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Programme Gestion et Impacts du Changement Climatique
Réponse à l’APR GICC 2012
6 avril 2012
A) RECAPITULATIF DU PROJET
Titre du projet : Les familles et l’adaptation au changement climatique.
Développer des stratégies ciblées à partir d’une large investigation sur l’adaptation telle qu’elle est vécue
par les familles
Mots-clés : adaptation au changement climatique, jeux d’acteurs, territoire, famille, réduction des
vulnérabilités, changements des comportements, actions
Thèmes de l’APR concernés : axe 2 : l’approche territoriale
Responsable/Coordinateur scientifique :
Isabelle ROUSSEL
Vice-présidente de l’APPA
Professeure émérite de l’Université de Lille 1
10 rue Pierre Brossolette
94270 Le Kremlin-Bicêtre
Tel 01 42 11 15 08
Mail : isabelle.roussel@appa.asso.fr ; isaroussel169@sfr.fr
Organismes et laboratoires impliqués dans le projet : UNAF, APPA
Organisme gestionnaire des crédits : APPA
Coût prévisionnel total (TTC) : 129 802 et montant de l’aide demandé au programme GICC : 103 842
Durée : 24 mois
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Résumé du projet et résultats attendus en termes de gestion environnementale :
La lutte contre le changement climatique intègre progressivement l’adaptation au changement climatique
comme second volet majeur des politiques et des stratégies collectives en matière de réchauffement du climat. Les
nombreuses déclinaisons thématiques du PNACC
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montrent l’ampleur des effets du climat sur de multiples aspects
structurant la société. L’adaptation au changement climatique appelle des changements culturels et de modes de vie,
autrement dit un autre regard sur la société et sur l’empreinte que chacun y laisse quotidiennement. L’ensemble des
acteurs composant la société est appelé à s’approprier cette question et à en saisir les enjeux dans la perspective d’une
évolution vers d’autres approches des consommations, de l’énergie, de l’environnement, etc. Dans cette proposition,
nous chercherons à identifier les segmentations pertinentes de la population au vu des ressentis, des représentations
et des pratiques actuelles mais aussi futures en lien avec le changement climatique.
C’est la famille
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, en partenariat avec l’UNAF que nous avons choisie comme instance privilégiée à interroger,
dans la perspective d’une éventuelle mobilisation en vue de l’adaptation au changement climatique. Comment la
structure familiale, qu’elle que soit la forme qu’elle revêt, en tant qu’instance socialisatrice primaire, peut constituer un
levier dans l’évolution des comportements des populations dans le contexte de l’adaptation au changement
climatique ?
La cellule familiale est un lieu privilégié d’élaboration, de transmission et d’échange, voire de confrontation de
normes, de valeurs, ainsi que de connaissances entre ses différents membres quand bien même chacun se les
approprie de façon différente. En effet, la famille se constitue dans un élan commun mais non sans tensions entre ses
membres ; les effets des messages et des valeurs transmis ne sont pas intégrés de façon homogène tout en restant
importants. La famille en tant qu’objet d’études recouvre des réalités très différentes. Elle est difficilement accessible
au quotidien, pourtant elle est déterminante pour comprendre les freins et les leviers à trouver pour travailler
l’adaptation au changement climatique tant en termes de communication que de changements de comportements.
Comment y sont perçus et qu’est-ce qui y est retenu des discours entendus au sujet du changement climatique et de
l’adaptation ? Comment s’approprient-elles ces questions et que sont-elles prêtes à mettre en œuvre pour favoriser
l’adaptation au changement climatique ?
Pour répondre à ces questions, nous envisageons une enquête auprès d’un échantillon de familles pour
appréhender leurs perceptions et leurs représentations de l’adaptation au changement climatique ainsi que leurs
motivations et leurs contraintes au quotidien et de façon générale. Notre objectif est de parvenir à nous saisir de la
complexité de leur réalité pour parvenir identifier des freins et des leviers mobilisables ensuite permettant d’identifier
des actions adéquates et efficaces et favorisant ainsi l’adaptation au changement climatique.
Notre proposition de recherche repose sur une analyse de quatre terrains, chacun choisi suivant des variables
telles que des particularités climatiques, des densités urbaines ou rurales, etc. En termes de méthodologie et
d’enquête, un questionnaire sera élaboré et passé à un échantillon de 1 000 ménages pour identifier la ou les
manière(s) dont les enquêtés appréhendent le changement climatique et l’adaptation. Ces questionnaires permettront
de dresser un panorama général du point de vue des familles et seront complétés par des données plus fines extraites
des discours argumentés des personnes rencontrées lors de focus groups ou d’entretiens semi-directifs.
La prise en compte du caractère pluriel du public devrait rendre possible de développer une base objectivante
dont l’exploitation permettra de tirer différents enseignements quant aux résistances au changement liées à un
discours que l’on peut par hypothèse comme par expérience considérer comme trop technique, trop scientifique, trop
normé ou trop globalisant. Ces résultats permettront également de construire des propositions méthodologiques
adaptées à la diversité des profils de manière à fournir des éléments de motivation pertinents pour favoriser les
changements de comportements dans un contexte d’adaptation au changement climatique.
Cette recherche s’appuie très clairement sur une volonté de co-construction entre chercheurs, décideurs et
acteurs afin de promouvoir ensuite un transfert vers les acteurs concernés identifiés qui pourront constituer des relais
potentiellement mobilisables pour la mise en œuvre ultérieure de propositions. Cet effet opérationnel ne sera rendu
possible qu’à partir d’une recherche empirique, nous aurons rencontré et interrogé les personnes elles-mêmes et
notamment la manière dont elles s’approprient l’urgence du changement climatique et la question de l’adaptation.
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PNACC : Plan national d'adaptation au changement climatique.
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La famille est ici définie comme l’entend l’INSEE : « Une famille est la partie d'un ménage comprenant au moins deux
personnes et constituée :
- soit d'un couple marié ou non, avec le cas échéant son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage ;
- soit d'un adulte avec son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage (famille monoparentale).
Pour qu'une personne soit enfant d'une famille, elle doit être célibataire et ne pas avoir de conjoint ou d'enfant faisant
partie du même ménage. Un ménage peut comprendre zéro, une ou plusieurs familles. »
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B) DESCRIPTIF DU PROJET
Montant de l’aide (TTC) demandé au programme GICC
Dépenses
Coût global
Dépenses éligibles
1. Fonctionnement
Salaire des personnels non permanents de l’Etat :
- Chargé d’études 1
- Chargé d’études 2
- Chargé d’étude 3
Vacations :
- Docteur en sociologie 1
- Docteur en sociologie 2
- Master recherche ou professionnel 1
- Master recherche ou professionnel 2
- Chargé de mission UNAF
Sous-total :
53 992 €
20 247 €
20 247 €
5 542 €
5 542 €
2 640
2 640 €
6 352 €
117 202 €
43 193,6
16 197,6
16 197,6
4 433,6
4 433,6
2 112
2 112
5 081,6
93 761,6
Autres dépenses de fonctionnement :
- Déplacements sur les différents terrains d’études (2
A/R par mois pendant 2 ans)
- Petit matériel
- Reprographie
Sous-total :
8 000 €
1 500 €
1 500 €
11 000 €
6 400 €
1 200 €
1 200 €
8 800 €
Equipement :
- Achat de deux PC (amortissement 24 mois imputés)
Sous-total :
1 600 €
1 600 €
1 280 €
1 280 €
Total :
129 802 €
103 842 € (soit 80% du
coût global)
L’APPA est exonérée de TVA.
Justifications du projet de recherche :
Position par rapport aux termes de l’appel à proposition
Notre proposition de recherche s’inscrit dans l’axe 2 : « des projets territoriaux associant les parties
prenantes dans une perspective de recherche et d’innovation » de l’APR.
Le territoire pris en compte est celui de la famille, creuset de la diversité sociologique des ménages.
L’étude « Quel climat à l’école ? Les « jeunes » face aux changements climatiques » (Kovacs et al., 2012)
portant sur les représentations et pratiques des collégiens sur le changement climatique dans plusieurs
départements a bien montré le poids de la famille dans la transmission des modes de vie. La famille et les
réseaux de proximité (qui favorisent le lien interpersonnel et se fondent sur le principe de l’intimité ou de la
convivialité) apparaissent, à cet égard, comme un espace de transmission et d’échange à privilégier pour
permettre une percolation des enjeux de l’adaptation au changement climatique dans les schèmes de ses
membres et favoriser un changement de comportements qui sera reconnu d’autant plus légitime qu’il
procède de l’émulation et de l’exemplarité interpersonnelles plutôt que d’une livraison de recommandations
institutionnelles top down et désincarnées. L’UNAF, regroupant 714 000 familles adhérentes, à travers son
service investi sur le développement durable, considère comme une priorité majeure la nécessité de
sensibiliser les familles sur l’urgence de la prise en compte de l’évolution du climat. Cette association a déjà
4
pu constater et déplorer les limites d’une communication uniforme véhiculant uniquement des arguments
cognitifs.
Partageant avec l’UNAF ces préoccupations, nous souhaitons identifier les facteurs empêchant la
prise en compte des messages émis à l’égard de la lutte contre le changement climatique en mobilisant, par
le biais notamment de la famille, des personnes très diverses. Il s’agit de mettre en place, dans l’objectif très
opérationnel de l’UNAF de préparer les familles à affronter les enjeux de demain, des stratégies facilitant la
sensibilisation et la mobilisation de tous.
Situation actuelle du sujet
Dans le débat sur le changement climatique, l’adaptation est de plus en plus considérée comme une
question politique prioritaire. La question de l’adaptation au changement climatique est un sujet vaste aux
enjeux nombreux et complexes sur lesquels il convient de revenir afin de faire un point sur l’état des
connaissances théoriques puis de repenser les actions quotidiennes à travers le prisme des évolutions
climatiques de la planète. Un nombre conséquent d’études scientifiques, au fondement de l’expertise du
GIEC, existent sur la question du changement climatique, qui ont permis de construire des scénarios
prospectifs du phénomène lui-même, de ses manifestations et de ses conséquences (faisant constamment
l’objet de remises à jour), dont nombre de sommets internationaux se sont fait l’écho. Ces études
concourent à démontrer l’urgence d’agir face au caractère inéluctable du changement climatique et à
l’augmentation rapide de la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre, correspondant jusqu’à
présent aux scénarios les plus pessimistes.
L’adaptation oscille donc entre deux pôles contradictoires : soit un retour à une vie plus proche de la
nature soit l’artificialisation du monde et la technicité des sociétés qui procurent des garanties contre les
aléas naturels qui s’exercent soit sur le long terme soit à travers des phénomènes catastrophiques.
L’individu cherchant à préserver sa qualité de vie voire sa santé est amené à aménager son logement
et ses modes de vie en fonction des évolutions du climat. S’il est vrai que le climat, parfois oublié dans
l’architecture, revient en force, on voit comment une voie consisterait, pour la minorité la plus fortunée de
l’humanité, à utiliser l’arsenal des outils technologiques pour s’affranchir de ses évolutions. L’adaptation,
paradoxalement, n’est pas directement ancrée dans une démarche d’intégration avec la nature mais plutôt
dans une démarche de protection qui, pour s’affranchir des aléas du climat, a tendance à avoir recourt à des
procédés techniques sophistiqués précisément pour se réfugier dans un monde mieux maîtrisé.
Progressivement la modernité a permis une meilleure prévention et maîtrise des risques et des catastrophes
naturelles. E. Le Roy Ladurie (2008, 2009) montre combien les vagues de froid ou de chaleur, avec leur
cortège de famines et de maladies, étaient meurtrières. Les grands froids et les canicules se traduisaient par
des pics de mortalité. La vague de froid de 1693 a tué près d’un million de français, celle de 1709, 500 000
personnes. De 1739 à 1848 les aléas climatiques sont responsables de 100 000 à 200 000 morts. Lors des
canicules estivales, comme celle de 1719, 400 000 personnes ont troula mort en raison de dysenteries
foudroyantes qui atteignaient surtout les enfants. Au cours des âges, le nombre de décès relatifs à ces aléas
a beaucoup diminué. Les crises de subsistance ont disparu de même que la mortalité infantile s’est
considérablement réduite. Pendant la canicule de 1911, la plus meurtrière de ces dernières années, on a pu
compter 40 000 victimes et près de 20 000 au cours de l’été 2003.
Toutefois cette relative immunité par rapport aux effets du climat et de l’environnement s’appuie
sur une organisation de plus en plus sophistiquée et sa complexité même peut devenir facteur de
vulnérabilité et précipiter l’effondrement. L’adaptation sans la mitigation ne ferait qu’accélérer la
dégradation de l’environnement sans éradiquer les erreurs commises. L’adaptation suppose une vision pour
une part commune du monde à construire et de la solidarité qu’il convient de promouvoir. Les réponses
sociétales au changement climatique se situent dans un cadre politique et moral dans lequel il est urgent
d’établir des principes d’action dont la crise actuelle encourage par ailleurs la définition mais qu’il est difficile
de concrétiser, les résistances étant fortes et multiples. C’est dans un contexte d’urgence, voire même de
catastrophe que s’impose cette nouvelle définition des principes politiques dans la mesure où l’on comprend
5
de mieux en mieux la façon dont les failles dans l’adaptation à l’environnement ont pu précipiter
l’effondrement des civilisations anciennes (Diamond, 2007). Selon ce dernier, ce sont les sociétés les moins
préparées à un choc climatique ou les plus vulnérables qui ont le moins bien résisté. « La disparition des
Vikings ou des Mayas, consécutive à la surexploitation des écosystèmes dans un contexte de changement
climatique, n’était pas une fatalité. Elle aurait pu être évitée si ces sociétés avaient accepté de remettre en
cause leur mode de vie et leurs valeurs… Si nous ne prenons pas les bonnes décisions, dans quelques
décennies, l’effondrement risque d’être global »
3
.
Les vagues de chaleur et spécialement celle de 2003 ont permis la mise en place de systèmes de
vigilance qui se sont imposés en raison du changement climatique qui insistait sur l’augmentation de la
fréquence de ce type d’événement. Selon les enquêtes de l’Institut national de prévention et d’éducation
pour la santé (INPES), 63 % des Français ont, en 2006, adopté des mesures de prévention pour se protéger
de la chaleur, et 73 % de ceux qui connaissaient dans leur entourage une personne âgée, isolée ou
vulnérable ont pris au moins une mesure d’aide ou d’accompagnement à son égard. Ces mesures de
protection ayant néanmoins été assez inégalement mises en œuvre selon les endroits, on comprend qu’il n’y
ait pas eu en 2006 de relation directe, d’une région à l’autre, entre l’intensité de canicule et la surmortalité
observée. Le cas de Marseille est à cet égard particulièrement flagrant, avec une vague de chaleur de 35
jours, soit la plus longue des grandes villes françaises, et pourtant une légère sous-mortalité (-0,5 %). Cette
« anomalie » s’explique par les dispositions prises, dès 1985, au moment d’une canicule particulièrement
meurtrière dans le sud de la France.
Enfin, on se doit au moins d’envisager un phénomène d’adaptation naturelle et culturelle, efficace
face à la chaleur et sans doute aussi face au froid. Une telle adaptation est d’ores et déjà favorisée par les
plans de vigilance et d’alerte mis en place, et chaque fois accompagnés de conseils de comportements
fortement médiatisés. Or, comme pour tous les dispositifs de prévention, l’organisation de l’information
représente un point nodal de la réussite de la prévention mais bien difficile à établir de manière efficace. Le
parti adopté par le plan de vigilance français est intéressant à cet égard puisqu’il s’appuie sur les réseaux
locaux de solidarité sociale. Ce dispositif très humain est sûrement plus efficace que la distribution de tracts
ou l’insertion d’encarts publicitaires. Effectivement, si on ne peut pas éviter l’irruption de la chaleur, de
nombreuses mesures d’accompagnement peuvent être conseillées grâce à une politique d’information
pertinente pour éviter la multiplication des climatiseurs. Cet élément de confort intervient à contre temps
par rapport à la crise énergétique. L’augmentation des appareils de réfrigération et de climatisation pèse sur
l’approvisionnement énergétique de la France car en été le niveau des retenues hydroélectriques est au plus
bas.
Il convient de distinguer les actions qui permettent de mieux affronter les vagues de chaleur en
minimisant leur influence néfaste de celles qui auraient pour objectif d’agir sur le changement climatique en
essayant de le modérer. Parmi ces actions de prévention, la décarbonisation est essentielle mais d’autres
mesures d’urbanisme peuvent réduire l’îlot de chaleur urbain et limiter ainsi les conséquences sanitaires de
l’urbanisation galopante du monde contemporain. Ainsi mitigation et adaptation, loin de s’exclure peuvent
se renforcer l’une l’autre.
L’exemple de la canicule montre combien la recherche de l’adaptation ne passe pas nécessairement
par des solutions coûteuses et techniques. Néanmoins, c’est en anticipant les situations qu’il est possible de
dégager des solutions qui, au lieu de creuser les inégalités, peuvent s’appuyer sur des solidarités plus fortes.
Cependant, avant d’anticiper sur les solidarités, il est nécessaire de ne pas considérer la société
comme uniforme vis-à-vis du changement climatique et du positionnement des individus vis-à-vis de ce
phénomène.
Les expériences menées au sein de l’APPA, en collaboration avec l’UNAF, sur les représentations du
changement climatique, de la qualité de l’air intérieur, etc. des populations, à travers des entretiens et des
focus groups montrent combien les catégories d’âge, que l’on parle de la jeunesse ou des personnes à la
retraite notamment, se différencient
4
dans la société, et ce au niveau de leurs centres d’intérêt, de leur
3
Le Monde, 9 janvier 2009.
4
GALLAND O., Sociologie de la jeunesse, Paris, Armand Colin, 2001.
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