Sujet: Analysez l’effet du vieillissement de la population sur la croissance économique Problématique: Le vieillissement de la population peut-il être un frein à la croissance économique? La dynamique démographique des pays industrialisés se caractérise par le vieillissement de la population. Ce processus s’explique à la fois par un ralentissement de la fécondité et par une augmentation de la longévité. Le vieillissement d’une population est considéré comme un facteur de ralentissement de la croissance économique, augmentation continue et sur une longue période du PIB ;le dynamisme d’une économie reposerait avant tout sur sa jeunesse ; le vieillissement ferait peser une charge plus lourde sur les actifs occupés. Le vieillissement serait un poids qui réduirait les possibilités de croissance économique. Qu’en est-il réellement ? Le vieillissement de la population peut-il être un frein à la croissance économique ? Une population vieillissante peut nuire à la croissance économique mais elle peut aussi devenir une source possible de croissance économique. I/Une population vieillissante peut avoir des effets négatifs sur les facteurs de production ce qui peut menacer la croissance économique. A/Une population vieillissante peut nuire au facteur travail et réduire le dynamisme de l’économie. 1/Le vieillissement d’une population entraîne le vieillissement de sa population active. a/En effet, la dynamique démographique agit sur la quantité d’actifs. La population active augmente de moins en moins vite. En 2010, la population active en France s’élève à 28,364 millions ; elle atteindra 30,143 millions en 2030 soit une augmentation de moins de deux millions en 20 ans alors qu’elle avait augmenté de pratiquement trois millions entre 1995 et 20&à passant de 25,392 millions en 1995 à 28,364 millions en 2010 selon l’Insee. L’offre de travail dans les 20 prochaines années en France et dans les autres pays industrialisés connaîtra une quasi-stagnation qui influe négativement sur les capacités d’une économie à produire des richesses. Toutefois, la liaison quantitative entre population active et croissance économique n’a qu’une pertinence relative selon les économistes. Il est essentiel d’analyser la structure par âge de la population active. b/La dynamique démographique agit sur la structure par âge de la population active. Le poids des personnes âgées augmente dans la population active tandis que le poids des jeunes actifs diminue. Ainsi, les plus de 55 ans représentent 12,4% de la population active en 2010 et les 15-24 ans 10,4% selon l’Insee. En 2030, les seniors actifs représenteront 18,6% de la population active et les jeunes 10,2%. 2/Cette modification de la structure par âge a des répercussion plus importantes que la quasi stagnation de la quantité d’actifs sur le dynamisme démographique. a/La productivité du travail peut diminuer avec l’âge. Le lien entre productivité et âge est plus ou moins lâche en fonction de la qualification de l’emploi, de la branche d’activité, de la formation initiale, et de la formation continue. Mais, une relation en « U inversé » émerge entre âge et productivité ; cette relation est d’autant plus marquée que les salariés sont peu qualifiés, et n’ont pas bénéficié de formation continues générales. Ainsi, les salariés peuvent perdre avec l’âge certaines compétences physiques. Leur état de santé peut se détériorer. Dans les branches caractérisés par de forts changements technologiques, et par un manque de formation des salariés, la productivité des travailleurs les plus âgés peut diminuer. La vitesse d’apprentissage, la vitesse et la résolution de tâches avec de nouveaux outils se réduisent avec l’âge d’autant plus que les connaissances sont éloignées des études initiales. Si ces individus ne peuvent s’adapter au progrès technique, leur productivité baisse fortement. Les qualifications acquises ne sont plus en adéquation avec les qualifications requises. Ainsi, pour ses salariés, la capacité à absorber de nouvelles technologies est devenue plus importante que l’expérience. 2/ le vieillissement peut ralentir le développement et la diffusion de l’innovation. La modification de la structure par âge de la population comme l’accroissement de la part des plus de 55 ans par rapport au moins de 25 ans peut limiter le développement de l’innovation. Les individus les plus âgés peuvent être réticents face aux innovations, ce qui peut freiner la hausse de la productivité. Le manque de dynamisme des seniors peut alors être négatif pour la croissance économique. B/Une population vieillissante peut nuire au facteur capital en menaçant l’investissement à travers l’insuffisance d’épargne. 1/Selon la théorie du cycle de vie de Franco Modigliani (1918-2003), prix Nobel d’économie en 1985, la structure par âge de la population influence le taux d’épargne national. Selon ce modèle, les individus rationnels souhaitent maintenir le niveau de leur consommation tout au long de leur âge adulte. Leur revenu évoluant en fonction de leur âge, l'épargne, qui est le solde entre la consommation et le revenu, évoluerait également avec l'âge. Au début de la vie active, lorsque le revenu est faible, les individus s'endettent, leur épargne est négative ; par la suite, le revenu croît jusqu'à dépasser le niveau de consommation souhaité, ce qui se traduit par une épargne positive ; à l’âge de la retraite, le revenu décroît et les individus désépargnent à nouveau en " consommant " leurs économies. Ainsi, plus la population vieillit, plus l’épargne nationale diminue. Les pays industrialisés comme la France connaissent aujourd’hui, un double vieillissement. Les générations actuelles ont moins d’enfants ; le vieillissement a lieu par le bas ; elles vivent plus longtemps qu’autrefois ; le vieillissement a lieu par le haut. Si l'on s'en remet donc à ce modèle, l'épargne devrait baisser en raison de l'augmentation de la part des retraités dans la population totale. 2/La baisse du niveau de l’épargne a un impact négatif sur le niveau de l’investissement source de croissance économique. L’épargne sert à financer les investissements ; elle permet donc l’accumulation du capital fixe. Les investissements de productivité incorporent des innovations de procédés qui augmentent la productivité des travailleurs. Plus le taux d’investissement est élevé dans un pays, plus le PIB augmente. Si le niveau d’épargne diminue, les possibilités d’investissement se réduisent ce qui a un impact négatif sur la croissance économique. La croissance économique est donc liée à l’épargne réalisée. Le vieillissement de la population peut donc avoir des effets négatifs sur la croissance économique. Toutefois, ces conséquences sont incertaines. II/Cependant, le vieillissement de la population peut aussi favoriser la croissance économique. A/Le vieillissement peut générer des gains de productivité, facteur de croissance économique. 1/Une population vieillissante peut agir positivement sur la productivité actuelle. Une population active plus âgée est une main d’œuvre plus qualifiée car plus expérimentée ce qui est favorable à la productivité du travail. De plus, les seniors actifs constituant une main d’œuvre expérimentée, peut transmettre ses savoirs et ses compétences aux plus jeunes. Des gains de productivité peuvent être réalisés grâce au phénomène d’apprentissage par l’expérience, ce qui renforce alors la productivité des jeunes générations. Les personnes âgées constituent un réservoir de croissance économique. 2/Une population vieillissante permet également des gains de productivité futurs. Plus une population vieillit, plus un gouvernement pourra augmenter ses dépenses dans la formation, surtout dans la formation aux technologies nouvelles, pour augmenter le capital humain, puisque l’éducation profitera longtemps à la population, ce qui est positif à long terme pour la productivité du travail. Le capital humain est le stock de connaissances économiquement valorisables et dépendant des qualifications des individus, de leur niveau de connaissances générales et techniques et de leur état de santé. Le dynamisme de la population active passe par son niveau de formation par ses compétences et par son expérience. B/ Une population vieillissante peut avoir un effet positif sur la demande de consommation, facteur de croissance économique. 1/Les personnes âgées grâce à l’épargne accumulée peuvent consommer. D’après la théorie du cycle de vie présentée par Franco Modigliani, les comportements d’épargne sont différents selon les âges de la vie. Le taux d’épargne évolue en fonction de l’âge pour se réduire en fin de vie. Le vieillissement accroît le nombre d’individus qui désépargnent. Cette désépargne dynamise alors la consommation. Les ressources sont dépensées par les retraités eux-mêmes ce qui alimentent la demande de biens et de services. Ces ressources peuvent aussi être transmises aux générations suivantes, ce qui peut les aider à maintenir leur pouvoir d’achat dans le cas de difficultés d’insertion sur le marché du travail. 2/De plus, l’effet génération peut augmenter la consommation. La génération des babyboomers qui part à la retraite depuis le milieu des années 2000 est une génération qui consomme plus que la génération d’avant guerre. A la retraite, elle continuera d’acheter des biens et des services relatifs au confort, ou aux loisir, pour maintenir ses habitudes de consommation, notamment pour les catégories les plus favorisées ce qui est favorable à la demande de consommation, et incite les entreprises à produire. 3/L’effet d’âge peut aussi être positif sur la consommation. Il existe une demande spécifique aux personnes âgées. Une population vieillissante génère de nouveaux besoins. Elle accroît la demande de loisirs et de tourisme. Elle est aussi une population qui privilégie les biens et les services relatifs à la santé. Les personnes âgées consomment d’avantage de médicaments ce qui stimule l’innovation et la production dans l’industrie pharmaceutique. Elles ont également besoin des services à la personne, des services des maisons de retraite, pour faire face au problème de la dépendance. Ces demandes sont vecteur de création d’emplois et d’activités. Les effets du vieillissement de la population sur la croissance économique semblent indéterminés. Il est difficile de savoir si les effets négatifs dus à la modification des facteurs de production seront compensés par les effets positifs en termes de créations d’emplois, de demande nouvelle ou de hausse de productivité.