sans le moindre heurt, des programmes MS-DOS, des programmes Windows 16-bit, des
applications OS/2 en mode caractère et même des logiciels conformes aux normes POSIX. Pour
reprendre l'expression consacrée par IBM, Windows NT est lui aussi un meilleur Windows que
Windows puisque chaque programme dispose de son propre espace mémoire et est incapable
de bloquer le système ou de corrompre les données provenant d'autres applications. Mieux
encore, il est possible d'échanger des données entre ces programmes hétéroclites via le presse-
papier, de simples pipes ou les mécanismes DDE et OLE.
Réseau
Tout simple mais efficace: NT permet le partage des imprimantes et des fichiers logés sur des
disques durs locaux avec d'autres utilisateurs du réseau. Pour le travail en groupe, un système de
courrier électronique est disponible en standard. Pour les utilisateurs plus exigeants, NT s'est plié
au standard Distributed Computing Equipment ( DCE ) émis par l'Open Systems Foundation.
Grâce au DCE, NT se connecte et interagit sans problèmes avec des serveurs Unix, VMS ou
autres. Les supports NETBIOS et TCP/IP sont bien entendu présents. Microsoft collabore avec
Digital, Novell et Banyan pour mettre sur pied un nouvelle norme, baptisée Windows Open
Systems Architecture, qui s'efforce de standardiser les services réseaux tels que partage
d'imprimante, courrier électronique, administration du système, accès aux bases de données, le
tout dans un environnement multi-vendeurs.
Depuis ce 6 juillet, Windows NT est disponible en version bêta préliminaire. Pour 39 dollars,
n'importe qui peut acquérir le CD-ROM NT qui contient tout le système d'exploitation plus un kit
de développement incluant une version 32-bit du compilateur MSC C/C++ 7.O, 7500 pages de
documentation sous forme de fichiers PostScript et donne droit à une copie gratuite de la version
finale prévue pour décembre 92. Pour 339 $, le même CD-ROM est fourni avec en supplément la
documentation sur support papier. Il s'agit d'une version beta au sens large dans la mesure où
elle est accessible au grand public et n'est soumise à aucune clause de secret ou de non
divulgation des informations. Les exigences matérielles sont encore importantes mais seront
revues à la baisse pour décembre : 8 à 12 MB de mémoire centrale, 100 MB libres sur le disque
dur ( 25 pour l'OS, 55 pour le kit de développment et 20 pour un fichier d'échange ) , un 386DX
cadencé à 33 Mhz au minimum plus un lecteur de CD-ROM.
A San Francisco, lors de la présentation officielle de Windows NT, les 5000 développeurs
présents donnaient déjà une idée de l'intérêt suscité par NT. On dénombrait peu de curieux mais
plutôt un grand nombre de représentants d'agences gouvernementales et de grands comptes
séduits par la conception ouverte du système d'exploitation et sa facilité d'intégration dans les
réseaux existants. Les grandes firmes de logiciels telles Borland, Watcom, Symantec, Computer
Associates y clamaient leur volonté de supporter Windows NT dès sa sortie. Eugène Wang, vice-
président de Borland, y soulignait le changement de stratégie de Microsoft qui affiche désormais
une attitude nettement plus coopérative envers des firmes rivales comme la sienne. Même les
éternels ennemis, Microsoft et IBM, semblent s'être réconciliés autour de Windows NT: IBM a
acheté à Microsoft les droits pour porter NT sur des plates-formes IBM et un accord lie les deux
firmes jusqu'en septembre 93, les autorisant à utiliser le produit du concurrent dans leur propre
système d'exploitation ( Windows 3.1 dans OS/2 2.0 et OS/2 dans NT ). Une telle unanimité est
devenue chose rare dans le monde informatique contemporain. Microsoft semble avoir tiré les
leçons du semi-échec OS/2. Comme disait Bill Gates avec un sourire un peu crispé : " Après
OS/2, nous ne sortirons plus jamais un produit qui ne dispose même pas d'un pilote d'imprimante
dans sa version 1.0".
Windows NT est définitivement un bel ouvrage. Plus complet et performant qu'OS/2 2.0, plus
standard et révolutionnaire qu'UNIX, des années lumière au delà du MS-DOS, NT a tous les
atouts techniques pour réussir. Mais les embûches sur le chemin du succès sont nombreuses :
- IBM annonce , sans oser se risquer à une date, un OS/2 3.0 qui ressemble à s'y méprendre à
NT ( Symmetric Multiprocessing, True 32-bit, portable sur d'autres CPU etc). Depuis avril 1992,
IBM cite les chiffres d'un million de copies d'OS/2 2.0 distribuées ( pas toutes vendues