La plante invasive a proliféré dans les cours d'eau du Pays
de Redon. On commence depuis peu à la trouver sur les
terres, où elle pourrait avoir un impact sur les écosystèmes
et l'agriculture.
Pourquoi ? Comment ?Comment la jussie est-elle apparue sur les terres ?
Ce n'est ni une nouvelle espèce ni une mutation. Juste une adaptation à un nouvel habitat, et
elle inquiète. On connaissait la jussie sous sa forme aquatique, voilà maintenant qu'elle
s'attaque aux prairies. Cette plante invasive, venue d'Amérique du sud, a fait son apparition au
milieu des années 80 sur le bassin aquatique breton. Dans le Pays de Redon, sa prolifération a
longtemps menacé d'asphyxier certaines rivières et voies d'eau, comme au mortier de Glénac.
Des terres contaminées ? Le phénomène est relativement nouveau.
« Nous commençons à recevoir des appels d'agriculteurs », indique Benjamin Bottner,
chargé de mission à l'Institut d'aménagement de la Vilaine (IAV). Pour l'instant, ce sont les
marais de l'Isac qui sont les plus touchés. Au lieu-dit le Clandre, sur la commune de
Guenrouët, il indique la progression de l'invasion sur une parcelle agricole. Il a suffi d'une
douve gagnée par la jussie aquatique pour que les terres soient attaquées.
Peut-on lutter contre son invasion ?
La plante prolifère à un rythme soutenu : « Sa biomasse peut doubler en 15 jours. » Les
zones humides, un excellent terreau pour la plante envahissante : « Elle a beaucoup d'humus
pour se nourrir », estime le chargé de mission à l'IAV.
Il faut un rien pour qu'elle se répande. « Des boutures peuvent se coller aux sabots du
bétail, ou sous les roues du tracteur, et circuler de parcelle en parcelle », assure-t-il, en
indiquant une zone où la plante a fleuri. « Les graines peuvent aussi se disséminer en
période de floraison ».
Ce qui préoccupe l'IAV ? « Nous savons traiter la jussie aquatique, en l'arrachant »,
explique Benjamin Bottner.
Pour sa forme terrestre, par contre, « il n'y a pas encore de solutions ». L'emprise des racines
est profonde, « il faudrait retourner une énorme couche du sol ». Ce qui, de toute façon,
est impossible : les marais sont des zones protégées Natura 2000.
Quelle menace représente-t-elle ?
En traversant le champ, Benjamin Bottner fait un rapide calcul. 4 ha sont couverts par la
plante. « La jussie s'impose sur l'herbe et les espèces indigènes. » Sauf qu'elle n'est pas
exploitable. « Les animaux n'aiment pas son goût. » Mais en attendant, elle gagne sur les
fourrages.