A la suite de Jésus Mgr Lacrampe5

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Pèlerinage de la Famille Franciscaine
14-17 mai 2015
Vendredi 17 mai 2015
14h30 Cité saint Pierre Padre Pio
Conférence : "A la suite de Jésus, pour une église qui réchauffe les cœurs
« Pour une Église qui réchauffe les cœur ».
Telle est méditation au milieu de vous. « Réchauffer les cœurs », voilà un beau programme !
On raconte qu'un visiteur s'est rendu en Grèce dans un monastère du Mont Athos. Il frappe à
l'Hôtellerie du monastère. Un moine l'accueille. Dans la conversation, le moine interroge le
visiteur et lui demande : « Comment va le monde ! » Et le visiteur de répondre : « Le monde
va mal ! » Il décrit à grands traits quelques situations de précarité, de pauvreté, de solitude,
d'absence de liberté religieuse, le terrorisme, le drame des migrants en mer Méditerranée...
Le moine de reprendre la parole et de dire au visiteur : « Le monde nous est confié par le
créateur pour l'aménager. Le ressuscité nous fait don de de son esprit de lumière et de force. Il
nous donne son souffle afin de porter la vie et l'espérance autour de nous. »
Nous voilà donc les uns et les autres au cœur du monde, animés de la foi au Christ pour faire
de la miséricorde le moteur de la relation entre nous, pour mener l'exercice de l'amour et du
pardon selon le cœur de Dieu, pour nous engager sur le chemin de la paix et de la justice, pour
bâtir la fraternité et être semeur d'espérance, pour être des témoins authentiques de la joie de
l’Évangile, pour être dans nos communautés, nos mouvements, une Église qui réchauffe les
cœurs.
Dans l’Évangile, nous voyons le Christ qui réchauffe les cœurs. Il console les affligés. Il
relève les faibles. Il porte la parole de réconfort. Il libère l'humanité du mal. Il invite à être des
artisans de paix, des acteurs de miséricorde, des professionnels de l'espérance.
Si nous faisons mémoire de la vie et du message du Christ en Église, c'est bien pour être
envoyés pat lui afin de témoigner de sa vie et partager tous les signes de vie, d'espérance, de
fraternité qui fleurissent sur nos routes.
1- Dans son exhortation apostolique "la joie de l’Évangile", le pape François plaide pour que
nous ayons des paroles qui font "brûler les cœurs" (N°142), pour que l'église soit une mère au
"cœur ouvert", aux "portes ouvertes" (N°45-47-49)
Une "église qui réchauffe les cœurs" est une de ses expressions que j'ai relevé dans un
interview du pape François, dans une revue Jésuites.
"Les ministres de l’Évangile, écrit-il, doivent être des personnes capables de réchauffer les
cœurs des personnes, de cheminer dans la nuit avec elles, de savoir dialoguer."
A Lourdes, nous sommes rassemblés, malades et bien portants, hospitaliers et hospitalières,
chacun de vous ayant sa responsabilité dans le souci de tous. L'ensemble du monde médical,
professionnels et bénévoles, malades et familles, est donc présent dans cet entretien.
Au cours de ce cette après midi de prière et de réflexion, sont associés tous les
accompagnants, les personnes soignantes, sans oublier les chercheurs, les participants à la
réflexion éthique, afin que l'œuvre de promotion et de défense de la vie soit toujours plus
efficace et féconde.
1
Sont présents tous ceux et celles qui œuvrent pour que soient première la qualité du "prendre
soin", le respect de toute personne humaine dans ses fragilités, et que soient manifesté
pleinement l'amour qui est don de Dieu.
2- Les Sanctuaires de Notre-Dame de Lourdes sont un des lieux de pèlerinage le plus
important dans le monde à accueillir les malades...autour de 70000 malades chaque année !
Ils viennent avec les pèlerinages diocésains ou dans une démarche plus spécifique, comme le
pèlerinage Cancer Espérance, le pèlerinage des aveugles et mal-voyants avec le mouvement
« Voir ensemble », le pèlerinage des parkinsoniens...
Nombreux sont ceux et celles qui consacrent chaque année une semaine de leur temps et de
leurs forces à exercer la tâche d'Hospitaliers (res), dans une démarche de solidarité et de
fraternité avec les malades. Ils manifestent ainsi une offrande spirituelle partagée avec vous,
les malades, ceci en réciprocité.
J'ai observé, lorsque les petites voitures s'approchent de la grotte, ou lors d'une procession,
une mystérieuse communion relie les malades de celles et ceux qui vous prennent en charge.
Un climat de prière rassemble malades et soignants.
Jésus nous met toujours en situation missionnaire, appelés à vivre des gestes d'amour, et
d'attention, de compassion et de partage. Là ou il y a l'amour, là est Dieu.
Le Seigneur nous demande d'être "sel de la terre et lumière du monde" (Mt. 5,13-16)
Voilà, dans ces gestes d'attention, une lumière, une espérance qui rendent gloire à Dieu.
Si les traitements médicaux ont beaucoup d'importance pour soulager, guérir, vous ne
manquez pas, vous, les malades et vos proches, dans une démarche de foi, de vous tourner
humblement vers Dieu.
Nous allons de l'avant, chacun à, son rythme. Nous savons que nous pouvons nous accrocher
à Dieu, Dieu fidèle à travers le temps et au cœur de nos vies.
3- A la suite du Christ, l'église a toujours été présente aux souffrants.
Aujourd'hui encore, le Christ continue d'opérer des guérisons spirituelles et aussi physiques,
par le sacrement de l'Onction des malades.
Quels sont les fruits du sacrement de l'onction des malades ? :
 Le réconfort, la paix, le courage pour supporter la maladie, le vieillesse.
 Le rétablissement de la santé dans certains cas.
 La contemplation du Christ qui se fait proche.
 La préparation au passage de la vie éternelle.
Oui, le Christ, continue par l'église ce qu'il faisait pendant son ministère sur les routes de
Galilée.
N'oublions pas d'ouvrir l’Évangile et de regarder les faits et gestes de Jésus: ses rencontres
personnelles avec les blessés de la vie, nous font progresser dans la connaissance que nous
avons de lui.
Les quatre évangélistes nous dévoilent son attitude, très soucieux de la santé des personnes
qu'il rencontre.
L'évangéliste Matthieu note avec précision ses dons de guérisseur et d'exorciste.
Les récits de guérisons miraculeuses représentent la plus grande partie du chapitre 8
Matthieu est ici un annonciateur de la Bonne Nouvelle du Salut.
Le début du chapitre 8 pointe 3 guérisons montrant un Jésus Sauveur et réconciliateur.
2

Tout d'abord, la rencontre de Jésus avec le lépreux (Mt.8,1-4)
Nous pouvons observer cette rencontre inattendue entre Jésus et cet homme atteint par la
lèpre, maladie repoussante et très invalidante. Le Pape François parle dans son Exhortation la
« Joie de l'Evangile » des "périphéries géographiques et existentielles". Nous sommes invités,
à la suite du Christ, à aller à la rencontre des blessés de la vie.
Souvenons-nous de saint François d'Assise. Sa rencontre du lépreux a été une étape très
déterminante dans sa conversion. Il s'est engagé, après ce baiser au lépreux, à se rendre
proche des souffrants, des exclus...
Ce récit de l'Evangile en saint Matthieu est dépouillé au maximum en gommant le plus
possible les personnages secondaires.
La foule qui suit Jésus est reléguée au second plan.
C'est là un style différent de Marc et de Luc qui relatent également l'évènement. (Cf. Mc.1,
40-45). (Lc.5,12-16) Il est dit "De grandes foules accouraient pour l'entendre et se faire guérir
des maladies ».
Ici l'attention de Jésus se porte principalement sur cet homme, il le rejoint, le console.
C'est un malade qui refuse son exclusion, c'est un paria qui ose s'octroyer un passage pour
s'approcher de Jésus. "Voici qu'un lépreux s'approcha et se prosterna devant lui et dit:
"Seigneur si tu le veux, tu peux me purifier".
malgré sa maladie qui le rend impur, parce que considérée comme un châtiment divin, un
échange personnel s'instaure entre Jésus et lui.
Le dialogue s'installe d'emblée dans la confiance car l'objet principal de ce récit c'est la foi.
Le demandeur ne parle pas de guérison mais de purification. "Tu peux me purifier".
C'est sa foi qui le sauve, qui le libère de son mal, de sa maladie qui l'empêche d'être un
homme digne et respectable.
Par son autorité divine, Jésus redonne à ce croyant un état de santé dans son intégralité. "Je le
veux, sois purifié" dit Jésus.
Il lui accorde non seulement la guérison physique mais aussi le rétablissement de sa vie
sociale et religieuse, c'est la réintégration dans la communauté.
Pour Jésus, seule la relation de confiance et d'amour compte.
Il se noue entre Jésus et cet exclu réhabilité, une relation de confiance et d'amour... mais audelà de cet homme, c'est entre les hommes et Jésus que se nouent cette relation de confiance
et d'amour.
On constate ainsi que Dieu apporte souvent la guérison intérieure spirituelle avant celle d'une
guérison physique, comme si cette première étape était nécessaire avant la deuxième.
Face à la maladie, Dieu n'apporte pas forcément la guérison physique. Il peut opérer toutefois
une guérison intérieure dans le cœur de chacun.
Lors du pèlerinage Lourdes Cancer Espérance, que j'ai présidé en 1989, une dame de me dire
à la grotte : "je ne demande pas la guérison mais l'espérance, la confiance, la sérénité".
Qu'est-ce qu'une guérison intérieure ?
Il s'agit d'une certaine pacification intérieure par l'acceptation de ses propres faiblesses.
Vous pouvez constater comme moi, qu'un certain nombre de personnes se sont engagées à la
suite d'une maladie, ou dans la maladie, sur ce chemin de conversion spirituelle.
(Je pense à cette rencontre avec le Dr Veuillot, médecin au pèlerinage de Besançon, victime
3
d'un AVC. Il est aujourd'hui dans une phase de rééducation longue. Il m'a exprimé son
chemin de foi : "Nul ne peut atteindre l'aube s'il n'a trouvé les chemins de la nuit ») Le
Docteur Veuillot, qui a longtemps accompagné les malades est aujourd'hui au milieu des
malades, faisant une véritable expérience spirituelle.
Chers amis, qu'est-ce que nous pouvons apporter aux personnes malades ?
- Par notre présence et notre prière, nous pouvons certainement apporter du réconfort, aider à
puiser en vous-mêmes de la force pour affronter la maladie.
Mais de vous, malades, nous avons à recevoir force et la dignité, foi et confiance.
. Ensuite, la rencontre de Jésus avec le Centurion de l'armée Romaine (Mt. 8,5-11)
Dans ce passage de l’Évangile, il nous faut aussi retenir l'attitude de confiance et d'adoration
qui se dégage.
Le centurion de l'armée Romaine interpelle Jésus à son arrivée à Capharnaüm. Ce païen vient
supplier de guérir son serviteur.
Voilà un officier romain, qui, ayant tout pouvoir temporel, reconnaît en ce juif nommé Jésus
un présence supérieure à la sienne: la puissance d'être le Maître de la vie. Son humilité parait
surprenante.
Ce chef de guerre, qui a l'habitude d'obtenir ce qu'il veut par la force comprend qu'il ne se
trouve plus dans la même situation.
Il espère que la confiance mise en celui qu'il reconnaît comme l'envoyé de Dieu, peut tout
changer. Il mise son espérance sur une parole: "Je ne suis pas digne de te recevoir mais dit
seulement une parole et je serais guéri".
Jésus admire la confiance inconditionnelle que lui accorde cet homme. Jésus admire le
centurion "Je vais aller le guérir".
Il déclare à ceux qui l'entourent qu'il n'a jamais trouvé une foi aussi grande en Israël; "Je vous
le déclare chez personne en Israël, je n'ai trouvé une telle foi"
Il exauce la prière du centurion. Le serviteur recouvre alors la santé.
Nous pouvons aussi relever l'attitude du centurion :"S'approchant, il se prosterne".
Comment ne pas ici penser à la célébration de la procession Eucharistique à laquelle nous
participons.
Il me faut aussi ajouter que la guérison implique la personne renouvelée ! Jésus dit : "Va te
montrer aux prêtres !"
Jésus demande aux malades de témoigner de leur recréation de leur relèvement.
Dans ce passage de l’Évangile comme dans d'autres passages, Jésus demande de s'émerveiller
et de rendre grâces.
C'est ici un autre exemple significatif de la relation personnelle et confiante envers Jésus.
Invitation qui nous est faite aujourd'hui, à revêtir la même humilité que cet homme et la même
foi en la Parole incarnée de Jésus.
De nombreux passages dans les Évangiles nous présentent Jésus comme un fidèle défenseur
de la santé pour tous.
Deux choses essentielles sont révélées par cette courte scène:
1- Tout d'abord le Dieu qui vient nous visiter, qui marche avec nous, est un Dieu de
compassion qui veut soulager la souffrance et guérir;
2- Ensuite l'appel au bonheur, Dieu le lance, l'adresse à tous" de l'Orient à l'Occident. Le
Christ vient pour tous les hommes, quelle que soit leur origine.
4
Pour une église qui réchauffe les cœurs.
Telle est notre méditation.
Comme chacun d'entre vous, j'ai visité des EHPAD, des cliniques et hôpitaux, tel ce centre
médico-social, comme celui de l'ordre de saint Jean de Dieu, rue Lecourbe, à Paris.
Qu'est-ce que j'ai ressenti ?
Je relève :
 tout d'abord une présence aimante et compatissante des accompagnateurs, des
soignants, accompagnement des personnes malades et de leur famille en quête de
réconfort et de soutien.
 Ensuite, une présence aimante habitée d'une espérance. Nous avons à construire une
fraternité universelle et à faire connaître la grandeur d'un Dieu miséricordieux si
proche des hommes qu'il s'est fait l'un d'entre eux.
"Dans le cœur de l’Église, ma mère, disait la petite Thérèse de Lisieux, je serais l'amour"...
Vous pourriez dire à votre tour: "Dans le cœur de l’Église je serais l'hospitalité."
- Enfin, une présence animée d'un regard échangé à hauteur de visages, face à face.
A Lourdes, dans le rocher de Massabielle, avant même qu'elle puisse la reconnaître comme la
Vierge Marie, Bernadette Soubirous rapporta que l'une des choses qui l'avait le plus frappée
dans l'attitude de celle qui venait à sa rencontre, "la belle Dame", me regardait comme une
personne regarde une autre personne ».
A l'image du lépreux implorant Jésus pour sa purification, à la suite du centurion demandant
la guérison de son serviteur, nombreuses sont ici à Lourdes les personnes rencontrées qui s'en
remettent entièrement au Dieu de Jésus-Christ dans une prière d'abandon.
Venus à Lourdes, chers malades, avec vous nous attendons un bienfait, un réconfort, la
guérison dans la foi, celle qui ne conduit pas toujours à la guérison du corps, mais souvent à
celle du cœur, et de l'âme.
Nous croyons tous en la présence salvatrice du Ressuscité: "Seigneur, je ne suis pas digne de
te recevoir, mais dis seulement une parole et je serais guéri; "
A Lourdes, notre regard se convertit, regard qui accueille, qui permet de retrouver la
confiance.
Nous savons que des regard blessent, abaissent, écrasent.
Nous sommes conviés par le Christ et par sa Mère Marie à avoir un regard bienveillant et
bienfaisant qui manifeste en nous la sagesse du cœur.
A la suite du Christ, demandons pour chacun de nous de vivre dans une Église qui
réchauffe les cœurs.
° Accorde-nous, Seigneur, les yeux du cœur pour apprendre à discerner, au creux du
quotidien, la lente croissance du Règne de l'Amour qui est semé et qui vient.
° Donne-nous le regard de la foi qui sait voir dans les évènements petits et grands, dans tous
les gestes humains, renommés ou cachés, ta présence agissante.
° Donne-moi de voir l'éclat d'un sourire,
la simplicité de l'accueil,
la densité du silence,
la tendresse d'un regard,
la gratuité d'un partage.
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° Apprends-nous à voir et à nous émerveiller des petites graines de l'espérance semées en
nous et autour de nous...gestation secrète de la civilisation de l'amour, semences du Règne de
Dieu.
Retenons toujours la pureté de notre vocation de baptisés
- le cœur qui est fait pour aimer
- la langue pour bénir et non pour maudire
- les mains pour donner et non pour frapper
- les yeux pour contempler et non pour convoiter
+André Lacrampe
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