Chaque culture se caractérise par les différentes manières de penser, les différents comportements
résultant de la façon dont les populations gagnent leur vie, de l’éducation reçue pendant l’enfance,
des échanges de biens et du commerce, de la manière dont les liens familiaux restent ou non stables,
des institutions qui organisent la vie collective, ainsi que des activités créatives, ludiques, esthétiques,
morales, intellectuelles, religieuses...
L’anthropologue collecte et organise des informations sur des traits culturels permettant de les
comparer avec certains aspects ou éléments récurrents dans la société où ils se manifestent. Les
organiser par ensembles liés à l’infrastructure, la structure et la superstructure d’une communauté
permet d’en avoir une approche cohérente.
L’infrastructure concerne les besoins essentiels et la façon dont les techniques et les modes de
production et de reproduction permettent de les satisfaire, en particulier la manière dont une
population assure son alimentation et son habitat, organise son accès à une eau potable, la stocke et
l’utilise, comment elle maintient son équilibre démographique en satisfaisant ses besoins sexuels et
en protégeant sa santé, et comment elle répond à ses autres besoins biologiques et émotionnels en
fonction des possibilités et des limites de ses techniques spécifiques en interaction dans un
environnement spécifique.
Lorsqu’il s’agit de travailler pour un projet de développement, les données recueillies sur les modes de
production traditionnels permettent de mieux comprendre les techniques de subsistance d’une
communauté, les relations entre ces techniques et les ressources environnementales, les
écosystèmes et les méthodes de travail. A première vue, collecter des informations sur les modes
traditionnels de reproduction (pratiques utilisées afin d’accroître ou de limiter la taille d’une population)
peut sembler moins important que de réunir des données sur les aquifères et autres ressources
locales en eau. Toutefois, recueillir des données sur la fertilité d’une communauté, sa natalité et sa
mortalité, sur le contrôle ou non des naissances (contraception, avortement, infanticide) et les soins
que reçoivent les jeunes enfants, peut permettre de concevoir un projet de développement en
adéquation avec l’avenir démographique de cette communauté. Il est établi que les pratiques
concernant la reproduction humaine et les habitudes alimentaires sont les comportements les plus
difficiles à modifier.
La structure comprend l’économie domestique et politique, c’est-à-dire comment une population
organise ses échanges de biens et sa production. L’unité sociale de base est la famille proche et
étendue. Les relations entre ces unités (familles) permettent de comprendre quels échanges de biens,
de travail et d’informations circulent entre elles, comment ces échanges sont régulés et comment le
type de relations qui les caractérise se reflète dans l’organisation politique et économique de la
société dans son ensemble, dans ses croyances et ses rituels religieux et dans ses activités
intellectuelles.
Il est nécessaire de comprendre la structure selon laquelle s’organise la famille, la division domestique
du travail et de l’éducation, les rôles liés à l’âge et au genre, les hiérarchies à l’intérieur des familles
pour savoir quelle est l’organisation de la production et de la consommation dans une communauté,
car toutes ces activités ne pourraient exister sans accès à l’eau. En effet, l’économie domestique,
dépendant de cette ressource essentielle à la vie de tous, a des effets sur la façon dont cette
ressource est distribuée et utilisée. La politique économique d’une communauté – qu’il s’agisse d’une
chefferie traditionnelle, d’une région ou d’un Etat – se reflète dans ses propres modes de production,
d’échange et de consommation tels qu’ils sont organisés dans son environnement spécifique. Elle se
reflète également dans les hiérarchies rurales et urbaines, les institutions et associations politiques, la
loi et ses applications.
La superstructure comprend les domaines culturels relevant de l’idéologie et de la symbolique : la
morale, la loi, l’autorité, ainsi que les activités religieuses, symboliques, intellectuelles (les sciences),
artistiques, ludiques (dont le sport) qui, chacune, peuvent être considérées et analysées d’un point de
vue émique et étique. Il est important de connaître la superstructure d’une communauté pour savoir
quelles sont ses valeurs éthiques et morales, et pour identifier quelles y seront les conséquences
acceptables ou non de travaux hydrauliques, d’une nouvelle gestion des ressources en eau, ou
encore d’un projet d’assainissement. La gouvernance de l’eau doit se fonder sur les meilleures
pratiques éthiques, sur des valeurs partagées. Chaque région ayant ses propres priorités et donc des
approches différentes de son propre développement, le seul moyen d’éviter qu’un projet lié à l’eau et