Mobilisation des connaissances. Quelles sont les limites du recours

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Mobilisation des connaissances.
1. Quelles sont les limites du recours au marché pour lutter contre les problèmes environnemen-
taux ?
Recourir au marche afin de lutter contre les problèmes environnementaux revient à opter pour
l’utilisation d’instruments économiques comme les échanges de permis de polluer qui ont pour effet de don-
ner un prix a l’environnement. L’augmentation du prix doit inciter à réduire les dégâts occasionnés à
l’environnement par l’activité humaine. Pareille incitation se heurte à certaines limites.
D’abord, il s’avère que le recours au marché est difficile lorsque le régulateur étatique a une connais-
sance réduite du cout marginal de la limitation des émissions ou lorsque les émetteurs de pollution sont très
nombreux. Ce recours apparait alors à la fois difficile et particulièrement onéreux (dans le transport ou dans
l’agriculture, par exemple).
Ensuite, le fonctionnement du marché peut être perturbé par la volatilité du prix qui perturbe les
plans des agents économiques. Enfin, la détermination des allocations de permis favorise le jeu des lobbies
(marchandage politique), surtout lorsque cette allocation s’effectue a l’échelle internationale.
2. Qu’est-ce qui fait que les conflits sociaux sont les moteurs du changement social ?
Les conflits sociaux peuvent viser la promotion de nouvelles identités collectives ou la reconnais-
sance de nouvelles valeurs (exemples des luttes féministes ou des mouvements des Noirs américains en fa-
veur de la reconnaissance de leurs droits civiques). Dans ce cas, ils accélèrent le changement social conçu
comme la transformation durable et substantielle des comportements et des structures sociales.
Leur réussite suppose la mobilisation effective d’un groupe d’individus qui partage une même situa-
tion ou un intérêt commun.
3. Expliquez la persistance des conflits de classes dans les sociétés contemporaines.
Le terme de classe sociale est l’un des plus polémiques dans le vocabulaire des sciences sociales. Son
initiateur, Karl Marx (1818-1883), n’en a jamais proposé de définition précise. Pour le sociologue contem-
porain Louis Chauvel, les classes sociales représentent des catégories qui sont, d’une part, inégalement si-
tuées et inégalement dotées dans le système productif et, d’autre part, marquées par une forte identité de
classe.
Cette identité comporte trois dimensions :
1) temporelle (faible mobilité, homogamie sociale) ;
2) culturelle (modes de vie communs) ;
3) collective (défense de ses intérêts dans la sphère politique).
Le terme de conflit social est, pour sa part, plus simple à définir. Il représente l’expression d’antago-
nismes ouverts entre des individus ou des groupes pour la recherche, la possession ou la gestion de biens
symboliques (richesse, pouvoir, prestige) ; l’objectif de tout conflit étant de modifier les rapports de force.
A partir des années 1970, sur fond de crise du syndicalisme et de montée du chômage de masse, des
analyses montrent que, dans les sociétés modernes, les conflits de classes tendent à s’affaiblir alors que la
sociétés d’après-guerre les avait normalisés. Pourtant, à partir des années 1990, dans un contexte de hausse
des inégalités et de montée de l’exclusion, des sociologues à l’image de Louis Chauvel proposent de redéfi-
nir le concept de classe et de conflit.
Ils montrent que les conflits du travail aujourd’hui, mais aussi l’absence de conflits dans certains cas,
traduisent bien le fait que les sociétés contemporaines restent structurées sous forme de classes sociales. On
assiste par exemple à un processus de « renouveau du syndicalisme » en Europe qui accompagne la trans-
formation des registres de l’action collective et qui se traduit par une hausse des conflits du travail.
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Par ailleurs, il existe aujourd’hui une partie croissante du salariat affectée par les emplois précaires et
la montée du chômage qui, bien qu’hétérogène et peu mobilisée, peut être analysée comme une nouvelle
classe populaire « en soi ».
Au XIXe siècle, Karl Marx défendait déjà la thèse selon laquelle la lutte des classes était le « moteur
de l’histoire ».
La conscience de classe était une conséquence du développement de cette lutte, l’une des caractéris-
tiques du capitalisme étant de faciliter le passage de la classe en soi à la classe pour soi. Quelle est la dimen-
sion scientifique de l’œuvre de Marx susceptible d’être encore utilisée aujourd’hui ?
Selon Louis Chauvel, L’hypothèse centrale du modèle marxiste est de considérer que c’est l’intensité
des rapports de domination qui fonde l’appartenance a une classe (et non plus aujourd’hui la propriété ou la
non propriété des moyens de production). Ainsi, le creusement significatif des inégalités dans la plupart des
PDEM depuis quelques années conduit Chauvel à parler d’un « retour des classes sociales ».
En outre, on peut noter que le débat public sur les classes sociales se structure surtout (sinon totale-
ment) autour de la question de la classe ouvrière. Or, si cette dernière a bien comme caractéristique centrale
d’être de moins en moins mobilisée et visible, c’est loin d’être le cas de la classe dominante. De nombreux
travaux sociologiques ont ainsi montré que le milieu social de la bourgeoisie correspond aux critères de défi-
nition proposés par Louis Chauvel : il s’agit d’un groupe qui jouit d’une position favorable dans le système
productif (haut niveau de qualification de ses membres) et qui, contrairement aux « nouveaux prolétaires »,
produit une forte identité de classe : homogamie sociale importante, faible mobilité sociale, culture com-
mune, défense efficace de ses intérêts dans la sphère politique. La encore, la thèse de l’affaiblissement des
classes au profit d’une moyennisation en profondeur des sociétés occidentales doit être pour le moins relati-
visée.
4. En quoi est-il important de distinguer la mobilité observée de la fluidité sociale dans l’analyse
de la mobilité sociale ?
La mobilité observée (mobilité structurelle + mobilité nette) s’exprime à travers des taux absolus de
mobilité. La mobilité relative permet de saisir l’évolution de la fluidité sociale, c’est-à-dire des chances
respectives des membres de différents groupes sociaux d’atteindre tel ou tel statut (avec des résultats du
type « un fils d’ouvrier a x fois plus de chances qu’un fils de cadre de devenir ouvrier »).
La mobilité sociale désigne le passage d’un individu (mobilité individuelle) ou d’un groupe
d’individus (mobilité collective) d’un groupe social à un autre. Elle est une question centrale dans la socio-
logie contemporaine en raison de la contradiction qui apparait dans les sociétés modernes entre l’idéal égali-
taire comme valeur républicaine et les inégalités de situation qui résultent notamment de l’hérédité sociale.
La mobilité observée est une mobilité apparente, a l’intérieur de chaque PCS, qui est mesurée par les
taux absolus de mobilité calculés à partir des tables de mobilité intergénérationnelle.
La fluidité sociale est une mobilité indépendante des transformations, d’une génération à l’autre, des
emplois et des positions socioprofessionnelles. Elle est mesurée par les taux relatifs de mobilité qui compa-
rent les chances relatives des fils d’accéder à telle ou telle PCS selon leur origine sociale. Une fluidité so-
ciale élevée signifie que les origines sociales influencent peu les destinées ; dans le cas inverse (fluidité so-
ciale faible), les sociologues parlent de viscosité sociale.
La distinction entre les deux types de mobilité est essentielle pour mesurer la mobilité sociale en rai-
son du fait que la mobilité observée ne rend pas pleinement compte du phénomène de la mobilité sociale. En
1999, par exemple, L. A. Vallet montre que sur les quarante dernières années du XXe siècle en France, la
fluidité sociale a fortement progressé en dépit d’un maintien des hiérarchies sociales.
Par exemple, les chances d’être cadres (CPIS) a la fin des années 1970 étaient 100 fois plus fortes
pour les fils de cadres que pour les fils d’ouvriers ; dans les années 1990, ce rapport passe à 39.
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5. Quels sont les avantages et les inconvénients d’une taxation de la pollution ?
Les avantages et les inconvénients d’une taxation de la pollution doivent être évalués en rapport avec
les instruments économiques alternatifs dont on dispose pour diminuer la pollution, principalement les quo-
tas d’émission et la réglementation.
La taxation est sans doute le dispositif le plus incitatif et le plus facile à mettre en œuvre : en taxant
les biens échangés à hauteur de la pollution qu’ils génèrent, on oblige les individus à tenir compte des exter-
nalités engendrées par leur comportement, ce qui les pousse à adopter des solutions technologiques plus effi-
caces. Mais, en même temps, on laisse les marches fonctionner librement, alors que des mesures réglemen-
taires par exemple sont plus contraignantes puisqu’elles interdisent certaines actions.
Cependant, une taxation n’est pas toujours efficace pour plusieurs raisons : d’abord, il faut être cer-
tain de connaitre le bon niveau de taxation , ce qui est parfois difficile à évaluer, alors qu’une simple
norme d’émission a l’avantage de diminuer la pollution sans devoir connaitre le seuil efficace de taxation.
D’une part, si l’on taxe deux fois trop un marché pour réduire la pollution par rapport à ce qui aurait
été nécessaire, on freine fortement l’activité économique. D’autre part, la taxation risque de peser lourde-
ment sur les revenus les plus modestes, qui sont moins à même d’arbitrer par exemple entre produits
propres et produits polluants mais taxes . Il peut être nécessaire de mettre en place des mesures
compensatoires pour aider les plus modestes à faire face a l’augmentation des prix.
6. Comment distinguer croissance potentielle et croissance effective ?
La croissance effective est la croissance observée au cours d’une période donnée : elle varie pour des
raisons conjoncturelles d’une année sur l’autre, et l’on peut également l’observer en tendance, à l’aide du
taux de croissance annuel moyen qui donne le trend de croissance sur longue période.
Contrairement à la croissance effective, la croissance potentielle ne s’observe pas directement, mais
résulte d’une estimation économique, à partir des données dont on dispose sur le volume de facteurs de pro-
duction, du travail et du capital dont on dispose, et sur la productivité des facteurs. C’est la croissance
maximale qu’atteindrait l’économie, au cours d’une période donnée, si elle utilisait intégralement les fac-
teurs disponibles, autrement dit sans chômage et en utilisant au mieux les capacités de production.
L’écart entre la croissance potentielle et la croissance effective est très utile pour saisir les cycles
économiques.
7. Qu’est-ce qu’un choc d’offre ?
Un choc d’offre est la conséquence d’un événement ou d’un ensemble d’événements sur la situation
des offreurs dans une économie. Un choc d’offre peut être positif s’il améliore la rentabilité de l’activité
des producteurs dans une économie (choc technologique par des innovations, choc fiscal par baisse de
la fiscalité sur les entreprises, etc.), et un choc d’offre peut être négatif si au contraire il dégrade cette
rentabilité (choc salarial en cas de hausse rapide des salaires, choc fiscal en cas de hausse des impôts sur
les producteurs, choc de matières premières, etc.). L’existence d’un choc d’offre provoque des modifications
de la croissance potentielle dans l’économie et affecte en cela aussi la croissance effective. Un choc
d’offre positif permet une croissance plus forte, au contraire d’un choc d’offre négatif.
8. Quels peuvent être les avantages du protectionnisme ?
Il s’agit ici de développer essentiellement la protection des industries naissantes et vieillissantes. Il
peut être demandé quelques connaissances sur les politiques commerciales stratégiques et sur la défense
d’une entreprise ou d’un secteur dans une optique sociale (protéger des emplois ciblés).
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9. Expliquez la relation entre spécialisation et dotation factorielle.
Selon la théorie HOS, la spécialisation des pays se fait selon la dotation factorielle de chacun : un
pays se spécialise dans un bien (ou un secteur) qui nécessite, pour être produit, le facteur de production qui
est en abondance dans le pays. Cette abondance du facteur permettra de se le procurer à un prix relativement
plus faible.
10. Quels sont les avantages respectifs des changes fixes et flexibles ?
Les changes fixes favorisent le commerce international. En effet, le taux de change par rapport aux
autres monnaies étant toujours le même, les importateurs et les exportateurs n’ont pas à craindre des
variations soudaines ou fortes du taux de change donc du prix des produits qu’ils importent ou exportent.
Les changes flexibles donnent plus de liberté à la politique monétaire. La banque centrale n’ayant pas
à intervenir pour maintenir la parité des taux de change, elle peut consacrer sa politique monétaire à
d’autres objectifs (inflation ou croissance par exemple).
11. Comment l’UEM renforce-t-elle les interdépendances entre les politiques macroéconomiques
des Etats membres ?
L’UEM renforce les interdépendances entre les politiques monétaire et budgétaire d’une part, entre
les politiques budgétaires des États membres d’autre part. Ainsi la BCE, par sa politique monétaire, facilite
ou non le financement du budget des États membres. À l’inverse, les États membres par l’action sur
leur budget peuvent venir modifier l’inflation et donc la politique monétaire de la BCE. De plus, par leur
politique budgétaire, les États membres modifient la balance commerciale des partenaires.
12. Quelles sont les principales conceptions du développement durable ?
Le développement durable souffre d’une définition floue qui fait émerger deux conceptions de la
soutenabilité. Tout d’abord, la soutenabilité faible, qui considère que les capitaux sont substituables. Ensuite
la soutenabilité forte, qui présente les capitaux comme complémentaires.
13. Quels processus conduisent à la remise en cause des frontières entre les classes sociales ?
Il est de plus en plus fréquent de parler de « brouillage » des classes sociales.
a. On peut mettre en avant les analyses traditionnelles de certains sociologues sur la « moyennisation »
de la société : perte de la conscience de classe (la classe sociale « subjective » d’appartenance, celle à
laquelle on pense appartenir, est de plus en plus fréquemment la classe moyenne), émergence d’une
vaste classe moyenne (« constellation centrale », chez Henri Mendras) difficile à définir, moindre lutte
des classes, mode de vie commun entre les individus…
b. Mais on peut aussi compléter cette analyse par l’affirmation des singularités des individus, la multi-
plication de leurs identités sociales, la constitution d’un « homme pluriel » qui ne se reconnaît plus dans une
classe sociale suite à la multiplicité de ses expériences sociales. La remise en cause des classes sociales
est alors liée à la montée de l’individualisme (au sens sociologique du terme, c’est-à-dire un individu de
plus en plus autonome et affranchi des contraintes de ses groupes d’appartenance traditionnels).
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14. Comment mesurer le déclassement social ?
Mesurer le déclassement social présente une certaine difficulté, car il peut s’agir d’un sentiment sub-
jectif. Il peut s’agir d’une part de l’incapacité d’un individu à maintenir la position sociale de ses parents,
d’autre part d’un décalage entre la qualification de l’individu et celle requise dans l’emploi occupé.
15. Présentez l’évolution des formes de solidarité selon Durkheim.
La solidarité mécanique, typique des sociétés communautaires, est fondée sur la ressemblance (soli-
darité par similitude). Les individus ont des comportements et des activités peu différenciés. Ils sont sem-
blables parce qu’ils adhèrent aux mêmes valeurs, partagent les mêmes formes de sociabilité. Le lien social y
est mécanique.
La solidarité organique est celle des sociétés modernes marquées par la division du travail. Les indi-
vidus sont différents et occupent des fonctions spécialisées. Pour les remplir, chacun dépend des autres et est
de plus en plus en relation avec eux. Le lien social est organique et repose sur la complémentarité. Les socié-
tés passent d’une solidarité à l’autre avec le développement de la division du travail.
16. Comment l’Etat contribue-t-il à la cohésion sociale ?
L’État a longtemps été un instrument actif de l’intégration sociale et politique des individus. L’Etat-
providence en effet a permis aux individus de disposer de conditions matérielles propices à leur autonomie
en leur assurant une protection face aux risques de la vie (vieillesse, maladie, chômage, etc.). Il a contribué
ainsi à l’intégration sociale en limitant les conséquences des crises économiques (pauvreté et exclusion no-
tamment). Mais l’État est également l’incarnation du lien qui peut exister entre des individus citoyens d’une
même nation. Le rôle de l’État dans la cohésion sociale passe aussi par la citoyenneté et l’intégration poli-
tique. Cependant, l’individualisation croissante, le développement de revendications particularistes, la crise
de l’État-providence, accompagnée de la montée des inégalités économiques, sociales et géographiques,
peuvent conduire à une remise en cause du rôle intégrateur de l’État.
17. Qu’est-ce que le paradoxe d’Olson ?
Ce paradoxe de l’action collective, mis en évidence par Mancur Olson, désigne le fait que des indivi-
dus peuvent être amenés à ne pas se mobiliser malgré un intérêt commun, parce que chacun veut se compor-
ter comme un free rider (passager clandestin) en profitant des acquis de l’action sans en assumer les
risques.
18. Comment peut-on mesurer les inégalités économiques ?
Il existe plusieurs outils pour mesurer les inégalités économiques : on peut se servir de la moyenne
ou de la médiane (revenu moyen ou médian, par exemple) ; on peut également découper l’effectif en tranche
de 10 % et déterminer ainsi des déciles pour calculer le rapport interdécile (rapport entre les 10 % les plus
favorisés et les 10 % les moins favorisés) ; la courbe de Lorenz permet également de mesurer l’importance
de la dispersion des ressources économiques (éloignement par rapport à la droite d’équirépartition).
19. Comment les services collectifs permettent-ils de contribuer à la justice sociale ?
Les services collectifs réduisent directement les inégalités en essayant de favoriser l’égalité, comme
l’égalité des chances, avec l’école, ou l’égalité d’accès aux soins, avec les hôpitaux. Ils fournissent des pres-
tations gratuites qui permettent de redistribuer la richesse nationale (les plus défavorisés utilisent davantage
certains services collectifs, comme les transports en commun ; d’autres services sont prévus pour n’être ac-
cessibles que selon un certain niveau de ressources, comme les logements sociaux).
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