, Annales
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Asselain (dir.), Révolution de 1789, guerres et croissance économique, special issue, Revue
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la législation napoléonienne : les cas des négociants de Bordeaux et de Hambourg », in Marc
Agostino, Françoise Bériac & Anne-Marie Dom (dir.), Les ralliements, Bordeaux, CROCEMC, 1997,