contemporaine du développement devrait s’appuyer. Il peut être important également de se
demander ce qui dans une argumentation « anti-mondialisation » mal comprise, pourrait
donner prise à de telles proximités
Pour essayer de cerner plus précisément les enjeux théoriques et politiques de ces
controverses, on commencera par présenter les différentes sensibilités regroupées autour de la
thématique du refus du développement, leurs filiations et leurs prolongements actuels, ainsi
que les différentes thématiques que croise l’antidéveloppement. On tentera ensuite d’effectuer
un classement des principales propositions théoriques mises en avant par ces auteurs depuis
leur apparition jusqu’à aujourd’hui, en examinant pour chacune d’entre elles quels sont leurs
enjeux et leurs arrière-plans.
N.B. Pour lancer ce débat, je tiens à préciser d’ « où je parle », selon une expression consacrée. Mon point de
vue est triple :
- une démarche d’économiste critique du développement, consciente de la nécessité de refonder collectivement
une nouvelle hétérodoxie du développement, mais qui ne ferait pas forcément table rase de tout ce qui s’est écrit
il y a trente ou quarante ans, disqualifié par les rapports de force sociaux et internationaux plus que par des
arguments théoriques….
- un refus de l’anti-économisme et des illusions de la fin du travail, et l’affirmation de la nécessité d’une autre
conception de l’économie, contre la « pensée unique ».
- une opposition féministe de principe, affirmant l’universalité des droits.
1/ De quoi s’agit-il ?
1.1/ Les thèses du «refus du développement » : auteurs, institutions
1.1.1/ François Partant (1926-1987) est souvent considéré, du moins dans les pays
francophones, comme le fondateur de ce courant. Il est l’auteur de La Guérilla économique,
1976, Que la crise s’aggrave, 1978,
Le Pédalo Ivre, 1980, La fin du développement,
naissance d’une alternative ? (1982, réédition 1997), La Ligne d’horizon, 1988, Cette crise
qui n’en est pas une, 1994 et d’une série de films. Il existe une association, « La ligne
d’horizon - les amis de François Partant », (dont Serge Latouche est le président) qui se donne
pour objectif de promouvoir ses analyses. Un récent colloque sur « l’après développement lui
a rendu hommage (cf Annexe 2)
1.1.2/ Le promoteur le plus actif de ces théories est Serge Latouche, économiste et
philosophe : Faut-il refuser le développement, 1986, L’occidentalisation du monde, essai sur
la signification, la portée et les limites de l’uniformisation planétaire, 1989, La
Mégamachine, dans son versant « critique » qu’on peut résumer par cette phrase : « Si le
développement, en effet, n'a été que la poursuite de la colonisation par d'autres moyens, la
nouvelle mondialisation, à son tour, n'est que la poursuite du développement avec d'autres
moyens ».
; La planète des naufragés, essai sur l’après-développement, L’autre Afrique,
entre don et marché), dans son versant d’exploration d’ «alternatives ». On trouve aussi sur
les mêmes thèmes différents articles dans la Revue Tiers-Monde, (notamment la coordination
d’un n° spécial sur la notion de développement), dans l’Homme et la Société, dans le Monde
diplomatique dont un très récent résumant tous les arguments du refus du développement
(«Pour en finir une fois pour toutes avec le développement », juin 2001.).
vient d’être réédité avec une préface José Bové et une postface de Serge Latouche.
Colloque international: «Défaire le développement. Refaire le monde», Du 28 février au 3 mars 2002, à Paris,
organisé par La ligne d'horizon, Le Monde diplomatique, avec le soutien de l'Unesco,
Le développement n'est pas le remède à la mondialisation, c'est le problème!
Par Serge Latouche, Professeur émérite à l'université de Paris-Sud.