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Lntroduction : Depuis le début de la crise financière apparue à la mi-2007 aux États-Unis, les pays
développés connaissent un ralentissement important de leur croissance économique. Mesuré par le taux
de croissance du PIB réel, ce ralentissement fait craindre une remontée du chômage dans les pays déve-
loppés. Un tel ralentissement illustre l'interdépendance croissante des économies en raison du
développement de la mondialisation et du rôle croissant d'un acteur majeur: les firmes transnationales
(FTN).
Détenant de multiples filiales dans de nombreux pays, la FTN suscite, dans nos pays « riches », des
espoirs (lorsqu'elles investissent dans les pays développés) mais aussi des peurs (celle de la
désindustrialisation) et souvent de l'incompréhension (pourquoi licencier alors que les profits sont
«énormes»?). Finalement, dans quelle mesure ces craintes sont-elles fondées? Quel tableau dresser de
leur action ?
Les FTN peuvent effectivement avoir un impact négatif sur la croissance des pays développés (I). Mais
elles peuvent aussi consolider la croissance et l'emploi dans les pays riches (11).
I/ Des effets parfois négatifs sur la croissance des pays développés -
Présentation: Les stratégies des FTN ont parfois un impact négatif sur l'emploi et donc, indirectement, sur
la croissance économique (A). Elles ont aussi, dans certains cas, un impact macroéconomique plus direct
sur la croissance (B).
A. Destructions d'emplois et affaiblissement de la croissance économique
1. Des délocalisations...
Dans le cadre de leur stratégie mondiale, globale, les FTN investissent directement à l'étranger (IDE) afin
de prendre le contrôle d'une entreprise ou d'en créer une. Les IDE, qui ont beaucoup augmenté depuis les
années 1990 (doc. 2), sont parfois, mais pas toujours, synonymes de délocalisations lorsqu'une FTN ferme
une unité de production dans le pays d'origine afin d'en ouvrir une autre dans un pays où les coûts de
production sont beaucoup plus faibles. C'est le cas des filiales-ateliers créées par les FTN dans les pays à
bas coûts salariaux, filiales-ateliers qui, dans le cadre d'une délocalisation, sont à l'origine de
licenciements dans le pays d'origine.
2.... au ralentissement de la croissance économique
Conséquence de ces délocalisations, les FTN réalisent parfois une faible part de leur activité et de l'emploi
dans leur pays d'origine. Ainsi, le groupe britannique Vodafone ne réalise que 19,8 % de son emploi total
au Royaume-Uni (doc. 3). Les délocalisations sont à l'origine de licenciements dans le pays d'origine,
licenciements à l'origine d'une hausse du chômage et d'un affaiblissement du pouvoir d'achat. Cet
affaiblissement du pouvoir d'achat a logiquement un impact négatif sur la consommation et donc sur la
croissance économique. Parfois à l'origine de véritables « déserts industriels» , les délocalisations
ralentissent donc la croissance du PIB.B.
B. Les IDE: un «substitut» aux échanges qui touche directement a croissance économique
1. «L'usine est devenue globale» (doc. 6)
Acteur majeur de la mondialisation actuelle, les FTN localisent désormais « les différents éléments de la
chaîne de valeur dans les économies proposant les meilleures conditions de production» (doc. 1). Ces IDE,
qui sont à l'origine d'une forte augmentation du commerce intrafirme, sont parfois un «substitut aux
échanges» si les exportations du pays d'origine (la France, par exemple) sont remplacées par un surcroît
de vente de la part de la filiale implantée à l'étranger par la FTN française (toujours pour prendre
l'exemple de la France). L'entreprise, devenue « globale» , met ainsi au point une stratégie de
rationalisation qui ignore les frontières.
2. Les risques pour la croissance économique
Ainsi, en cas de substitution aux échanges, <,le niveau d'activité dans le pays d'origine en sera affecté et
avec lui l'emploi dans la branche concernée» (doc. 6). Cette réduction de l'activité a un impact négatif sur
la croissance économique, souvent sur l'emploi; et un véritable cercle vicieux de la croissance risque
d'apparaître, où l'IDE nourrit l'affaiblissement de la croissance, celui-ci entraînant une réduction de
l'emploi qui, en retour, accentue encore la réduction de l'activité économique. Risque d'autant plus grand
que, sur la période récente, les sorties d'IDE ont, pour les pays développés, excédé les entrées d'IDE (doc.
5).
Transition: Cependant, si les risques liés à la stratégie globale des FTN s'avèrent incontestables, celles-ci
peuvent néanmoins avoir un impact positif sur la croissance économique.
II/ Un atout possible pour la croissance et l'emploi des pays développés