départements (à Paris, en Corse, dans l’Yonne et en Charente Inférieure). Attentif à cette
initiative venue de partisans bonapartistes, il choisit cependant de demeurer à Londres. Louis-
Napoléon démissionne dès le 16 juin et se refuse ainsi dans un premier temps à siéger à
l’Assemblée constituante. De nouveau élu le 17 septembre et cette fois-ci dans cinq
départements, il gagne alors la France, sûr de sa popularité auprès des Français. Arrivé à
Paris, le 24 septembre, Louis-Napoléon Bonaparte s’installe à l’hôtel du Rhin, place
Vendôme.
Cependant, les premières apparitions à l’Assemblée constituante du nouveau député, ses
prestations oratoires donnent bientôt de lui l’image d’un piètre politique. Avec la
promulgation de la Constitution, le 4 novembre 1848, de nouvelles élections sont organisées
afin de donner un Président à la Seconde République. A côté du général Cavaignac, chef du
Gouvernement et vainqueur des insurgés de juin, et d'Alphonse de Lamartine, à l'origine au
mois de février précédant de la proclamation de la République, Louis-Napoléon Bonaparte,
neveu de l'Empereur, se déclare candidat dès le 28 octobre précédent. S'il espère tirer profit du
nom et de la légende qui entoure son oncle, Louis-Napoléon Bonaparte bénéficie également
du soutien des conservateurs du Parti de l’Ordre. Ce cercle influent de royalistes se réunit à
l’époque rue de Poitiers et compte dans ses rangs Adolphe Thiers, Alexis de Tocqueville ou le
comte de Falloux. Ces conservateurs pensent ainsi manœuvrer sans grande difficulté celui que
l’on assimile à " un crétin qu’on mènera ", suivant le mot de Thiers. Le programme du
candidat se veut rassembleur. Il s'adresse à tous les Français, aux ouvriers comme aux
propriétaires. Avec 5.534.000 voix soit 74.2 % des suffrages, Louis-Napoléon Bonaparte
obtient très largement la majorité devant ses adversaires le 10 décembre suivant et est ainsi
élu triomphalement. La crainte du " péril rouge " dans les campagnes a joué en sa faveur.
Louis-Napoléon Bonaparte prend ainsi possession de l’Élysée, adopté comme palais
présidentiel par le nouveau régime. Le 20 décembre 1848, il jure de " rester fidèle à la
République démocratique, une et indivisible ". Le nouveau Gouvernement est bientôt placé
sous la présidence de l’orléaniste Odilon Barrot. De nouvelles élections législatives,
organisées le 13 mai 1849, désignent une large majorité conservatrice à l’Assemblée. Le
pouvoir échappe ainsi définitivement aux Républicains. La Seconde République est désormais
aux mains des conservateurs.
Cependant, ses ambitions personnelles amènent Louis Napoléon Bonaparte à remettre en
cause son alliance de circonstance avec le Parti de l’Ordre. Et un groupe de députés,
surnommé le Parti de L’Élysée, soutient bientôt le Président face à la majorité des membres
de l’Assemblée. Cette crise politique est d’ailleurs entretenue par l’ambiguïté des dispositions
établies par la Constitution de 1848. Tandis que la responsabilité des ministres devant la
Chambre des députés n'est pas clairement exprimée, les deux pouvoirs, celui de l’Assemblée
nationale et celui du Président de la République, sont d'égale force. Aucun organisme n'est là,
disposé à régler leurs conflits éventuels.
Désireux de se maintenir au pouvoir, Louis-Napoléon Bonaparte tente d'influer pour
l'abrogation de l'article 45 de la Constitution du 4 novembre 1848. Celui-ci stipule que le
Président de la République, élu pour quatre années, n'est pas immédiatement rééligible. Le
Président parcoure le pays, se montrant à la population et entretenant ainsi sa popularité. Il
multiplie également les gestes à l’égard de l’armée tandis qu’une campagne de pétition est
organisée pour la modification de la Constitution. Le 13 novembre 1851, cette idée est