Valorisation des campagnes à la mer
Navires Ifremer - IRD - IPEV
2 – Rappel des objectifs
Le projet CongoLobe a pour principal objectif l’étude de ces écosystèmes profonds des lobes terminaux
de l’éventail sous-marin du Congo qui constitue un « hot spot » pour la biologie et la biogéochimie dans la
région. Notre projet vise à faire le lien entre la nature et la magnitude des apports de matière organique en
provenance du fleuve Congo et les écosystèmes exceptionnels mis en évidence dans la zone terminale du
canyon. En plus de la description de la biodiversité de ces écosystèmes dont la composition biologique
ressemble aux communautés chimiosynthétiques, nous souhaitons étudier leur fonctionnement et quantifier
le devenir des apports organiques du Congo comme source directe ou indirecte pour leur métabolisme. Cet
écosystème pourrait être alimenté par les apports organiques du système canyon/chenal du Congo, leur
diagenèse dans les premiers mètres de sédiment (ou plus en profondeur) qui pourraient s’accompagner de la
genèse de fluides réduits riches en sulfure et en méthane. Ces composés réduits permettent une production
microbienne chimioautotrophe et le développement de communautés biologiques qui en dépendent, ces
dernières ayant été déjà observées en surface des sédiments des lobes.
Le projet Congolobe repose sur deux campagnes : la campagne WACS (février 2011) a servi
d’exploration de la zone des Lobes alors que la campagne CongoLobe a été une campagne pluridisciplinaire
associant géologues spécialistes de cet éventail sous-marin, géochimistes organiciens capables de caractériser
l’origine et réactivité de la matière organique, géochimistes marins estimant le recyclage et la préservation des
composés biogènes, microbiologistes précisant la nature et l’activité des bactéries et des archées du sédiment,
et biologistes étudiant la biodiversité et le fonctionnement des communautés biologiques à toutes les échelles
de taille. Elle s’est appuyée sur les données préliminaires (topographiques, sédimentaires et biologiques)
acquises sur cette zone lors des campagnes précédentes (Zaiango et WACS). Au total 5 sites ont été explorés
(profondeur 4700-5000m) : Trois sont situées le long de l’axe principal du lobe actuellement actif, la quatrième
est localisée sur un lobe qui a priori n’est plus alimenté depuis plusieurs décennies à plusieurs siècles et enfin,
le dernier site se situe sur un lobe plus au nord qui est déconnecté depuis plusieurs millénaires et servira à
observer la persistance des assemblages biologiques. Cette campagne avait pour but: (1) de caractériser
l’origine et la réactivité de la matière organique dans les sédiments des lobes terminaux en lien avec les
apports du Congo, (2) de déterminer leur recyclage et leur enfouissement dans les sédiments et de dresser un
bilan des espèces biogènes (C et Si), (3) de décrire la genèse de fluides réduits riches en méthane et sulfure par
les communautés bactériennes, et (4) de comprendre les modes de fonctionnement des écosystèmes présents
(base détritique ou base chimiosynthétique).
Les résultats obtenus lors du programme reposent sur des techniques de pointe : l’utilisation du ROV
Victor 6000 de l’IFREMER qui permet de visualiser les structures biologiques et géologiques et d’effectuer des
prélèvements et mesures sur des structures précises et bien décrites ; les technologies de mesure in situ ont
été largement employées puisque 2 landers (autonomes ou manipulables par le ROV) ont été utilisés pour