- Du milieu des années 60 jusqu'aux années 80 s'est imposée une troisième stratégie de rationalisation des productions avec la
création de filiales ateliers dont la vocation est de se spécialiser dans la réalisation d'une étape du processus de production. Il
s'agit de la mise en place d'une logique productive, c'est-à-dire que les firmes multinationales organisent leur exportation à
l'échelle de plusieurs pays afin de profiter des avantages relatifs de chacun. C'est l'amorce de la division internationale des
processus productifs (DIPP).
- Depuis les années 80, on assiste à l'apparition de firmes multinationales globales, c'est-à-dire qu'elles développent une stratégie à
l'échelle planétaire. Ces firmes multinationales globales fabriquent des produits à vocation mondiale et rationalisent leur
production à l'échelle mondiale.
2) Les raisons de la mondialisation
Il s'agit d'abord pour les entreprises d'accroître leur compétitivité. Les firmes sont à la recherche de coûts de production moindres
et d'un environnement fiscal avantageux. Elle délocalise ou s'installe vers des pays à forts avantages comparatifs. Dès que
l'avantage comparatif est renié (réévaluation de la monnaie, avancée sociale, moindre stabilité politique), les entreprises sont
prêtes à se délocaliser ou relocaliser.
Elles cherchent aussi à profiter des compétences spécifiques, en s'implantant là où elles se trouvent.
Elles recherchent à accéder à un plus grand marché (économies d'échelle) et elles cherchent aussi à produire plus près de leurs
clients (contourner les barrières protectionnistes, s'adapter à la demande locale).
La théorie du cycle de vie du produit de VERNON (1966) : les différentes étapes du cycle de vie du produit correspondent à des
stratégies particulières des firmes pour approvisionner les marchés. Dans une première phase, la production est réalisée dans le
pays qui a lancé le produit, en général un pays développé disposant d'un potentiel d'innovation, puis exportée vers des pays
d'égal niveau de développement. Pour lutter contre la concurrence qui menace leurs exportations, les firmes américaines ont
installé des filiales relais en Europe. Quand le produit a atteint la phase de déclin dans les pays développés, il est facile de trouver
des débouchés dans les pays en voie de développement, là où sera désormais produit le bien. C'est une théorie vieillie avec
l'apparition des firmes globales et de la DIPP.
En résumé, il y a deux grandes raisons : une logique de marché, c'est-à-dire de conquêtes commerciales, et une logique de baisse
des coûts. En outre, « travailler » sur des marchés mondiaux entraîne une réduction du risque. Une entreprise se mondialise aussi
parce que les entreprises de son secteur le font déjà ou vont le faire. Enfin, la recherche d'une efficience accrue et d'une meilleure
organisation pousse les entreprises à développer une stratégie mondiale de la production.
3) Le choix des localisations
Le lieu d'implantation est fonction de l'objectif poursuivi de marché ou de baisse des coûts. Mais d'autres éléments vont jouer dans la
localisation en particulier des effets d'agglomération générés par la présence sur un territoire d'autres entreprises. Ils se traduisent par des
externalités positives. D'autres facteurs interviennent aussi : avantages fiscaux, subventions, possibilité de profiter de sous-traitants locaux,
nature du régime politique, qualité de la main-d’œuvre.
III) Les effets de la montée des multinationales
1) Les firmes multinationales participent à la modification de la division internationale du travail et
mettent les états en concurrence
Les firmes multinationales sont devenues les architectes de la division internationale du travail, elles organisent de plus en plus la
production dans un cadre mondial. La DIPP est un moyen pour les firmes d'accroître leur compétitivité. Elle conduit à mettre en
concurrence les états et les régimes pour attirer les IDE et profiter des délocalisations. Compte-tenu des revenus et des emplois, les firmes
multinationales ont la capacité d'influer sur les États entre eux, qui, bien qu'amis politiques, deviennent concurrents quand il s'agit
d'obtenir la faveur des firmes multinationales. Les multinationales mettent des territoires en concurrence comme elles mettent en
concurrence les salariés. La concurrence a pour but d'attirer les IDE : plus grande attractivité, notamment via le réseau d'infrastructures
voire de capital humain.
2) Une nouvelle configuration des rapports Nord-Sud
Les multinationales sont devenues des acteurs majeurs de la DIT et participent, par leurs IDE, à l'industrialisation de nouvelles régions. La
diffusion du capitalisme dans ces régions est le produit de la rencontre de stratégies nationales de développement (rôle des Etats) et des
stratégies privées d'investissement des multinationales. Elle est à l'origine d'une recomposition de la géographie économique mondiale.
Aux rapports traditionnels de dépendance qui caractérise le Nord et le Sud, se superposent désormais des rapports de concurrence
susceptible de fragiliser les Etats du Nord, qui seraient incapables de promouvoir leur compétitivité à long terme.
3) L'impact sur les échanges : le développement du commerce intra firmes au sein des échanges
internationaux
Les firmes multinationales agissent sur le volume du commerce mondial en l’intensifiant et modifient la géographie des flux de commerce
en contribuant à l'instauration d'une nouvelle DIT et à la montée en puissance des économies émergentes. La DIPP provoque l'essor des
échanges intra firmes, c'est-à-dire l'échange de filiale à filiale ou d'une société mère à une filiale dans un même groupe. On évalue à 35 % la
part du commerce mondial constitué des échanges intra firmes.
Ces échanges offrent deux particularités : ils sont internationaux du point de vue douanier, mais sont internes à chaque multinationale. Les
pays dans lesquels s’effectuent ces échanges résultent du calcul d'optimisation à l'échelle des groupes : le prix de transfert. C'est un prix de
cession interne au groupe qui varie selon la fiscalité des différents pays et non en fonction des coûts de production. Il s'agit de majorer les
profits là où ils sont peu taxés et de minorer là où la fiscalité plus forte.