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Nous ne ferons que lister très brièvement ici quelques-unes de ces conditions, et plus
particulièrement des conditions portant sur la phrase elle-même :
a) L'Adverbial dans sa fonction d'Adverbe de phrase doit nécessairement être détaché
en tête - tout autre position étant exclue.
b) Des conditions de temps sont imposées sur le verbe car la phrase décrit un
événement entretenant une relation de succession avec un événement déjà mentionné ou
évoqué dans le segment de discours qui précède. L'imparfait n'est pas possible, à moins
qu'il ait une valeur d'itératif, pas plus que le plus-que-parfait, à moins que ce temps ne
soit adopté dans le fragment de narration qui précède (exemples à donner). Selon le
genre de texte, certains temps dominent très nettement : le passé simple - et
éventuellement le présent - pour les narrations de parcours; le présent, souvent avec
valeur de futur, ou l'impératif pour les explications d'itinéraires.
c) La proposition SN+prédicat doit représenter parmi les événements ou les actions, une
"activité"ou un "accomplissement" pouvant être interprété avec valeur d'inchoatif ou
derésultatif (la question étant réglée si c'est un "achèvement").
d) Sémantiquement, le référent spatial désigné par l'ALS doit être considéré comme le
"site" localisant l'entité dénotée par le sujet de la phrase (ce qui est explicitement
indiqué dans les formes conjonctives susceptibles de remplacer l'Adverbial). Ainsi, dans
la phrase (1) ci-dessus, on comprend que la personne dénotée par il se trouve sur le
trottoir, de même qu'en (2) la personne dénotée par vous sera amenée à se trouver sur
la place. Il n'en est pas même dans un énoncé comme (3) :
(3) Il poussa la porte de la chambre du fond. Sur le matelas, il vit la forme d'un corps...
Au-delà de la nature de l'éventualité (cf c) supra), cette relation de localisation fait
intervenir des considérations pragmatiques touchant les éléments de la phrase,
notamment la possibilité (la vraisemblance) de la relation entre les deux entités
respectivement dénotées par l'Adverbial et le sujet. Mais également éclaire et précise la
relation spatio-temporelle que la phrase entretient avec le segment de texte qui précède.
Celui-ci doit pouvoir évoquer ou décrire une situation dynamique de déplacement dont
la phrase contenant l'Adverbial ne constitue qu'une étape. Autrement dit, l'Adverbial
doit être interprété comme figurant une localisation située sur le parcours déjà entamé
qu'effectue une entité en déplacement (homme, animal, ou objet mobile), localisation
qui marque donc une progression à la fois spatiale et temporelle dans le déroulement de
ce parcours dont elle figure un jalon, une étape.
On verra également que ce rôle d'enchaînement spatio-temporel n'est pas le fait de
tous Adverbiaux de localisation spatiale, et ce, pour des raisons différentes. On verra
qu'il est très souvent assuré par un Adverbial de type anaphorique ou par un Adverbial
SP dans lequel le nom témoigne d'une relation de partition avec un lieu déjà
mentionné, dénotant soit une de ses zones de localisation, soit une de ses parties
fonctionnelles. Ce serait par exemple le cas en (1) si en tête de phrase, Sur le trottoir.
était remplacé par Au bas (zone de localisation) ou par Sur la dernière marche (partie
fonctionnelle).
Références bibliographiques :
Asher N., Aurnague M., Bras M., Vieu L. (2001) "Syntax ans Semantics of Locating Adverbials"
Cahiers de Grammaire, 26: 11-35
Borillo, A. (à paraître) "Place et portée des Adverbes de temps dans la structure de phrase et
dans la structure de discours" Colloque sur "l'Adverbe" Arras mai 03
Borillo A. (à paraître) "Les Adverbes temporels et la structuration de discours" Actes du
Colloque Chronos 5, Groningen, juin 2002.