
mouvement, alors que c'est l'inertie qui domine celle des organismes. Les cellules doivent, pour se
déplacer, s'appuyer en permanence sur l'eau qui les entoure. Elles possèdent pour cela des structures
spécialisées, les flagelles ou les cils, dont les mouvements sont entretenus par des mécanismes très
différents selon qu'ils appartiennent à des bactéries (procaryote) ou à des cellules eucaryotes©
Encyclopædia Universalis 2006, tous droits réservés
Les procaryotes
Les bactéries sont si petites (1 micromètre de longueur) qu'elles sont soumises de manière violente à
l'agitation thermique du milieu (mouvement brownien). Elles sont pourtant capables de se diriger vers
des sources de nourriture ou d'éviter des conditions d'environnement adverses, en se déplaçant à la
vitesse considérable, pour leur taille, de 20 à 30 micromètres par seconde. Le plus souvent, elles le
font en utilisant des flagelles, qui fonctionnent comme une hélice de bateau. Dans la bactérie
intestinale Escherichia coli, par exemple, chaque flagelle est un filament rigide de 14 millièmes de
micromètres de diamètre et de 10 micromètres de longueur, qui tourne à la vitesse incroyable de
quelque 200 tours par seconde grâce à un petit moteur rotatif inséré dans la membrane et la paroi de la
cellule. Le flagelle ayant une forme d'hélice droite, sa rotation, dans le sens des aiguilles d'une montre
lorsqu'on regarde de la bactérie vers le flagelle, produit une poussée sur le milieu qui entraîne le
déplacement de la bactérie dans le sens opposé à la poussée. Les différents flagelles coopèrent pour
produire un mouvement rectiligne de la bactérie, en formant une tresse unique compatible avec la
forme en hélice droite des flagelles et avec leur rotation individuelle. Un tel mouvement dure de
l'ordre de la seconde, après quoi la cellule change brutalement, et au hasard, de direction en pivotant
sur place, grâce à une inversion du sens de rotation des flagelles, qui est incompatible avec le maintien
d'une organisation des flagelles en une tresse unique produisant une traction. Une modification de la
fréquence des changements de direction de la bactérie provoquée par les signaux de l'environnement
auxquels elle est sensible lui permet de se diriger.© Encyclopædia Universalis 2006, tous droits
réservés
Les unicellulaires eucaryotes
De très nombreuses espèces unicellulaires eucaryotes se déplacent grâce à des ciliatures ou à des
appareils flagellaires d'une très grande variété, parfois constitués de plusieurs milliers de cils ou de
flagelles. Cependant, tous les cils et tous les flagelles possèdent, à de rares exceptions près, une
structure de base identique, reposant essentiellement sur des microtubules [cf. CELLULE] . Les cils
ou les flagelles des cellules eucaryotes sont fondamentalement différents des flagelles bactériens, par
leur taille, au moins dix fois supérieure en diamètre, par leur fonctionnement et par le fait que, tout en
se projetant à l'extérieur du corps cellulaire, ils restent entourés de la membrane plasmique et sont
donc des organites intracellulaires, au contraire du flagelle bactérien. La distinction entre cil et flagelle
chez les eucaryotes repose sur leur type de battement et non sur leur structure. La différence entre les
battements des cils et des flagelles explique que les flagelles soient souvent nettement plus longs que
les cils. Les flagelles poussent ou tirent le corps cellulaire grâce à des trains d'ondes symétriques qui se
propagent d'une extrémité à l'autre. Les cils fonctionnent davantage comme des rames, ou comme les
bras d'un nageur, et ont un mouvement asymétrique, dans lequel on peut distinguer une phase active
d'appui sur le liquide environnant, et une phase de récupération qui ne produit pas de mouvement. Ces
battements ciliaires ou flagellaires ne sont pas entièrement stéréotypés car les protozoaires sont
capables d'une grande variété de comportements en fonction des conditions d'environnement.
Considérons deux exemples, l'un chez les ciliés et l'autre chez les flagellés.
La nage des cellules se produit grâce à une coordination du battement des cils ou des flagelles. Le
déplacement de la cellule dans une direction donnée s'accompagne souvent d'une rotation lente du
corps cellulaire. C'est le cas pour la paramécie, cellule ovoïde de plus de 100 micromètres de longueur
qui possède plusieurs milliers de cils distribués de manière régulière en rangées longitudinales (le long
de méridiens). Le battement est synchrone d'une rangée de cils à l'autre dans la direction transversale
mais possède un léger déphasage le long d'une rangée, ce qui provoque une onde métachronale en
spirale à la surface de la cellule qui se traduit par une lente rotation. La paramécie face à un obstacle
peut modifier sa trajectoire en renversant, sous le contrôle d'un signal calcique, le battement de ses
cils, ce qui a pour effet de la faire reculer. Puis le battement ciliaire s'interrompt transitoirement sur
toute la surface de la cellule, sauf dans l'orifice buccal, très riche en cils et placé en position
asymétrique à l'avant de la cellule. Cela produit une rotation de l'axe du corps cellulaire. Lorsque le
battement normal reprend, la direction du mouvement avant fait un angle de plusieurs dizaines de