que nous n’avons pas tendance à regarder le doigt ? Le CO2 vient d’où ? Depuis 200 ans, nous
consommons de l’énergie fossile. Quel va être le véritable enjeu du 21ème siècle ? Est-ce que l’enjeu du
21ème siècle est de savoir quel sera le climat à la fin du 21ème siècle, est-ce que les stations alpines
pourront toujours avoir des skieurs, est-ce que le niveau de la mer va monter de 50 cm, est-ce que le
Groenland va redevenir vert sur la bande côtière, ou est-ce que le problème n’est pas ailleurs ? Et moi
je vais vous dire, mon angoisse sur le climat à la fin du 21ème siècle, elle est très faible. Par contre,
quand je regarde ces chiffres sur la consommation du CO2, ce sont des chiffres qui reflètent en fait
que depuis 200 ans, une petite partie de l’humanité a pu utiliser les énergies fossiles, tout à base de
carbone, que ce soit le charbon, le CH2 du pétrole ou le CH4 du méthane, et les corrélations avec la
consommation d’oxygène sont tout à fait intéressantes : nous consommons de l’oxygène, nous
consommons de l’énergie fossile à base de carbone et nous faisons du CO2. C’était un petit milliard de
personnes –et un peu moins il y a encore très peu de temps- qui étaient intéressés par cette
consommation d’énergie fossile. Il y a 20 ans au cours d’un diner avec un collègue allemand nous
faisions un calcul qui était le suivant : s’il y a 20 ans la totalité du milliard de chinois ou du milliard
deux cents milles se mettaient à consommer autant de pétrole par habitant que le français ou
l’allemand de l’ouest –à l’époque il n’y avait pas la réunification- les réserves connues de pétrole
étaient asséchées en 7 ans de temps. L’enjeu du 21ème siècle ce n’est pas le changement de climat à
la fin du 21ème siècle, c’est le fait qu’il y a maintenant six milliards de personnes qui ont vocation à
consommer de l’énergie fossile –ce qu’il reste des énergies fossiles-, qu’il va y en avoir trois milliards
supplémentaires avant la fin du 21ème siècle, que ces gens là aussi ont vocation à partager de l’énergie
qui a été, et qu’actuellement quand vous regardez les mouvements géopolitiques de la planète,
effectivement ce n’est pas le climat qui est un problème, c’est comment arriver à avoir sa part
d’énergie fossile et dans de bonnes conditions ; et l’enjeu qui se pose actuellement sur la population
mondiale à mon sens ce n’est pas l’évolution du climat à la fin du 21ème siècle mais comment faire
vivre de manière pacifique 9 milliards de personnes à la fin du 21ème siècle sur la planète en ayant un
niveau de consommation d’énergie par habitant qui soit compatible avec les standards de vie auxquels
on a été habitué. Pour moi c’est le véritable enjeu et j’admire beaucoup les discussions et je
n’interviendrais effectivement pas dans les discussions sur tel modèle, le flux solaire ou pas, mais je
crois que l’on a tendance dans ce problème de climat à oublier que ça vient de la consommation des
énergies fossiles et que la distribution de la consommation d’énergie fossile n’a pas été homogène et
qu’actuellement dans un univers d’échanges internationaux accélérés, chacun souhaite avoir sa part
d’énergie pour pouvoir vivre dans les meilleures conditions possibles et je crois que l’enjeu est là :
comment la communauté scientifique va pouvoir répondre à cette demande d’énergie, à cette
consommation d’énergie qui soit compatible avec ce que l’on sait de l’évolution de l’énergie fossile
tout en respectant la convivialité que l’on souhaiterait tous garder sur cette bonne vieille Terre.
J.H : Merci Bernard pour ces réflexions, bien entendu, mais monsieur Tissot est à coté de
moi pour les réflexions sur l’énergie mais si vous le permettez… on prend acte, c’est très
bien, nous comprenons bien mais si vous permettez on va peut-être quand même rester
au niveau des exposés que l’on a eu cet après-midi et focaliser la discussion sur ces
aspects-là, et monsieur Le Treut vous vouliez revenir donc sur… ?
H.L.T : Oui je voulais revenir sur cette affaire de détection et d’attribution du changement climatique
parce que c’est vrai que l’on a évoqué cela et qu’en fait je pense qu’il faut avoir conscience qu’il y a
une science qui s’est crée autour de ces problèmes-là dont il existe en fait peu de spécialistes en
France –Serge Planton qui est assis ici est en France une des personnes qui a travaillé dans ce
domaine-là- et qui consiste à essayer de se donner des approches mathématiques, statistiques,
rigoureuses pour essayer de regarder dans l’évolution des structures climatiques la part qui est
réellement attribuable à une cause et à une autre en essayant d’en distinguer dans non pas les
valeurs moyennées mais au-delà de ça dans des modes de variabilité, donc dans les schémas, des
distributions des variables à l’échelle globale, la manière dont elles sont distribuées, la manière dont
elles évoluent donc on a une variabilité naturelle que l’on peut caractériser dans les différents modes
de composition, dans des fonctions périques orthogonales, avec différents types de statistiques –il y a
toute une zoologie de méthodes pour essayer de décomposer en mode les fluctuations climatiques et
ces fluctuations que l’on décompose en mode on essaye de caractériser la part qui peut être naturelle,
la part qui peut être liée à certains types de forçages, et ensuite on va re-projeter l’information sur
cette décomposition et là on peut avoir des évaluations statistiques. C’est sur cette base-là que l’on
avance des chiffres comme 90% de chance que… ce n’est pas du tout sur les évolutions moyennes,
donc il ne faut pas non plus… on a fait un survol un petit peu de nos disciplines et la vraie justification
elle est dans des choses que l’on a pas eu le temps d’exposer en fait. Donc c’est sur cette base-là, sur