L`élargissement du Monde (XVe-XVIe siècles) Les peuples des XVe

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L’élargissement du Monde (XVe-XVIe siècles)
Les peuples des XVe et XVIe siècles n’ont que peu d'échanges et se connaissent mal. À la fin du
XVe siècle, les Européens partent à la conquête de routes maritimes et de terres nouvelles. Au
même moment, l’Islam connait et conquiert l’Asie centrale, le nord de l’Afrique et s’étend
jusqu’en Europe centrale, la Chine de la dynastie Ming se replie sur elle-même, et en
Amérique, Aztèques et Incas bâtissent de puissants empires. Les explorations européennes
vont bouleverser les autres peuples.
Comment le monde s’est il élargi, pour les Européens des XVe et XVIe siècles ?
I.
Les Européens face à l’Afrique et à l’Asie
A. L’Afrique, terre inconnue
L’Afrique est au XVe siècle un ensemble complexe de royaumes comme celui du Songhay(Mali,
Niger) du Congo, ou de l’empire du Monomotapa (Zimbabwe). De complexes réseaux de
commerce relient marchands noirs et arabes par la Méditerranée et les côtes orientales du
continent.
En 1415, les Portugais prennent pied sur les littoraux africains. Ils cherchent à concurrencer
les marchands musulmans dans le commerce de l’or, du sucre, des épices, de l’ivoire et des
esclaves. Les Portugais installent sur les côtes des comptoirs protégés par des fortins. En
1487, poussant son navire vers le Sud, le navigateur Bartolomeo Diaz passe le cap de BonneEspérance, mais ne va pas plus loin. Les européens ne parviennent pas à pénétrer dans
l’intérieur du continent, incapables de contrôler les fleuves et les circuits du commerce. Hors
des littoraux, l’Afrique demeure inconnue pour eux.
B. L’Asie, terre mal connue
Vers 1500, un quart de la population mondiale vit dans un pays musulman. C’est le résultat
d’une seconde diffusion pacifique ou militaire de l’islam, après la première expansion des VIIe
et VIIIe siècles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L’Asie centrale et l’Inde sont aux mains
des souverains moghols. Au XVe siècle, l’empire de Tamerlan s’étend de l’Iran à l’Afghanistan
à leurs dépens. Au XVIe siècle, ses descendants Babur, puis Abkar, se rendent maîtres de toute
l’Inde, grâce à des armes à feu. Les marchands musulmans exportent leur religion jusqu’en
Chine et en Indonésie.
L’Asie n’est pas un territoire inconnu des Européens. Les marchands, notamment vénitiens,
ont parfois poussé leurs expéditions jusqu’en Inde. La rencontre prolongée avec les
européens a lieu lorsque des Portugais comme Vasco de Gama explorent l’Afrique de l’Est et
l’Inde, fondent des comptoirs les armes à la main, comme à Goa en Inde en 1510, ou à Malacca
en Malaisie en 1511. Les Britanniques les y concurrencent dès la fin du XVIe siècle.
Les Européens cherchent avant tout à faire du commerce, contrôler des ports, maîtriser les
routes maritimes et permettre l’installation de missionnaires. Les capacités militaires des
États et empires asiatiques les empêchent de contrôler plus que les littoraux. Dès lors, les
Européens sont présents, d’une manière inégale, sur les mers comme sur les terres d’Asie.
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C. La chine et le Japon, des terres fermées ?
Depuis le XIIIe siècle, le papier, les caractères d’imprimerie, la boussole, le gouvernail et la
poudre à canon sont connus en Extrême-Orient. Malgré le récit de voyage sur la route de la
soie que le Vénitien Marco Polo a dressé en 1298, ces civilisations restent quasi inconnues des
Européens.
Au début du XVe siècle, la Chine de la dynastie Ming s’ouvre au monde. Une flotte armée
parcourt les mers depuis Nankin jusqu’en Indonésie, Inde, Ceylan, Arabie et Afrique de l’Est.
La Chine impose un tribut aux États qu’elle veut symboliquement soumettre à l'autorité de
l’empereur. Ce système cesse lorsque les Ming installent leur capitale à Pékin en 1421 et que
la Chine se ferme aux échanges maritimes en 1433.
Le Japon des seigneurs de guerre, les Shôguns, est troublé par des guerres civiles. Avec la
fermeture de la Chine, les Portugais n’ont donc plus aucun concurrent sérieux dans l’océan
indien et en Asie orientale. Ils ne se glissent en mer de Chine et du Japon qu’après 1530, suivis
des Hollandais, des Anglais et des Espagnols.
II. L’Europe et le monde Arabo-musulman
A. La Méditerranée, un espace de contact
Au XVe siècle, le monde arabo-musulman est divisé en trois territoires : l’Empire ottoman, qui
menace Constantinople depuis la Turquie, le sultanat mamelouk, en Egypte et en mer rouge,
et une série de royaumes almohades au Maghreb. Ces trois ensembles sont unifiés entre 1453
et 1517 sous l’unique autorité du sultan ottoman.
Les États européens se sont en parie détournés de la méditerranée. Depuis la perte en 1291
des États latins en Terre sainte, seule Venise a conservé en Orient un ensemble d’îles, comme l
aCrète, pour assurer la sécurité de son commerce.
Le commerce méditerranéen est en grande partie entre les mains des Vénitiens. En installant
des comptoirs dans tous les ports, Venise a créé un empire commercial qui importe en Europe
les épices, l’or et le textile venus de Perse ou d’Inde. Des ambassades relaient les marchands
vénitiens auprès de la Sublime Porte1.
B. Les Européens face à l’expansion ottomane
L’essor de l’Empire ottoman est très rapide. En s’emparant de Constantinople en 1453, le
sultan Mehmet II (1432-1481) abat les faibles restes de l’empire byzantin, qui se réduisaient à
peu près à la ville. Mais la prise de cette capitale impériale provoque une grande émotion en
Occident. Ses successeurs comme Soliman le Magnifique (1494-1566) étendent l’empire
jusqu’au Maroc (1516), à l’Égypte (1517), à Belgrade (1521), mais ils échouent devant Vienne
(1529).
L’Europe est divisée face à l’expansion ottomane. En 1492, les rois d'Espagne s’emparent dans
difficulté de Grenade, mettant fin au dernier royaume arabo-musulman de la péninsule
ibérique : c’est la Reconquista. La France et l’Empire ottoman s’allient un temps, dans les
années 1520-1530, pour tenter d’affaiblir le Saint Empire Romain germanique, ainsi menacé
sur toutes ses frontières.
La menace que font peser les Ottomans sur la sécurité commerciale incite les européens, au
nom de la croisade, à les affronter. En 1571, à Lépante, au Nord du Péloponnèse, une escadre
chrétienne, surtout espagnole et vénitienne, met en déroute la flotte ottomane. Vécue en
occident comme une victoire de la chrétienté sur l’Islam, elle incite les Ottomans à
Surnom de Constantinople et du gouvernement de l’Empire ottoman. C’est le nom de la porte
monumentale de la résidence du grand vizir, le premier ministre.
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moderniser leur flotte. Peu après Lépante, ils s’emparent de Chypre et de certains ports du
Maghreb.
C. Des relations déclinantes
S’il n’y a que peu de musulmans en terre chrétienne, les chrétiens sont nombreux dans les
territoires dominés par les Arabo-musulmans. Ce sont d’abord des communautés chrétiennes
d’Orient présentes depuis l’Antiquité, puis des marchands, notamment Vénitiens. Les
chrétiens et les juifs des territoires ottomans reçoivent le statut de dhimmis2.
Ils ne sont pas les égaux des habitants musulmans, mais leurs cultes et leurs pratiques
commerciales sont garantis. Il n’en va pas de même dans les Balkans où les chrétiens sont
poussés à la conversion.
La connaissance réciproque est faible. Au Moyen-Âge, les monastères ont fait traduire le
Coran et des textes savants transmis par les musulmans. Désormais, l’Europe se tourne vers le
commerce atlantique, laissant la Méditerranée aux Ottomans. La vitalité des routes de
commerce contrôlées par les Espagnols et les Portugais le long des côtes occidentales de
l’Afrique ouvre un nouvel espace, marginalisant en partie le monde arabo-musulman dans le
commerce mondial et les échanges savants.
III. Les Européens er l’Amérique
A. Un monde totalement ignoré des Européens
On sait aujourd’hui que les navigateurs vikings du Haut Moyen Âge ont abordé les côtes de
l’actuel Canada et remonté les fleuves. Pourtant, leurs explorations ont été oubliées et le
continent américain est totalement inconnu des européens du XVe siècle.
Le Nord du continent est pratiquement vide d’hommes. Les amérindiens sédentaires du
Mississippi et des Appalaches vivent en villages organisés en nombreuses tribus. les
immensités intérieurs des Grandes plaines sont sillonnées par des peuples nomades. La
plupart des ces Amérindiens vivent de chasse et de cueillette; certains comme les Pueblos du
Rio Grande, sont agriculteurs et pratiquent le troc avec leurs voisins du Mexique et
d’Amérique centrale.
L’Amérique latine et les îles des Caraïbes sont plus peuplées. Deux civilisations s’y
développent. Après 1424, les Aztèques fondent l’Empire Mexica dont les cités-États dominent
l’Amérique centrale. Leurs ennemis terrorisés sont sacrifiés au Grand Temple de Tenochtitlan.
Vers 1440, les Incas bâtissent un immense empire dans les Andes, organisé symboliquement
autour du Temple su soleil et d’une capitale Cuzco.
L’inca, fils du soleil, garantit protection économique, militaire et religieuse aux peuple soumis
et exploités. Or, patates, maïs, cacao, tabac et laine de lama transitent par la route inca longue
de 6000 Km et un réseau secondaire pavé de plus de 30 000 Km.
B. L’arrivée des Espagnols en Amérique
Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb débarque sur l'île de San-Salvador aux Bahamas.
À la tête de 3 caravelles aux armes du roi d’Espagne, Colomb a traversé l’Atlantique pour
ouvrir une route vers les Indes par l’Ouest et éviter les Ottomans qui bloquent le commerce en
Méditerranée. Il pense être au Japon, sans comprendre le sens de sa découverte. EN 1494, le
traité de Todesillas partage les terres découvertes en Espagne et Portugal.
Au début du XVIe siècle, des conquistadors espagnols découvrent qu’il s’agit d’un nouveau
Monde et s’en emparent, à la recherche d’or. En 1521, Cortès conquiert l’Empire des Mexica.
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Statut inégalitaire mais protecteur accordé aux non-musulmans, juifs et chrétiens, qui résident dans
l’Empire Ottoman.
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En 1532, PIzzaro avec 180 hommes, 27 chevaux et quelques armes à feu, anéantit l’Empire
Inca. Les espagnols dominent le centre et le sud de l’Amérique. L’effondrement rapide des
civilisations amérindiennes résulte en partie du choc microbien.
La variole portée par les Européens terrasse les Amérindiens qui ne sont pas immunisés
contre le virus. Avant même la conquête de Pizarro, l’Empire Inca compte déjà ses victimes
par dizaines de milliers.
C. Coloniser un nouveau monde
Les Espagnols colonisent et convertissent aux christianisme des peuples qui leur sont
inconnus. Pour le dominicain Bartolomé de las Casas, les Amérindiens représentent la pureté
chrétienne. Ils sont pourtant évangélisés de force, exploités dans les mines d’or et d’argent et
dans les champs. En Nouvelle-Espagne et dans la vice-royauté du Pérou, les colons espagnols
bâtissent des villes sur le modèle européen. Au nord-est du continent, les Anglais établissent
en 1585 leur première colonie à Roanoke (la colonie perdue).
L’or et les nouvelles espèces d’Amérique (tomate, maïs, avocat, cacao, tabac...) arrivent en
Europe. Les colons importent du Vieux continent tissus, vins, huile, mercure. À la fin du XVIe
siècle, 240 000 Européens peuplent une Amérique décimée à 80% de sa population originale.
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