II- Le processus d’intériorisation de la contrainte
La différence entre la violence et le pouvoir : la violence, lorsqu’elle agit sur un corps ou un objet,
peut se soit le transformer en objet passif soit le détruire en cas de résistance mais c’est pas possible
pour le pouvoir car la relation c’est ce qui fait exister le pouvoir : on ne peut pas transformer l’autre en
objet passif car il faut lui laisser la possibilité de réagir pour ne pas rompre la relation et donc ne pas
faire disparaître le pouvoir.
2 ouvrages de Michel Foucault (philosophe français) :
« L’histoire de la folie à l’âge classique » (1961) où il explique comment l’apparition de la raison a
fait apparaître la folie en miroir : le fait d’être impertinent, le fou prend les traits du pauvre : celui qui
ne peut subvenir à ses besoins et va devenir le personnage central de nos sociétés car c’est une menace
potentielle pour l’ordre public et ça nécessite un contrôle social d’où l’invention de l’hôpital général à
Paris en 1656 dans lequel on va placer les pauvres, les fous, les déviants sexuels, les blasphémateurs,
les prostituées, les vagabonds, etc. et le fait de les regrouper va créer une figure de l’étranger qui
devient un personnage réel : on enferme donc toutes formes de violences qui échappent à l’institution,
c’est la naissance de la psychiatrie, la folie.
« Surveiller et punir » où il s’intéresse à la prison qui apparaît fin 17ème par J. Bentham. Avant on avait
les oubliettes et maintenant c’est l’incarcération qui est plus violent psychologiquement et
intérieurement. Ca a été créé à cause du supplice de DAMIEN qui a essayé de tuer Louis XIV, on l’a
mis sur un roue en bois, un bourreau lui a brisé les membres un par un à coups de bâton, on lui a incisé
les muscles pour y verser de l’huile bouillante et on attache ses membres à 4 chevaux mais il ne
s’écartèle pas donc on lui sectionne les tendons. La cruauté de l’Etat est terrible, on passe de ce mode
de châtiment en quelques années à la prison avec le prisonnier qui se surveille seul car pour lui un
garde est présent : c’est l’autodiscipline, le contraste social va se diffuser en plusieurs institutions.
Le modèle du « panoptique » (de la vision totale) est créé par Bentham et il aura un grand succès
jusque dans la période contemporaine. La prison de la santé était une prison en soleil : les prisonniers
avaient le sentiment d’être surveillés même quand ils ne le sont pas, ce phénomène va obliger le
détenu à intérioriser la contrainte et à se surveiller lui-même même sans que la surveillance soit
effective. Ce modèle de la prison va avoir un tel succès qu’il va s’appliquer à d’autres institutions :
l’usine et la ville.
Dans l’usine, à la même période, se déroule un phénomène de concentration du capital et des ouvriers
dans des endroits uniques : il y a une mutation qui se déroule d’abord dans le textile même si on parle
de a question de l’ouverture du textile chinois dans l’importation, il y a un impact colossal. Le textile
ne va plus se faire comme avant : plus par des paysannes mais par une concentration de la production
du textile dans le même endroit : l’usine, c’est un changement considérable et le contremaître ou les
surveillants pourront vérifier la production avec le même principe que pour la prison, les femmes sont
sur les bacons extérieurs au mur de l’usine pour avoir une vue d’ensemble et tous les espaces vont
s’adapter au modèle : les collègues se surveillent entre eux.
La ville va connaître, à la fin du 18ème et fin 19ème) des mutations sans précédents. La plupart des
grandes cilles dans l’occident ont été créées par les grecs et les romains, ils avaient une technique de
fondation en damier pour gérer l’écoulement des eaux, faciliter le passage, etc. elles étaient constituées
à partir de camps militaires. Après la chute de l’empire romain, les cilles sont fuites ou détruites pour
d’autres villes en forme de colimaçon (escargot) : elle protège, repliée sur elle-même, on construit en
hauteur. C’est une ville de protection mais cette période de 1750 connaît une croissance
démographique exceptionnelle et on ne peut plus loger tout le monde dans cette ville. La population
est très difficile à contrôler alors pour mieux contrôler la ville, l’Etat va chercher à mettre en place le
modèle de Bentham et va créer de larges avenues en cassant le colimaçon pour contrôler la ville : le
regroupement d’individus sera vite remarqué. Cette nouvelle ville est créée pour l’ordre public et la
santé des habitants (insalubrité des villes), ça limite les épidémies, la circulation est plus facile et on
peut contrôler la ville avec ce nouveau système.
Toutes ces formes (écoles, prisons, hôpitaux, villes, etc.) peuvent être regroupés dans les « techniques
disciplinaires », on n’a plus besoin de châtiments cruels pour punie, il s’agit de contrôler et de
surveiller la population en améliorant leur mode de vie. Le but de l’Etat est de prendre en charge les
habitants, des villes de la naissance jusqu’à la mort. Nous ne sommes pas sortis de ce système, deux
nouvelles révolutions technologiques permettent d’augmenter le pouvoir de l’Etat par 3 révolutions