Vendredi 5 juin 2015

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Vendredi 5 juin 2015
Ce matin nous nous rendons en bus au Kremlin. C’est le cœur et le centre de Moscou et de
l’Empire russe. D’Ivan le Terrible à Staline, c’est à l’ombre de ces hautes murailles que
s’est joué le destin de millions de personnes. Mais ce lieu de pouvoir est aussi le centre
spirituel de la Russie orthodoxe.
Le Kremlin a la forme approximative d’un triangle et recouvre une superficie de 27
hectares. Ceint par 2235 m de murailles en briques rouges, ponctuées de vingt tours, aux
murs d’une épaisseur allant parfois jusqu’à 6 m. Le côté le plus long est bordé par le Jardin
Alexandre, à droite sur le schéma, qui a pris la place d’une petite rivière, comblée au
XVIII° siècle. Le deuxième côté domine la place rouge et le troisième longe la Moskova.
Nous entrons dans le Kremlin par une porte située au niveau du jardin d’Alexandre.
La Tour Koutafia (37) est la porte d’accès
des visiteurs du Kremlin. Coiffée d’une
couronne décorative, cette tour haute de
13 m faisait partie des fortifications
extérieures de la citadelle dont le rôle
était de protéger le pont construit sur la
rivière
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Une rampe, aux parapets crénelés et hérissés de merlons à double pointe, en queue
d’hirondelle, identique à ceux que l’on voit sur toute la muraille, nous conduit à la Tour de
la Trinité (36)
Construite en 1499, puis coiffée d’une flèche au XVII° siècle, haute de plus de 65 m, cette
tour nous donne accès à la forteresse.
En entrant dans l’enceinte, sur notre gauche, un premier bâtiment : l’Arsenal (18). Edifié
entre 1701 et 1736 sur ordre du tsar Pierre le Grand il servait de dépôt d’armes et de
munitions. Il fut détruit par Napoléon dans sa retraite. Les Russes entreprirent sa
restauration immédiatement (1816-1828) et y exhibèrent une multitude de pièces
d’artillerie prises à la Grande Armée napoléonienne.
Face à l’arsenal, le Palais national du Kremlin. (ancien palais des congrès) (16)
C’est en 1959 et 1961 que fut édifié ce gigantesque parallélépipède de marbre blanc et de
verre : il s’agissait alors d’accueillir les congrès du PCUS et c’est pourquoi on y aménagea
une salle de réunion à la mesure des événements. 6000 personnes pouvaient y prendre
place. Y étaient aussi aménagés 800 bureaux. Plus personne n’étant en mesure de réunir
tant de congressistes, le Palais des Congrès a pris son nom actuel de Palais national du
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Kremlin et les membres du Soviet suprême ont laissé la place aux vedettes internationales
ainsi qu’à la troupe du Bolchoï.
Sur la gauche, après l’arsenal, le Sénat (17)
Ce bâtiment fut édifié entre 1776 et 1787, à la
demande de Catherine II. Il dissimule en son sein
une salle circulaire, coiffée d’une coupole que l’on
voit bien de la place rouge. Si aucun sénateur n’y a
siégé depuis le milieu du XIX° siècle, le palais a
gardé son nom tout en changeant de fonction : en
1918 Lénine s’y installa, puis il abrita les travaux
du conseil des ministres de l’URSS.
Poutine y travaille dans des bureaux qu’il a fait
aménager.
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En continuant sur la gauche, un autre bâtiment en travaux.
C’est l’ancien Présidium du Soviet
Suprême. Ce bâtiment élevé en 1935,
fut au départ destiné à une école
militaire. Pour la construire on a
abattu quelques églises. Aujourd’hui il
abrite les services administratifs de
la présidence de la fédération de
Russie.
En continuant, sur notre droite, le Roi des canons (21).
Il fut réalisé par le fondeur Andreï
Tchokhov en 1586 et installé sur la place
rouge avec pour mission de protéger le
Kremlin de toute agression. Pesant 40
tonnes et mesurant 5,34 m, ce canon aux
décorations finement ciselées, n’a jamais
servi… Au pied du canon, des boulets pesant
chacun plus d’une tonne et dont le diamètre
est supérieur à celui du tube du canon … !
Non loin de là, la Reine des cloches (20). Ce gros bourdon a été fondu dans l’enceinte
même du Kremlin en 1734. Il est haut de 6,14 m et pèse de plus de 200 tonnes. Lors d’un
incendie en 1737 un choc thermique l’ébrécha, d’où cet éclat de 11,5 tonnes qui repose
aujourd’hui à ses pieds. Il ne fut donc jamais installé. Déterré en 1836 par Auguste de
Montferrand, l’architecte de la Cathédrale Saint Isaac à Saint-Pétersbourg, il a été
déposé à son emplacement actuel.
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En continuant sur la droite, on pénètre sur la Place des Cathédrales (2)
Dans cet espace sont rassemblés de nombreux chefs-d’œuvre architecturaux. En balayant
cette place d’un coup d’œil circulaire, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre :
Le clocher d’Ivan le Grand (19)
A droite sur la photo, le clocher d’Ivan le Grand, érigé entre
1505 et 1508, fut surélevé un siècle plus tard sur ordre de
Boris Godounov. Surmonté d’un bulbe doré, il culmine à une
hauteur de 81 m, ce qui en fit longtemps la plus haute
construction de Moscou.
Sur la gauche du clocher, un beffroi surmonté d’une coupole
dorée. Encore plus à gauche, un édifice annexe, coiffé quant à
lui d’un toit pyramidal. L’ensemble de ces bâtiments est une
reconstruction plus ou moins identique à l’original
La Cathédrale des Douze Apôtres (6)
Cette église, un peu en retrait de la place
des cathédrales, a été construite
cinquante ans après les autres.
Plusieurs fois reconstruite, couronnée de
cinq dômes et percée de deux arches, elle
fait corps avec le Palais des Patriarches.
Aujourd’hui le tout abrite un musée.
La Cathédrale de la Dormition (5)
Du temps de l’Ancienne Russie, c’est ici que se
situait le centre de la vie politique et spirituelle de
l’Empire. Lors de processions solennelles et de
cérémonies fastueuses, les grands princes de
Moscou puis les tsars à partir d’Ivan le Terrible,
furent couronnés en ces lieux.
Au XII° siècle une église en bois se dressait à cet
endroit. Entre 1475 et 1479, la cathédrale actuelle
est bâtie par un architecte russe.
En 1547, Ivan IV est le premier tsar sacré ici.
En 1612 elle est dévastée par les envahisseurs
polonais.
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En 1613, Michel 1er, le premier tsar de la dynastie Romanov y est également sacré.
La cathédrale est saccagée pendant l’invasion française en 1812. Le dernier des Romanov
Nicolas II y est couronné empereur de Russie en 1896.
La révolution bolchévique de 1918 met un terme aux offices et la cathédrale est
transformée en musée en 1955.
En 1990 elle est rendue au culte.
Donnant sur la place, la façade principale de l’édifice est décorée parce que c’est de ce
côté qu’entraient les cortèges officiels. Au dessus de la porte, des peintures murales
représentant la Vierge à l’enfant et des figures de saints.
On entre dans le sanctuaire par une porte latérale. A l’intérieur les photos sont interdites.
Sur internet j’en ai trouvé deux qui permettent de se rendre compte de la beauté du lieu.
Quatre piliers ronds, les murs et la voûte sont recouverts de fresques très colorées. Ces
peintures murales, réalisées entre 1642 et 1644 représentent différentes scènes de la
bible comme le jugement dernier. Les piliers portent les images de saints et de
patriarches.
Le long de certains murs s’alignent les sépultures de dignitaires religieux.
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Dans cette cathédrale notre guide nous parle des icônes représentant la Mère de Dieu. Elle
est presque toujours représentée avec son fils. En Russie, suivant la façon dont Marie
porte son fils, on trouve essentiellement trois types d’icônes.
La Vierge de la tendresse : Les visages de la Mère et de l’enfant sont très proches. Jésus
est sur les bras de sa mère. L’une des plus anciennes de ces icônes est celle de Notre Dame
de Vladimir qui daterait de 1131.
La Vierge conductrice : elle porte son fils sur le bras gauche et elle tend vers lui sa main
droite pour indiquer la route à suivre. L’Enfant a souvent l’aspect d’un jeune homme, signe
de sagesse. Un exemple est Notre Dame de Smolensk conservée à Saint-Péterbourg.
La Vierge du Signe est représentée les bras levés dans un geste de prière et porte le plus
souvent un médaillon représentant le Christ sur sa poitrine
A la sortie de la cathédrale, dans un recoin, la Cathédrale du Sauveur-d’en-haut dont on
voit les bulbes.
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Le Palais à facettes (11)
Son nom s’explique par le bossage en pointes qui hérisse sa façade. On peut admirer les
superbes fenêtres encadrées de colonnes au décor de pampres à spirales. Ce palais
construit entre 1487 et 1491, fait corps avec le grand palais du Kremlin que l’on voit
derrière lui. Occupant le premier étage une grande salle d’apparat faisait office de salle du
trône aux tsars résidant à Moscou.
La Cathédrale de l’Annonciation (5)
Elle a été construite de 1489 à 1494. Un incendie détruisit l’intérieur en 1547. Ivan IV la
remania en 1562, portant le nombre de coupoles à neuf. C’est également lui qui fait
construire en 1572 une galerie donnant accès à une chapelle privée. Après son quatrième
mariage, l’Eglise russe manifestant une certaine mauvaise humeur, lui avait interdit
d’assister aux services. Cette cathédrale était réservée aux tsars pour les cérémonies à
caractère familial.
Sous la période soviétique, les offices sont suspendus et elle devient un musée. En 1993
elle est à nouveau ouverte au culte.
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Les photos sont également interdites à l’intérieur. L’iconostase encore très riche comprend
des images du XIV au XVII° siècle, réalisées par des peintres de renom.
De l’autre côté, la Cathédrale de l’Archange-Saint-Michel (4)
Cette cathédrale a été édifiée entre 1505 et 1508 par un architecte vénitien. C’est la
nécropole des grands princes de Moscou et des premiers tsars. (A partir de Pierre le
Grand, ils sont enterrés à Saint-Pétersbourg dans la cathédrale Pierre et Paul). Ici repose
le tsarévitch Dimitri dont la mort à Ouglitch est restée une énigme. Nous ne visitons pas
l’intérieur de l’édifice.
Avant de nous diriger vers le jardin qui surplombe la Moskova, un dernier coup d’œil à la
cathédrale de l’annonciation, à celle de l’archange-Saint-Michel et au clocher d’Ivan le
Grand
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Après cette visite de la place des cathédrales, direction le jardin vers le mur du Kremlin
qui longe la rivière Moskova d’où nous avons une belle vue sur la ville.
Une dernière image de la Tour de la Moskova (26) avec
en arrière plan l’une des sept gratte-ciel de style
stalinien. Celui que l’on voit est un immeuble résidentiel
au bord de la rivière.
Pour terminer la visite, une petite anecdote. Dans les
années 1830 les vétérans des campagnes napoléoniennes
se faisaient soigner à l’hospice de Bicêtre. Ces militaires
fréquentaient un estaminet voisin qui prit pour nom :
« Au sergent du Kremlin ». Ce nom Kremlin désigna
bientôt tout le quartier et apparait sur les cartes en
1832, avant d’être accolé à Bicêtre, lorsque l’endroit fut
érigé en commune.
Chemin de retour vers la porte de la Trinité.
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Une petite pause avant d’aller déjeuner.
Après le repas que nous prenons dans un restaurant de la ville, nous nous dirigeons vers
l’une des rues typiques de Moscou : l’Arbat.
Au passage nous faisons un arrêt devant le ministère des affaires étrangères, un des sept
gratte-ciel staliniens de la ville, terminé en 1951.
L’Arbat est une rue piétonne qui démarre du côté gauche du ministère.
Lorsque la noblesse décida de s’y installer, l’Arbat devint l’équivalent moscovite du quartier
Saint-Germain à Paris. Les écrivains et artistes suivirent le mouvement.
A l’entrée dans la rue, la maison-musée Pouchkine où vécurent Alexandre Pouchkine et son
épouse Natalia Gontcharova avant leur départ pour Saint-Pétersbourg en 1831. Face à ce
musée, une statue de Pouchkine et de sa femme.
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Un peu plus loin, dans une petite rue, l’Eglise de la transfiguration du Sauveur sur les
sables. Elevée en 1698, elle n’a pas subi de modifications depuis lors.
Plus loin dans la rue, des échoppes où l’on peut acheter des dessins, des gravures et autres
tableaux
Retour au point de ralliement, une pluie d’orage s’abat sur le quartier. Tout va bien, la suite
de notre visite concerne le métro de Moscou … !
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Nous prenons la station la plus proche : la station Smolenskaïa. L’entrée est déjà
surprenante avec ses murs couverts de marbre.
Staline avait voulu faire du métro un palais souterrain pour le peuple. Le régime soviétique
le conçut comme une vitrine des réussites du socialisme. Au terme d’un effort gigantesque,
la première ligne fut inaugurée le 15 mai 1935. A la veille de la guerre le réseau comptait
22 stations, profondément enterrées pour servir d’abris en cas de conflit… !
Les thèmes décoratifs sont liés au nom de la station ou au paysage urbain de surface.
Place de la révolution Plochtchad Revolioutsii. Cette station a ouvert en 1938.
76 sculptures en bronze en décorent les arches. Elles représentent les archétypes de
l’Union Soviétique : des soldats, des ouvriers, des mères de famille, des agriculteurs, des
écoliers.
Un peu plus loin sur la ligne circulaire, la station Komsomolskaïa.
C’est l’une des plus fréquentées, ouverte en 1952.
Au plafond, huit grandes mosaïques expriment la lutte historique de la Russie pour la
liberté et l’indépendance depuis Alexandre Nevski en 1242 jusqu’à la victoire sur les nazis
en 1945 en passant par Minine et Pojarski.
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Sur cette même ligne circulaire la station Novosloboskaïa.
Elle a été ouverte en 1952 et elle est connue pour ses vitraux placés chacun dans l’un des
pylônes de la station et éclairés de l’intérieur.
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Notre point d’arrivée, la station Bielorouskaia. Elle a été ouverte en 1952. Sur un plafond
richement décoré, une douzaine de mosaïques octogonales dépeignent la vie quotidienne des
biélorusses.
Entre deux stations nous prenons le métro sous l’œil vigilant d’Inna.
Ainsi se termine notre découverte du métro de Moscou.
Nous rentrons diner sur le bateau pour un dernier repas à bord mais notre journée n’est
pas finie. Nous partons en bus à 22h pour une visite de Moscou by night. Le retour au
bateau est prévu 0h30. Nous avons trouvé dans nos cabines un papier nous indiquant que le
départ du bus pour l’aéroport est prévu à 3h demain matin. La nuit sera courte … !
Dans cette balade nocturne nous faisons quatre arrêts.
Le premier est au sud-ouest de Moscou, au Mont Poklonnaïa pour voir le mémorial de la
seconde guerre mondiale. Cette colline, du haut de ses 180 m est l’une des plus élevées de
Moscou. Elle abrite actuellement le parc de la victoire. C’est à cet endroit qu’arriva
Napoléon en 1812 et qu’il attendit vainement qu’on lui remit les clés de la ville.
En 1980 la colline fut aménagée en mémorial de la victoire contre l’Allemagne nazie par la
construction d’un musée et l’implantation d’un obélisque avec la statue de Nicé, la déesse
grecque de la victoire et un monument dédié à Saint-Georges terrassant le dragon.
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Sur l’obélisque on peut lire le nom des villes qui ont cotisé pour la réalisation du site. Non
loin de là une église orthodoxe dédiée à Saint Georges et dans le lointain le centre
d’affaires de Moscou avec ses gratte-ciel.
Notre deuxième arrêt sera pour le Couvent de Novodiévitchi que nous avons visité de jour
hier après-midi. Ce soir nous allons l’admirer en contrebas d’un plan d’eau près duquel il a
été construit. Le spectacle est de toute beauté avec les murailles et les constructions qui
se reflètent dans l’eau.
On dit que Tchaïkovski, qui avait l’habitude de venir se promener autour de ce plan d’eau, y
aurait trouvé l’inspiration pour son ballet « le lac des cygnes ».
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En direction de la Place Rouge, but ultime de notre promenade nocturne, nous faisons un
arrêt sur les quais de la Moskova en contrebas de la Cathédrale du Christ-Sauveur.
Sur la droite nous apercevons une gigantesque statue
érigée sur le fleuve : le Monument à Pierre le Grand.
Initialement, l’artiste Zourab Tsereteli voulait honorer
Christophe Colomb à l’occasion du 500 ° anniversaire de la
découverte des Amériques en 1492. L’œuvre d’art devait
être offerte à la ville de Miami … Mais les édiles de la ville
américaine ont refusé ce don embarrassant et Tsereteli a
mis à profit ses excellentes relations avec le maire de
Moscou pour changer son fusil d’épaule et donner à Pierre
ce qui était à Christophe… ! Cette statue suscita une
polémique parce qu’elle représente l’homme qui au début
du 18ème siècle avait déchu la ville de son titre de
capitale au profit de St-Pétersbourg… ! Un outrage pour
certains moscovites.
Pour la petite histoire les habitants de Ploërmel passent tous les jours devant un monument
de 7 m de haut dédié à Jean-Paul II et réalisé par le même artiste … !
Sur la gauche, le kremlin, avec ses tours, ses murailles et ses bulbes illuminés.
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Derrière nous la Cathédrale du Saint-Sauveur que nous n’avons pas visitée.
A l’origine elle fut construite en mémoire de la
victoire de la Russie sur les troupes napoléoniennes.
Ses dimensions sont impressionnantes : hauteur : 103
m, surface totale 6800 m2. Les travaux durèrent 40
ans.
En 1931 la cathédrale fut rasée et ses fondations
furent utilisées pour faire une immense piscine. Dans
les années 1990 il fut décidé de la reconstruire et en
janvier 2000 la cathédrale fut consacrée et ouverte
au culte.
Dernière étape : la Place Rouge. Nous y accédons par la place du manège, du côté du Musée
national d’Histoire. Tous les monuments vous sont maintenant connus, aussi je ne les
nommerai pas, mais les illuminations leur donnent un charme supplémentaire.
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Et retour au point zéro … !
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Notre visite nocturne prend fin à 0h30, il est grand temps de regagner le bateau pour une
petite heure de repos. La nuit sera courte mais qu’importe nous avons de magnifiques
images plein la tête.
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