N° 11 - Février 2003

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Centre Thermal de Rééducation et de Réadaptation
de THUES LES BAINS
1/ PRESENTATION GENERALE DE L’ETABLISSEMENT :
Etablissement privé fondé en 1851, situé à 750 mètres d'altitude, à 62 km de
Perpignan sur la RN 116, en bord de la rivière 'La Têt'. Le centre est desservi par
la SNCF 'Le Petit Train Jaune' et les transports en commun.
Au début du siècle ses indications sont les maladies de la nutrition et
l'arthritisme, qui sont traités grâce à la qualité des eaux thermales chaudes,
sulfurées, sodiques, et alcalines. En 1963, l’établissement thermal est transformé
en centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle.
Sa capacité d’accueil est de 80 lits en hospitalisation complète.
Sa particularité : isolé en moyenne montagne, il prodigue à la population
accueillie des soins en rapport avec la vocation du centre. Parallèlement,
l’établissement offre aux accompagnants la possibilité de résider au centre tout
au long du séjour.
2/ ACTIVITES
Le CTRRF de Thuès-Les-Bains a pour mission la rééducation fonctionnelle
dans deux secteurs importants. En 1997 deux unités fonctionnelles ont été
créées :
1. Une unité de rééducation en neurosciences
2. Une unité de rééducation en traumato-orthopédie et polypathologie des
personnes âgées
3/ DES EQUIPES PLURIDISCIPLINAIRES
A/ L'équipe médicale
Deux médecins spécialistes en rééducation fonctionnelle assurent le suivi
des malades hospitalisés. Chargés chacun d'une unité fonctionnelle, ils sont
aidés par un médecin généraliste présent quotidiennement. Actuellement, un
troisième poste de médecin de rééducation vient d’être créé.
La compétence en oxyologie d'un médecin a permis d'organiser sur place le
traitement de l'urgence et de coordonner éventuellement des transferts
secondaires.
Par ailleurs, le centre est doté :
-
d’une installation de radiologie gérée par les médecins
d’une pharmacie dont la gestion est assurée par un pharmacien titulaire.
Il travaille en collaboration avec :
- un laboratoire d’analyses médicales situé à Prades qui permet d’obtenir
très rapidement via internet les résultats des analyses effectuées
- des médecins consultants à l’extérieur du centre (ophtalmologie, ORL,
cardiologie…), ou sur place (cardiologie, psychiatrie, gastro-entérologie…)
B/ L'équipe de soins infirmiers
Elle est répartie sur les deux unités médicales et dirigée par deux
infirmières chefs, qui animent une équipe d'infirmières, d'aides-soignants,
d'agents de service hospitaliers.
Nous avons parmi les infirmières une diplômée en hygiène hospitalière et une
diplômée en algologie.
C/ L'équipe de rééducation
Elle est animée par un cadre de santé et composée des différentes
spécialités de la rééducation :
un service de kinésithérapie, un service d'ergothérapie, une neuropsychologue,
un orthophoniste, une diététicienne, d’agents de services assurant le
brancardage et la gestion du matériel de rééducation et des piscines.
4/ ORIENTATIONS MEDICALES ACTUELLES :
 A /Unité Fonctionnelle de Rééducation en Neurosciences
Ces patients représentent presque la moitié de l’activité.
Une grande majorité d’entre eux viennent du C.H. Perpignan (services de
neurologie, médecine, neurochirurgie, réanimation)
Une prise en charge est spécifique pour chaque pathologie et elle concerne :
 1. les Accidents Vasculaires Cérébraux
LA PHASE AIGUË
Les AVC arrivent dans l’établissement en moyenne au 10e jour. A cette
phase, il y a équivalence entre les problèmes médicaux et les problèmes de
rééducation.
La prise en charge est immédiate et sera réalisée par :
- neuropsychologue, ergothérapeute, orthophoniste pour les troubles
cognitifs et les troubles de la communication,
- kinésithérapeute et ergothérapeute pour les troubles moteurs.
PHASE DE REEDUCATION ACTIVE
A ce stade les traitements de rééducation prennent le pas sur les
problèmes médicaux. La rééducation spécialisée et individualisée devient plus
intense en fonction des évaluations successives. Des protocoles spécifiques sont
appliqués.
PHASE DE READAPTATION
De nombreuses actions sont encore entreprises dont principalement le
projet de sortie.
On tend à développer le concept ‘Autonomie du couple’.
Cette autonomie de couple perturbée par un traumatisme récent (accident,
maladie) doit être reconstruite autour d'un nouveau projet de vie où le conjoint
doit être un acteur privilégié.
Dans le meilleur des cas, le conjoint présent dès le premier jour de la maladie
assiste et participe à toutes les phases de la rééducation et à l’élaboration du
projet de sortie.
Pour ce faire il peut leur être proposé :
- l’aménagement ou le réaménagement du domicile après visite de
l’ergothérapeute,
- la mise en relation avec les Services de Soins Infirmiers à Domicile
(SSIAD),
- le montage des dossiers sociaux par l’assistante sociale de l’établissement
- l’étude et essais des aides techniques (essai de fauteuil électrique ou
mécanique) avec l’aide de l’ergothérapeute,
- une réunion de PIII pour les patients dont le devenir pose problème.
 2. les Traumatismes Crânio-Encéphaliques
 3. La maladie de Parkinson
 4.la Sclérose en Plaques
La création d’un laboratoire d’uro-dynamique s’est révélée indispensable à
la prise en charge cohérente de la sclérose en plaques.
A noter que pour ces deux dernières pathologies la demande tend à progresser.
 5. la neurochirurgie rachidienne
 6. la neurologie centrale
 7. la neurologie périphérique, diverses encéphalites et complications
neurologiques de l’alcool
 B/ Unité Fonctionnelle de rééducation en traumatologie
orthopédie et polypathologies des personnes âgées.
Ces deux associations pathologiques représentent l’autre moitié de l’activité de
l’établissement.
La grande majorité des patients provient du secteur hospitalier chirurgical.
La pathologie la plus fréquente dans ce service est la fracture de l’extrémité supérieure
du fémur.
La prise en charge en est :
PHASE POST-OPÉRATOIRE IMMÉDIATE
Le patient arrive en moyenne au 4e jour post-opératoire, c’est la phase de bilans et de
prévention des complications primaires.
A ce stade sont pris en compte tous les problèmes médicaux immédiats s’ils existent: la
douleur, les troubles du comportement, la déshydratation, l’anorexie, les escarres, l’état
infectieux, les troubles métaboliques, l’encombrement respiratoire, les accidents
thromboemboliques, la cicatrisation, les troubles du transit intestinal et urinaire.
PHASE DE REAUTONOMISATION PROGRESSIVE
Mise en place d’une rééducation individualisée et personnalisée tout au long du
séjour.
PHASE DE REINSERTION
Deux cas de figure peuvent se présenter :
- retour au domicile, après d’éventuels aménagements et ou contact avec le
SSIAD,
- institutionnalisation en collaboration avec le service social de
l’établissement
Sont également accueillis dans l’établissement des patients relevant du secteur
psychiatrique ou oncologique pour lesquels une indication de rééducation est posée.
Dans tous les cas la prise en charge initiale du séjour est d’un mois. Pour tous les
patients une réunion de synthèse est organisée avec l’ensemble des intervenants au
terme de quinze jours afin d’évaluer la situation. Dans le cas où le séjour se prolonge,
une nouvelle réunion se tiendra quinze jours ou un mois plus tard.
5/ ACTIVITE DE SOINS INFIRMIERS
Elle a pour objectif d’optimiser la prise en charge en rééducation et d’organiser des
soins de qualité dans une démarche conjointe au projet médical.
Le projet de soins infirmiers est un outil d’analyse et de communication. Le dossier
informatisé du patient est fonctionnel depuis plus de deux ans. Il est accessible à
l’ensemble des intervenants.
Les formations professionnelles, les prises en charge spécifiques, l’élaboration et
l’usage des protocoles de soins, l’évaluation régulière des pratiques ainsi que la collecte
et la saisie du PMSI permettent d’évaluer la prise en charge de chaque patient.
Tout ceci s’inscrit dans la démarche d’amélioration de la qualité en vue de
l’accréditation.
6/ CONCLUSION
Depuis sa restructuration de 1993, l’établissement correspond à un besoin de
santé et accueille des malades pour la plupart issus du centre hospitalier de
Perpignan et dont l’indication de rééducation n’est pas discutable.
L’accueil précoce des patients (inférieure à 10 jours en neurosciences et à 4
jours en orthopédie) a alourdi la charge de travail des équipes de soins infirmiers
tout en donnant une place plus importante à ce service.
La structure par son volume est à taille humaine. Tous les personnels se
connaissent et la plupart connaissent tous les patients.
La communication dans une équipe interdisciplinaire de réadaptation :
« Réflexions autour de l’éthique dans la communication. »
M. PAGNOUL, ergothérapeute
Il arrive parfois, dans les équipes de réadaptation, que des incompréhensions naissent, que des informations ne soit
pas bien transmises ou pas transmises à la bonne personne. Il arrive aussi que des informations concernant la vie privée du
patient soient transmises à des membres de l’équipe interdisciplinaire, alors que cette information n’est pas utile pour la
bonne suite du traitement.
Bref, au sein d’une équipe interdisciplinaire, l’information est aussi nécessaire que difficile à transmettre de
manière appropriée, et qui plus est, en respectant les règles de l’éthique propre à chaque profession.
Dans cet article, nous allons nous pencher sur des situations concrètes qui peuvent engendrer des problèmes lors de
l’accompagnement d’un patient dans sa réadaptation et nous essayerons de proposer quelques pistes de réflexions.
Pour mieux cerner ces problèmes nous allons brièvement présenter quelques situations réelles vécues.
1. - Mme X est paraplégique à la suite d’un accident. Durant son hospitalisation, elle se confie à une infirmière,
notamment en ce qui concerne sa vie privée et les relations qu’elle partage avec le père de son mari. Dès le lendemain, tous
les membres de l’équipe en sont informés. L’intimité du patient a été dévoilée.
A priori, l’information ici échangée est sans intérêt pour la rééducation du patient. On peut donc la qualifier
d’information parasite. Malgré tout, on s’aperçoit qu’elle prend une place extrêmement importante. En effet, son caractère
anecdotique la transforme en fait divers pour le personnel soignant et finalement, cette information retourne à sa source,
c’est-à-dire au patient lui-même qui prend conscience qu’il a été trahi par les thérapeutes.
2. - Suite à plusieurs cas de mauvaise interprétation de ses propres informations, un thérapeute ( psychologue )
décide de ne plus écrire ses observations dans le dossier du patient.
Cette situation est extrêmement grave et ce pour plusieurs raisons. La première et la plus évidente est le risque
d’erreurs par manque d’information. Ne pas tenir compte, par exemple, de l’état dépressif d’un patient durant sa période de
deuil en le forçant à suivre une rééducation intensive. Le patient, dans cet état, essaie de transmettre une détresse que seul un
psychologue peut analyser de manière pertinente. Si celui-ci ne divulgue pas cette information pour n’importe quelle raison
que ce soit, le patient aura inévitablement le sentiment de ne pas être compris et si le problème persiste, il se désinvestira
alors totalement du processus de réadaptation, ce qui est un échec tant pour le patient que pour l’équipe thérapeutique.
3.- Lorsque l’équipe est fort hiérarchisée, il peut y avoir des conflits de pouvoir. La communication est une arme
terrible pour conserver ou obtenir ce pouvoir. Dans le cadre d’une équipe interdisciplinaire, la rétention d’information va à
l’encontre du processus de réadaptation puisque le regard spécifique de chaque professionnel n’est plus partagé et donc
l’analyse des besoins du patient n’est plus aussi précise. De plus, pour le patient, la prise en charge aura une efficacité
moindre en présentant des lacunes ou des redondances. Le patient risque alors d’être désorienté dans sa prise en charge et dès
lors, de se désinvestir de celle-ci.
Quelques pistes de solutions…
Le problème de l’éthique dans les professions médicales et paramédicales est largement abordé dans les différents
codes déontologiques respectifs. Les règles à suivre, les principaux débordements à éviter sont en effet mentionnés. Mais il y
a peu de choses concernant la manière dont le professionnel doit s’y prendre pour s’accorder à ces règles, ce qui rend les
codes déontologiques relativement vagues et très théoriques. De plus, les codes abordent les problèmes de déontologie en
fonction du vécu et du développement de la profession. Il n’est pas rare de trouver un même problème interprété
différemment en fonction de telle ou telle profession. Dans un souci de plus de cohérence théorique, pourquoi ne pas
envisager un code déontologique commun à tous les intervenants de la réadaptation ? Cela serait plus pratique pour clarifier
les idées de tous, et pour mieux organiser la mise en évidence des problèmes concrets rencontrés sur le terrain.
Une deuxième piste serait de conscientiser les différents professionnels à l’éthique dans la réadaptation. Cette
conscientisation pourrait consister en l’éducation du thérapeute au travers de formations basées sur la réflexion autour de
problèmes éthiques rencontrés au sein même de l’institution.
Enfin, afin de protéger le patient et de responsabiliser les thérapeutes, une charte visant à faire respecter la vie
privée du patient pourrait être signée entre les thérapeutes et les patients. Cette charte clarifierait les positions de chacun et
permettrait au patient ainsi qu’au thérapeute d’installer une relation de confiance nécessaire au bon déroulement du processus
de réadaptation.
Les difficultés de communication au sein d’une équipe sont multiples. Ici n’ont été abordés que les problèmes
relatifs à l’éthique de la communication. Il est important d’en prendre conscience tant ces problèmes peuvent influer sur le
bon déroulement du processus de réadaptation. C’est à toute l’équipe de réadaptation qu’il incombe non seulement de mettre
en évidence ces problèmes mais aussi de trouver les stratégies afin de réduire ses impacts néfastes et de protéger le patient. Il
existe une multitude de solutions qui permettent de diminuer le problème, mais elles ne peuvent être efficaces que s’il y a une
volonté commune de faire évoluer les choses pour le bien du patient.
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