MCC - Intervention IGEE – Année 2006 IGEE – Intervention Marie-Claude Chardenoux Contenu Approche logique et efficace d’un problème de pollution en entreprise et résolution Exemple d’activité industrielle : le Traitement de surface 1- Comment se révèle le problème ? Mise en évidence en interne : - - Veille réglementaire – suivi de l’évolution de la réglementation – participation à des réunions d’information, séminaires ect.. Mesures à prendre suite à évolutions – introduction de nouvelles activités (ex : Zn Ni) – surdimensionnement ou sous dimensionnement d’un ouvrage, mauvais résultats, difficultés d’exploitation Volonté d’améliorer une image (ex : rejet zéro) Pression des clients ou donneurs d’ordre (ex : l’automobile, l’aéronautique) Audit lors de rachat d’entreprise Révélation par un fait extérieur : - - Contrôle inopiné : Drire, Agence de l’Eau, gestionnaire d’un réseau ou station urbaine Dénonciation (concurrence déloyale) Incidents – pollution accidentelle, pollution de nappe, pollution de boues urbaines ect… Mise en évidence de pollutions chroniques lors d’un suivi de qualité de rivière ou décision de réhabiliter un milieu(Lac d’Annecy, le Gier, on remonte jusqu’aux pollueurs) Départ d’un site Le contexte de la révélation du problème de pollution conditionne tout le déroulement de la mise en œuvre de sa solution. 1 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 2- Qui est en charge de travailler sur le règlement du problème dans l’entreprise ? Il est nécessaire de bien connaître le fonctionnement de l’entreprise : - dans laquelle on travaille - pour laquelle on travaille Que veut l’entreprise, quel est l’enjeu, quels sont les moyens dont elle dispose pour investir ? Dans l’entreprise : - Chargé d’environnement Responsable des achats Responsable des travaux neufs Directeur Directeur technique En dehors de l’entreprise : - Agent d’une administration (DRIRE) ou d’un Ets public (Agence de l’Eau) Intervenant mandaté par l’entreprise (Norisko, Apave, Véritas ect…ou conseil indépendant). Dans ce cas, un partenariat doit s’établir avec l’interlocuteur de l’entreprise qui attend du conseil, du professionnalisme ? CE DERNIER PEUT AUSSI ATTENDRE DU SOUTIEN VIS-A-VIS DE SA HIERARCHIE. 3- Qu’entend-t-on par connaissance du fonctionnement de l’entreprise ? - - Connaissance de l’activité de l’entreprise Connaissance des différents ateliers de production (micros entreprises dans l’entreprise, atelier à la disposition d’autres, sources de pollution principales et de pollutions annexes) Identification des personnes qui ont l’ancienneté et la connaissance et qui peuvent renseigner sur les pratiques quotidiennes Connaissance du fonctionnement des achats (produits chimiques, produits de nettoyage, enlèvement déchet ect… Identification des moyens de l’entreprise, son appartenance à un groupe ou non, son devenir, sa situation, quels sont ses actionnaires ? 4- En découlera la connaissance de la volonté de l’entreprise : - - L’entreprise feint l’ignorance sur ce qui se passe, elle « joue la montre », jusqu’au jour ou elle reçoit une mise en demeure de l’administration ! sa situation devient délicate, elle va devoir agir sous la pression et dans la précipitation ! De repousser ainsi peut conduire à des remises en cause très lourdes au plan économique et conduire à la fermeture de l’entreprise. Cette situation n’est pas 2 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 - - - - 3 rare, elle se rencontre parce que les « Drire » n’ont pas suffisamment de moyens ou pace qu’une entreprise est toute puissante sur une région. Rôle important du responsable Environnement en interne pour faire avancer doucement les choses. (Plan à long terme, déclencher un partenariat avec la Drire, Agence de l’Eau, la Cram ect…) L’entreprise doit faire les bons choix – choix techniques raisonnables – être solide techniquement pour ne pas céder aux excentricités de certaines demandes, elle doit se faire épauler techniquement. Le responsable Environnement doit s’impliquer pour comprendre les solutions qu’on lui propose et non pas de décharger entièrement sur un conseil ! Attention au choix du spécialiste ou du conseil. Bien savoir si l’on veut lui faire faire « du papier », ou solliciter son expertise ! Etre exigeant sur le contenu de sa prestation ! Attention l’indépendance est rare ! Lorsque l’entreprise est « moteur », elle entreprend un partenariat constructif avec les administrations Elle dispose de temps pour comprendre, élaborer et réaliser. Facteur primordial : le facteur économique – une solution peut être peu coûteuse à l’achat et très lourde à l’exploitation – certaines solutions peuvent remettre en cause les moyens de production. Le responsable Environnement, ou le conseil, ou encore le fournisseur éventuel doivent mesurer le plus justement et honnêtement possible les coûts d’une solution, sachant que ne pas dépolluer peut coûter très cher. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 METHODE POUR ABORDER UN PROBLEME DE POLLUTION DE L’EAU EN ENTREPRISE 4 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 5 SOMMAIRE INTRODUCTION ......................................................................................................................... 7 1- TRAITEMENT DE SURFACE : ACTIVITE AUTORISEE ............................................... 8 I.1. Approche interne ............................................................................................................. 8 I.2. Approche externe............................................................................................................. 10 I.3. Rôle des agences de l’eau ................................................................................................ 11 I.4. Arrêté du 26 septembre 1985 .......................................................................................... 13 I.5. Arrêté du 2 février 1998 .................................................................................................. 13 I.6. Projet de nouvel Arrêté .................................................................................................... 14 1I- GENERALITES SUR LE TRAITEMENT DE SURFACE ................................................ 15 II.1. Généralités...................................................................................................................... 15 II.2. Différents types de traitements....................................................................................... 17 II.3. Produits chimiques utilisés ............................................................................................. 18 II.4. Conséquences des rejets pour l’environnement ............................................................. 20 III - PRESENTATION D’UNE CHAINE DE TRAITEMENT DE SURFACE TYPE .......... 21 III.1. Bains de préparations .................................................................................................... 21 III.2. Bains de dépôts ............................................................................................................. 28 III.3. Traitements de finition .................................................................................................. 32 II.4. Autres bains .................................................................................................................... 34 IV – UTILISATION DE L’EAU EN TRAITEMENT DE SURFACE .................................... 37 IV.1. Vidanges de bains usés ................................................................................................. 37 IV.2. Rinçages........................................................................................................................ 38 IV.3. Les eaux de lavage ........................................................................................................ 38 IV.4. Les eaux de lavage des gaz ........................................................................................... 39 V – BILAN DE POLLUTION ...................................................................................................... 40 V.1. But des études ................................................................................................................ 41 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 6 V.2. Prestations des chargés d’études .................................................................................... 41 V.3. Réductions des consommations d’eaux ......................................................................... 42 V.4. Bilan de pollution ........................................................................................................... 47 VI – NOTION DE TECHNOLOGIES PROPRES .................................................................... 48 VI.1. Limitation des pollutions .............................................................................................. 48 VI.2. Limitation des débits par recyclage .............................................................................. 51 VII. TRAITEMENT DES EFFLUENTS EN TRAITEMENT DE SURFACE ....................... 54 VII.1. Principes généraux de traitement ................................................................................ 54 VII.2. Réactions mises en jeu et mise en œuvre industrielle ................................................. 56 VII.3. Autres types de dépollution ......................................................................................... 64 VIII - EXPLOITATION DES SYSTEMES EPURATOIRES .................................................. 65 IX – ORGANIGRAMMES DE QUELQUES TRAITEMENTS .............................................. 67 IX. 1. Déchromatation ........................................................................................................... 67 IX.2. Décyanuration ............................................................................................................... 68 IX.3. Précipitation et insolubilisation des métaux ................................................................. 69 IX.4. Rejet zéro sur site ......................................................................................................... 70 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 Introduction Pour aborder cette démarche, nous nous appuyons sur l’activité industrielle du traitement de surface. Cette activité sera présentée ainsi que son environnement réglementaire. Nous présenterons l’étude technique préalable à l’élaboration d’un projet et les différentes solutions techniques envisageables. 7 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 8 Le traitement de surface Cette activité permet d’aborder les problèmes réglementaires, ceux de la consommation d’eau et ceux de la dépollution : - c’est une activité « autorisée » - elle est assujettie à la redevance de pollution et est l’objet de surveillances de la Cram, de la Police des Eaux, de la DDE ect… - elle a fait l’objet de plusieurs réglementations - c’est une activité très technique - initialement, elle était très consommatrice d’eau - l’activité TS génère une pollution très toxique 1- Traitement de surface : Activité autorisée Du point de vu environnemental, la législation française a deux approches différentes: Une approche interne Une approche externe I.1. Approche interne L’approche interne est de la responsabilité de l’industriel. C’est la procédure de demande d’autorisation d’exploiter une installation classée. Cette approche est de la compétence de la DRIRE: Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement. Chaque atelier doit respecter des règles fixées au cas par cas par un arrêté préfectoral d’autorisation d’exploiter une installation classée pour la protection de l’environnement. Ces règles sont définies en accord avec les textes en vigueur. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 9 Le texte fondamental est la loi du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement. Le dossier est présenté par l’industriel, mais il peut se faire assister par un cabinet conseil. Ce dossier comprend: Un dossier administratif Un dossier plan Une étude d’impact Une étude des dangers Un dossier hygiène et sécurité Le dossier administratif présente le contexte de la demande, l’identification des principaux interlocuteurs, la nature des activités, la localisation des installations classées, la nomenclature des installations classées propre à l’entreprise, la présentation technique des installations. Le dossier plan est constitué d’un certain nombre de plans à échelles différentes. L’étude d’impact présente l’état du site et son environnement et analyse les nuisances générées par les installations en l’absence de mesure de réduction. Les paramètres analysés sont, sans être exhaustif : Les sols Les conditions météorologiques L’eau dans l’entreprise Le bruit L’air Les déchets L’impact sur la santé Après le constat initial, une analyse des mesures prises pour réduire ou éliminer les nuisances est conduite pour tous les paramètres présentés. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 10 L’étude des dangers analyse les risques présentés par l’exploitation des installations. Une étude est ensuite présentée pour mettre en avant les mesures prises pour la réduction des risques. Le dossier hygiène et sécurité quant à lui présente l’aménagement des postes de travail et des lieux de travail, les nuisances particulières pour certaines catégories de travailleurs, l’ergonomie des postes de travail, l’organisation du travail, etc. Une fois le dossier terminé, il est présenté à la DRIRE qui l’analyse et va ensuite proposer un avis. Si le dossier convient, il sera soumis à enquête publique pour avis auprès des populations concernées. Suite à l’enquête publique, le dossier est transmis au conseil départemental d ’hygiène et sécurité. Celui-ci se prononce ensuite et fait ses remarques. Si le dossier est accepté, le préfet signe un arrêté autorisant l’industriel à exploiter son installation dans les conditions spécifiées dans l’étude. Le traitement de surface est une installation classée lorsque le volume des cuves de bains mis en œuvre dépasse 1500 l (tous bains confondus). Pour résumer, on peut dire en fait que la DRIRE contrôle ce qui sort de l’installation et impose ses vues en fonction du contexte local au niveau des rejets. I.2. Approche externe Elle est de la compétence de nombreuses administrations dont: La DDE La DDA La police des eaux Les agences de l’eau En fonction de divers objectifs, ces administrations sont parfois appelées à se prononcer sur les rejets et ont certaines exigences. En ce qui concerne les rejets aqueux qui nous intéressent, les agences de l’eau tiennent un rôle important que nous allons détailler. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 11 Les deux approches interne et externe sont cohérentes et ont pour but de limiter les nuisances sur l’environnement. I.3. Rôle des agences de l’eau Les agences de l’eau ont un rôle mutualiste, elles perçoivent auprès des industriels ou des collectivités une redevance de pollution qu’elles reversent sous forme d’aide entre autres à la lutte contre la pollution. Au niveau des industriels, les redevances sont établies selon un barème national, et depuis le dernier programme les aides sont versées uniquement sous forme de subventions. Les sommes versées sont plafonnées et dépendent de la redevance due par l’industriel. Les agences de l’eau sont au nombre de 6 et correspondent aux bassins versants des grands fleuves, ce sont: L’agence Loire-Bretagne L’agence Seine-Normandie L’agence Rhône-Méditérannée-Corse (RMC) L’agence Adour-Garonne L’agence Artois -Picardie L’agence Rhin-Meuse. Elles élaborent des plans quinquennaux qui portent sur: L’assainissement des collectivités locales La dépollution des activités industrielles La gestion des ressources L’alimentation en eau potable La connaissance, la restauration et la mise en valeur des milieux aquatiques La maîtrise des pollutions agricoles MCC - Intervention IGEE – Année 2006 12 Le VIIIème programme de l’Agence Rhône-Méditérannée-Corse définit son action pour les années 2003 à 2006. Il axe ses priorités sur : La réduction des rejets toxiques et rejets dispersés dans le cadre d’opérations « groupées » Les actions de prévention des risques de pollution accidentelle Les investissements visant au suivi des prélèvements et rejets et des milieux au voisinage de ces prélèvements et rejets La restauration des sites et sols pollués menaçant les ressources en eau sous certaines conditions Les ateliers de traitement de surface produisant une forte pollution métallique, la mise en place d’un outil de dépollution est aidée financièrement. Les aides financières sont assorties de plusieurs réserves : - il n’y a pas d’aide si l’entreprise fait l’objet d’une mise en demeure - si le retour sur investissement est inférieur à 5 ans - lorsque les projets concernent une activité nouvelle - les investissements doivent dépasser 15 000 € HT - les travaux de renouvellement et d’entretien sont exclus des aides de l’Agence - la décision d’aide doit être préalable à toute passation de commande Les taux d’aide varient selon les travaux envisagés : - Etudes préalables Subvention de 50 % - Traitement des pollutions chroniques, réduction des volumes d’effluents, restructuration des réseaux d’égouts Subvention de 30 % - Réduction de la consommation d’eau Subvention de 30 % - Prévention des pollutions accidentelles Subvention de 30 % - Sols pollués – Etudes Subvention de 50 % Travaux Subvention de 30 % - Equipement de points de mesure Subvention de 30 % Pour financer un projet, une étude préalable au traitement des eaux est généralement nécessaire. Elle peut être confiée à un cabinet d’étude indépendant. Après regard sur cette étude, l’industriel lance une consultation auprès des ingénieries pour la définition de son projet de traitement des eaux. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 13 L’agence ne financera que si elle donne un avis favorable et technique sur chaque projet. C’est l’industriel qui choisi son fournisseur en fonction des remarques faites par l'agence et son cabinet conseil. L’agence ne peut en aucun cas imposer un fournisseur à un industriel. I.4. Arrêté du 26 septembre 1985 Ce texte donne des instructions pour limiter les pollutions et les nuisances des ateliers de traitement de surface. Il fixe des normes de rejet en terme de concentration en produits polluants tant au niveau des rejets atmosphériques qu'aqueux. Il limite les consommations d’eau en fonction de la production et crée un critère objectif de mesure par rapport à la surface traitée (entraînement en l/m2 de surface traitée) Il institue une auto-surveillance tant en interne qu’en externe et fixe des fréquences d’analyses. Il propose des aménagements notamment au niveau des stockages des produits et des stockages des bains usés. Il fixe les règles d’exploitation de l’atelier et propose un mode de gestion des déchets. Ce texte s’applique en principe à tous les ateliers de traitement de surface. Il oriente nécessairement les projets de traitement d’eau par les normes de rejets et les consommations d’eau qu’il impose. Le texte de cet arrêté est repris en annexe. I.5. Arrêté du 2 février 1998 Cet arrêté non destiné à l’activité TS sert néanmoins de référence à la DRIRE pour solliciter des valeurs de rejets très faibles ce qui crée beaucoup d’ambiguïtés. Il intègre la situation des établissements raccordés sur des stations d’épuration collectives, toutefois les ateliers de traitements de surface ne sont théoriquement pas concernés. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 I.6. Projet de nouvel Arrêté Il réhausse certaines valeurs de rejet (DCO, nitrites) et intègre pour l’activité TS le cas des établissements raccordés. 14 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 15 1I- Généralités sur le Traitement de surface II.1. Généralités L’activité de traitement de surface se caractérise par une modification superficielle de l’état de surface des pièces à traiter. Cette modification peut être obtenue par divers moyens : Mécaniques, par abrasion (vibroabrasion, polissage, etc.) Thermiques (trempe, nitruration, etc.) Sous vide (dépôts sous vide) Chimiques Nous nous intéresserons essentiellement à la dernière catégorie qui génère une pollution aqueuse importante chargée en métaux. Les buts du traitement de surface sont multiples : Protection contre la corrosion Décoration (coloration, dépôt brillant, etc.) Techniques (phosphatation) Mécaniques (chromage dur, nickelage chimique) Les substrats sont généralement des métaux, mais peuvent aussi être des matières plastiques, le verre (dépolissage), les céramiques, etc. Lorsque l’atelier de traitement de surface est spécialisé dans la réalisation de plusieurs dépôts en sous-traitance d’une autre entreprise, on parle de façonnier. Si l’atelier fait partie d’un système productif complet, et qu’il n’est qu’une phase de fabrication parmi d’autres, on parle d’atelier intégré. Ces ateliers se présentent généralement comme des surfaces sur lesquelles sont implantées des cuves de traitement contenant les bains nécessaires aux résultats escomptés, ainsi que des cuves de rinçages. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 16 Les pièces à traiter sont immergées dans des bains formulés avec des produits chimiques dissous dans de l’eau. Après chaque bain les pièces traitées sont rincées avec de l’eau pour éliminer toutes traces de bains entre chaque opération. Les ateliers peuvent être très différents les uns des autres. Ils peuvent être mécanisés ou non, intégrés ou non. Les différentes cuves peuvent être dispersées sur toute la surface en fonction des besoins ou au contraire alignées en train de cuves. Lorsque les pièces à traiter sont accrochées sur des supports, on parle de traitement « à l’attache ». Ces supports sont de formes et de dimensions diverses, de quelques dizaines de centimètres jusqu’à plusieurs mètres de longueur. Les pièces à traiter sont immergées dans les différents bains avec leur support. Si les pièces sont de petites tailles ou qu’elles ne craignent pas les chocs, elles sont mises en vrac dans des tonneaux en plastique percés qui sont utilisés comme des paniers, on parle alors de traitement « au tonneau ». Pour permettre une bonne homogénéité de traitement, les tonneaux sont animés d’un mouvement de rotation dans les cuves de traitement. Les tailles des tonneaux peuvent être très différentes, la charge en pièces pouvant varier de 500 g (bijouterie) jusqu’à 120 à 250 kg pour des pièces mécaniques. Le passage successif dans les différents bains et rinçages peut être effectué manuellement (un opérateur plonge les montages à la main dans les différentes cuves) ou automatiquement. Dans ce cas, un portique évolue au-dessus des cuves, qui sont alors obligatoirement alignées les unes derrières les autres. Le portique est mobile sur des rails installés au-dessus des cuves. Dans le cas d’un traitement manuel au tonneau, c’est l’opérateur qui actionne le portique, comme pont roulant. Pour les très grosses pièces, on utilise des chariots transporteurs qui passent dans une enceinte ou les produits (bains et rinçages) sont pulvérisés sur les pièces. On parle alors de tunnel de traitement de surface. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 17 II.2. Différents types de traitements Pour obtenir un état de surface donné, les pièces subissent plusieurs traitements dans des bains de constitutions différentes. On distingue plusieurs catégories de traitement : Les préparations Les dépôts métalliques Les finitions Chacune des ces trois catégories peut être mise en œuvre soit chimiquement soit électrochimiquement. Les traitements chimiques se limitent à l’immersion des pièces dans des bains constitués d’eau et de produits chimiques. Pour les traitements électrolytiques, on utilise en plus des produits chimiques, une source de courant continu extérieure. Les pièces peuvent être reliées soit à l’anode (décapage, dégraissage, anodisation, etc.), soit à la cathode (dépôts métalliques). MCC - Intervention IGEE – Année 2006 18 II.3. Produits chimiques utilisés Il serait vain de prétendre citer tous les produits chimiques utilisés en traitement de surface, les formulations évoluant en permanence. Par contre, il est possible d’approcher les grandes catégories de produits en fonction de leurs diverses utilisations. Comme en chimie on distinguera les produits minéraux des produits organiques. Pour les produits minéraux on utilise principalement : Des acides Des bases Des phosphates Des fluorures Des nitrites Des cyanures Des sels métalliques Pour les produits organiques il n’est pas possible de donner une liste précise. Cependant on peut considérer que la plupart des produits organiques utilisés sont des tensioactifs. Les bains de dépôt contiennent d’innombrables produits en très faible quantité en fonction des contraintes du dépôt (vitesse, brillance, grain, etc.). Les colorants organiques sont aussi très utilisés, notamment pour le traitement de l’aluminium. Le tableau de la page suivante donne une idée des produits utilisés en fonction du type de traitement. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 19 TYPE DE TRAITEMENT PRODUITS MINERAUX PRODUITS ORGANIQUES PREPARATIONS ACIDES BASES PHOSPHATES FLUORURES NITRITES CYANURES TENSIO-ACTIFS BAINS DE DEPÔT ACIDES BASES SELS METALLIQUES CYANURES REDUCTEURS TENSIO-ACTIFS REDUCTEURS FINITIONS ACIDES SELS METALLIQUES COLORANTS MCC - Intervention IGEE – Année 2006 20 II.4. Conséquences des rejets pour l’environnement A la lecture du tableau de la page précédente, on se doute bien que le rejet direct de ces produits dans la nature à des conséquences très importantes sur les écosystèmes naturels. La caractéristique principale des eaux résiduaires de l’activité de traitement de surface est la présence en quantité importante de métaux dissous. Les effets des rejets sans traitement préalable dans le milieu naturel peuvent être directs, avec une surmortalité d’espèces animales et végétales. Cependant, il existe aussi des effets indirects, différés dans le temps dont les conséquences sont tout aussi dévastatrices (bio-accumulation dans les chaînes alimentaires, eutrophisation, etc.). Il est donc indispensable de traiter ces rejets dans le respect de l’environnement et en accord avec la législation en vigueur. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 21 III - Présentation d’une chaîne de traitement de surface type On peut définir une chaîne de traitement de surface comme l’espace constitué d’un ensemble de cuves de traitement permettant l’obtention d’un état de surface donné. Celui-ci peut être un dépôt métallique, comme un simple nettoyage ou décapage de surface. Afin d’obtenir le résultat escompté, les phases successives de traitement des pièces sont codifiées. C’est ce que l’on appelle une gamme de fabrication. Il est impossible de fournir une gamme type précise tant les gammes et les types de revêtements sont nombreux. Cependant chaque gamme comporte un certain nombre d’opérations toujours identiques dans leur ordre chronologique. On procède d’abord à la préparation des pièces : Dégraissage chimique Décapage Dégraissage électrolytique Dépassivation Ensuite vient le ou les bains de dépôts en fonction du résultat que l’on veut obtenir. Puis les pièces subissent une ou des finitions pour obtenir soit une coloration soit un état de protection accrue du dépôt métallique. A noter que pour l’obtention de certain dépôt il est nécessaire d’avoir des souscouches de métaux différents. III.1. Bains de préparations Avant de pouvoir effectuer un dépôt dans de bonnes conditions, il est nécessaire de préparer la surface sur laquelle il est destiné. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 22 III.1.1. Dégraissage chimique Comme son nom l’indique, le bain de dégraissage a pour but d’éliminer les huiles et les graisses qui constituent un film sur les pièces à traiter. Ces huiles et graisses peuvent avoir des origines très différentes les unes des autres : Huiles de coupe et d’usinage Huiles minérales provenant de pertes des circuits hydrauliques des machines outils Huiles et graisse de protections pour éviter la corrosion. Ces bains sont des bains alcalins composés de sels contenant des phosphates, de la soude ou de la potasse, parfois des carbonates et des silicates, des tensioactifs. De temps à autre on rencontre des produits complexants (EDTA), des gluconates etc. Vous trouverez ci-après des compositions types de certains bains couramment utilisés en fonction du substrat traité. Généralement le dégraissage est effectué en température, entre 40 et 70 °C en fonction des substrats, des pièces et de l’état de salissure. Le déplacement du film gras de la pièce vers le bain est appelé émulsification. Les produits qui en sont responsables sont les tensioactifs. Il existe quatre catégories de tensioactifs : Les tensioactifs anioniques Les tensioactifs cationiques Les tensioactifs non ioniques Les tensioactifs amphotères Les anioniques sont très utilisés car ils sont stables à haute température et pH élevés et ne donnent pas de précipités avec les eaux dures. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 23 EXEMPLES DE COMPOSITIONS DE BAINS DE DEGRAISSAGE TYPE DE SUBSTRAT COMPOSITION ACIERS NaOH Na2CO3 10 H2O Na3PO4 10 H2O Gluconate de sodium Tensioactifs anioniques 40 41 42 43 0,3 g/l g/l g/l g/l g/l ALLIAGES DE CUIVRE NaOH Na2CO3 10 H2O Na4PO7 10 H2O Citrate de sodium Tensioactifs anioniques 15 5 15 16 0,3 g/l g/l g/l g/l g/l ALUMINIUM Na2CO3 10 H2O Borax Na3PO4 10 H2O Métasilicate de sodium Gluconate de sodium EDTA sel de sodium Tensioactifs anioniques 8 g/l 9 g/l 10 g/l 11 g/l 12 g/l 5 g/l 0,3 g/l g/ g/ g/ MCC - Intervention IGEE – Année 2006 24 Les cationiques sont peu employés en dégraissage alcalin car ils peuvent précipiter en présence de certains ions inévitablement présents. Les non ioniques sont peu solubles par contre, ils ne moussent pas et leur pouvoir détergent dépend de la température. Les amphotères dépendent du pH : Anioniques à pH élevé Cationiques à pH neutre ou acide Ces produits sont assez peu employés en traitement de surface. Pour éviter la précipitation des sels de calcium naturellement présent dans certaines eaux de distribution, des complexants sont utilisés. Ces produits sont très efficaces cependant leur emploi est limité par leur pouvoir de complexation des métaux qui perturbent les réactions chimiques mises en jeu lors de la dépollution des effluents. Ils peuvent ainsi être un obstacle à un traitement efficace en physico-chimie de ces effluents. Ces bains se chargent au cours du temps des souillures présentes sur les pièces, et lorsque le pouvoir dégraissant ne permet plus un nettoyage correct des pièces, les bains sont vidangés et remplacés par des bains neufs. Ces vidanges constituent une des composantes du flux de pollution. Le bain de dégraissage est suivi d’un rinçage courant à l’eau. III.1.2. Décapage Après le dégraissage, les pièces sont décapées chimiquement par immersion dans une solution généralement acide (sauf pour l’aluminium, dont le décapage est effectué à la soude). Le but de cette opération est la dissolution des couches de corrosions ou d’oxydes présentes à la périphérie des pièces. La concentration et le type d’acide varient en fonction du type de substrat sur lequel on travaille. Le mécanisme réactionnel est le suivant : MCC - Intervention IGEE – Année 2006 25 Mé + 2H+ => Mé 2+ + H2 Dans certains cas, notamment lors de l’utilisation d’acide nitrique, il peut se former d’autres molécules (vapeurs rousses de NO2 par exemple). Vous trouverez en page suivante quelques formulations de bains de décapage en fonction du type de substrats. En ce qui concerne les alliages d’aluminium le mécanisme réactionnel est le suivant : Al + NaOH + H2O => NaAlO2 + 3/2 H2 Comme il y a dissolution du métal à la surface des pièces, le bain s’enrichie en métal au cours du temps. Lorsque la vitesse de dissolution devient trop faible, le bain est vidangé soit en partie soit en totalité. Ces vidanges constituent une grande partie du flux de pollution métallique. Le bain de décapage est suivi d’un rinçage courant à l’eau. III.1.3. Dégraissage électrolytique Ce bain n’est pas toujours indispensable, mais il est très souvent utilisé. Il est généralement de même composition que le bain de dégraissage chimique. La seule différence est qu’il est utilisé avec une source de courant extérieure. Les pièces peuvent être anodiques ou cathodiques ou alternativement l’un et l’autre. L’intérêt de ce bain est d’allier le pouvoir dégraissant du bain lui-même au pouvoir désoxydant de l’électrolyse qui s’exerce sur les pièces. Les microbulles de gaz générées sur la surface par l’électrolyse ont un pouvoir nettoyant accru par rapport à la simple immersion. Comme précédemment ce bain se charge en métaux ou en impuretés et doit être vidangé de temps à autre. Le bain de dégraissage électrolytique est suivi d’un rinçage courant. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 26 EXEMPLES DE COMPOSITIONS DE BAINS DE DECAPAGE TYPE DE SUBSTRAT COMPOSITION ACIERS HCl 20 % en volume Formulation simple H2SO4 20 % en volume Attaque rapide H2SO4 HNO3 HCl 50 à 75 % en volume 50 à 25 % en volume 1 % en volume Attaque avec effet de brillantage H2SO4 H2O2 20 % en volume 20 à 80 g/l Satinage NaOH Al 100 à 120 g/l 100 à 120 g/l Satinage basse teneur en aluminium NaOH Gluconate de sodium 60 g/l 60 g/l ALLIAGES DE CUIVRE ALUMINIUM MCC - Intervention IGEE – Année 2006 27 III.1.4. Dépassivation Après dégraissage électrolytique les pièces sont parfaitement nettoyées. Par contre l’électrolyse peut avoir fait apparaître une couche superficielle d’oxyde rendant la surface chimiquement passive. Pour enlever celle-ci on procède à une légère attaque généralement en milieu acide dilué, mais il existe des compositions alcalines et cyanurées. Le mécanisme réactionnel est comparable à celui du décapage. Par contre la faiblesse de la concentration en acide n’induit qu’une attaque très superficielle des pièces. Après dépassivation, les pièces sont aptes à recevoir un dépôt métallique. Le rinçage des pièces n’est pas toujours effectué après dépassivation pour éviter une repassivation par le simple fait d’un rinçage à l’eau. Dans ce cas la composition du bain de dépassivation met en jeu des sels présents dans le bain de dépôt pour éviter sa pollution. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 28 III.2. Bains de dépôts Il existe un très grand nombre de bains de dépôt. On peut cependant les séparer en deux catégories : Les bains chimiques Les bains électrolytiques Leur mise en œuvre est très différente et justifie que l’on s’y attarde un peu. III.2.1. Bains de dépôts chimiques Les bains de dépôts chimiques présentent trois avantages : Ils s’effectuent sans source extérieure de courant Ils permettent de métalliser des surfaces non-conductrices L’épaisseur de dépôt est uniforme quelle que soit la forme de la pièce Par contre, du point de vue dépollution ils ont de nombreux inconvénients dont il est souvent difficile de s’affranchir. Ces bains sont chimiquement très complexes et font souvent l’objet de formulations protégées par brevet. Le principe de fonctionnement est basé sur le fait que l’immersion des pièces déstabilise le bain et induit la réduction du métal sur celles-ci. Cela implique un réservoir d’ions métalliques présents dans le bain et la présence d’un réducteur. Le réservoir d’ions métalliques est obtenu en complexant le métal par des molécules adaptées. Celles-ci posent ensuite des problèmes lors de la dépollution. Comme complexant on trouve souvent l’EDTA (acide éthylène-diamine-tetra-acétique) mais aussi l’ammoniaque pour le cuivre. Les réducteurs peuvent être organiques comme le formol, le diméthylborane, ou minéraux comme l’hypophosphite ou le borohydure de sodium. Il en existe d’autres. Ces bains sont assez difficiles à conduire, ils travaillent à haute température (70 à 100° C), et les concentrations des différents constituants doivent être contrôlées très souvent. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 29 EXEMPLES DE COMPOSITIONS DE BAINS DE DEPOTS CHIMIQUES TYPE DE BAINS COMPOSITION CUIVRE CHIMIQUE NaOH CuSO4 5 H2O HCHO (formaldéhyde) CH3Cl2SiH (méthyldichlorosilane) EDTA tétrasodique Tensioactifs anioniques 10 10 20 0,2 0,3 20 g/l g/l g/l g/l g/l g/l NICKEL CHIMIQUE AU PHOSPHORE Ni SO4 6 H2O Hypophosphite de sodium Glycolate de sodium Acétate de sodium Plomb Thiourée 25 30 30 20 2 3 g/l g/l g/l g/l mg/l mg/l NICKEL CHIMIQUE AU BORE Ni SO4 6 H2O Dimethylborane Acide malonique sel disodique Glycine (C2H5NO2) Acide malique (C4H6O5) 30 3,5 34 15 27 g/l g/l g/l g/l g/l MCC - Intervention IGEE – Année 2006 30 Les paramètres les plus sensibles sont le pH, la teneur en métal et la température. Comme il y a consommation de métal, il faut recharger le bain en sels métalliques. Mais il arrive un moment où la solubilité de ces sels est limitée dans le milieu. Il faut alors vidanger le bain et en reconstituer un neuf. La charge polluante de ces bains est extrêmement importante. Et elle pose de nombreux problèmes de dépollution. Les principaux métaux déposés par procédé chimique sont le cuivre et le nickel. Mais il existe des bains chimiques d’argentage, d’étamage, de dorure, etc. III.2.2. Bains de dépôts électrochimiques Le dépôt métallique est réalisé en effectuant une électrolyse à courant continu du bain où les pièces à traiter sont à la cathode (pole négatif). Les anodes sont constituées par le métal à déposer sous différentes formes: Barres Plaques Berlingots Billes Les montages sur lesquels sont disposées les pièces à traiter sont constitués d’une barre conductrice en cuivre ou laiton située sur le dessus du montage. Elle vient se connecter sur des électrodes disposées sur le dessus des cuves, hors du bain. Les tonneaux sont alimentés de la même manière. Cependant, des électrodes viennent en contact avec les pièces au sein même du tonneau. L’électrolyte est le bain lui-même constitué de sels métalliques et d’un certain nombre d’autres constituants: Sels tampon pour le pH Tensioactifs Affineur de grain Etc. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 31 EXEMPLES DE COMPOSITIONS DE BAINS DE DEPOTS ELECTROCHIMIQUES TYPE DE BAINS COMPOSITION ARGENTURE CYANURE AgCN KCN K2CO3 2 H2O Na2S2O3 (thiosulfate) Ammoniaque 45 75 25 26 10 g/l g/l g/l g/l ml/l CUIVRAGE CYANURE CuCN NaCN Na2CO3 10 H2O 40 50 10 g/l g/l g/l ETAMAGE Sn(BF4)2 (fluoborate d’étain) HBF4 (acide fluoborique) HBO3 (acide borique) Peptone Betanaphtol 200 g/l 100 g/l 25(acide g/l borique) 5 g/l 1 g/l NICKELAGE Ni SO4 6 H2O Ni Cl2 6 H2O H3BO3 (acide borique) Laurylsulfate sel de sodium 225 30 30 0,5 g/l g/l g/l g/l ZnO NaCN NaOH 40 70 20 g/l g/l g/l (Nickel de Watt) ZINC CYANURE Les formulations de bains sont extrêmement nombreuses et répondent à divers impératifs: Vitesse de dépôt élevée Brillance MCC - Intervention IGEE – Année 2006 32 Couleur Etc. Quelques formules sont décrites à la page précédente, pour donner une idée de la diversité des formulations. III.3. Traitements de finition Après le dépôt métallique, les pièces peuvent être considérées comme finie. Cependant, dans certains cas, il est nécessaire de procéder à une finition. Celle-ci a plusieurs buts différents, on peut citer: La décoration (coloration, vernissage, etc.) La protection contre la corrosion (passivation) Les finitions sont, elles aussi très nombreuses et les formulations sont multiples. Il n’est pas possible de donner des formulations types. Les colorations sont généralement des produits organiques, notamment en ce qui concerne le traitement de l’aluminium (anodisation). Les passivations sont plutôt minérales mais il existe de nombreuses exceptions. Un type important de passivation est la passivation chromique. Elle est utilisée principalement après les dépôts de zinc et de cadmium, mais aussi dans de nombreuses autres applications. Le chrome est présent à l’état de chromate sous forme héxavalente, de ce fait il présente une toxicité importante. Ces passivations sont en général acides et elles attaquent légèrement le dépôt métallique, de ce fait la concentration en métal augmente en fonction du temps et le bain doit donc être périodiquement vidangé. Les mécanismes mis en jeu lors de la chromatation sont assez complexes, mais ils ont pour but de créer une couche protectrice évitant la corrosion de la surface. Les bains de passivations sont ensuite suivis d’un rinçage efficace à l'eau courante parfois à l’eau déminéralisée. La page suivante donne quelque formulation type de passivation après zingage et cadmiage. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 33 EXEMPLES DE COMPOSITIONS DE BAINS DE FINITION TYPE DE SUBSTRAT COMPOSITION PASSIVATION IRISEE APRES CADMIAGE CrO3 Na2Cr2O7 2 H2O Na2SO4 10 H2O HNO3 6 6 7 4 PASSIVATION BLEUE APRES ZINGAGE K2CrO4 NaF Na2SO4 1,4 2,7 0,9 CHROMATATION SUR ALUMINIUM Na2CO3 Na2CrO4 NaF 50 g/l 15 g/l 4 (acide g/l borique) g/l g/l g/l ml/l g/l g/l g/l g/l MCC - Intervention IGEE – Année 2006 34 II.4. Autres bains Dans tout procédé industriel, le “ zéro ” défaut tant recherché est impossible à réaliser. Il y a nécessairement des rebuts de fabrication. Il en est de même dans le traitement de surface. Les rebuts sont la conséquence de multiples causes : Mauvaise préparation Dépôt non uniforme Bain de dépôt pollué Rinçage mal effectué Il est donc nécessaire d’éliminer le dépôt sans abîmer la pièce sous-jacente. Pour cela, sont utilisés de nombreux bains que l’on appelle des démétallisations. Elles sont de deux types: Démétallisations chimiques Démétallisations électrochimiques Ces bains sont aussi utilisés pour le nettoyage des montages et des amenées de courant des tonneaux. III.4.1. Démétallisations chimiques Ces bains sont généralement acides avec des inhibiteurs de corrosion pour éviter l’attaque des pièces. Des complexants sont aussi utilisés pour éviter la précipitation des métaux. Le pH est très important car il influence le pouvoir oxydant de la solution. Cependant pour éviter d’attaquer les pièces à démétalliser, il est parfois nécessaire d’utiliser des sels tampons. La température d’utilisation est aussi importante. Ces bains fonctionnent toujours mieux en température. La concentration en métaux augmente au fur et à mesure de l’utilisation et ils doivent être vidangés périodiquement. Compte tenu de la charge importante en métaux et surtout la présence de complexant, ces bains sont souvent difficiles à traiter dans une station physico-chimique classique. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 III.4.2.Démétallisations électrochimiques Pour enlever le dépôt métallique on utilise le procédé inverse du bain de dépôt, la pièce est mise en anode et le métal est dissous sous passage de courant. Généralement ce sont des solutions acides qui sont utilisées pour éviter la précipitation des métaux à la cathode sous forme d’hydroxyde. De même que pour les bains chimiques, la concentration en métaux augmente au fur et à mesure de l’utilisation et il est nécessaire de vidanger le bain périodiquement. Les remarques au sujet des concentrations en métaux sont valables aussi pour la démétallisation électrochimique. Quelques formulations classiques sont indiquées dans le tableau de la page suivante. 35 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 36 EXEMPLES DE COMPOSITIONS DE BAINS DE DEMETALLISATION TYPE DE SUBSTRAT COMPOSITION DESARGENTAGE CHIMIQUE SUR ACIER INOX HNO3 50 DESARGENTAGE CHIMIQUE SUR ACIER NaCN NaOH Na2CO3 100 g/l 40 g/l 20 g/l DESETAMAGE SUR CUIVRE HCl CuCl 930 ml/l 12 g/l DEZINGAGE CHIMIQUE SUR ACIER Métanitrobenzène sulfonate de 50 g/l sodium NaCN 100 g/l NaF (acide borique) DEZINGAGE ELECTROLITIQUE SUR ACIER NaOH EDTA sel de sodium % en volume 200 g/l 50 g/l (acide borique) MCC - Intervention IGEE – Année 2006 37 IV – Utilisation de l’eau en traitement de surface L’eau est omniprésente dans un atelier de traitement de surface. Elle est utilisée pour: La constitution des bains Les rinçages des pièces après chaque bain Compenser l’évaporation des bains chauds Le lavage des installations (sols, cuves, etc.) Le refroidissement de machines ou bains Lavage des gaz Les eaux consommées par les ateliers de traitement de surface sont polluées par les produits chimiques utilisés dans les différents bains. On peut distinguer plusieurs types de pollution: Les vidanges des bains usés Les rinçages Les lavages des installations Les eaux de lavage des gaz IV.1. Vidanges de bains usés Les bains usés sont les effluents où les concentrations sont les plus importantes, mais les volumes sont généralement faibles On trouve tout ou partie des produits de constitution des bains et ce qui est apporté par les pièces: Souillures diverses (graisses, huiles, vernis, graphite, paraffine, etc.) Métaux constituant les pièces Compte tenu des flux importants générés par ces effluents, leur traitement est effectué à petit débit, il nécessite donc un stockage avant traitement. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 38 IV.2. Rinçages Contrairement aux bains usés, les rinçages ont un volume important, mais leur charge polluante est faible. On retrouve dans les rinçages les mêmes produits que dans les bains usés. Lorsque les pièces sortent d’un bain, elles présentent sur leur surface un film liquide qu’il faut éliminer par un rinçage efficace. Ce film est générateur de pollution, on l’appelle entraînement. Il est exprimé en l/h ou en l/m2 de surface traitée. Exprimé en l/h il est l’équivalent d’un débit et il représente effectivement les quantités de produit perdues pendant l’activité de l’atelier. Exprimé en l/m2, il représente une quantité spécifique représentative de l’activité et des pièces traitées. Nous verrons par la suite la signification de cette quantité qui est un paramètre important dans la législation sur le traitement de surface. IV.3. Les eaux de lavage Pour maintenir un atelier dans un bon état de propreté, et pour assurer un fonctionnement correct des installations, il est nécessaire de nettoyer périodiquement. En effet compte tenu de la présence de produits très corrosifs, le milieu ambiant conduit à une détérioration rapide des équipements sans un minimum de nettoyage et d’entretien. La particularité des eaux de lavage est qu’elles contiennent un mélange de tous les produits avec tous les risques que cela peut présenter. Dans les eaux de lavage on trouve: Les eaux de lavage des filtres Les eaux de lavages des sacs d’anode Les eaux de lavages de certaines cuves Les eaux de lavages des sols MCC - Intervention IGEE – Année 2006 39 IV.4. Les eaux de lavage des gaz Pour éviter d’avoir une atmosphère trop irrespirable, certains bains sont ventilés à l’aide d’aspirations situées sur la périphérie du dessus des cuves. Ces effluents gazeux doivent être lavés pour satisfaire à la législation. La pollution atmosphérique est piégée par lavage à l’eau et restituée sous forme d’effluents liquides. Ceux-ci sont peu concentrés et présentent des volumes relativement faibles. Ils sont traités en station de traitement. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 40 V – Bilan de pollution Avant de pouvoir respecter la législation, il est important de connaître l’ampleur du problème pour proposer des solutions. Contrairement à ce qui se passe lorsqu’un industriel commande une machine de production, dont il connaît à l’avance les caractéristiques en fonction de ses marchés, la plupart des industriels sont fort démunis pour savoir quel type de traitement ils doivent mettre en place pour résoudre un problème de pollution. En effet, généralement, les industriels n’ont qu’une vague idée des polluants qu’ils génèrent et des consommations d’eau qu’ils utilisent. Il est donc nécessaire de faire une étude approfondie que l’on appelle étude préalable au traitement des eaux. On peut dire qu’il existe deux types d’études: Les études pour les ateliers neufs Les études de mise en conformité. Pour les ateliers neufs, le projet est global, il prend en compte tous les aspects dans leur ensemble: Surface disponible Gammes de traitement Collectes des effluents Systèmes antipollution Station de traitement eau et air Gestion des déchets Pour les ateliers existants, la situation est différente dans la mesure où il est nécessaire de faire des aménagements sur de l’existant avec toutes les contraintes que cela occasionne. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 41 V.1. But des études Les études préalables au traitement des eaux ont pour buts essentiels: De connaître le plus exhaustivement possible les types de pollutions De quantifier la pollution De proposer des aménagements pour limiter les flux polluants De proposer des aménagements sur l’outil de travail pour limiter les consommations d’eau De prévoir les évolutions possibles de l’atelier Prévoir la nature et les caractéristiques des effluents après aménagements V.2. Prestations des chargés d’études La finalité d’une étude est la réalisation ultérieure d’une installation de traitement des eaux dans les meilleures conditions possibles. Pour cela elle constitue une base pour l’établissement d’un cahier des charges permettant la consultation d’entreprises spécialisées Afin que celles-ci puissent élaborer un projet satisfaisant, l’étude doit contenir un minimum d’informations. Pour cela le Syndicat des Industries de Matériels et procédés de traitement de surface (SITS) propose deux types de cahier des charges (Voir en annexe). MCC - Intervention IGEE – Année 2006 42 V.3. Réductions des consommations d’eaux L’eau est omniprésente dans un atelier de traitement de surface. Cependant les flux hydrauliques les plus importants proviennent des rinçages. Pour pouvoir quantifier les consommations d’eau encore faut-il pouvoir quantifier la qualité des rinçages. En effet, la plupart du temps, les débits de rinçage sont réglés arbitrairement par l’expérience, sans critère objectif de qualité. Cela conduit souvent à des consommations excessives sans commune mesure avec celles strictement nécessaires pour la réalisation d’une production de qualité. V.3.1. Rapport de dilution La qualité d’un rinçage peut se mesurer par un paramètre que l’on nomme le rapport de dilution (Rd). Celui-ci est égal au rapport de la concentration du bain sur la concentration dans le rinçage. On a: Rd = CB / CR Avec: CB CR : : concentration en produit du bain en g/l concentration du rinçage en produit du bain en g/l Par ailleurs, si l’on fait le bilan des masses entrantes et sortantes on a: Rd = Q / e Avec: Q e : : débit de rinçage en l/h entraînement en l/h D’où l’on tire: Rd = CB / CR = Q / e Lorsque l’on utilise des rinçages cascade à n postes on à: Rd = CB / CR = (Q / e)n MCC - Intervention IGEE – Année 2006 43 EXEMPLES DE VALEURS DE RAPPORTS DE DILUTION OPERATION VALEURS MOYENNES VALEURS EXTREMES PREPARATIONS 2 500 500 - 5 000 BAINS DE DEPOT 7 000 5 000 - 10 000 PASSIVATION 1 500 1 000 - 2 000 PHOSPHATATION 3 000 2 000 - 5 000 OXYDATION ANODIQUE 3 000 2 000 - 5 000 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 44 Voir pages suivantes la configuration des cuves pour la réalisation de tels rinçages. Plus le rapport de dilution est élevé, meilleur est le rinçage. La pratique montre qu’il n’est pas nécessaire de dépasser certaine valeur pour obtenir une qualité de rinçage acceptable en fonction des différents type de bains. Le tableau de la page précédente donne des exemples de valeurs couramment utilisées dans les ateliers. Il existe d’autres structures de rinçage qui permettent d’une part de piéger une partie de la pollution et d’obtenir des rapports de dilution permettant de réduire substantiellement les consommations d’eau. Le rinçage mort fonctionne sans renouvellement d’eau pendant un certain temps. Sa concentration croit au fil du temps. On se fixe une fréquence de vidange et l’on peut connaître en fonction du temps de fonctionnement sa concentration ; On a CRM = CB x (1 – e –E x T/V) Avec CB CRM E T V e : : : : : : concentration en produit du bain en g/l concentration du rinçage mort en produit du bain en g/l entraînement en l/h temps de fonctionnement du rinçage mort entre deux vidanges volume du rinçage mort exponentiel de base e On voit donc que lorsque le temps devient infiniment grand, la concentration du rinçage mort tend vers la concentration du bain, ce qui est intuitif. En fixant le temps de fonctionnement du rinçage mort, par exemple une vidange toutes les semaines, il est possible de calculer le rapport de dilution a la vidange. Si le rapport E x T / V est petit on a à la vidange : Rd = CB / CRM =( E x T / V) –1 Soit le rapport de dilution moyen : Rd moy = 2 x CB / CRM = 2 x V / (E x T) MCC - Intervention IGEE – Année 2006 45 Pour piéger une partie de la pollution, on peut aussi utiliser un rinçage “ ECO ”. Celui-ci est particulièrement indiqué sur les bains de dépôt. En effet il permet de piéger la moitié de la pollution. Son principe est simple. Les pièces sont immergées dans ce rinçage avant et après passage dans le bain de dépôt. Dans ce cas on a : CReco = CB / 2 Rd = CB / CReco = 2 Lorsque l’on restructure un atelier on peut utiliser une combinaison de ces différentes techniques pour réduire les consommations d’eau et les flux de pollution. Sachant que si l’on n’introduit pas de rinçage “ ECO ”, la charge polluante reste la même, mais que sa répartition entre le flux rinçage et le flux des bains usés est modifiée. VI.3.2. Réduction des consommations d’eau Nous avons précédemment vu comment il est possible de quantifier la qualité d’un rinçage. La plupart des ateliers qui ne satisfont pas aux critères de consommation d’eau fixés par l’arrêté du 26 septembre 1985 doivent être restructurés. Cela sous-entend qu’il est nécessaire de connaître avec précision les entraînements et les consommations d’eau. Pour ce qui est des consommations d’eau, il est toujours possible de faire des mesures in situ et de se recouper avec les décomptes des factures acquittées par l’industriel à son fournisseur d’eau. Par contre, l’entraînement est plus difficilement accessible. Il nécessite de nombreuses investigations et mesures pour permettre d’être apprécié avec suffisamment de précision. La méthode la plus simple pour sa mesure est la technique dite du rinçage mort. Lors d’une phase de production représentative, on bloque un rinçage courant pendant un temps donné, généralement après un bain de dépôt. A l’instant t0, un échantillon est prélevé lors de l’arrêt d’alimentation du rinçage courant. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 46 Après passage d’une quantité donnée de pièces dont la surface est connue avec une bonne précision, on prélève un échantillon au temps t1. Dans ces conditions, on a : E = (V / CB ) x (C1 – C0) / t Avec E V CB C1 C0 t : : : : : : entraînement en l/h volume du rinçage utilisé en rinçage mort concentration en métal du bain pris comme référence en g/l concentration en métal du rinçage au temps t1 en g/l concentration en métal du rinçage au temps t0 en g/l temps écoulé entre t0 et t1 en heures Connaissant la quantité de pièces traitées pendant le temps t, exprimée en m2, on peut calculer l’entraînement en l/m2, valeur caractéristique de la production. Dans le cas ou il n’est pas du tout possible de faire des mesures, par exemple pour un atelier neuf, les ratios communément retenus sont de 0,2 à 0,3 l/m2 de surface traitée. A noter que la surface prise en compte est la surface totale participant à l’entraînement, c’est à dire les pièces et leur support. Une fois l’entraînement déterminé, il convient de calculer les rapports de dilution existants à l’aide des formules citées précédemment, et ce pour chaque bain. Ensuite on les compare avec les valeurs habituellement retenues, et l’on analyse où il est possible de gagner en consommation tout en gardant des valeurs dans les fourchettes habituelles. On pourra proposer le changement des structures de rinçage existantes lorsque cela est possible par la mise en place de rinçage mort, éco, cascade double, triple, etc. Une fois ce travail effectué, on recalcule les consommations d’eau et on compare avec la consommation maximale autorisable de 8 litres par m2 de surface traitée et par fonction rinçage. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 47 V.4. Bilan de pollution Celui-ci doit être effectué avec le plus grand soin, car il détermine le choix des filières de traitement qui seront proposées. Il existe de nombreuses façons de faire le bilan pollution. Cependant, plus on a d’informations, plus il est facile de se recouper et d’éviter de graves erreurs. La première approche peut être effectuée à l’aide de la consommation annuelle de produits chimiques utilisés sur les chaînes de traitement de surface. Pour chaque produit utilisé, on cherchera à approcher au mieux sa composition et l’on sélectionnera les polluants éventuels (les produits sont vendus sous des appellations commerciales). On pourra éventuellement consulter les fournisseurs sur les compositions chimiques des produits avec tous les problèmes de confidentialité que cela peut poser. Il suffira ensuite de faire les sommes des quantités retenues pour obtenir le bilan de pollution annuel. Si les consommations des produits ne sont pas accessibles, on pourra partir des fréquences de vidanges des bains et des entraînements et faire la somme des quantités perdues dans les bains usés et dans les rinçages. Cela nécessite bien évidemment de connaître les chaînes de traitement avec la plus grande précision, notamment au niveau des gammes et des fréquences de vidanges des différents bains. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 48 VI – Notion de technologies propres Cette notion correspond à la mise en œuvre des actions de prévention à la source pour la réduction des pollutions. La mise en place d’un rinçage “ ECO ” en est un exemple. Il en existe d’autres. On trouvera deux types : La limitation des pollutions La limitation des débits par la mise en place de recyclage VI.1. Limitation des pollutions VI.1.1. Actions concernant les préparations Généralement sur les dégraissages on se contente de déshuiler les bains. En effet, ceux-ci se chargent d’huiles et de graisse qui sont générateurs d’une forte pollution organique conduisant à des DCO importante (DCO : demande chimique en oxygène). Les principales techniques utilisées sont : Le déshuilage statique La centrifugation Les procédés membranaires En fonction des caractéristiques de chaque bain, de ces conditions de fonctionnement, et du type de produit à dégraisser (huile entière, graisse, huile soluble, etc.) l’une ou l’autre technique sera choisie. Il est à noter que seuls des essais industriels sont à même de déterminer laquelle de ces techniques est la plus appropriée dans un contexte donné. Déshuilage statique Le déshuilage statique n’est efficace que si le bain n’est pas émulsifiant. On peut se rapprocher des fabricants de produits chimiques pour connaître la nature des produits utilisés. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 49 Ce procédé est rustique et simple et n’utilise que la gravité pour séparer la phase huileuse légère de la phase aqueuse sous-nageante . Déshuilage par disque Le déshuilage par disque fonctionne sur le principe de propriétés oléophiles de certains matériaux, il ne convient pas aux bains émulsifiants. Un disque en matériau spécifique est plongé dans le bain dont les éléments gras surnagent. Ceux-ci viennent se fixer sur la surface du disque qui est animé d’un lent mouvement de rotation sur son axe. Les matières grasses fixées sur le disque sont extraites par un jeu de bavette d’essuyage, et récupérées dans un récipient approprié. Elles constituent un déchets qu’il faut traiter ou valoriser à l’extérieur. Centrifugation La centrifugation utilise la gravité par la différence de densité liquide-liquide appliquée à grande vitesse de rotation (4000 à 9000 tours /minutes) On obtient deux déchets : Les huiles propres en partie supérieure Les boues en partie basse Le liquide propre est recueilli en partie centrale. En fonction de la vitesse de rotation, donc de l’accélération, il peut y avoir cassage des émulsions. De ce fait, cette technique convient à un grand nombre de bains. Le coût d’investissement par contre est assez important et en limite largement l’utilisation. Techniques membranaires Les techniques membranaires utilisent le décolmatage en continu d’un média filtrant en jouant sur les conditions de turbulences au contact du média. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 50 La filtration s’effectue parallèlement au média filtrant et permet de concentrer dans une boucle de circulation les particules indésirables (concentrat). La solution épurée (filtrat) retourne dans le bain, ce qui permet de maintenir des caractéristiques constantes dans le temps. Cette technique est très efficace, mais on s’aperçoit que le bain est très souvent déstabilisé et qu’il n’y a pas que les huiles et les graisses qui sont retenues. Une grande partie des tensioactifs est piégée dans le concentrat. Il faut donc procéder à des ajouts périodiques dans le bain et cela nécessite de fréquentes analyses. D’autre part, il est nécessaire d’adapter les membranes aux bains et aux huiles à traiter, d’où une certaine spécificité de la technique à chaque cas. Enfin, malgré l’abrasion de la couche colmatante en surface de la membrane, il y a toujours à terme un certain colmatage de celle-ci. Il est donc impératif d’effectuer un lavage. Celui-ci est très important pour pouvoir recouvrer le débit initial de la membrane. Tout ceci fait que la mise en place de cette technique est relativement restreinte compte tenu des différentes contraintes d’exploitation. Comme précédemment, le coût important d’investissement et d’exploitation en limite la diffusion. VI.1.2. Actions concernant les bains de dépôts Elles se limitent pour l’instant à la mise en place d’électrolyseurs sur les bains morts après dépôts métalliques. Le métal est récupéré sous sa forme métallique par passage d’un courant continu dans le rinçage mort. Il existe de nombreuses formes d’électrolyseur et le métal est récupérable soit sous forme de cathodes de section rectangulaire soit sous forme de billes. L’avantage de cette technique est que le métal peut être directement recyclé dans le circuit d’élaboration du métal proprement dit. L’inconvénient, et il est de taille, c’est qu’il n’y a pas de rentabilité économique pour les métaux communs. Seule la récupération de l’or est économiquement rentable. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 51 VI.1.3. Actions concernant les finitions Pas de recyclage disponible sur ce type de bains pour l’instant. Par contre, travail des fournisseurs de produits chimiques pour supprimer des éléments très toxiques tels que le chrome hexavalent et le remplacer par des sels moins toxiques VI.2. Limitation des débits par recyclage On dispose essentiellement de deux techniques performantes : Le recyclage par échangeur d’ions Le recyclage par évaporation. VI.2.1. Echange d’ions Les effluents doivent avoir une charge polluante faible. De ce fait cette technique est mise en place généralement sur des rinçages restructurés et après rinçage mort. Elle consiste à piéger les polluants sur des résines échangeuses d’ions. Les cations sont échangés contre des ions hydrogène et les anions contre des ions hydroxyles. De ce fait, on reconstitue de l’eau sous une forme très pure. A tel point que l’on peut suivre sa qualité uniquement par mesure de sa conductivité. Celle-ci est d’autant plus faible que l’eau est pure. L’avantage du procédé est que l’eau recyclée est de très bonne qualité, d’où une qualité de rinçage accrue. Par contre la capacité d’échange est limitée d’où des cycles de fonctionnement limités dans le temps qu’il convient d’apprécier au mieux pour éviter les catastrophes. Chaque cycle est caractérisé par les étapes suivantes : Echange Détassage des résines MCC - Intervention IGEE – Année 2006 52 Régénération Rinçage La régénération est effectuée par des solutions plus ou moins concentrées d’acide et de base, généralement l’acide chlorhydrique et la soude. Le résultat de la régénération est la production d’éluats qu’il faut ensuite traiter en tant que bains usés. L’inconvénient de cette technique est qu’il faut nécessairement restructurer l’outil de travail sous peine de gain de consommation d’eau infime. VI.2.2. Evaporation sous vide Le principe en est simple, on concentre la pollution par distillation des effluents. L’eau distillée est recueillie et recyclée. Le concentrat est traité en station comme bain usé ou traité à l’extérieur en centre de traitement agréé. Deux techniques sont actuellement sur le marché : La pompe à chaleur La compression mécanique de vapeur La technique par pompe à chaleur consiste en une récupération d’énergie par pompe à chaleur. Les effluents sont traités à faible température et faible pression. Un compresseur dans lequel circule un liquide calorigène permet, après compression, de chauffer le liquide à évaporer. Après avoir cédé une partie de ses calories, on le détend ensuite en partie haute de la chambre d ‘ébullition pour permettre la condensation des vapeurs. Il échange de nouveau des calories lors de la transition de phase gaz-liquide, et il est ensuite recomprimé pour un nouveau cycle. L’eau distillée est recueillie par l’intermédiaire d’une pompe à vide et dirigée hors de l’enceinte en dépression. La compression mécanique de vapeur travail à température de 90 °C sous une pression d’environ 650 mm de mercure. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 53 L’effluent à traiter est porté à ébullition par le distillat avec lequel il échange ses calories. Les vapeurs sont comprimées par un compresseur à buées qui les condensent avec un excès de calories qui seront de nouveau échangées pour réchauffer les effluents à traiter pour un nouveau cycle. Comme précédemment cette technique ne peut être envisagée sans restructuration de l’outil de production, les débits actuellement traités étant faibles (quelques centaines de litres par heure). D’autre part, le coût énergétique n’est pas négligeable et conduit à une limitation de la mise en place de cette technique. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 54 VII. Traitement des effluents en traitement de surface Le schéma le plus utilisé est le traitement au fil de l’eau ou circuit ouvert. Chaque traitement est réalisé en continu dans des réacteurs spécifiques pour chaque réaction chimique mise en jeu. Les réactions mises en jeu sont simples : Réaction d’oxydoréduction Réaction de précipitation Réaction de neutralisation Dans le cas de la précipitation, celle-ci est ensuite suivie par une étape de séparation physique. Les boues obtenues constituent le déchet, l’eau claire est ensuite rejetée. VII.1. Principes généraux de traitement Le premier principe est la séparation des réseaux d’effluents en fonction de leurs compatibilités chimiques. Sur les rinçages on distinguera au minimum deux réseaux : Les rinçages acides et chromiques Les rinçages alcalins et cyanurés S’il est possible de séparer plus précisément, on aura : Les rinçages cyanurés Les rinçages chromiques Les rinçages acido-basiques MCC - Intervention IGEE – Année 2006 Cette séparation n’est pas exhaustive, elle peut être plus compliquée, en fonction des produits utilisés. On pourra trouver : Des rinçages avec complexants Des rinçages avec nitrites, hypophosphites, fluorures, etc. Des rinçages avec cadmium On trouvera le même schéma de séparation pour le stockage des bains usés. 55 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 56 VII.2. Réactions mises en jeu et mise en œuvre industrielle VII.2 .1. Décyanuration La décyanuration la plus utilisée est l’oxydation par l’Eau de Javel. On distingue deux réactions chimiques : Une oxydation Une hydrolyse L’oxydation peut être symbolisée par la réaction suivante : H2O + CN- + ClO- => CNCl + 2 OHCette réaction est quasi instantanée et indépendante du pH. Elle implique un saut de potentiel important qu’il est possible de suivre à l’aide d’électrode de potentiel redox. L’hydrolyse est la suivante : CNCl + 2 OH- => CNO- + Cl- + H2O Cette réaction par contre est dépendante du pH : pH = 9, 0 la réaction est incomplète pH = 10,5 la réaction est complète en 35 minutes environ pH = 12,5 la réaction est complète en 15 minutes Dans la pratique on compte un temps de contact d’environ une heure. Seul CN- est oxydé. Par contre dans les bains, il y a présence de complexes métallocyanurés dont les temps de réaction sont plus importants. Plus le complexe est stable, plus le temps de réaction est long. Par exemple, pour la décyanuration d’effluents issus d’argentage cyanuré, il faut compter au moins deux heures de temps de contact. Si la stabilité est trop importante, il n’est pas possible de traiter (nickel par exemple). La mise en œuvre industrielle est simple. Elle nécessite le matériel suivant : MCC - Intervention IGEE – Année 2006 57 Une cuve de traitement Un agitateur Une mesure de pH Une mesure de potentiel rédox Les réactifs et leur système d’injection Un excès d’oxydant sera maintenu pour éviter la présence de cyanures. Celui-ci sera déterminé lors de la mise en service de l’installation. En effet, compte tenu de la complexité des compositions des effluents à traiter, il est impossible de fixer à l’avance le potentiel d’oxydoréduction de la réaction. Cette donnée n’est accessible que sur le terrain. En pratique, on compte environ 20 litres de solution commerciale d’eau de javel consommés pour traiter un kilogramme de cyanure sous forme CN-. Il existe d’autres procédés de traitement des cyanures, on peut citer pour mémoire : L’oxydation par l’eau oxygénée L’oxydation par les persulfates de sodium ou de potassium L’oxydation par l’acide de Caro (H2SO5) La précipitation par le fer sous forme de ferro ou ferricyanure de fer Ces procédés sont marginaux par rapport à l’oxydation par l’Eau de Javel. VII.2 .2. Déchromatation La déchromatation la plus utilisée est la réduction par le bisulfite de sodium en milieu acide. La réaction chimique est la suivante : 2 CrO42- + 3 NaSO3 + 10 H+ => 2 Cr3+ + 3 NaHSO4 + 5 H2O Cette réaction est quasi instantanée à pH 2,5. Elle implique un saut de potentiel important qu’il est possible de suivre à l’aide d’électrode de potentiel redox. Dans la pratique on compte un temps de contact d’environ 20 minutes. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 58 La mise en œuvre industrielle est simple. Elle nécessite le matériel suivant : Une cuve de traitement Un agitateur Une mesure de pH Une mesure de potentiel rédox Les réactifs et leur système d’injection Un excès de réducteur sera maintenu pour éviter la présence de chromates. Celui-ci sera déterminé lors de la mise en service de l’installation pour les même raisons que précédemment En effet, compte tenu de la complexité des compositions des effluents à traiter, il est impossible de fixer à l ‘avance le potentiel d’oxydoréduction de la réaction. Cette donnée n’est accessible que sur le terrain. En pratique, on compte environ 10 litres de solution commerciale de bisulfite consommés pour traiter un kilogramme de chrome sous forme CrO42-. Il existe d’autres procédés de traitement des chromates, on peut citer pour mémoire : La réduction par le fer métallique (procédé ACTIMAG) La réduction par le fer ferreux en milieu acide Ces procédés sont marginaux par rapport à l’oxydation par l’Eau de Javel. VII.2 .3. Neutralisation Le terme de neutralisation est ici impropre, mais a été consacré par l’usage. Il s’agit en fait de provoquer la précipitation des métaux, des fluorures et des phosphates et d’ajuster l’équilibre acide-base de la solution. Les réactifs mis en jeu sont la soude ou la chaux pour l’alcalinisation et les acides sulfurique et chlorhydrique pour l’acidification si nécessaire. En ce qui concerne la précipitation des métaux, la réaction type est la suivante : Mé 2+ + 2 OH- => Mé(OH)2 MCC - Intervention IGEE – Année 2006 59 On provoque l’apparition d’hydroxydes métalliques qui ont une solubilité limitée dans l’eau. Cependant, cette solubilité est influencée par le pH du milieu. D’autre part, la solubilité de chaque hydroxyde n’est pas identique ce qui complique les choses lorsque plusieurs métaux sont présents. Les tableaux des pages suivantes donnent un aperçu des courbes de précipitation des différents métaux en fonction du pH du milieu. Pour la précipitation des fluorures et des phosphates les réactions sont les suivantes : 2F - + Ca 2+ => CaF2 HPO4 2- + Ca 2+ + 2 H2O => CaHPO4 . 2 H2O D’un point de vue théorique, ces réactions ne sont pas dépendantes du pH. Cependant dans la pratique, il est nécessaire d’avoir un pH légèrement alcalin pour obtenir des bonnes conditions de précipitation. Le calcium nécessaire à ces deux réactions provient de la chaux, mais cela suppose que l’effluent à neutraliser est acide et d’autant plus acide qu’il y a des fluorures et des phosphates. Dans le cas de solutions alcalines, il peut y avoir intérêt à traiter avec un autre réactif comme le chlorure de calcium. Les réactions de précipitation sont généralement lentes. Dans la pratique on compte un temps de contact minimum de 30 minutes. La mise en œuvre industrielle est simple. Elle nécessite le matériel suivant : Une cuve de traitement Un agitateur Une mesure de pH Les réactifs et leur système d’injection VII.2 .4. Floculation La floculation n’est pas une étape chimique à proprement parler. En effet, après neutralisation, les effluents traités se présentent sous la forme d’une suspension dans l’eau. Si, on abandonne cette suspension au repos, les particules solides qui la composent vont sous l’influence de la gravité se rassembler dans le fond du récipient. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 60 On obtient deux phases : - un liquide surnageant plus ou moins clair - une boue liquide Pour obtenir un surnageant clair et limpide, le temps de repos doit être très long. Ce qui impliquerait des ouvrages industriels très importants. Pour augmenter la vitesse de sédimentation et donc réduire la taille des ouvrages d’art, on utilise un produit floculant. C’est un polymère organique hydrosoluble employé entre 1 et 10 g par mètre cube d’effluent traité. Son rôle est d’agglomérer les particules en suspension de façon à créer des flocs, particules suffisamment grosses pour avoir une vitesse de décantation maximale. Il existe 3 catégories de floculants : - Non ioniques - Anioniques - Cationiques Ils se présentent sous 3 formes : - Liquides - Solides - Emulsions Compte tenu des différents degrés de cationicité et d’anionicité possible, il existe plusieurs dizaines de références possibles. Les plus utilisés en traitement de surface sont les floculants anioniques. La réaction de floculation est généralement lente. Dans la pratique on compte un temps de contact minimum de 20 minutes. La mise en œuvre industrielle est simple. Elle nécessite le matériel suivant : Une cuve de traitement Un agitateur Un poste de préparation et son système d’injection A noter que l’injection est volumétrique quelle que soit la charge en boues, ce qui nécessite de régler l’injection avec un léger excès de façon à parer à tout manque. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 61 VII.2 .5. Décantation Le but de la décantation est de séparer les particules floculées par action de la gravité. La vitesse limite de décantation dépend de la taille de la particule, de sa densité et de celle du liquide dans lequel elle se déplace. Elle est aussi influencée par le régime hydraulique régnant dans le décanteur. Celui-ci doit obligatoirement être laminaire. Si l’on considère un récipient de forme parallélépipédique de section S et de hauteur H, et un effluent de débit Q, pour constituer un décanteur, il suffit que toutes les particules entrantes se retrouvent pendant le temps de séjour au fond du récipient. Dans ces conditions on a : Vs = H / t Avec : - Vs : vitesse de sédimentation - H : hauteur du récipient et longueur du trajet des particules - t : temps de sédimentation Par ailleurs, le temps de séjour nous est donné par : t=V/Q Avec : - V : volume du décanteur - Q : débit à traiter D’où l’on tire la relation : Vs = H / (V/Q) Or on a aussi : V=SxH MCC - Intervention IGEE – Année 2006 62 D’où : Vs = Q / S On voit donc que la caractéristique principale d’un décanteur est sa surface et non pas son volume ou sa forme. La vitesse de sédimentation Vs est connue de manière empirique par expérience. Les valeurs habituellement retenues sont les suivantes : - Hydroxydes métalliques sauf aluminium : - Hydroxyde d’aluminium : - Autres sédiments (phosphates, fluorures) : Vs = 0,7 m/h Vs = 0,5 m/h Vs = 0,6 m/h Dans la pratique, il existe plusieurs types de décanteur : - décanteur cylindro-conique - décanteur plan avec ou sans raclage - décanteur lamellaire avec ou sans raclage La mise en œuvre est simple, elle consiste à relier hydrauliquement l’appareil à la cuve de floculation et prévoir une évacuation des boues dans une cuve prévue à cet effet. L’eau claire débarrassée des matières en suspension sera dirigée soit vers le rejet via un poste de contrôle final, soit vers un traitement de finition si besoin est. VII.2 .6. Contrôle final Ce poste est indispensable pour juger des performances du procédé et des matériels mis en œuvre. Il est imposé par la législation (article 4 de l’arrêter du 26 septembre 1985). Il doit permettre de mesurer le débit et le pH en continu et de constituer un échantillon représentatif des rejets pour analyses des paramètres polluants. La mise en place de ce poste est primordiale et doit retenir toute l’attention du concepteur car c’est à partir de l’analyse des données qu’il fournit que l’on apprécie les performances de l’installation. La fréquence des analyses est réglementée et est imposée par l’arrêté d’autorisation émanant de la préfecture (loi du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement). MCC - Intervention IGEE – Année 2006 63 VII.2 .7. Traitement des boues Les boues récupérées dans le fond du décanteur ont une concentration de l’ordre de 20 à 50 g/l. Elles constituent un déchet liquide dont le volume est important. Pour limiter celui-ci, il convient de le concentrer. Pour cela on utilise un système de filtration sous pression à l’aide d’un filtre-presse. Les boues sont concentrées sous forme de gâteaux solides. Les concentrations obtenues vont de 30 à 40 % selon le type de boues et leur conditionnement. Ces boues déshydratées constituent un déchet ultime qui sera stocké dans une décharge de classe 1 en attendant qu’il puisse être éventuellement valorisé si c’est possible dans les temps futurs. La mise en œuvre industrielle du traitement des boues est simple. Elle nécessite le matériel suivant : Une cuve de stockage des boues Une pompe haute pression à variation de débit Un filtre-presse Le filtrat sera obligatoirement dirigé en tête de station pour palier un éventuel défaut de filtration du système. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 64 VII.3. Autres types de dépollution VII.3.1. Traitement discontinu par bachée Lorsque les volumes à traiter sont faibles, il peut être judicieux d’effectuer un traitement par bachée. Tous les traitements sont effectués dans une même cuve successivement les uns après les autres, en fonction des compatibilités chimiques des effluents présents. Cette solution permet de minimiser les équipements et de mieux maîtriser les rejets et présente une surface au sol plus faible qu’une installation au fil de l’eau classique. VII.3.2. Traitement extérieur Pour les très faibles volumes il peut être intéressant de sous traiter la pollution à une entreprise extérieure spécialisée dans ce genre de prestation. Les coûts sont généralement élevés mais une étude technico-économique démontrera facilement le bien fondé de cette solution. Le recours à un prestataire de service peut aussi être rendu nécessaire par la difficulté de traitement de certains effluents à un coût raisonnable in situ. Ce peut être le cas notamment pour certains bains tels que bains chimiques, bains contenant des complexants, des réducteurs ou des oxydants puissants. Ceux-ci sont traités la plupart du temps en dilution avec d’autres effluents ce qui permet de contourner les difficultés de traitements spécifiques qui peuvent apparaître dans une installation de faible capacité. Les sociétés de traitement spécialisées sont amenées à traiter des milliers de mètres cubes d’effluents par an. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 65 VIII - Exploitation des systèmes épuratoires L’exploitation d’un système épuratoire doit se faire dans le strict respect des consignes du fabricant. Cependant, au-delà de cette banalité, il est nécessaire de connaître les points faibles d’une installation pour parer à toute éventualité. Bien que les matériels utilisés soient fiables et industriels, ils ne peuvent donner leurs pleines performances que si leur exploitation est optimum. Pour cela il est nécessaire d’avoir un personnel formé, capable de prendre les initiatives adéquates pour limiter les dérives ou palier à tout aléa. A priori, ces consignes semblent logiques et fondées, cependant, dans la pratique on s’aperçoit que, dans la majorité des cas, la station est gérée par du personnel non qualifié. Cela est essentiellement dû au fait que dans les mentalités, une station coûte de l’argent et n’en rapporte pas, donc elle doit être gérée à moindre frais. Cette approche minimaliste peut avoir des conséquences gravissimes et peut conduire à des catastrophes écologiques sans parler des conséquences économiques et sociales en cas de pollution accidentelle grave. Pour limiter les problèmes il est indispensable de respecter les débits hydrauliques de l’installation. L’autre point important est la maîtrise des flux polluants. Une installation est calculée pour fonctionner dans des limites acceptables. Tout dépassement crée des conditions qui sont susceptibles d’entraîner des perturbations dans les réactions chimiques et donc des contre-performances. Les organes les plus sensibles sont les électrodes de pH et de rH. Celles-ci doivent être en parfait état de fonctionnement. Un programme d’étalonnage à période fixe permettra de prévenir de dérives importantes. L’approvisionnement de pièces de rechange de première urgence est un gage de bonne gestion des matériels. La mise en place par le constructeur d’un système d’alarme efficace en cas de dépassement de seuils ou de consignes permet une intervention rapide limitée dans le temps. La contrainte administrative de contrôle des rejets permet de noter les performances du système et donc de déceler tout défaut de traitement et d’en tirer les conséquences nécessaires. Une gestion rigoureuse des consommations de réactifs fixe les conditions de fonctionnement en régime stationnaire. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 66 Toute dérive devra attirer l’attention et donner lieu à investigation pour en connaître les raisons. Enfin la tenue d’un cahier d’exploitation sur lequel est consigné un maximum de données constitue un historique précieux pouvant donner lieu à interprétation. MCC - Intervention IGEE – Année 2006 67 IX – Organigrammes de quelques traitements IX. 1. Déchromatation Bains usés Rinçages chromiques chromiques Stockage bains usés chromiques Reprise Stockage bisulfite de sodium Déchromatation Reprise avant neutralisation Stockage acide sulfurique MCC - Intervention IGEE – Année 2006 68 IX.2. Décyanuration Bains usés cyanurés Rinçages cyanurés Stockage bains usés cyanurés Reprise Stockage Eau de Décyanuration Javel Reprise avant neutralisation Stockage soude MCC - Intervention IGEE – Année 2006 69 IX.3. Précipitation et insolubilisation des métaux Bains usés acides Rinçages acido-basiques Bains usés alcalins Reprise Préparation de lait de Neutralisation Stockage acide sulfurique chaux Préparation de Floculation floculant Filtrat vers reprise Reprise des boues liquides Décantation Déshydratation des boues Reprise avant neutralisation Boues déshydratées vers décharge agrée Eaux de lavage Filtration vers reprise avant neutralisation Neutralisation finale Contrôle final Rejet R e j e t MCC - Intervention IGEE – Année 2006 70 IX.4. Rejet zéro sur site Rinçages faibles débits, bains usés acides, alcalins, chromiques Stockage Acide sulfurique Filtrat vers reprise en tête de station Déchromatation Bisulfite Neutralisation Soude Floculation Floculant Stockage boues Décantation Filtre-presse Reprise Boues déshydratées Vers traitement extérieur Evaporation Stockage distillat Pour recyclage Concentrat Vers traitement extérieur