CONGRES DE LA SOCIETE SUISSE DE SOCIOLOGIE UNIVERSITE DE GENEVE, 7/9 SEPTEMBRE 2009 Identités et modes de vie dans les sociétés en rapide et continuelle transformation Appel à communication pour l’atelier « Appartenances et socialisation au travail » Organisation : Université de Fribourg, Département des sciences de la société, équipe de recherche TAPAS – Muriel Surdez, Ivan Sainsaulieu, Fabrice Plomb, Francesca Poglia, Eric Zufferey, Eric Crettaz Comment les appartenances professionnelles sont-elles vectrices d’identité en période de crise ? La question des appartenances professionnelles paraît de prime abord tautologique : exercer une activité professionnelle n’équivaut-il pas à appartenir à un collectif organisé (institution étatique, entreprise, groupement professionnel, etc…), à partager des intérêts, des croyances et des valeurs, à occuper une position relativement similaire dans l’espace social et, partant, à vivre des expériences communes ? Dans le cadre de la thématique du congrès 2009, nous souhaitons interroger deux raccourcis associant travail ou profession et identité. La première indique que l’exercice d’une activité professionnelle serait « mécaniquement » pourvoyeuse d’une identité individuelle, voire collective. La seconde, relayée historiquement par différents courants d’analyse en sociologie des professions ou du travail, suppose qu’autour d’un même travail, d’un même métier, d’une même fonction, se créent des rhétoriques, des idéologies, des « habitus » communs, notamment à travers la socialisation professionnelle. L’atelier et les contributions attendues viseront à relire et à approfondir ces questions en s’interrogeant sur le sentiment d’appartenance procuré par la même pratique, notamment dans le cas de catégories professionnelles instables ou peu intégrées, en déclin ou au contraire en forte expansion. Etant donné le caractère flexible et concurrentiel des situations de travail dans un cadre mondialisé, l’examen des situations instables conduit à réinterroger les appartenances professionnelles : se seraient-elles simplement dissoutes dans un procès d’individualisation généralisé ? Il est pour le moins permis d’en discuter, notamment au regard de l’attachement des individus, salariés ou indépendants, à la reconnaissance de leur travail. Elles peuvent prendre des formes diverses et renouvelées, en fonction par exemple de l’évolution des secteurs d’activités – le sentiment d’appartenance aux métiers dits « des services » ou du tertiaire pouvant répondre par exemple à d’autres logiques que celles des métiers du secondaire. De même, les appartenances et les sentiments d’appartenance peuvent être modifiés par les dispositifs (hiérarchiques ou étatiques) qui constituent les modalités d’organisation, de contrôle et d’enrôlement des individus au travail. Le sentiment d’appartenance au travail sera particulièrement interrogé dans sa dynamique historique, individuelle et collective à travers les processus de socialisation et de sociabilité qui le construisent. Quelles sont les conditions professionnelles et extraprofessionnelles qui concourent à former des solidarités, des liens au travail ou au contraire qui contribuent à les distendre ? Quelles sont les conséquences de ces appartenances plus ou moins fortes en termes de mobilisation professionnelle ou politique ? Dans cette perspective, à étayer par des études empiriques, les individus nous intéressent d’une part au travers de leur parcours de socialisation (familiale et professionnelle) plus ou moins similaire, sous l’angle des valeurs symboliques (religieuses, politiques, professionnelles) et des dispositions qu’ils incorporent, activent ou désactivent dans leur milieu de travail. D’autre part, des groupes informels plus restreints émergent de pratiques situées, de contextes particuliers générateurs de normes et d’habitudes partagées. Ainsi, les identités et appartenances au travail peuvent être ancrées dans des croyances héritées depuis l’enfance, ou au contraire résulter de changements récents de situations professionnelles et de transformations sociales. Distinguer ces formes d’appartenances et le moment de leur genèse devrait permettre de mieux cerner leur stabilité et leur contingence. Responsabilité de l’atelier : Muriel Surdez Département des sciences de la société Domaine sociologie et médias Université de Fribourg