athéniens
. Les tessons d'ostracisme le concernant retrouvés sur l'agora d'Athènes l'attestent
formellement
. Cléophon, le démagogue le plus important après la restauration démocratique de
410
, fit aussi les frais des moqueries des comiques. Une scholie à Aristophane dit que Platon
avait mis en scène la mère de Cléophon, supposée Thrace
, en la disant βαρβαρίζουσα
. Ces
exemples peuvent être comparés avec celui de Théophraste, qui, bien qu'il ait vécu de longues
années en Attique, y passait encore pour un étranger quod nimium Attice loqueretur
. Les Guerres
médiques, en effet, n'avaient pas seulement permis aux Athéniens d'affirmer leur supériorité sur
les barbares. Elles leur avaient aussi donné l'occasion de prendre l'avantage sur le reste de la
Grèce (οἱ ἄλλοι Ἕλληνες.
À côté des Grecs parlant mal l'attique – des ξένοι
, dont se moque volontiers les
comiques
, Athènes comptait un grand nombre d'étrangers, du point de vue ethnique et culturel
– des βάρβαροι
. Ces derniers n'ont en commun avec les Grecs aucun des éléments qui, selon
Hérodote, définissent l'Hellenikon : sang, langue, religion, coutumes. Dans la littérature, plusieurs
peuples étrangers se voient attribuer un vice particulier
. Une catégorie importante de βάρβαροι
était constituée par les esclaves de l'Etat, les seuls δημόσιοι ὑπηρέται dont la fonction, non
soumise à des élections, était permanente. Parmi eux se trouvaient les archers scythes, qui
constituaient, dans la pratique athénienne, la police de la ville. Dans la scène finale des
Le père d'Hyperbolos est tantôt Chrémès, tantôt Antiphanès. C'est ce dernier qui est le nom correct,
confirmé par les tessons d'ostracisme concernant Hyperbolos (cf. H. WANKEL, Die Rolle der griechischen
und lateinischen Epigraphik bei der Erklärung literarischer Texte, "ZPE", XVII 1974, pp. 88-89 et W.
SCHEIDEL, T 30 : Theopοmp FGrHist 115 F 96b (ca. 345-340 v. Chr.) : Ostrakisierung und Tod des Hyperbolos,
in P. SIEVERT (hrsg.), Ostrakismos – Testimonien, I, Stuttgart 2002, pp. 397-400).
A. ROOBAERT, L'apport des ostraka à l'étude de l'ostracisme athénien, "AC", XXXVI 1967, p. 527 et n. 19.
R. RENAUD, Cléophon et la guerre du Péloponnèse, "LEC", XXXVIII 1970, pp. 458-477 ; B. BALDWIN, Notes
on Cleophon, "AClass", XVII 1974, pp. 35-47 ;
Hérodote (IV, 46) souligne l'ignorance des populations originaires du bassin de la mer Noire. Sur l'image
stéréotypée négative des Thraces à Athènes, D. BRAUND, L'impatto sui Greci di Traci e Sciti : immagini di
sfarzo e austerità, in I Greci cit., III, Turin 2001, p. 8.
60 Kock = 61 Kassel-Austin (Schol. à AR., Ranae, 681). L'origine thrace était un lieu commun chez les
poètes comiques (cf. BALDWIN, Cleophon cit., p. 38).
QUINT. Inst. VIII, 1, 3 (voir aussi CIC., Brut. 172).
Ph. GAUTHIER, Les xenoi dans les textes athéniens de la seconde moitié du Ve siècle av. J.-C., "REG", LXXXIV
1971, pp. 184-194.
Aristophane, aux yeux de qui peu d'étrangers trouvent grâce, Grecs ou non-Grecs (cf. R. LONIS,
Aristophane et les étrangers, "Ktèma", XXVII 2002, pp. 184-194), s'est amusé à plusieurs reprises à
caricaturer l'utilisation de dialectes non-attiques : mégarien et béotien dans les Acharniens (729-835 ; 860-
954), ionien dans la Paix (45-48) et laconien dans Lysistrata (cf. S.D. OLSON, Aristophanes Acharnians.
Edited with Introduction and Commentary, Oxford 2002, pp. lxx-lxxv).
M. MOGGI, Greci e Barbari : uomini e no, in L. DE FINIS (a cura di), Civiltà classica e mondo dei barbari. Due modelli a
confronto, Trento 1991, pp. 31-46 ; Staniero due volte: il barbaro e il mondo greco, in M. BETTINI (a cura di), Lo
straniero ovvero l'identità culturale a confronto, Rome-Bari 1992, pp. 51-76 ; Lo straniero (xenos e barbaros) nella
letteratura greca di epoca arcaico-classico, "Ricerche storico bibliche", VIII 1996 [Lo "straniero" nella Bibbia. Aspetti
storici, istitutionali e teologici], pp. 103-116.
R. HODOT, Le vice, c'est les autres, in R. LONIS (éd.), L'étranger dans le monde grec. II. Actes du deuxième colloque
sur l'étranger. Nancy, 19-21 septembre 1991, Nancy 1992, pp. 169-183. Ce sont surtout les verbes en
qui servent à caractériser négativement certains peuples.