Centre Thermal de Rééducation et de Réadaptation de THUES LES BAINS 1/ PRESENTATION GENERALE DE L’ETABLISSEMENT : Etablissement privé fondé en 1851, situé à 750 mètres d'altitude, à 62 km de Perpignan sur la RN 116, en bord de la rivière 'La Têt'. Le centre est desservi par la SNCF 'Le Petit Train Jaune' et les transports en commun. Au début du siècle ses indications sont les maladies de la nutrition et l'arthritisme, qui sont traités grâce à la qualité des eaux thermales chaudes, sulfurées, sodiques, et alcalines. En 1963, l’établissement thermal est transformé en centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle. Sa capacité d’accueil est de 80 lits en hospitalisation complète. Sa particularité : isolé en moyenne montagne, il prodigue à la population accueillie des soins en rapport avec la vocation du centre. Parallèlement, l’établissement offre aux accompagnants la possibilité de résider au centre tout au long du séjour. 2/ ACTIVITES Le CTRRF de Thuès-Les-Bains a pour mission la rééducation fonctionnelle dans deux secteurs importants. En 1997 deux unités fonctionnelles ont été créées : 1. Une unité de rééducation en neurosciences 2. Une unité de rééducation en traumato-orthopédie et polypathologie des personnes âgées 3/ DES EQUIPES PLURIDISCIPLINAIRES A/ L'équipe médicale Deux médecins spécialistes en rééducation fonctionnelle assurent le suivi des malades hospitalisés. Chargés chacun d'une unité fonctionnelle, ils sont aidés par un médecin généraliste présent quotidiennement. Actuellement, un troisième poste de médecin de rééducation vient d’être créé. La compétence en oxyologie d'un médecin a permis d'organiser sur place le traitement de l'urgence et de coordonner éventuellement des transferts secondaires. Par ailleurs, le centre est doté : - d’une installation de radiologie gérée par les médecins d’une pharmacie dont la gestion est assurée par un pharmacien titulaire. Il travaille en collaboration avec : - un laboratoire d’analyses médicales situé à Prades qui permet d’obtenir très rapidement via internet les résultats des analyses effectuées - des médecins consultants à l’extérieur du centre (ophtalmologie, ORL, cardiologie…), ou sur place (cardiologie, psychiatrie, gastro-entérologie…) B/ L'équipe de soins infirmiers Elle est répartie sur les deux unités médicales et dirigée par deux infirmières chefs, qui animent une équipe d'infirmières, d'aides-soignants, d'agents de service hospitaliers. Nous avons parmi les infirmières une diplômée en hygiène hospitalière et une diplômée en algologie. C/ L'équipe de rééducation Elle est animée par un cadre de santé et composée des différentes spécialités de la rééducation : un service de kinésithérapie, un service d'ergothérapie, une neuropsychologue, un orthophoniste, une diététicienne, d’agents de services assurant le brancardage et la gestion du matériel de rééducation et des piscines. 4/ ORIENTATIONS MEDICALES ACTUELLES : A /Unité Fonctionnelle de Rééducation en Neurosciences Ces patients représentent presque la moitié de l’activité. Une grande majorité d’entre eux viennent du C.H. Perpignan (services de neurologie, médecine, neurochirurgie, réanimation) Une prise en charge est spécifique pour chaque pathologie et elle concerne : 1. les Accidents Vasculaires Cérébraux LA PHASE AIGUË Les AVC arrivent dans l’établissement en moyenne au 10e jour. A cette phase, il y a équivalence entre les problèmes médicaux et les problèmes de rééducation. La prise en charge est immédiate et sera réalisée par : - neuropsychologue, ergothérapeute, orthophoniste pour les troubles cognitifs et les troubles de la communication, - kinésithérapeute et ergothérapeute pour les troubles moteurs. PHASE DE REEDUCATION ACTIVE A ce stade les traitements de rééducation prennent le pas sur les problèmes médicaux. La rééducation spécialisée et individualisée devient plus intense en fonction des évaluations successives. Des protocoles spécifiques sont appliqués. PHASE DE READAPTATION De nombreuses actions sont encore entreprises dont principalement le projet de sortie. On tend à développer le concept ‘Autonomie du couple’. Cette autonomie de couple perturbée par un traumatisme récent (accident, maladie) doit être reconstruite autour d'un nouveau projet de vie où le conjoint doit être un acteur privilégié. Dans le meilleur des cas, le conjoint présent dès le premier jour de la maladie assiste et participe à toutes les phases de la rééducation et à l’élaboration du projet de sortie. Pour ce faire il peut leur être proposé : - l’aménagement ou le réaménagement du domicile après visite de l’ergothérapeute, - la mise en relation avec les Services de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD), - le montage des dossiers sociaux par l’assistante sociale de l’établissement - l’étude et essais des aides techniques (essai de fauteuil électrique ou mécanique) avec l’aide de l’ergothérapeute, - une réunion de PIII pour les patients dont le devenir pose problème. 2. les Traumatismes Crânio-Encéphaliques 3. La maladie de Parkinson 4.la Sclérose en Plaques La création d’un laboratoire d’uro-dynamique s’est révélée indispensable à la prise en charge cohérente de la sclérose en plaques. A noter que pour ces deux dernières pathologies la demande tend à progresser. 5. la neurochirurgie rachidienne 6. la neurologie centrale 7. la neurologie périphérique, diverses encéphalites et complications neurologiques de l’alcool B/ Unité Fonctionnelle de rééducation en traumatologie orthopédie et polypathologies des personnes âgées. Ces deux associations pathologiques représentent l’autre moitié de l’activité de l’établissement. La grande majorité des patients provient du secteur hospitalier chirurgical. La pathologie la plus fréquente dans ce service est la fracture de l’extrémité supérieure du fémur. La prise en charge en est : PHASE POST-OPÉRATOIRE IMMÉDIATE Le patient arrive en moyenne au 4e jour post-opératoire, c’est la phase de bilans et de prévention des complications primaires. A ce stade sont pris en compte tous les problèmes médicaux immédiats s’ils existent: la douleur, les troubles du comportement, la déshydratation, l’anorexie, les escarres, l’état infectieux, les troubles métaboliques, l’encombrement respiratoire, les accidents thromboemboliques, la cicatrisation, les troubles du transit intestinal et urinaire. PHASE DE REAUTONOMISATION PROGRESSIVE Mise en place d’une rééducation individualisée et personnalisée tout au long du séjour. PHASE DE REINSERTION Deux cas de figure peuvent se présenter : - retour au domicile, après d’éventuels aménagements et ou contact avec le SSIAD, - institutionnalisation en collaboration avec le service social de l’établissement Sont également accueillis dans l’établissement des patients relevant du secteur psychiatrique ou oncologique pour lesquels une indication de rééducation est posée. Dans tous les cas la prise en charge initiale du séjour est d’un mois. Pour tous les patients une réunion de synthèse est organisée avec l’ensemble des intervenants au terme de quinze jours afin d’évaluer la situation. Dans le cas où le séjour se prolonge, une nouvelle réunion se tiendra quinze jours ou un mois plus tard. 5/ ACTIVITE DE SOINS INFIRMIERS Elle a pour objectif d’optimiser la prise en charge en rééducation et d’organiser des soins de qualité dans une démarche conjointe au projet médical. Le projet de soins infirmiers est un outil d’analyse et de communication. Le dossier informatisé du patient est fonctionnel depuis plus de deux ans. Il est accessible à l’ensemble des intervenants. Les formations professionnelles, les prises en charge spécifiques, l’élaboration et l’usage des protocoles de soins, l’évaluation régulière des pratiques ainsi que la collecte et la saisie du PMSI permettent d’évaluer la prise en charge de chaque patient. Tout ceci s’inscrit dans la démarche d’amélioration de la qualité en vue de l’accréditation. 6/ CONCLUSION Depuis sa restructuration de 1993, l’établissement correspond à un besoin de santé et accueille des malades pour la plupart issus du centre hospitalier de Perpignan et dont l’indication de rééducation n’est pas discutable. L’accueil précoce des patients (inférieure à 10 jours en neurosciences et à 4 jours en orthopédie) a alourdi la charge de travail des équipes de soins infirmiers tout en donnant une place plus importante à ce service. La structure par son volume est à taille humaine. Tous les personnels se connaissent et la plupart connaissent tous les patients. La communication dans une équipe interdisciplinaire de réadaptation : « Réflexions autour de l’éthique dans la communication. » M. PAGNOUL, ergothérapeute Il arrive parfois, dans les équipes de réadaptation, que des incompréhensions naissent, que des informations ne soit pas bien transmises ou pas transmises à la bonne personne. Il arrive aussi que des informations concernant la vie privée du patient soient transmises à des membres de l’équipe interdisciplinaire, alors que cette information n’est pas utile pour la bonne suite du traitement. Bref, au sein d’une équipe interdisciplinaire, l’information est aussi nécessaire que difficile à transmettre de manière appropriée, et qui plus est, en respectant les règles de l’éthique propre à chaque profession. Dans cet article, nous allons nous pencher sur des situations concrètes qui peuvent engendrer des problèmes lors de l’accompagnement d’un patient dans sa réadaptation et nous essayerons de proposer quelques pistes de réflexions. Pour mieux cerner ces problèmes nous allons brièvement présenter quelques situations réelles vécues. 1. - Mme X est paraplégique à la suite d’un accident. Durant son hospitalisation, elle se confie à une infirmière, notamment en ce qui concerne sa vie privée et les relations qu’elle partage avec le père de son mari. Dès le lendemain, tous les membres de l’équipe en sont informés. L’intimité du patient a été dévoilée. A priori, l’information ici échangée est sans intérêt pour la rééducation du patient. On peut donc la qualifier d’information parasite. Malgré tout, on s’aperçoit qu’elle prend une place extrêmement importante. En effet, son caractère anecdotique la transforme en fait divers pour le personnel soignant et finalement, cette information retourne à sa source, c’est-à-dire au patient lui-même qui prend conscience qu’il a été trahi par les thérapeutes. 2. - Suite à plusieurs cas de mauvaise interprétation de ses propres informations, un thérapeute ( psychologue ) décide de ne plus écrire ses observations dans le dossier du patient. Cette situation est extrêmement grave et ce pour plusieurs raisons. La première et la plus évidente est le risque d’erreurs par manque d’information. Ne pas tenir compte, par exemple, de l’état dépressif d’un patient durant sa période de deuil en le forçant à suivre une rééducation intensive. Le patient, dans cet état, essaie de transmettre une détresse que seul un psychologue peut analyser de manière pertinente. Si celui-ci ne divulgue pas cette information pour n’importe quelle raison que ce soit, le patient aura inévitablement le sentiment de ne pas être compris et si le problème persiste, il se désinvestira alors totalement du processus de réadaptation, ce qui est un échec tant pour le patient que pour l’équipe thérapeutique. 3.- Lorsque l’équipe est fort hiérarchisée, il peut y avoir des conflits de pouvoir. La communication est une arme terrible pour conserver ou obtenir ce pouvoir. Dans le cadre d’une équipe interdisciplinaire, la rétention d’information va à l’encontre du processus de réadaptation puisque le regard spécifique de chaque professionnel n’est plus partagé et donc l’analyse des besoins du patient n’est plus aussi précise. De plus, pour le patient, la prise en charge aura une efficacité moindre en présentant des lacunes ou des redondances. Le patient risque alors d’être désorienté dans sa prise en charge et dès lors, de se désinvestir de celle-ci. Quelques pistes de solutions… Le problème de l’éthique dans les professions médicales et paramédicales est largement abordé dans les différents codes déontologiques respectifs. Les règles à suivre, les principaux débordements à éviter sont en effet mentionnés. Mais il y a peu de choses concernant la manière dont le professionnel doit s’y prendre pour s’accorder à ces règles, ce qui rend les codes déontologiques relativement vagues et très théoriques. De plus, les codes abordent les problèmes de déontologie en fonction du vécu et du développement de la profession. Il n’est pas rare de trouver un même problème interprété différemment en fonction de telle ou telle profession. Dans un souci de plus de cohérence théorique, pourquoi ne pas envisager un code déontologique commun à tous les intervenants de la réadaptation ? Cela serait plus pratique pour clarifier les idées de tous, et pour mieux organiser la mise en évidence des problèmes concrets rencontrés sur le terrain. Une deuxième piste serait de conscientiser les différents professionnels à l’éthique dans la réadaptation. Cette conscientisation pourrait consister en l’éducation du thérapeute au travers de formations basées sur la réflexion autour de problèmes éthiques rencontrés au sein même de l’institution. Enfin, afin de protéger le patient et de responsabiliser les thérapeutes, une charte visant à faire respecter la vie privée du patient pourrait être signée entre les thérapeutes et les patients. Cette charte clarifierait les positions de chacun et permettrait au patient ainsi qu’au thérapeute d’installer une relation de confiance nécessaire au bon déroulement du processus de réadaptation. Les difficultés de communication au sein d’une équipe sont multiples. Ici n’ont été abordés que les problèmes relatifs à l’éthique de la communication. Il est important d’en prendre conscience tant ces problèmes peuvent influer sur le bon déroulement du processus de réadaptation. C’est à toute l’équipe de réadaptation qu’il incombe non seulement de mettre en évidence ces problèmes mais aussi de trouver les stratégies afin de réduire ses impacts néfastes et de protéger le patient. Il existe une multitude de solutions qui permettent de diminuer le problème, mais elles ne peuvent être efficaces que s’il y a une volonté commune de faire évoluer les choses pour le bien du patient. BIBLIOGRAPHIE : 1. 2. 3. W. HESBEEN, La réadaptation. Du concept au soin,1994, Paris, éd. Lamarre. Dictionnaire de la langue française, Petit Larousse illustré ,1989, éd. Larousse. P. LUCAS, Le secret professionnel du médecin vis à vis de l’assurance privée, Revue de droit de l’ULB,2000, nm 21, éd. Bruylant, Bruxelles, pp. 64-84. 4. K. UVIJN, la séparation des pouvoirs, Acta ergothérapeutica belgica, 2001, janvier, pp. 33-34. 5. S. BOUDRAHEM, Analyse des difficultés de communication au sein d’une équipe pluridisciplinaire d’un centre de rééducation fonctionnelle : Une formation multiprofessionnelle est-elle une réponse possible, 1999, juillet, Mémoire de maîtrise universitaire de pédagogie des sciences de la santé, Université Paris nord département de pédagogie de la santé, pp. 1-9. 6. S. DEMANET, Rôle infirmier auprès des patients blessés médullaires, 1998, Mémoire de licence en sciences hospitalière de santé publique de l’ULB, pp. 2, 53. 7. P. CASTELEIN, Je suis un soignant maltraitant… malgré moi !, Journée de formation permanente en gérontologie : « violence et agressivité en MR-MRS », UCL, le 20 janvier 2000. 8. COTEC, Code de déontologie de l’ergothérapeute, 1991, avril, Milan. 9. R.DERRE, M. COUTURIER, J. DE WILDE, P. HIMSCHOOT, M. QUESTIER, W. VAN HANDENHOVEN, G. WILLEM, P. MEEUS, Monographie professionnelle ergothérapeute, 1995, mars, Tournai. 10. 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