Farge 2010-2011
Damien Vendredi 07 Octobre
LMPHI155, E. During Anglais Philosophie
Anglais philosophique
Introduction donc à la métaphysique analytique.
Reprise du premier mouvement :
Envisager le temps dans une dualité, tantôt comme un temps ordre, tantôt comme un temps flux. L’ordre du
temps, c’est la succession. Il y a une sorte de changement qui ne ressemble à aucun changement que l’on
connaisse, dans le sens où on a l’impression que c’est plus fondamental que, par exemple, l’état d’une rose sous
forme d’un bouton à une rose ouverte. Le changement appliqué au temps serait un méta changement, un
changement nécessaire pour tous les changements. Il faut donc une sorte de flux fondamental ; le penser lui-
même comme tout changement parait problématique : ce changement qui est celui du temps en tant que flux, sur
fond de quoi évolue t-il ? Par rapport à quoi ou à quelle vitesse (c’est un flux) change t-il ? La seule réponse est
que le temps s’écoule seconde par seconde. Ca nous indique donc qu’on touche aux limites de ce qui peut être
pensé rigoureusement. Le seconde par seconde, cette réponse tautologique, n’est peut être pas vraiment une
réponse : dire qu’il y a le flux du temps, on ne fait que parcourir par la pensée le temps comme ordre, la
succession donnée du mouvement.
Les choses sont ordonnées : le temps est le temps. Quel intérêt que celui de dire que le temps flux ? Tout le
discours sur cette espèce de puissance dynamique fondamentale du temps, cette rhétorique du passage n’est
qu’une rhétorique. La réponse qui a souvent été faite est qu’en réalité, cette prédisposition au flux ne prend place
que sous un conditionnement subjectif : ne concerne que le sujet de la connaissance.
Voir Kant dans l’esthétique transcendantale : c’est une dimension/condition opérante du sujet de la connaissance,
condition de toute pensée de l’objet. Ca fait donc partie de ces conditions transcendantales qui font que la
connaissance de l’objet est possible.
Mais il est absurde de dire, chez Kant, que le temps est subjectif. Mais il y a beaucoup d’arguments qui se
raccrochent in extremis à Kant : parler du flux n’est qu’une marque subjective, d’un effet propre à la limitation
du sujet connaissant : on ne peut faire autrement que de projeter une intuition dynamique, même si elle n’a pas
lieu d’être. Le reste n’est qu’une adition superflu. On est toujours logé quelque part dans cet ordre, mais notre
vision du temps est telle qu’il y a besoin d’installer une notion de flux, et de passage, puisqu’on y est. On
retrouve cet argument chez beaucoup, l’illusion que le temps passe, notamment chez J. Ellis McTaggart.
La formule du paralogisme est la suivante : le temps n’est pas dans le temps. C’est un cercle vicieux, une
structure reprise souvent. Problématique du devenir et donc du passage du temps comme préalable pour une
pensée du devenir. D’après cette présentation, toute conception du passage du temps est condamnée à la
métaphore ou à l’incohérence ; à la tautologie de la seconde toutes les secondes. Il n’y a rien de plus dans le
devenir qu’on ne trouve déjà dans la succession ordonnée du mouvement.
D’une critique du passage du temps, beaucoup d’auteur estiment que le devenir n’est pas un problème.
Autrement dit, dans le changement conçu comme succession. Les négateurs du devenir (becoming) ne sont pas
nécessairement des négateurs du changement. Pour penser le changement, il faut faire l’économie du temps.
Depuis Russel, on parle de la conception at|at du changement. On pense le mouvement comme une donnée de
série de positions dans le temps. Changer, c’est occuper différentes positions spatiales à différents moments du
temps. Pas besoin de rajouter la notion « successivement » puisque tout coule de source. C’est une conception
statique car donnée de succession de localisation, passage. On a du mal, on est conditionné psychologiquement
par des habitudes : la façon dont le temps est donné à voir fait que l’on est sensible à cette dimension du passage.
Ainsi, beaucoup de mal à voir la succession temporelle comme un ordre. Il faut exclure cette dimension de
passage.
Second moment sur la notion de temps :
Jusqu’à quel point peut-on ressaisir le temps comme une donnée universelle, c’est-à-dire qui ressaisit tout dans
une dimension maximale ? En quoi la totalité est-elle concernée par le temps ? Dans quelle mesure peut-on
étendre la conception, ou l’expérience locale de mon temps, à l’ensemble des étants ? Que se passe t-il dans tel
ou tel endroit ? Où on en est du temps sur la planète x au moment où l’on parle de cela ?
C’est le problème de la simultanéité de l’existence, ou coexistence. Coexister, ou exister ensemble dans le
temps, c’est-à-dire en même temps, ou simultanément. Pour développer cette question, il faut tenir compte de la
manière dont concrètement on étend le temps local à la dimension de l’univers. Il est question de la
synchronisation, même à petite échelle (synchronisation ferroviaire (synchroniser les horloges dans les gares), ou
les procédés de navigation (besoin de l’heure précise pour se localiser)).
Voir Peter Galison, dans Les cartes de Pointcarré et les horloges d’Einstein. En 1905, lors de la rédaction de
l’article de la relativité restreintes, il était question du temps synchrone : qu’est-ce que deux horloges qui battent
le temps en même temps ? Localement, on peut dire ce qu’est être synchrone. Mais plus on étend dans l’espace
cette question, plus le problème devient grand. Il n’y a donc pas moyen de définir une notion de coexistence