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1. 2. Le contexte du sujet : adaptation aux effets du changement climatique
et trajectoires « post carbone », quels enjeux pour les territoires ?
Le projet d’une recherche en sciences sociales sur les processus d’adaptation aux effets du
changement climatique s’inscrit dans un contexte particulier, tant sur le plan institutionnel et
politique que sur le plan scientifique. Deux éléments importants méritent d’être soulignés : il
s’agit d’une part de la nouveauté de la question de l’adaptation comme objet de politique
publique, et d’autre part des incertitudes des données et modèles scientifiques, avec lesquelles
les acteurs locaux doivent composer.
Le contexte institutionnel
L’adaptation aux conséquences du changement climatique est une préoccupation relativement
récente, du point de vue de sa mise à l’agenda international et national (création de l’ONERC
en 2001 et publication de la 1ère stratégie nationale d’adaptation en 2006). Plusieurs raisons
expliquent ce retard, parmi lesquelles la crainte que l’adaptation soit comprise comme un
renoncement à l’atténuation, mais aussi parce qu’il s’agit d’un enjeu moins aisément
opérationnel (en termes de quantification, de secteurs concernés, de mesures, de financement),
qui de surcroît ouvre la brèche des compensations entre pays du nord et du sud
.
La stratégie française d’adaptation
et le livre vert européen
, constituent les deux documents
de référence formalisant des orientations institutionnelles. La traduction de ces orientations à
destination des collectivités territoriale est très limitée, elle prend la forme de conseils pour
l’action locale
. Cela dit, plusieurs démarches émanant de collectivités témoignent d’une prise
en charge de cet enjeu au niveau local. C’est dans le cadre de réseaux de villes, souvent
internationaux, que s’opère la mise en circulation d’informations et l’échange d’expériences :
sur l’engagement local en matière de climat
et parfois spécifiquement sur la question de
l’adaptation
. Pour autant, la prise en charge de l’enjeu climatique au niveau local -incluant
la dimension adaptation- est amenée à se généraliser, notamment avec l’incitation
gouvernementale à réaliser des plans climat-énergie territoriaux
. L’action menée par les
collectivités locales, notamment urbaines, est jugée déterminante dans la mise en œuvre de
trajectoires de « facteur 4 »
.
Les éléments bibliographiques commentés sont insérés dans cette partie.
DAMIAN M. (2007), « Il faut réévaluer la place de l’adaptation dans la politique climatique », Natures
sciences sociétés, n°15, pp. 407-410.
ONERC (2006), Stratégie nationale d’adaptation au changement climatique, La documentation française, Paris, 95 p
Commission des communautés européennes (2007), Livre vert présenté par la commission au conseil, au
parlement européen, au comité économique et social européen et au comité des régions. Adaptation au
changement climatique en Europe : les possibilités d’action de l’Union européenne, 32 p.
La publication du « livre blanc » est attendue pour la fin 2008.
ONERC (2004), Collectivités locales et changements climatiques. Etes-vous prêts ?, Un guide pour
l’adaptation à l’attention des collectivités locales, 11 p.
Cf. notamment les activités de soutien et d’animation des expériences des collectivités territoriales en matière
de Plan Climat Energie Territoriaux réalisées par l’association Energie’Cités en collaboration avec l’ADEME, et
notamment la liste de discussion « Climat - Collectivités locales » [http://www.energie-cites.eu]
A l’instar du programme AMICA (Adaptation and mitigation, an integrated climate policy approach), porté par
l’ONG Alliance Climat, auquel participent plusieurs villes européennes dont la Communauté urbaine du Grand Lyon.
« (…) l'Etat incitera les régions, les départements et les communes de plus de 50 000 habitants à établir, en
cohérence avec les documents d'urbanisme, des « plans climat-énergie territoriaux » avant 2012 », Projet de loi
de programme relatif à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, octobre 2008, article 7. I.
Le GIEC recommande de diviser par deux d’ici 2050 les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).
Cet objectif implique une division par quatre des émissions de GES des pays industrialisés pour permettre le
développement des pays du Sud (ce qui correspond à une décroissance annuelle des émissions de 3% sur 50 ans).
C’est ce que l’on appelle l’objectif "facteur 4", repris par la France qui l’a inscrit dans la loi d’orientation sur les
politiques énergétiques du 13 juillet 2005. Cf. DE BOISSIEU C. (Sous la présidence de) (2006), Rapport du
groupe de travail « Division par quatre des émissions de gaz à effet de serre de la France à l’horizon 2050 »,