
L’Empire ottoman est assimilé au dâr-al Islam (territoire de l’Islam) destiné à s’étendre
au monde entier à mesure que la dâr al-harb (territoire de la guerre) se réduit.
Mais cela ne signifie pas que tous les sujets de l’Empire doivent devenir musulmans.
Chrétiens et juifs, considérés comme des gens du Livre (ehl ül-kitab), bénéficient du
statut prévu par la charî’a : il leur reconnaît une place dans l’Etat, le droit de pratiquer
librement leur religion, mais il les maintient dans une certaine ségrégation par rapport
aux « vrais croyants » (tout en étant très tolérant, par exemple pour les affaires de
justice ou aucun musulman n’est impliqué) en leur imposant une capitation marquant
leur soumission. La religion musulmane est ainsi le fondement de l’identité, le premier
objet de fidélité et l’unique source d’autorité légitime.
Afin de pouvoir continuer son expansion l’Empire a besoin d’augmenter sans cesse son
armée. Pour cela les Ottomans intégraient à leur service une partie des classes militaires des
pays conquis, sans les obliger à embrasser l’Islam, il s’est trouvé des beys chrétiens
gouverneurs militaires. (Les orthodoxes disaient préférer le croissant à la mitre).
L’Empire a été une entreprise militaire en perpétuelle expansion. L’équilibre de l’ensemble
résidait dans l’appropriation de nouvelles ressources nées de la prédation, permettant de
garantir le salaire de l’administration et de l’armée, et l’utilisation du devshirmeh (impôt sur
le sang) pour augmenter les troupes des yeni tcheri (janissaires == nouvelle troupe).
Cette levée en terre chrétienne à ses règles, aucun homme marié ne peut être enrôlé,
d’ou certains mariages précoces a 12 ans. Ces levées se font tous les 7 ans en principe,
mais peuvent avoir lieu tous les quatre ans.
L’entraînement dure plusieurs années, il commence a 13 ans. Convertis, les garçons
changent de noms. Sur 6 000 recrues 1 200 sont sélectionnées pour les écoles royales. Les
recrues apprennent le turc, des notions d’arabe et de persan, à lire et à calligraphier. A
18 ans la recrue est enrôlée dans une compagnie.
Ajoutons que la condition d’esclave dans le monde musulman est nettement meilleure que
celle de l’esclave grec ou romain en raison des préceptes coraniques. Un maître doit à son
esclave des soins médicaux, une alimentation correcte et l’entretien dans ses vieux jours. Si
un maître manque à ses obligations, le juge peut l’obliger à les remplir ou le pousser à vendre
ou affranchir son esclave. L’affranchissement est non seulement possible mais recommandé
par le Coran.
L’islam ne reconnaît ni caste ni aristocratie, rien de comparable avec les patriciens et les
plébéiens de l’ancienne Rome, les nobles de l’Europe féodale ; cependant dans les faits on
constate l’existence et la persistance de grandes familles qui se transmettent des charges de
père en fils.
Pour pouvoir continuer sur son modèle l’Empire a besoin de toujours plus de
ressources, humaines, monétaires, alimentaires qu’il ne peut obtenir que par des
nouvelles conquêtes.
En 1570 la conquête de Chypre est considérée comme la dernière grande victoire militaire
ottomane ; Lépante (1571), dont Cervantès dit : « jour de bonheur pour la chrétienté ou toutes
les nations qui avaient cru les turcs invincibles réalisent leur erreur », la première grande