donc d’expliquer ce qui va être réalisé, de montrer le matériel utilisé et de donner des exemples
de comparaison afin de faire comprendre au patient de quoi il s’agit.
Suite au traitement de surfaces étendues et profondes, il doit appliquer une crème
antibiotique, qui peut augmenter la sensation de brûlure, mettre du tulle gras et fermer avec des
compresses stériles et du ruban adhésif. Une fois encore, il doit faire admettre ce mal au patient
et, surtout, l’atteinte narcissique que provoque le pansement sur le visage. Puis, au moment du
renouvellement du pansement, il doit employer toute la délicatesse qu’il possède pour le retirer et
en faire un nouveau. Là encore, il doit négocier avec le patient et rappeler la durée du port du
pansement et du temps de cicatrisation, et les consignes à respecter pour que la cicatrisation ne
laisse aucune trace : laisser la croûte se former, ne pas l’arracher, la laisser tomber d’elle même, …
Par conséquent, il faut que l’infirmier soit clair avec lui-même par rapport au traitement
esthétique. L’accepte-t-il comme faisant partie intégrante de la médecine et donc comme une
facette de son métier ? Le considère-t-il sans importance et inutile, simplement conçu pour
répondre aux caprices de personnes ayant les moyens de se le payer ? J’ai volontairement pris
deux visions extrêmes de l’esthétique, en tant que spécialité médicale, pour montrer l’importance
de l’implication de l’infirmier dans les soins qu’il va prodiguer. Pour lui, le problème pour lequel le
patient vient consulter n’est pas urgent, n’a aucune incidence sur la santé, ne met pas en jeu le
pronostic vital. Et il a consciemment accepté le traitement et ses éventuelles conséquences. Or,
comme il n’y a pas de gravité, les plaintes du patient peuvent être plus difficiles à accueillir.
Prenons deux exemples. Un patient qui se présente pour une verrue infectée au niveau de l’ongle
du majeur, qui a mal lorsqu’on enlève les parties nécrosées ou mortes et qui a peur quand on lui
apprend qu’il va falloir enlever l’ongle, ce qu’il ressent et exprime est facilement compréhensible.
Mais un patient qui vient consulter pour faire disparaitre ses “taches de vieillesse” et qui a mal
pendant le traitement laser, sachant qu’il a été prévenu des effets secondaires, peut être plus
difficilement acceptable. La différence entre les deux : les conséquences de leurs maux. Pour le
premier, c’est le risque de perdre son doigt si on ne fait rien. Pour le deuxième, une blessure
narcissique. Pour chacun des patients, elles ont respectivement la même valeur. En ce qui
concerne l’infirmier et le médecin, leur regard sur les choses étant plus vaste, l’enjeu est très
différent. Il est donc très important pour l’infirmier d’être en vérité avec lui-même.