Comment articuler ordinaire et extraordinaire ?
Articulant les couples de « norme/déviance » et de « commun/exceptionnel », le pivot
conceptuel « ordinaire/extraordinaire », apparaît au centre de la démarche de l'anthropologie
historique. Prenons-nous la transgression et la marginalité pour elles-mêmes ou en ce qu’elles
permettent de mieux définir la norme ? Les tensions inhérentes à cette approche posent de manière
cruciale la question de la représentativité de nos corpus.
L'anthropologie juridique, l'intérêt pour la liturgie, l'histoire des gestes, ont approfondi
radicalement notre compréhension du Moyen Age « ordinaire », mais d’autres travaux, notamment
en histoire politique, manifestent un nouveau tournant vers l'exceptionnel, l’individualité,
l'événement.
Les différentes critiques du structuralisme ont par ailleurs insisté sur la nécessité de sortir
des schématisations figées de la société. Une attention particulière sera donc portée sur les
transformations qui parcourent le monde médiéval dans une dialectique entre évolutions
observables dans le temps long et événements enregistrables dans le temps court. Qu'apportent des
analyses mettant en avant des objets trans-catégoriels et des transgressions des catégories, des
rapports inter-culturels ou des passages sociologiques (conversion, affranchissement) ? Quels sont
les cadres théorique permettant aujourd'hui de produire des synthèses pertinentes en histoire ?
La culture matérielle entre histoire et archéologie
Depuis 30 ans, les recherches d’archéologie, sur la culture matérielle, sur l'histoire des
techniques ont apporté des éléments d'interprétation importants pour ces problématiques mais trop
souvent ignorés ou mal utilisés par les historiens. Les problèmes institutionnels et les découpages
académiques artificiels ont handicapé fortement la recherche médiévistique française à quelque
rares et notables exceptions près.
L'archéologie expérimentale, l'anthropologie funéraire, ou l'application de la théorie
linguistique médiationniste sont des exemples fructueux d'échanges de l'archéologie avec les
diverses sciences sociales. Cependant, l'histoire et l'archéologie médiévale se sont souvent tenues un
peu à l'écart de ses expérimentations méthodologiques et de ses tentatives de dialogue
épistémologique.
D'autre part la création d'une administration publique et l'ouverture à la concurrence du
marché de l'archéologie préventive semble amener une déconnexion encore plus grande entre la
recherche archéologique programmée et les fouilles de sauvetage. Il s'agit donc, dans ce contexte,
de prendre cette occasion pour réfléchir à l'archéologie comme mode de pensée et non comme
simple science auxiliaire. Que doit penser l'archéologie médiévale ? Quels sont les projets
scientifiques et les objets spécifiques de l'archéologie médiévale aujourd'hui ?
De l'histoire des représentations à l'anthropologie des images
D'un coté, par rapport au projet du 1978, on enregistre dans le passage de la catégorie
d'« imaginaire » – censée jadis reprendre l'héritage des « mentalités » et en dépasser les limites – à
celle de « représentations ». De l'autre, depuis son essor à la fin des années quatre-vingt, l'« histoire
des représentations » des médiévistes a entrepris une collaboration d'importance grandissante avec
les courantes surgies de la critique à l'iconologie et se réclamant d'anthropologie de l'image.
La problématique textes/images semble marquer fortement ce glissement épistémologique.
Tandis que l'histoire de l'imaginaire mettait les sources littéraires et artistiques sur le même plan, le
passage aux représentations coïncide avec un intérêt prédominant pour les images matérielles, de
façon que les deux mots, représentations et images matérielles, se trouvent traités de synonymes.
Comment peut-on interpréter ce phénomène dans le cadre plus général de l'anthropologie
historique et comment le redéfinit-il ? Faut-il envisager la collaboration avec l'anthropologie de