4) « humeurs affolées », « estomac se soulève », « pouls…tantôt se ralentit…tantôt galope »
5) « Au milieu des taches, des points plus ardents se créent, autour de ces points la peau se
soulève en cloques », « le corps en est sillonné »
MAIS « Ouvert, le cadavre du pestiféré ne montre pas de lésions. » ; « La vésicule biliaire…est grosse à
crever d’un liquide noire et gluant » ainsi que le sang des artères.
« Tout indique un désordre fondamental des sécrétions » « Mais il n’y a ni perte ni destruction de
matière ».
« Dans certains cas pourtant, le poumon et le cerveau lésée noircissent et se gangrènent. »
- 2 remarques
1) « le pestueux a son compte sans pourriture d’un membre quelconque »
2) « les deux seuls organes réellement atteints et lésés par la peste : le cerveau et les poumons, se
trouvent être tous deux sous la dépendance directe de la conscience et de la volonté »
- D’où l’idée d’une « physionomie spirituelle » de la peste :
« De tout ceci ressort la physionomie spirituelle d’un mal dont on ne peut préciser scientifiquement les
lois »
car en effet « Personne ne dira pourquoi la peste frappe le lâche qui fuit et épargne le paillard qui se
satisfait sur des cadavres. »
Installation de la peste dans la cité : et « le théâtre s’installe »
- Panique et incohérence dans la cité :
« les cadres réguliers s’effondrent » ; « des rues entières sont barrées par des entassements de morts » ;
« c’est alors que…les pestiférés délirants…se répandent en hurlant par les rues » ; « d’autres pestiférés…,
se sentant crever de santé, tombent morts avec dans leurs mains leur plat à barbe, pleins de mépris pour
les autres pestiférés » ; « ces médecins ignares ne montrent que leur peur et leur puérilité »
« Les derniers vivants s’exaspèrent, le fils, jusque là soumis et vertueux, tue son père ; le continent
sodomise ses proches. Le luxurieux devient pur. L’avare jette son or à poignées par les fenêtres. Le héros
guerrier incendie la ville qu’il s’est autrefois sacrifié pour sauver. L’élégant se pomponne et va se
promener sur les charniers. »
- Comparaison entre la peste et le théâtre (du point de vue de cette attitude frénétique)
« Et c’est alors que le théâtre s’installe. Le théâtre, c’est à dire la gratuité immédiate qui pousse à des
actes inutiles et sans profit pour l’actualité. »
Analogies peste / théâtre
- Pestiféré / acteur : deux états similaires dans leur gratuité :
« Tout dans l’aspect physique de l’acteur comme dans celui du pestiféré, montre que la vie a réagi au
paroxysme, et pourtant, il ne s’est rien passé. »
- Peste / théâtre : « 2 forces spirituelles » :
« les images de la peste en relation avec un état puissant de désorganisation physique sont comme les
dernières fusées d’une force qui s’épuise »
« les images de la poésie au théâtre sont une force spirituelle qui commence sa trajectoire dans le sensible
et se passe de la réalité. »
- Leurs rapports aux événements extérieurs :
« on considérera les humeurs troublés du pestueux comme la face solidifiée et matérielle d’un désordre
qui, sur d’autres plans, équivaut aux conflits, aux luttes, aux cataclysmes et aux débâcles que nous
apportent les événements. »