C I T E R E S
U M R 6 1 7 3
Cités, Territoires, Environnement et Sociétés
CNRS-Université de Tours
REPONSE A L’APR GICC 2005
PROJET DE RECHERCHE
L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE :
LES DEFIS DUNE APPROCHE INTEGREE POUR LES TERRITOIRES
A. Récapitulatif de la proposition
Mots-clés : Changement climatique, adaptation, territoires, échelles, action publique locale,
stratégies « post carbone », vulnérabilités.
Thèmes de l’APR concerné : 2. Actions et analyses des phénomènes d’adaptation
Le projet porte sur les stratégies d’adaptation des systèmes humains dans le but « de proposer
des évolutions au niveau des infrastructures et de l’organisation de la société afin de
prévenir des impacts sur les systèmes naturels et humains imputables à l’évolution du
climat. »
Coordination/animation :
François BERTRAND, Docteur en Anagement de l’espace-urbanisme, Post-doctorant,
UMR CITERES, équipe COST
[email protected], 02 47 36 14 99
Laurence ROCHER, Docteure en Aménagement de l’espace-urbanisme, Post-
doctorante, UMR CITERES, équipe COST
[email protected], 02 47 36 14 99
Responsabilité scientifique :
Corinne LARRUE, Professeur en Aménagement de l’espace-urbanisme, Directrice
de l’UMR CITERES
[email protected], 02 47 36 15 19
Organisme porteur : UMR CITERES
33 Allée Ferdinand de Lesseps BP 60449
37204 TOURS cedex 03
Tel secrétariat : 02 47 36 15 31
Organisme gestionnaire des crédits : Université François Rabelais, Tours
Coût prévisionnel total (TTC) : 162 606 Euro
Montant de l’aide (TTC) demandée au programme GICC : 137 026 Euro
2
Résumé du projet de recherche et résultats attendus en termes de gestion
environnementale
Le projet porte sur la construction de réponses territoriales face aux impacts, avérés ou
annoncés, du changement climatique, à partir d’une analyse des processus de mise en
politique locale du « problème climat », saisis sous l’angle de l’adaptation. Il s’agit de
comprendre les modalités d’appréhension et d’action territoriale face aux effets du
changement climatique, considérant qu’ils sont marqués par une forte incertitude et qu’ils
passent par un travail d’appropriation ou de « localisation » dans lequel la notion de
vulnérabilité est centrale.
Nous postulons que la prise en compte des effets spatiaux du changement climatique, à
travers des politiques d’adaptation, repose sur des échelles d’action stratégiques à même
d’opérer un travail de mise en visibilité et de traduction localisée de la question, d’où le choix
de mener des études de cas dans des entités régionales et urbaines.
Nous considérons d’autre part que ladaptation est multiforme et intégrée à d’autres politiques
publiques : il s’agit de s’adapter aux effets « naturels » (aggravation des aléas), mais aussi aux
effets « artificiels », c'est-à-dire aux modifications induites par les mesures de lutte contre les
émissions de GES (atténuation, trajectoires « facteurs 4 »). Or, les stratégies d’adaptation à des
conditions climatiques nouvelles peuvent entrer en contradiction avec les mesures d’atténuation.
C’est la temporalité et la cohérence des stratégies d’adaptation envisagées, et ainsi
l’inscription de l’action territoriale à court, moyen et long terme qui est en jeu.
La réalisation du projet s’appuiera sur
- Un travail d’état de l’art sur : des démarches d’adaptation des collectivités (synthèse
comparative d’initiatives régionales et urbaines en France), un aperçu européen de
mouvements « post carbone » (Grande-Bretagne, Italie, Suède, France) ;
- Des enquêtes approfondies à l’échelle urbaine (Lyon, Montréal) et régionale
(Bourgogne, Rhône-Alpes) ;
- La discussion des matériaux rassemblés au sein d’un comité de suivi, rassemblant des
partenaires scientifiques et opérationnels.
Les résultats seront produits sous la forme d’un rapport final, d’un ouvrage collectif sur les
actions locales face au changement climatique et d’un mémento pour décideurs. Ce projet
permettra :
- D’élaborer une typologie des réponses territoriales en matière d’adaptation, ainsi que leur
articulation avec les mesures d’atténuation des émissions de GES dans le cadre de
« politiques climat » locales, afin d’établir des facteurs de convergence entre mesures
d’adaptation et stratégies post carbone.
- D’identifier les modalités d’adaptation de la connaissance (données relatives aux
impacts, aux vulnérabilités et aux solutions), permettant de saisir comment s’opère la
traduction de l’enjeu climatique au niveau territorial.
- D’identifier des facteurs de mise à l’agenda de la question de l’adaptation, ce qui
revient à comprendre les éléments déterminants pour l’engagement d’acteurs locaux
dans des stratégies d’adaptation.
- De discuter les notions d’adaptation, de résilience et de vulnérabilité des territoires à
la lumière des enseignements de terrain.
- De cerner et d’imaginer les signes de renouvellement de l’action publique territoriale
(changement de référentiel quant à l’inscription temporelle et spatiale de l’action
publique).
- A la vue de ces différents éléments, d’avancer des modèles descriptifs des processus
locaux d’adaptation.
3
B) Descriptif du projet
Le présent appel à proposition de recherche du programme GICC avance plusieurs enjeux
pour la recherche sur le changement climatique en France, notamment le besoin de
développer la compréhension des dimensions « adaptation aux impacts » du changement
climatique
1
. Cela nécessite de développer des approches aux échelles infra-nationales, en
cherchant notamment à mieux comprendre comment peuvent se construire des stratégies
d’adaptation des territoires, et comment les évaluer. Il y a également nécessité de construire
une réflexion sur les connaissances disponibles pour les acteurs quant aux effets spécifiques
du changement climatique sur les territoires. Cela suppose de bien appréhender les marges
d’incertitude des prévisions localisées, et de saisir comment les acteurs « réceptionnent » ces
informations.
1. Justifications du projet de recherche :
1. 1. Position par rapport aux termes de l’appel à propositions :
A la suite de plusieurs travaux déjà réalisés ou en cours, l’équipe répondante propose de
s’intéresser aux « stratégies d’adaptation et à leurs limites et à leur relation avec les
stratégies d’atténuation » sur la base d’une approche par les territoires.
En effet, comme le souligne l’APR, si une des principales questions de recherches
interdisciplinaire que pose l’adaptation est « de proposer des évolutions au niveau des
infrastructures et de l’organisation de la société afin de prévenir des impacts sur les
systèmes naturels et humains imputables à l’évolution du climat. », ce projet de recherche
propose d’améliorer la compréhension de l’élaboration et de la mise en œuvre de réponses
locales. Comment localement se saisit-on et formule-t-on les questions d’adaptation ?
Comment s’effectue(nt) la(es) traduction(s) locale(s) des enjeux liés aux « risques
climatiques » ? Quelles sont les premières formes de réactions et d’appropriations socio-
culturelle des systèmes territoriaux face à la dérive anthropogénique du climat ? Quels sont
les facteurs d’engagement des acteurs locaux dans des politiques climatiques intégrant
atténuation des causes du changement climatique et anticipation des effets (représentations et
gains associées, etc.) ? Et inversement, quels sont les principales difficultés
2
à concevoir,
s’engager et mettre en œuvre de telles politiques ?
Enfin, nous proposons une approche couplée entre atténuation et adaptation, qui entend mettre
à jour les liens, articulations ou au contraire les contradictions et incohérences qui peuvent
apparaître dans l’élaboration des politiques climatiques territoriales, actuellement en cours
d’émergence en France
3
.
1
Ces enjeux ont été rappelés récemment par la communauté scientifique : Colloque du programme GICC à
Paris, 27-28 mai 2008 : « Les Sciences économiques et sociales en appui aux politiques publiques : négociations
internationales, atténuation, adaptation au changement climatique » ; Journées de l’association N.S.S.Dialogues
à Paris, 7-8 octobre 2008 : « Changements climatiques : l’adaptation à l’ordre du jour »
2
Les « obstacles » pour reprendre les termes de l’APR, il est souligné que ceux-ci « ne sont pas seulement
techniques ou financiers, ils sont également organisationnels et institutionnels ». C’est sur ces aspects que le
projet proposé entend se pencher.
3
Comme le note l’APR, « La mise en cohérence des stratégies d’adaptation et des objectifs politiques en termes
d’émissions de gaz à effet de serre est donc un point important. » Nous pensons que cette mise en cohérence est
délicate et débouche sur d’épineux problèmes d’arbitrages, de hiérarchisation et d’articulation entre les différents
volets et mesures qui peuvent composer une politique climatique territoriale.
4
1. 2. Le contexte du sujet : adaptation aux effets du changement climatique
et trajectoires « post carbone », quels enjeux pour les territoires ?
4
Le projet d’une recherche en sciences sociales sur les processus d’adaptation aux effets du
changement climatique s’inscrit dans un contexte particulier, tant sur le plan institutionnel et
politique que sur le plan scientifique. Deux éléments importants méritent d’être soulignés : il
s’agit d’une part de la nouveauté de la question de l’adaptation comme objet de politique
publique, et d’autre part des incertitudes des données et modèles scientifiques, avec lesquelles
les acteurs locaux doivent composer.
Le contexte institutionnel
L’adaptation aux conséquences du changement climatique est une préoccupation relativement
récente, du point de vue de sa mise à l’agenda international et national (création de l’ONERC
en 2001 et publication de la 1ère stratégie nationale d’adaptation en 2006). Plusieurs raisons
expliquent ce retard, parmi lesquelles la crainte que l’adaptation soit comprise comme un
renoncement à l’atténuation, mais aussi parce qu’il s’agit d’un enjeu moins aisément
opérationnel (en termes de quantification, de secteurs concernés, de mesures, de financement),
qui de surcroît ouvre la brèche des compensations entre pays du nord et du sud
5
.
La stratégie française d’adaptation
6
et le livre vert européen
7
, constituent les deux documents
de référence formalisant des orientations institutionnelles. La traduction de ces orientations à
destination des collectivités territoriale est très limitée, elle prend la forme de conseils pour
l’action locale
8
. Cela dit, plusieurs démarches émanant de collectivités témoignent d’une prise
en charge de cet enjeu au niveau local. C’est dans le cadre de réseaux de villes, souvent
internationaux, que s’opère la mise en circulation d’informations et l’échange d’expériences :
sur l’engagement local en matière de climat
9
et parfois spécifiquement sur la question de
l’adaptation
10
. Pour autant, la prise en charge de l’enjeu climatique au niveau local -incluant
la dimension adaptation- est amenée à se généraliser, notamment avec l’incitation
gouvernementale à réaliser des plans climat-énergie territoriaux
11
. L’action menée par les
collectivités locales, notamment urbaines, est jugée déterminante dans la mise en œuvre de
trajectoires de « facteur 4 »
12
.
4
Les éléments bibliographiques commentés sont insérés dans cette partie.
5
DAMIAN M. (2007), « Il faut réévaluer la place de l’adaptation dans la politique climatique », Natures
sciences sociétés, n°15, pp. 407-410.
6
ONERC (2006), Stratégie nationale dadaptation au changement climatique, La documentation française, Paris, 95 p
7
Commission des communautés européennes (2007), Livre vert présenté par la commission au conseil, au
parlement européen, au comité économique et social européen et au comité des régions. Adaptation au
changement climatique en Europe : les possibilités d’action de l’Union européenne, 32 p.
La publication du « livre blanc » est attendue pour la fin 2008.
8
ONERC (2004), Collectivités locales et changements climatiques. Etes-vous prêts ?, Un guide pour
l’adaptation à l’attention des collectivités locales, 11 p.
9
Cf. notamment les activités de soutien et d’animation des expériences des collectivités territoriales en matière
de Plan Climat Energie Territoriaux réalisées par l’association Energie’Cités en collaboration avec l’ADEME, et
notamment la liste de discussion « Climat - Collectivités locales » [http://www.energie-cites.eu]
10
A l’instar du programme AMICA (Adaptation and mitigation, an integrated climate policy approach), porté par
l’ONG Alliance Climat, auquel participent plusieurs villes européennes dont la Communauté urbaine du Grand Lyon.
11
« (…) l'Etat incitera les régions, les départements et les communes de plus de 50 000 habitants à établir, en
cohérence avec les documents d'urbanisme, des « plans climat-énergie territoriaux » avant 2012 », Projet de loi
de programme relatif à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, octobre 2008, article 7. I.
12
Le GIEC recommande de diviser par deux d’ici 2050 les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).
Cet objectif implique une division par quatre des émissions de GES des pays industrialisés pour permettre le
développement des pays du Sud (ce qui correspond à une décroissance annuelle des émissions de 3% sur 50 ans).
C’est ce que l’on appelle l’objectif "facteur 4", repris par la France qui l’a inscrit dans la loi d’orientation sur les
politiques énergétiques du 13 juillet 2005. Cf. DE BOISSIEU C. (Sous la présidence de) (2006), Rapport du
groupe de travail « Division par quatre des émissions de gaz à effet de serre de la France à l’horizon 2050 »,
5
Dans ce contexte, en évolution très rapide, apparaît un besoin à la fois d’identification des
initiatives locales et de croisement de ces différentes expériences, nécessaire tant pour les
acteurs locaux demandeurs de conseils et de mise en réseau, que pour les acteurs « centraux »
soucieux de se doter d’une vision d’ensemble des démarches territoriales
13
.
Le contexte scientifique
Le travail de caractérisation des effets du changement climatique mobilise de nombreux
scientifiques et a donné lieu à une production importante, centralisée au sein du GIEC, et
relayée par divers organismes institutionnels internationaux (Agence Européenne de
l’environnement) et nationaux (ONERC), qui se sont attachés à traduire ces effets en termes
de vulnérabilité affectant les espaces et les activités. La caractérisation des vulnérabilités est
ainsi menée à partir de deux entrées : la connaissance des risques par milieux (littoral,
montagne,…) et les conséquences sectorielles ou thématiques (agriculture, santé,…). Malgré
ce travail de déclinaison des risques climatiques et d’évaluation de la vulnérabilité,
l’ensemble des données produites relèvent d’approches très sectorielles.
D’autre part, les informations et données, produites sous la forme de modélisations
cartographiées, soulèvent un problème d’échelle dès lors que l’on s’intéresse à l’action locale.
Les acteurs locaux en situation de décision ont à faire face d’une part à des données
foisonnantes, mais en constante et rapide évolution, d’autre part à des modèles dont la
résolution est insuffisante. Or, la fiabilité des modèles décroît avec leur degré d’affinement, et
on se trouve confronté, en dépit de l’accumulation d’expertise, à une incertitude et aux limites
des modèles
14
. La question de la “réception” locale des données prend alors une place majeure
dans l’attention portée à l’action publique locale en matière de climat.
15
L’intérêt d’une approche territoriale de l’adaptation
Les recherches relatives à l’observation et à l’anticipation des impacts liés au changement
climatiques relèvent essentiellement des sciences biologiques, physique et climatique
16
. Ces
questions restent particulièrement peu investies par les sciences sociales, à l’exception de
travaux en sciences économiques
17
. Pour autant, considérant la complexité des enjeux
soulevés par les effets avérés et à venir du changement climatique, il est fait état du besoin de
développer des approches transversales, à caractère systémique, intégrant les dimensions
sociales et culturelles, les solutions techniques ne pouvant être à elles seules une réponse
suffisante
18
. A better understanding of the socio-economic and institutional aspects of
vulnerability and adaptation, including costs and benefits, is urgently needed.”
19
. La saisie de
ces enjeux « par le bas », à partir d’approches territoriales, s’inscrit dans ce souci d’une
appréhension transversale de la prise en charge de l’adaptation aux effets du changement
DGEMP / MEDD, août 2006, Paris, 58 p. + annexes [www.industrie.gouv.fr/energie/prospect/facteur4-
rapport.pdf]
13
A ce titre, la MIES a réalisé un recueil des plans climat territoriaux en France en 2007. MIES, (2007), Plans
climat territoriaux : des territoires en action 21 collectivités engagées dans la relève du défi climatique, 67 p.
14
LE TREUT Her(2006), « Le diagnostic scientifique : de l’alerte à l’éclairage des choix », Ecologie &
Politique, n° 33, pp. 21-36
15
Regular interaction is needed between the climate modelling community and the user community that is
analysing impacts, vulnerability and adaptation in order to develop high-resolution, tailor-made climate change
scenarios for the regional and local level at a level that is needed to define appropriate adaptation measures.”
EEA (2008), Impacts of Europe's changing climate - 2008 indicator-based assessment, 19 p.
16
Ibid.
17
Travaux portant notamment sur les marchés des permis d’émissions négociables, les négociations internationales,
la formation de coalitions et l’acceptabilité des scénarios de réduction des émissions de GES. Les projets financés
dans le cadre du programme GICC reflète cette situation. La liste des projets financés dans le cadre du programme
GICC reflète bien cette situation [cf. http://www.ecologie.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=1386 ].
18
RADANNE Pierre (2006), « Changement climatique et société(s) », Ecologie & Politique, n° 33, pp 95-115
19
EEA (2008), Impacts of Europe's changing climate - 2008 indicator-based assessment, 19 p.
1 / 22 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !